La valse des étiquettes !
Vous
étiez pourtant prévenu(e)s et vous n’avez jamais protesté.
Enfin si, je suis injuste, les Gilets-jaunes
l’ont fait. Mais eux râlent uniquement parce que les vitesses autorisées
maximales sur les routes ont baissé de 10 km/h (on y reviendra très
prochainement, demain sir j’ai le temps…) et que le prix de leur carburant
diesel va rattraper celui de l’essence ordinaire !
Faut dire que comme « cocus », ils posent
là : On leur a vendu des moteurs plus chers que la moyenne pour faire des
économies sur les carburants qui s’envoleront, non pas en décembre dernier,
mais en juillet prochain !
Magnifique, d’autant que leur
« tas-de-boue-à-roulette » ne vaut désormais plus rien et qu’ils vont
être interdits de circuler dans les grandes-villes au fil du temps.
Certes, il n’y a pas que ça : On va leur refiler
en moyenne 400 €/an de primes diverses pour qu’ils se payent une bagnole neuve
(ça soutien les adhérents de l’UIMM), mais on leur pique l’impôt sur le revenu
direct sur la feuille de paye, réduisant ainsi l’assiette de leur capacité
d’emprunt et leur faculté de « jouer sur les fins de mois »,
autrement dit leur pouvoir d’achat immédiat.
Je m’en contre-cogne le coquillard (et le
reste) : Je ne suis pas encore concerné…
Mais je note que même l’autorité de régulation des
tarifs de l’électricité sonne l’alarme : Trop c’est décidément trop !
Pas grave : Vous allez tous payer jusqu’à 6 à 7 %
de plus ce que vous mettez dans votre gamelle quotidienne.
C’est t’y pas merveilleux ?
Tous, non : Si vous bouffiez des produits chers,
sans promotion permanente, vous échapperez probablement à cette hausse voulue
pour soutenir les agriculteurs (ceux de chez vous et ceux de « chez les
autres », y compris « Polaks » qui vous vendent de la viande de
vache malade sans le dire…) !
J’adore…
Dans le temps, c’était au « marché » de fixer
les prix en fonction de l’offre et de la demande voire de l’utilité des
« trucs » vendus.
Depuis vendredi dernier, c’est votre gouvernement qui
oblige vos commerçants de quartier (et autres centres commerciaux) à vous faire
un peu plus les poches pour améliorer leurs profits.
Le seuil de revente à perte est fixé à 10 % et non
plus 0 % : En clair, tous les distributeur ont obligation de faire 10 % de
marge sur bon nombre de produits et sont donc obligés d’augmenter leurs prix
les plus faibles, là où il y avait bagarre entre enseignes !
Une hausse purement et simplement décidée par
l’autorité politique des « sachants » et qui ne repose sur rien, même
pas un dogme économique du « libéralisme-avancé », ni même du
« marxisme-revisité ».
À part ça, vous vivez « l’enfer de
l’ultra-libéralisme » en diront tous les « autistes-dogmatiques » !
Un exemple typique de « l’économie forcée »
et de quoi aussi faire augmenter
le PIB et générer de la croissance purement artificielle.
Sauf que c’est un faux calcul : Il va falloir
« vous priver », parce que moins d’argent qui rentre, la consommation
– un des principaux moteur de croissance qui marche – va tomber en panne :
– 1,5 % des ventes en décembre dernier ; une saison des soldes qui va être
catastrophique (telle que certains envisagent de les supprimer…) ; l’impôt
qui accélère, tout est réuni pour vous faire tousser à force d’étouffement.
Bravo !
Il était le Président du pouvoir d’achat, il va vous
en piquer presque un milliard de plus sur un an, tous les ans et sans le
dire !
Responsables désignés : Les
« agri-culs » qui ne s’en sortent pas à vous fournir de quoi
becqueter…
Rigolo comme tout, finalement.
En fait, la loi agite les industriels de
l’agro-alimentaire et les distributeurs depuis plusieurs mois.
Premiers touchés, les produits dits « psychologiques
», ceux dont les tarifs frappent l’esprit des consommateurs, comme le
Coca-Cola, le Nutella ou le camembert Président, le Ricard, l’Évian, le
Perrier, la bière Leffe, les whisky Grants, William Peel ou Ballantines (déjà qu’avec
la loi Évin, ils avaient du mal…), les coquillettes Panzani, le camembert ou l’emmental
Président, la moutarde Amora, le Nescafé spécial filtre, le Nesquik, le
Nutella, le chocolat Milka lait-noisettes, la Danette ou encore le lait
Infantile Gallia, les conserves de petits pois carottes Cassegrain, le
Chocapic, le café Carte Noire, etc.
