À propos d’un article de « The Conversation »
Voilà un post qui est repoussé jour après jour depuis le mois de février. Je profite de l’occasion d’un jour férié pour vous le poster, histoire que vous y réfléchissiez aussi un peu :
À l’heure où certains envisagent le trans-humanisme comme un nouvel âge de l’humanité grâce aux technosciences, l’impression d’une absence de contrôle domine. Quelques expériences scientifiques spectaculaires, à la limite du fait divers, confortent cette impression, témoin l’affaire récente des jumeaux génétiquement modifiés en Chine…
À l’heure où certains envisagent le trans-humanisme comme un nouvel âge de l’humanité grâce aux technosciences, l’impression d’une absence de contrôle domine. Quelques expériences scientifiques spectaculaires, à la limite du fait divers, confortent cette impression, témoin l’affaire récente des jumeaux génétiquement modifiés en Chine…
Est-ce à dire
que la voie pour augmenter l’être humain est totalement libre ?
Serons-nous
bientôt tous des cyborgs ?
Répondre
d’emblée positivement reviendrait à oublier un peu vite que le droit et les
juristes délimitent la marche du progrès et prohibe certaines pratiques.
Censeur de « la
doxa » technoscientifique contemporaine, il érige même en infractions
certains comportements contraires à l’éthique médicale.
La régulation
des activités biomédicales d’amélioration humaine est assurée par le droit de
la bioéthique parfois appelé « bio-droit ». Il s’articule autour de
deux principes juridiques majeurs, la liberté et la dignité, et se fonde
notamment sur les lois bioéthiques adoptées en 1994 et sur des textes
internationaux comme la Déclaration universelle sur le génome humain ou la
convention d’Oviedo relative aux droits de l’humain et à la biomédecine.
Plusieurs
pratiques relevant de l’augmentation humaine font donc déjà l’objet d’un
encadrement juridique à l’instar de l’assistance médicale à la procréation, du
diagnostic préimplantatoire, du clonage, de l’eugénisme, des greffes, etc. En
d’autres termes, même s’il n’existe pas de texte général sur l’augmentation
humaine ni de modèle bioéthique global, des ressources juridiques sont d’ores et
déjà à notre disposition pour régler certaines des questions soulevées par
l’amélioration de l’être humain.
Si le droit de
la bioéthique détermine les principes cardinaux devant être respectés en
matière d’amélioration de l’humain, d’autres branches du droit traitent
d’aspects plus pragmatiques dans ce domaine. Le Code pénal incrimine ainsi ceux
qui dépasseraient certaines limites : Celui, par exemple, qui prélèverait un
organe à une personne non consentante pour le greffer sur une autre.
Le droit du
sport traite du dopage, forme d’augmentation contraire à l’idéal sportif.
Le droit des
personnes, le droit des biens et le droit des obligations ont également un rôle
à jouer pour déterminer le statut des prothèses et autres dispositifs
d’augmentation du corps humain.
S’agit-il de
choses comme les autres ?
Comment
répare-t-on le préjudice découlant de la perte d’une prothèse ?
Des
juridictions ont été confrontées à la question de savoir comment traiter, lors
de compétitions sportives, le porteur d’une prothèse qui pourrait l’avantager.
Rappelons à ce
sujet, que le Tribunal arbitral du sport a estimé que les analyses scientifiques ne
permettaient pas de conclure que les prothèses Flex Foot Cheetah d’Oscar
Pistorius (le mek qui a tué sa meuf) l’avantageaient par rapport à un athlète valide.
L’article 16-3
du Code civil permet de porter atteinte à l’intégrité du corps humain en cas de
nécessité médicale pour la personne ou dans l’intérêt thérapeutique d’autrui.
C’est dire que certaines augmentations individuelles sont d’ores et déjà
légales.
Si l’on pense
en priorité aux formes réparatrices qui visent à replacer un individu malade ou
blessé dans un état aussi proche que possible de son état initial, on
s’aperçoit vite que les formes non réparatrices sont elles aussi admises.
Le Code de la
santé publique consacre ainsi des dispositions spécifiques à la chirurgie
esthétique qui n’a pas à poursuivre de but thérapeutique (la chirurgie réparatrice) mais peut être motivée
par de simples convenances personnelles (se faire tirer la peau des fesses ou gonfler ses seins).
De façon plus
générale, d’autres procédés relevant plus de l’anthropotechnie que de la
médecine traditionnelle sont également légales : C’est déjà le cas des
techniques contraceptives, qui ne soignent pas de pathologies mais permettent
de maîtriser la reproduction, sans avoir à faire abstinence.
Bien qu’il
n’existe pas de statut juridique de « l’humain augmenté », les
juristes ne sont pas démunis pour contrôler l’anthropotechnie. Tout d’abord, la
déontologie médicale semble incompatible avec un recours non maîtrisé à
l’anthropotechnie.
Selon le
deuxième alinéa de l’article R 4127-8 du Code de la santé publique, le médecin
« doit, sans négliger son devoir d’assistance
morale, limiter ses prescriptions et ses actes à ce qui est nécessaire à la
qualité, à la sécurité et à l’efficacité des soins ». En outre, selon
l’article R 4127-40 du même code, « le
médecin doit s’interdire, dans les investigations et interventions qu’il
pratique comme dans les thérapeutiques qu’il prescrit, de faire courir au
patient un risque injustifié ».
Est ici mise
en valeur l’obligation du médecin de ne pas prendre de risques et de limiter
ses pratiques aux seuls soins, lesquels n’incluent évidemment pas les pratiques
augmentatives.
Et Dieu sait
comme je reste étonné des performances de la médecine curative : J’en
suis une preuve (encore) vivante !
Pour la prédictive, il reste encore du chemin à faire.
Pour la prédictive, il reste encore du chemin à faire.
Les droits
fondamentaux et certains principes fondateurs du droit de la bioéthique, parmi
lesquels l’égalité et la dignité, font ensuite obstacle à la réification des
individus à laquelle l’hybridation de la chair avec la machine pourrait mener.
De même, la primauté de la personne humaine énoncée par l’article 16 du Code
civil, mais aussi le respect dû au corps, son inviolabilité et sa
non-patrimonialité affirmés par l’article 16-1, semblent s’opposer aux
tentatives trop radicales d’amélioration individuelle. En outre, si certaines
formes d’anthropotechnie venaient à être assimilées à des soins, ce qui est
déjà le cas de la procréation médicalement assistée et de la contraception, le
principe d’égal accès aux soins et celui de non-discrimination devraient
permettre de garantir l’égal accès à ces techniques.
Enfin, de
façon plus prospective, l’extension du principe de précaution pourrait
constituer une limite sérieuse aux techniques augmentatives dangereuses. Dégagé
par Hans Jonas dans son ouvrage intitulé « Le principe de responsabilité
: Une éthique pour la civilisation technologique », ce principe qui consiste à
s’attendre au pire est connu du droit, mais seul le Code de l’environnement le
prévoit pour l’instant.
Son
application en droit de la santé permettrait une reformulation de la bioéthique
autour de l’idée centrale de responsabilité et condamnerait les pratiques
présentant des dangers.
Bien qu’il
accepte certaines pratiques anthropotechniques à l’échelle individuelle, le
droit semble donc plutôt défavorable à l’amélioration de l’espèce dans son
ensemble. Divers indices révèlent cette position.
Un premier
signe est la prise en compte légale de l’intégrité de l’espèce humaine.
L’article 16-4 du Code civil prohibe expressément les atteintes à l’intégrité
de l’espèce humaine, l’eugénisme, le clonage et les transformations des
caractères génétiques visant à modifier descendance d’une personne.
Le message est
clair : L’espèce humaine ne doit pas être modifiée.
Un deuxième
indice est l’incrimination des crimes contre l’espèce humaine comme le clonage
reproductif et l’eugénisme qui sont punis de trente ans de réclusion criminelle
et de 7.500.000 euros d’amende.
Un troisième
indice repose sur la prise en compte émergente des générations futures à
l’égard desquelles les générations actuelles auraient des responsabilités. Bien
que la normativité de ce concept soit encore incertaine, il pourra peut-être
servir à empêcher la modification de l’espèce humaine.
« En définitive, on a sans doute trop tendance
à oublier le rôle du droit dans l’évolution sociale. À tous ceux qui ont
l’impression que notre société est dépassée par le fait biotechnologique, on
peut rappeler que les juristes tentent de veiller sur les droits fondamentaux
des individus et sur l’intégrité de l’espèce humaine, quitte à se transformer
en éthiciens. »
Sauf que les
choses ne vont pas se passer comme ça.
La loi
gauloisienne est ce qu’elle est, tout comme la loi européenne.
Pour s’en
affranchir, il suffit de passer une frontière, voire seulement un océan.
C’était d’ailleurs
l’hypothèse retenue dans le roman de l’été dernier « Ultime
récit – suite ».
Le rêve des « Maîtres
du monde », c’est d’accéder à l’immortalité de la chair (ou seulement de l’esprit),
toutes maladies et handicaps vaincus… pour une « élite éclairée »
seulement.
Puisqu’il n’y
a pas de place pour tout le monde.
La planète
étant « finie », les « inutiles » n’auront pas leur place
sur le bout de caillou perdu dans la galaxie, car ils le salopent jusqu’à épuisement.
Constat clair
que vous serinent quelques « experts » du GIEC (prix Nobel de la paix
tout de même…), par exemple, et quelques autres dans leur sillage…
Quoiqu’il s’agit
peut-être seulement de « décartonner » les activités humaines en
avance sur le pic d’extraction toujours repoussé…
Vous n’avez
pas votre place sur la planète.
Au mieux, peut-être,
sur une autre, ce à quoi des types comme Elon Musk s’attellent, bien persuadés
qu’il ne peut pas en aller autrement.
Mais ce sera
réservé à une toute petite partie de votre descendance d’ici à quelques
décennies seulement.
Et tous les
moyens sont bons pour qu’il en soit ainsi : Les milliards accumulés n’ont
pas d’autres objectifs. Planqués dans les paradis-fiscaux, ils ne servent à
rien !
À rien d’autre.
Naturellement,
comme vous, je m’insurge.
Mais j’ai « lu
l’avenir ».
On a désormais
les moyens technologiques (et financiers), au moins dans nos cultures
occidentales, de surmonter les handicaps de la vie.
Voire même « d’augmenter »
les survivants.
Quand il ne s’agit
que poser une prothèse, même intelligente, quand il s’agit d’implanter des
puces, voire de faire de la thérapie-génie et même désormais de modifier dès la
conception des caractères génétiques pour améliorer les « homos-ultras »
à naître (et nés en Chine…), c’est accessible à la technologie ambiante.
Naturellement,
il faudra une génération entière pour consolider les résultats, mais c’est
désormais en cours.
Interdire ne
sert à rien : Une règle nouvelle, c’est mettre en place un mécanisme
nouveau de contournement « licite ».
Rien n’est
parfait.
Mais à l’époque
où l’intelligence artificielle fait des séries de bonds en avant, améliorer les
performances cognitives de l’espèce humaines n’a plus rien d’impossible.
Vous
savez ce que je pense de l’IA : Ce n’est jamais que le reflet
de l’expertise d’un, ou d’une équipe d’experts, avec leurs biais et leurs
faiblesses.
Mais ce n’est
qu’une opinion parmi d’autres et je n’ai pas la science infuse (à ma grande
désolation, croyez-le bien).
Le « deep-learning »
n’en est qu’à ses balbutiements, certes spectaculaires, mais quand la machine
sera seulement capable de comprendre ce qu’elle fait, on entrera dans une
nouvelle ère.
Et elle serait
proche en prévoient certains, même si je m’obstine à penser que ça na rien d'évident : Il faudrait déjà que nous-mêmes comprenions tous nos actes et on en est encore bien loin !
Pour l’heure,
je n’ai vu, dans les rues de London, qu’une Telsa conduite par un chien promenant
leur propriétaire assoupi sur la banquette arrière, probablement jusqu’à sa
résidence secondaire dans le Suffolk…
Car quand un
pilote-automatique percute un navire au mouillage au large de la « Corsica-Belle-Tchi-Tchi »
dans le golfe de Gênes, ça n’étonne plus personne…
Le « monde
d’après » qui se prépare sous vos yeux ébahis, est terrible. Certes, il y
a des « nuisibles » qui tirent la couverture à eux en laissant cours
aux « forces centrifuges » qui tentent de détruire les consolidations
du siècle précédent parce que ça ne leur convient pas.
Mais quand les
« innovations » génétiques viennent d’un « BRICS », en l’occurrence
le « C » de la Chine, première puissance économique mondiale, il y a
de quoi laisser à réfléchir.
Le continent
australien restant « protégé » par son excentricité géographique, le continent d’Amérique
du sud se déchirant entre les pays du « pacte de Lima » et le Venezuela
(hier, c’était la Colombie, ses cartels de la drogue et ses Farc qui faisaient l’actualité…),
le « nouvel ordre » fait le ménage pour échapper au génocide à
prévoir.
Il aura donc probablement
lieu dans l’hémisphère nord en incluant le continent africain et en excluant,
au moins partiellement, la Chine qui reste, avec l’Inde, la densité majeure de
la population humaine avec leurs problèmes démographiques : En première
ligne pour concevoir l’avenir de l’espèce.
Reste à se
montrer « plus intelligent ». Notre monde a su faire jusqu’à imposer
son calendrier à la planète entière et même la façon dont tournent les
aiguilles d’une montre (une histoire de Soleil qui passe par le Sud et dont l’ombre
porte au Nord du midi de vos cadrans portatifs).
Quelle que
part, il me semble qu’il y a urgence à imposer une « éthique-globale ».
Il est d’ailleurs peut-être trop tard tellement celle-là a pris de coups de
hache depuis quelques siècles…
Ce n’est pas
facile de se montrer « intelligent », mais je reste indécrottablement
optimiste dans l’espèce humaine : Elle a su faire face à bien d’autres
défis.
À condition de
savoir poser les problèmes, les bonnes questions, d’où émergent naturellement
les solutions idoines.
L’eugénisme à
venir est d’essence dictatoriale. Il faut y répondre de façon humaniste voire
libertaire. Comme face à tous les autres antérieurs.
Sinon l’amour
d’autrui, au moins son respect irréprochable, doit s’imposer pour le plus grand
bien de la collectivité de tous.
Ne rien n’imposer,
même pas interdire : les choix individuels feront le reste, comme toujours.
Le « marché »
fera ses arbitrages… une fois de plus.
Hélas, dans l’urgence,
on n’en prend pas la direction ni même la mesure.
D’autant que
ce n’est même pas un sujet de « Grand-débat » qui se contente de
recettes de cuisine, alors qu’on peut penser qu’il y a le feu dans la kitchenette…
Quand même
assez extraordinaire, finalement !
Heureusement,
vous n’êtes pas dupes, et il s’agit seulement de rester très vigilant.
Au moins pour
vos « nichées »…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire