Soyons sérieux
Maintenant que les britishs ont un pied hors de l’UE,
encore quelques mois (en principe) avant de devenir « un pays-tiers »
(et réciproquement), la question se pose de savoir quel sera le moins « autiste »
des deux…
Rappelons que les deux « partenaires »
partagent plein de choses en commun : La Manche, une partie de la mer du
Nord, la défense de leurs frontières (à des degrés divers), tous membres de l’Otan,
le renseignement, des valeurs démocratiques communes, une longue histoire de conflits
et d’ententes, des « normes » sanitaires (vache folle & Cie), l’industrie
aéronautique, etc.
Bon d’accord, les anglais conduisent toujours « à
l’envers » et gardent leur monnaie à l’effigie de leur souveraine (c’est un
lien affectif inébranlable…).
Mais ils comptent bien ne plus partager leurs
eaux-poissonneuses, quitte à rejouer la « guerre de la sardine » (Gallo-hispanique)
comme dans le temps avec les Islandais : Ce sont de gros bouffeurs de cabillaud
(leur Fish & Chips) même si les patates sont désormais plus petites et ils
ont réussi à garder leur pipeline de Guinness avec Dublin : Dans ces
conditions, l’essentiel est sauf depuis l’accord conclu avec Belfast.
C’était une grosse angoisse pour un pays qui importe
les trois-quarts de sa pitance quotidienne…
Même le « PQ » (papier hygiénique) sur des
palettes qui sont aux normes « CE » alors que les leurs n’y sont plus…
Ça va se régler, ne vous en faites pas.
Et la vie va pouvoir continuer avec leur flegme
coutumier.
Pour le reste, deux « courants de pensée » vont
s’affronter.
Il y en a qui redoute, côté européen, un « Singapour
sur Tamise »…
L’idée sous-jacente de ses promoteurs est que l’UK désormais
sorti de l’UE, se posera en concurrent direct de l’Europe en recourant notamment
au dumping fiscal.
Si c’était vrai (et ça le sera pour partie) rappelons
que rien, avant le Brexit, n’interdisait aux Britanniques de baisser
drastiquement leurs impôts s’ils le souhaitaient.
D’ailleurs les Irlandais, les Luxembourgeois, les Andorrans,
les pays Baltes ne se sont jamais gênés pour le pratiquer à outrance…
À l'issue du sommet européen des 12 et 13 décembre, « En-Gel-La-Mère-Quelle »
sonne le tocsin en déclarant : « Il y aura un concurrent à notre porte.
»
« Jupiter » a par ailleurs insisté sur la
nécessité d’une « concurrence loyale » de la part des Britanniques.
Fume mon gars… !
Un raidissement soudain des principaux gouvernants
européens intervient alors qu’adversaires et partisans du Brexit, pour des
raisons strictement inverses, ont popularisé l’idée selon laquelle l’UK, qui
quitte l’UE pour mieux affronter le vaste monde, s’inspirerait du modèle
singapourien !
Surprise ?
Si le Brexit est bien l’erreur historique pour les
Britanniques que les Européens proclament, de quoi ces mêmes Européens auraient-ils
donc peur ?
D’avoir transformé leurs pays respectifs en « enfers
fiscaux » ?
On peut aussi s’interroger sur cette « tentation
singapourienne » des Britanniques. Il me semble qu’elle n’est pas « appropriée ».
D’abord, on comprend mal en quoi imiter Singapour
constituerait de la part des Britanniques – ou de quiconque – un péché mortel.
Singapour est un État insulaire de moins de 1.000
kilomètres carrés, doté d’une population d’un peu plus de 5 millions de personnes,
qui est parvenu à un développement mesuré en PIB par habitant qui le place
parmi le top 5 pays des plus riches du monde !
Pas mal, non ?
D’autant que Singapour n’est pas un État assis sur une
manne, pétrolière, gazière, de « boulons de 12 » incontournables ou
autre : Ils ne font juste que « commercer » !
Si sa géographie, au carrefour des routes maritimes de
l’Asie, l’a indéniablement favorisé à cet égard, Singapour doit, avant tout,
son développement au remarquable consensus social et politique qui y règne, et
à son excellence dans une série importante de domaines, le premier étant l’éducation.
A-t-on vu les Européens – ou qui que ce soit d’autre –
traîner Singapour devant les organes de l’OMC pour concurrence déloyale ?
Je ne crois pas (mais je peux me tromper…)
La stigmatisation du modèle singapourien renvoie donc
et surtout uniquement à la question fiscale : La crainte exprimée dans l’UE
est que l’UK baisse ses impôts, afin d’attirer plus encore à lui talents et
capitaux étrangers.
Critique infondée.
D’abord on peut en faire autant : On reproche d’ailleurs
assez à « Jupiter » d’être le « Président des riches » qui
leur file des cadeaux en permanence au nom de la « théorie du
ruissellement » et des « premiers de cordées »…
Et puis c’est ignorer que les traités européens, en
prévoyant l’unanimité en matière fiscale, ont exclu de fait toute harmonisation
fiscale.
Déjà, la TVA, ce n’est même pas totalement harmonisé
alors que l’initiative remonte à un autre millénaire.
Seule l’idée de repousser les frontières douanières a
finalement pris forme sur le terrain…
Rappelons qu’en l'état, les bénéfices des sociétés gauloisiennes
sont taxés à près de 30 %, mais à 10 % en Bulgarie et 9 % en Hongrie.
A-t-on entendu parler d’un « Singapour sur Danube » pour
autant ?
Plus largement, critiquer une éventuelle baisse de la
fiscalité post Brexit c’est aussi omettre trois réalités : La première
nous l’avons dit, c’est que rien n’interdisait au Royaume-Uni, alors encore dans
l’UE, de baisser drastiquement sa fiscalité au cours des dernières années. Pas
plus que les traités européens n’interdiraient à la « Gauloisie-fiscale »
de supprimer carrément l’impôt sur les bénéfices des sociétés.
Personnellement, je le réduirais au « précompte »,
à savoir un taux quelconque sur une assiette réduite à tout ce qui est
distribué en qualité de bénéfice et assimilés par le CGI.
Quitte même à avoir un taux élevé…
La deuxième, c’est que, comme je vous l’ai toujours
expliqué, les choix fiscaux ne sont jamais que le reflet de choix culturels
profondément ancrés qui expliquent, par exemple, qu’il n’y a pas d’imposition
sur les successions en « Ritalie » jusqu’à un million d’euros, chose
impensable en « Gauloisie-thanatologique » rançonneuse !
Un corpus fiscal n’est jamais rien d’autre que le
miroir d’un consensus sociologique d’un pays à un moment donné.
Accessoirement, ça sert aussi à financer l’action « pue-blique »
et surtout empêcher les citoyens de se prendre en main : L’État est comme
une vieille mère-poule omnisciente et omnipotente qui s’occupe de tout pour ses
poussins !
Même sa liberté d’opinion (qu’elle garantit), c’est
dire…
La dernière, c’est qu’avec son niveau historiquement
élevé d’imposition, la « Gauloisie-racketteuse » constitue pour ses
partenaires européens un repoussoir à l’égard de tout projet d’harmonisation
fiscale vers ce qui est considéré comme un « enfer fiscal gauloisien » :
La faute à être incapable de réduire le train de vie de l’État et sa sphère de
compétence exclusive…
Ils ne savent pas tout du côté obscur de la « force-fiscale »
qui embellit tellement la vie des citoyens de notre pays…
À eux de le découvrir : Ils y viendront, tôt ou
tard.
Et si le peuple britannique estime devoir baisser tel
ou tel impôt ou modifier son système éducatif, il faut lui souhaiter d’avoir
autant de réussite que le modèle… Singapourien !
Peut-être, pour commencer dans l’Union européenne, devra-t-on
à se poser enfin quelques questions sur les échecs… communs…
Ceci dit, Singapour, c’est un vaste « port-franc » :
Pas (ou très peu) de droits de douane. Mais comme partout, il y a des contrôles
et ils peuvent fermer leurs frontières comme tout le monde au virus chinois…
Mais les transits sont libres.
Et c’est bien ce que redoutent l’UE : Elle, elle
taxe à l’entrée en plus des contrôles « qualité » (et normatifs), à
peu près sur tout ce qui est convenu de taxer.
C’est la principale ressource du budget européen (qui
enfle et enfle lui aussi au fil du temps) redistribué ensuite en de larges subventions
aux secteurs économiques en souffrance.
Les droits perçus sont reversés intégralement par le
pays d’import, même que ça les fâche et qu’ils en inventent des taxes « carbone »
nationales (et autre, comme sur les billets d’avion par exemple) pour arnaquer
un peu plus l’importateur…
Or, vous le savez bien, ces
droits se retrouvent dans votre assiette et ce n’est même pas
dissuasif tellement notre « productivité » est mauvaise.
D’autant que les pays « low-cost » au sein
de l’UE profite aisément de cette aubaine…
C’est même fait pour ça.
Pour être « dissuasif » et « discriminant »,
j’avais proposé il y a longtemps la CSPM (cotisation
sociale sur les produits manufacturé) au lieu et place de cette
fumisterie de « TVA sociale » qui a fait flop comme prévu.
(Cf. voir aussi le post
suivant et celui du 27
avril 2017)
Mais ça n’a toujours pas pris chez les « sachants-autistes »
de ce pays de trisomiques de la haute fonction « pue-blique » :
Dommage, ça aurait été au moins aussi réussi, même sur le plan international,
que l’invention de la TVA par votre administration fiscale, puisque ça
fonctionne à la fois comme d’une amende fiscale, comme d’une TCA (l’ancêtre de
la TVA, mais sans déduction amont), qui aurait même pu remplacer une taxe
carbone, alors même que j’ai découvert par la suite qu’on avait déjà les outils
pour ça, à
savoir le label « OGF », et de toute façon sûrement pas
comme d’un droit de douane, puisque c’est comparable à la CSG nationale !
Bref, que d’occasions loupées que de se montrer
intelligent…
Or, justement, dans le projet de « BoJo »,
les droits de douane disparaissent. Sauf pour quelques productions agricoles
qui ont besoin d’être « soutenues » en l’absence des subventions
agricoles de l’UE.
Lui s’est rendu compte que ce n’est jamais le pays
exportateur qui paye les droits de douane, mais les consommateurs du pays
importateur, l’erreur de « McDo-Trompe » qui va coûter cher aux « Ricains »
si les barrières sont maintenues (et augmentent).
C’est l’histoire du consommateur qui accepte de payer
cher pour pouvoir payer cher… un produit dont il va finir par apprendre à se
passer, tellement c’est coûteux !
Et du coup, ça effondre à terme la production locale
qui a toujours besoin de plus de « barrières » et de subventions pour
survivre…
Magnifique de trisomie-appliquée ou quand on veut tuer
les « locaux ».
Passons…
Personnellement, je ne vois pas en quoi l’UE doit s’inquiéter
de cette mesure : Il y aura toujours des frontières à l’entrée de l’UE. Le
marché unique est protégé.
Idem, si ça boostait les importations britanniques, ça
n’aura probablement qu’un impact marginal sur ses exportations, sauf s’ils
parviennent à booster leur production et productivité avec cette mesure-là…
Ceci dit, il ne faut pas oublier que le « Brexit »
va ouvrir une nouvelle ère de relations commerciales mondialisées, plaçant
naturellement et comme toujours ses concepteurs, les Anglais, au cœur du jeu.
L’UK est une petite puissance seule et isolée du continent :
Fait-elle le poids ?
L’UK a tout de même régné sur le continent pendant une
trentaine d’années via l’UE. C’est terminé.
L’UE ne récupèrera pas l’UK à ses conditions, au contraire,
c’est elle qui pourrait se mettre au diapason anglais…
Et, dans cette hypothèse, les Anglais vont se
repositionner au cœur des dynamiques mondiales modernes.
C’est indéniablement la stratégie suivie par « BoJo »
dont je vous
rappelle que c’est un pur produit de l’Establishment local.
Un peu déjanté tout de même, mais pas tant que ça…
Les barrières douanières britanniques abaissées une
fois sorti de l’UE, votre presse nationale ne reprend même pas l’information :
Pas étonnant alors que « BoJo » et l’irlandais semblent avoir trouvé
un accord autour de leur problème de frontière irlandaise.
Gibraltar attendra…
D’ailleurs, aucun européen n’a convoqué un Sommet
d’urgence à la fin du mois pour s’adapter à cette annonce.
En fait, il se pourrait bien, pour certains analystes,
que c’est l’UE qui va faire figure d’entité protectionniste – certes ouverte en
interne mais finalement extrêmement rigide dans ses échanges avec le reste du
monde comme en témoignent les très grandes difficultés rencontrées dans la
signature des accords de libre-échange avec le Canada, les États-Unis ou le
Mercosur ainsi que diverses accusations qui nous sont faites de « protectionnisme
normatif », parfaitement justifiées.
Une façon comme une autre d’imposer l’extraterritorialité
du droit européen…
Les américains le font bien à coup d’amendes et de
condamnations.
Quand Bruxelles en fera autant, ce sera une guerre de
titans !
Du coup, certains commencent à comprendre :
– Que si les Anglais sont sortis, ce n’est pas pour se
refermer sur eux-mêmes mais pour s’ouvrir au monde (logique, même si le
discours présenté n’était pas celui-là) ;
– Que s’ils sortent en laissant la porte ouverte, ils
ne sortent pas vraiment non plus ;
– Et qu’au contraire, les seuls freins au commerce
anglo-européen viendront du continent ;
– Continent dont on peut parier qu’il ne va pas tarder
à réfléchir à l’abaissement de ses barrières douanières vers l’UK.
Problème : Si l’UK est ouvert au monde et l’UE ouverte
à l’UK, l’UK devient la plaque tournante du commerce UE/monde… un peu comme
Hong-Kong (ou la Greater Bay Area) pour la Chine et Singapour pour l’Asie.
Tant que l’UE ne s’est pas ouverte elle aussi au
monde, aussitôt sorti du l’UE, l’UK va devenir ultra-attractif pour tous les
pays du monde qui veulent commercer avec l’Europe, renversant complètement la
logique de relatif « étouffement du pays » lié à la période
intermédiaire entre référendum et « Brexit ».
Et « BoJo » l’a bien compris : Il veut
aller vite et tous azimuts !
Et depuis le début : Ses électeurs l’ont bien compris,
eux.
À l’éclairage de ces lumières-là, la vraie question
devient alors : Les Européens en resteront-ils là ou bien entameront-ils alors
l’ouverture du continent – ce qui ferait très plaisir à « McDo-Trompe »
qui insiste beaucoup pour qu’on s’ouvre aux produits américains (ce que l’on a
d’ailleurs commencé à faire)…
Pour l’heure, les traités en cours de négociations ou
déjà ratifiés plaident pour une « ouverture »… mesurée.
Après tout, le CETA impose nombre de « normes
européennes » aux canadiens.
Pour le Mercosur et le FACTA, ce n’est pas certain :
Et c’est pour cette raison que ça traine en longueur.
Mais il y en a d’autres en cours avec l’Ukraine et après-demain
la Russie et la Chine, le Japon, la Corée.
Les Chinois ne sont pas kons : Ils prennent le
contrôle des ports, notamment Le Pirée (demain Le Havre ?) et des
aéroports (Toulouse…) pour finir par lâcher prise sur ce dernier.
Et les continentaux envisagent sérieusement de
produire du vin en UK…
On va donc vers un « blindage » des
frontières des trois groupes : USA, UE et Asie.
Les autres pays (y compris l’Amérique du Sud),
Afrique, Australie, sous-continent Indien restant des « pays amis »
qui sont autant de marchés à conquérir.
Là, l’UK a quelques atouts à faire valoir : La
langue des affaires, le passé colonial, le Commonwealth.
Tout ce que n’a pas l’UE.
Donc le choix est clair : Soit l’UE devient la
cible des « émergeants » et autres puissances économiques, soit elle
garde son rôle « protecteur » de ses citoyens et elle se referme sur elle-même
pour ne pas déchirer le pacte-fondateur.
Notez qu’elle aura de quoi faire, dans cette dernière
hypothèse, mais c’est l’économie mondiale qui va en souffrir, bien plus que des
effets du Coronavirus…
À suivre et les prochaines années vont être
passionnantes, soyez en sûrs !
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