Sauf que ça n’est pas uniforme : Un pot de
Nutella voit son prix bondir de 8,4 %, les yaourts Danone seront plus chers de
6 %, le lait Guiguoz affichant une hausse de + 8,1 %…
En comparant vos tickets de caisse d’une semaine sur
l’autre, vous verrez bien qu’est-ce qui avait une « marge massacrée »
et les produits sur lesquels « il en reste » dont les prix n’augmenteront
que très peu (ou pas du tout)…
Car toutes les enseignes ne leur appliquent pas une
marge zéro : Dans un même réseau, les étiquettes varient en outre selon le
niveau de concurrence local que subit le magasin.
Il n’existe nulle part de prix national (Liberté, Liberté
chérie…).
Il faut dire que plusieurs thèses s’opposent quant à l’impact
du texte qui limite aussi les promotions à 34 % de rabais sur 25 % des volumes…
Le président de Système U, avait précisé aux « Echos »
que le relèvement du seuil de revente à perte porterait sur 7 % de l’offre des
supermarchés, soit environ 1.500 références.
Les supers en compte environ 25.000 et les hypers
60.000, en comptant le « non-alimentaire » (5ème rayon, le
brun, le blanc, le textile et les loisirs).
Selon le ministère (toujours aussi « autiste »),
la hausse concernera seulement « 500
produits sur 13.000 dans les supermarchés et 800 produits sur 20.000 dans les
hypermarchés ».
Une équipe de « sachants » qui ne fait
jamais leurs courses et ne savent pas compter…
Et le ministre héritier de « la banane sous les
pieds » d’ajouter : « Il y a 4 % des
produits qui vont augmenter beaucoup, je le regrette, j’aurais préféré que ça
se fasse différemment ».
Ah oui ?
Et au final, assure-t-il pour le moins très optimiste,
« le panier moyen mensuel dans la
grande distribution n’augmentera que de 50 centimes. »
Ce qui donne un panier de 0,5 facteur de 4 % (d’après
lui), soit… 12,50 € par mois et par panier !
Fabuleux…
On verra ça dans la prochaine mesure de l’inflation…
Par ailleurs, la guerre des prix que livrent les
enseignes se déplacera sur de nouveaux terrains. Leclerc et Intermarché ont
annoncé une baisse des produits à leurs marques propres, les marques
distributeur (MDD), Leclerc sur 4.600 références, Intermarché sur 250 seulement
!
Les gammes de marques de magasin devraient voir leurs
volumes augmenter, par simple report.
Et les promotions fleurissent sur les produits du
quotidien qui n’entrent pas dans le champ de la loi alimentation comme la
lessive et l’hygiène-beauté.
À voir, parce que les « lessiviers » en
sortiront probablement « rincés » (ce qu’ils redoutent), mais un
baril de poudre-à-laver ne remplacera pas une motte de beurre !
Leclerc propose ainsi dans une publicité « un acheté, un offert » pour un flacon de
lessive liquide Ariel, soit « 6,99 euros
au lieu de 13,98 ».
Mais rien sur le lait…
Les enseignes vont aussi utiliser le flou de la loi
sur les « cartes de fidélité » et le « cagnottage »
(et son traitement fiscal), c’est-à-dire la possibilité d’offrir aux
clients des rabais sonnants et trébuchants mais cumulés sur un compte et non
utilisables immédiatement.
Ce sont des baisses de prix déguisées et déportées
dans le temps qui rabotent les hausses.
La société d’études IRI, qui fait référence dans ce
domaine, a fourni une simulation quasi exhaustive incluant une hausse de 10 %
des prix des 1.000 articles les plus vendus. Dans cette hypothèse haute, « a maxima », cela déboucherait sur une « inflation alimentaire de 1,3 % ».
Comme l’alimentation compte (beaucoup pour vous) pour
un gros tiers du PIB, la loi devrait avoir comme conséquence et à elle seule,
un bond de 0,4 point du taux d’inflation…
Personnellement, j’attends de voir les Panels Nielsen
pour en juger.
Pas bien grave, vous dira-t-on : En 2008, au moment
de la crise financière, l’inflation des produits du quotidien est montée entre
4 % et 5 %. Jusqu’à ce que la loi de modernisation de l’économie (LME) de
« Bling-bling » ne redonne de nouvelles marges de négociation aux
distributeurs vis-à-vis de leurs fournisseurs.
Vous verrez, on y reviendra si les mécanismes de
formation de prix ne retrouvent pas leur étiage antérieur.
Un sujet qui va faire grincer des dents, d’autant que
lors des États généraux de l’alimentation de 2017, décision avait été prise de
mieux rémunérer les agriculteurs, en tenant davantage compte de leurs coûts de
production. Pour les produits agricoles (viande, poisson, lait, fruits et
légumes essentiellement) vendus en grande surface, les distributeurs étaient
donc priés de réduire leurs marges, afin de garantir un meilleur revenu aux
agriculteurs.
Pour le consommateur, les prix de vente, eux, sont restés
quasi stables.
La loi d’octobre dernier en devient schizophrénique
pour « obliger » à augmenter les prix avec ce délire intellectuel
ahurissant des « sachants-trisomiques » : Tu vends 100 un
produit-fini (emballé, étiqueté, mis en rayon) à prix coûtant.
C’est donc que tu l’as acheté 100.
Bé maintenant tu vas le revendre 110 et tu vas refiler
les 10 au producteur !
Évidemment, si le producteur reste performant (les
autres ils crèvent tout de même), il va récupérer 10 et pouvoir vendre ainsi à
90 (90 + 10 = 100).
Le coup suivant, tu achètes 90 donc,
« Jupiter » t’oblige à revendre 99 et de refiler 9 au même
producteur : Il manque 1 euro.
Donc, pour rester « intelligent », tu vas
devoir acheter à 90,91 pour garder un prix public de 100 et refiler 9,09 à ton
producteur… qui retouchera les 100 « ex-ante » :
Bienvenue aux « marges arrières » jusque dans les champs !
Autrement dit, ça ne changera strictement rien pour
personne, mais dans une seconde étape seulement, le temps de refaire des
accords commerciaux et d’écouler les stocks achetés !
Juste le temps de mécontenter tout le monde, après
tout…
Notez que d’autres en disent, notamment à la FNSEA,
que « vis-à-vis des agriculteurs, on sent
déjà un changement d’attitude ». Le succès du nouveau dispositif « dépendra de la bonne foi des industriels et
des distributeurs ».
Et des accords d’approvisionnement à venir.
La semaine prochaine, le 7 ou le 8 février, une
rencontre est de toute façon d’ores et déjà prévue entre le ministère de
l’Agriculture, celui de l’Économie, et les principaux acteurs du secteur :
« Si nécessaire, nous lancerons des
contrôles sur les prix » pour vérifier que « l’esprit de la loi »
(seulement ?) est respecté, prévient-on au ministère de l’Agriculture.
Toujours la « police-alimentaire » derrière
l’autorité étatique…
(Avec des flash-balls ?)
Ce qu’on ne vous dit pas, c’est que la
« bataille » s’est déplacée ailleurs : Les programmes de
promotions (des industriels).
Les distributeurs en veulent pour « animer »
leurs points de vente et magasins, mais ils sont désormais limités à 25 % des
volumes pour 34 % de rabais sur les prix, maximum.
Il s’agit donc de « passer devant » les
« petits-copains » et y faire son nid. Et la bataille du
« mètre-linéaire » s’est nettement durcie pour aussi faire de la
place aux innovations-produits, absolument indispensables pour les industriels,
dans les gammes existantes.
Ça va devenir d’autant plus difficile pour les
« majors », même s’ils ont les moyens
(que vous leur payez…).
Quant à viser à ne pas dépasser les « 25 % des
volumes », il faudra « doser » avec finesse.
En revanche, au niveau des rabais de prix promis (34 %
– 10 % = 24 points), ça reste « attractif » pour le chaland de
consommateur-imposable, mais avec quel impact sur les ventes connexes ou
liées ?
Je serai un industriel – celui qui transforme la
matière première, l’emballe et l’expédie – si je suis concerné par le SRP
(Seuil de Revente à Perte), c’est d’abord une question de comptabilité
analytique et de réglage de l’imputation des « coûts de siège »
(et quelques autres) : Il n’est pas rare qu’en interne, un produit soit revendu
mathématiquement « à perte ».
C’est du faux naturellement, mais c’est une base de
calcul.
De même quand j’ai été « distributeur »,
j’avais tous les jours la liste des « manquants-départ » (référence,
fournisseur, appro responsable pour pouvoir l’engueuler, CA et marge manquante)
que je m’en amusais tous les jours aussi de constater que je gagnais de
l’argent à ne pas vendre (« On
va pouvoir prendre l’apéro avec tout ce qu’on n’a pas perdu, aujourd’hui »)
!
Tout aussi faux, naturellement…
Eh bien aux industriels de faire de la
« promo-permanente » en fonction des volumes de l’enseigne et des
programmes d’innovation retenus.
Et ils savent faire.
Même les « lessiviers », qui ne peuvent pas
innover tant que ça (la poudre-à-laver, ça reste de la poudre-à-laver…), ils le
font tous les jours, ainsi que bien des fournisseurs du 5ème rayon
(mais ceux-là « innovent » plus et mieux et font de la pub à la télé
que vous payez au final).
C’était d’ailleurs l’objet des négociations
« centrales » pour l’année en cours : On refera les comptes
l’année prochaine !
Bonnes courses à toutes et à tous, en attendant :
Serrez-vous la ceinture, entrez donc dans le monde stupéfiant de la « dé-consommation »,
c’est le chemin le plus sûr de la « déflation » et de la
décroissance !
Une façon de vous consoler, après tout…
Vivement « Jupiter » qui vous pousse à une
société d’abstinence et de restrictions : Lui, de toute façon, il n’est
pas concerné, puisque c’est vous qui le payez (ainsi que sa vaisselle et
sa décoration…) !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire