Le pays aura créé 106.000 emplois en 2018 !
Fort, « Jupiter » sauf que … c’est trois
fois moins qu’en 2017 avec un score (corrigé des intérimaires et CDD) de 328.000
postes…
Ce qui n’empêche pas « Lyne-sait-tout » de
qualifier cette « croâssance » de solide…
Sauf que… c’est toujours 6.574.100 demandeurs d’emploi
en déshérence.
Et que je vous avoue que je ne comprends pas tout :
Si le taux de chômage que cela représente est toujours calé autour de 9 %, il y
aurait 73 millions de personnes en âge de travailler dans un pays qui en compte
66 millions (en comptant les bébés immatures jusqu’aux moribonds…)
Passons : Ce n’est pas la première fois qu’on
fait dire n’importe quoi à des chiffres.
Ceci dit, et pour être plus précis, on note (hors
Mayotte) une diminution de 38.200 demandeurs d’emploi de catégorie A, de 21.400
pour la catégorie B, une augmentation de 15.000 de catégorie C, de 14.700 pour
la catégorie D, une diminution de 5.700 pour la catégorie E et une diminution
globale de 35.600 demandeurs d’emploi par rapport au troisième trimestre 2018.
Les chiffres du chômage du quatrième trimestre 2018
que la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques
(DARES), rattachée au ministère du Travail et Pôle Emploi viennent de publier.
Pour rappel, il existe cinq catégories de demandeurs
d’emploi en « Gaulosie-laborieuse ».
La catégorie A, regroupe l’ensemble des personnes sans
emploi, qui doivent effectuer des recherches d’emploi quel que soit le type de
contrat (CDI, CDD, temps plein, temps partiel, etc.).
Les catégories B et C sont relatives aux personnes
ayant exercé une activité réduite de moins de 78 heures pour la catégorie B et
de plus de 78 heures pour la catégorie C. Ces catégories doivent néanmoins
effectuer des « actes positifs de recherche d’emploi ».
La catégorie D concerne les personnes sans emploi qui
ne sont pas disponibles dans l’immédiat et qui ne doivent pas effectuer des « actes positifs de recherche d’emploi ».
Et finalement, la dernière catégorie, la catégorie E,
est relative aux personnes pourvues d’un emploi et non tenues d’effectuer des «
actes positifs de recherche d’emploi
», cela représente essentiellement les personnes bénéficiant d’un contrat aidé.
Pour la France métropolitaine uniquement, le nombre de
demandeurs d’emploi de catégorie A, qui représentent 61% de l’ensemble des
demandeurs d’emploi, a diminué de 1,1% par rapport au troisième trimestre 2018,
ou de 1,5 % par rapport à 2017 pour arriver à 3.418.600 personnes, soit une
diminution de 38.000 personnes par rapport au trimestre précédent.
Les effectifs des catégories A, B et C, diminuent
également dans l’ensemble de 0,8 % par rapport au troisième trimestre ou de 0,3
% par rapport à 2017 pour arriver à 5.605.000 personnes, soit une diminution de
44.600 personnes par rapport au trimestre précédent. Enfin, si l’on ajoute à
cela les catégories D et E, on constate une baisse générale de 0,6 % par
rapport au troisième trimestre ou de 0,9 % par rapport à 2017 pour arriver à un
total de 6.237.100 personnes, soit une diminution de 35.600 personnes par rapport
au trimestre précédent.
Remarques : On n’a déjà plus les mêmes chiffres
qu’en début de post.
Notez que ce n’est pas la première fois qu’on fait
dire n’importe quoi à des chiffres, sauf à considérer qu’il y a 337.000 chômeurs
rien qu’à Mayotte.
Mais tout le monde est tout de même content, il y a
moins de chômeurs en fin de période qu’en début…
Tout juste un « 0,5 % », voilà le bel effort
que voilà !
En prenant en compte les départements-régions
d’outre-mer (hors Mayotte), on constate que les tendances sont les mêmes que
celles de la métropole. En effet, on observe une diminution de 1,4 % pour la
catégorie A, une diminution de 0,2 % pour les catégories A, B et C et,
concernant l’ensemble des catégories, on observe une baisse de 0,8 % par
rapport à 2017.
Ainsi pour l’ensemble du pays on dénombre 5.915.700
demandeurs d’emploi de catégories A, B et C dont 3.676.500 pour la catégorie A
uniquement et un total, toutes catégories confondues, de 6.574.100 personnes
fin 2018.
Confirmation : C’est Mayotte la coupable…
Des diminutions sont cependant et malheureusement
marginales par rapport à l’évolution générale du nombre de demandeurs d’emploi
qui a explosé depuis 2008.
En effet, en observant les évolutions de chaque
catégorie de manière distincte, on constate que la catégorie C a très fortement
augmenté depuis 2008 pour atteindre un total de 1.467.000 demandeurs d’emploi
en 2018.
On constate que les catégories D et E sont
relativement stables depuis 2010.
Cependant, en ce qui concerne les catégories B et C,
on remarque une augmentation globale sur 10 ans : Ainsi, en prenant en
compte uniquement les variations entre 2016 et 2018, les effectifs de la
catégorie C sont passés de 1.301.700 à 1.467.000 personnes, soit une
augmentation de 165.300 personnes ou encore 12,7 %.
Sur la même période les effectifs de la catégorie A
sont passés de 3.726.600 à 3.676.500, soit une diminution de 50.100 personnes
ou 1,34 %.
Ainsi sur les deux dernières années les effectifs de
la catégorie A ont diminué trop lentement pour compenser la forte augmentation
des effectifs de catégorie C (solde positif de 115.200 personnes).
Parallèlement, le taux d’activité des personnes de 15
à 64 ans passe de 71,4 % en 2016 à 72,3 % au troisième trimestre 2018, soit une
augmentation de 0,9 %.
Autrement dit, on assiste une fois de plus à un
transfert de demandeurs d’emploi de catégorie A vers les catégories B et C.
Un autre aspect de ces chiffres du chômage est
important pour comprendre l’état actuel du chômage et de l’accès au marché du
travail (nous en disent les « sachants » de la DARES) : L’ancienneté
d’inscription des demandeurs d’emploi des catégories A, B et C où l’on constate
que depuis 2008, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits depuis un an ou plus
ne cesse d’augmenter…
Ces personnes représentent la part des demandeurs
d’emploi la plus éloignée de l’emploi.
Toutefois, vous prévient-on, afin d’être précis, il
est nécessaire de prendre en compte l’évolution de la population active. Sur la
période de 2010 à 2018 (chiffres du 3ème trimestre), on constate une
augmentation de 5,4 % du taux d’activité (des 15-64 ans), soit environ + 1.523.200
alors que le nombre de demandeurs d’emploi inscrits depuis un an ou plus a
augmenté de 75,95 % en passant de 1.505.100 à 2.648.200, soit 1.143.100
personnes en plus.
Cela montre la difficulté du marché de l’emploi
français à réduire son taux de chômage tout en intégrant les nouveaux actifs…
Les nombreuses catégories de demandeurs d’emploi
utilisées par le ministère du Travail et Pôle emploi sont propres à la « Gauloisie-exceptionnelle »
et par conséquent ne nous permettent pas de faire des comparaisons
internationales.
Le Bureau international du travail (BIT), donne sa
propre définition du chômage afin que celle-ci puisse être appliquée à tous les
pays.
Ainsi, avec une définition commune il est possible de
faire des comparaisons internationales.
Au sens du BIT, une personne au chômage est une
personne en âge de travailler (15 ans ou plus) répondant à trois conditions
cumulatives : Il faut « être sans
emploi, c’est-à-dire ne pas avoir travaillé au moins une heure durant une
semaine de référence ; être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours
; avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé
un qui commence dans moins de trois mois. »
Et là, au troisième trimestre 2018, « l’hexagone-Gauloisien »
avait un taux de chômage atteignant 8,9 % (victoire ! On est sous les 9 %), soit environ 2,6 millions de
personnes, ce qui ne classe tout de même pas le pays dans les meilleurs élèves
de l’Union européenne dont la moyenne est à 6,7 %.
Donc, « un
chômeur au sens du BIT n’est pas forcément inscrit à Pôle emploi (et
inversement). »
En effet, la définition du chômage du BIT ne prend pas
forcément en compte certaines catégories de personnes qui sont considérées
comme demandeurs d’emploi par le ministère du Travail et Pôle emploi, notamment
les catégories B et C.
En effet, les catégories B et C regroupent des
personnes qui exercent une activité (cf. supra définitions des catégories), ce
qui ne sera pas forcément pris en compte dans la définition du BIT qui exclut
les personnes ayant travaillé une heure sur une semaine.
De plus, « certaines
personnes souhaitent travailler mais sont « classées » comme inactives, soit
parce qu'elles ne sont pas disponibles rapidement pour travailler (deux
semaines), soit parce qu’elles ne recherchent pas activement un emploi. Ces
personnes forment ce qu'on appelle un « halo » autour du chômage ».
Ainsi, d’après les données de l’Insee, le halo du
chômage atteignait 1.608.200 personnes en 2017.
Un chiffre à rajouter aux statistiques « officielles ».
Pour 2018, on n’en a pas encore une idée précise…
Du coup, il existe un autre indicateur qui commence à
être de plus en plus utilisé, notamment par l’Union européenne : Le « NEET »
qui est l’acronyme de « not in employment, in education or training ».
C’est un indicateur qui « correspond au pourcentage de la population d'un groupe d'âge et d'un
sexe donnés, qui est sans emploi, et qui ne participe pas à une éducation ou à
une formation ».
Cet indicateur prend en compte les personnes qui ne
sont pas pourvues d’emploi et qui n'ont participé à aucune action d'éducation
ou de formation, formelle ou non formelle, au cours des quatre semaines
précédant l'enquête.
Ceci rapporté au total de la population du même groupe
d’âge et de sexe.
Ainsi, cet indicateur nous permet d’analyser les
difficultés rencontrées par les jeunes européens face à l’entrée sur le marché
du travail.
Comme pour l’indicateur du chômage au sens du BIT, le
NEET nous permet de faire des comparaisons internationales ainsi que de
sélectionner plusieurs groupes d’âges différents.
Là encore, la « Gauloisie-qui-ne-traverse-pas-la-rue »
n’affiche pas un très bon score : En effet, 18,2 % des jeunes de 20 à 34
ans sont, ni en emploi, ni en éducation, ni en formation…
Cependant, là où la moyenne de l’Union européenne
s’élève à 17,2 %, mon pays (celui que j’aime tant et qui me le rend si mal…) se
situe plus proche de la moyenne européenne du NEET que de celle du chômage au
sens du BIT.
Conclusion : Depuis plusieurs années les chiffres
du chômage stagnent aux alentours des 9 %, et ne diminuent que marginalement
depuis 2017. Cette stagnation peut s’expliquer en termes de chômage structurel
et croissance potentielle.
Le chômage structurel correspond au taux de chômage
atteint lorsque le PIB effectif atteint le PIB potentiel. Cela correspond à la
part du chômage incompressible sans changement de politique économique.
Le chômage conjoncturel dépend, lui, comme son nom
l’indique, de la conjoncture, c’est-à-dire de la position de l’économie dans le
cycle économique.
Ainsi, lorsque l’économie est en récession, le chômage
conjoncturel augmente.
D’après les estimations de la Commission européenne,
le chômage structurel atteignait 9,2 % pour l’année 2017.
Selon « Lyne-sait-tout », le taux de chômage
au sens du BIT s’élevait à 8,9 % de la population active au troisième trimestre
2018.
Ainsi, d’après ces chiffres on peut estimer que le
taux de chômage est très proche du taux de chômage structurel (qui ne peut pas
être calculé exactement), ce qui signifie que le pays doit réformer son système
économique s’il veut voir la courbe du chômage réellement baisser.
Pour ceci, il est nécessaire de flexibiliser le marché
du travail dans son ensemble, autant du côté des employés que des employeurs.
Vous êtes une nouvelle fois prévenus : Soit plus
de « rilance » et de réglementation pour moins de chômage ;
soit plus de chômage et plus de « libertés ».
C’est la conclusion paradoxale qu’il convient de tirer
de la « pensée-unique » des « sachants ».
C’est dire le boulot qu’il convient qu’ils
fournissent, parce que eux sont « in », les « chômedus » sont
« out », des « inutiles » (et pas près de s’en sortir, puisque quand il y en a un qui
sort, il est aussitôt remplacé par un autre…) et c'est autant d’indemnisation à fournir en plus et autant de cotisation qui n’entre pas dans les caisses !
Une malédiction.
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