Le feu.
Avertissement
:
Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure
construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
En suivant le cours de ce « ru », même si la
pente vers la mer n’est pas très forte, Paul finit par déboucher sur une sorte
de petit jardin, taillé dans une sorte clairière sise dans la végétation
tropicale éparse, où poussent des tomates.
De vraies tomates !
Sublimes, même si elles ne sont pas très grosses ni
très mûres…
Les « filles » se sont faites cultivatrices :
incroyable !
Elles sont là depuis combien de temps ?
Comment sont-elles arrivées jusque-là ?
Qui sont-elles ? Des fugitives ou des
proscrites ? Et pour quel crime odieux et barbare commis dans cette
seconde hypothèse ?
Plus loin, ça ressemble à des radis, avec d’immenses
feuillages et de toutes petites racines.
Les navets cultivés en aval sont quand même plus
réussis.
Et alors, miracle, plus loin encore, guidé par les
« filles », il y a des sortes de poules pleines de plumes qui vaquent
en liberté. Ça donne des œufs, ces bestiaux-là, non ?
Tout cela ne vaut pas un trois étoiles du Michelin,
mais c’est quand même suffisant pour faire un repas divin.
Sauf que tout est dégusté cru : pas de feu !
Même les œufs qu’il faut gober. Ce n’est pas qu’on
manquerait si cruellement d’ustensile de cuisine, quoiqu’à part quelques bouts
de bois taillés et des récupérations de la déchetterie de la plage, ce n’est
pas Byzance non plus de ce point de vue-là.
Car Paul veut leur montrer comment il allume un feu
avec deux bouts de bois secs et un peu de lichen…
Elles le regardent faire avec intérêt, assises en
cercle autour de lui, lui-même assis en tailleur à même le sol, et puis quand
elles commencent à comprendre, elles se mettent à pousser des cris
d’orfraie !
Et bien sûr, pas d’explication avec leur logorrhée
faite que d’onomatopées. Elles sortent d’où avec cette absence de langage et
leur maigreur à faire peur à des anorexiques ?
Elles peuvent prononcer des consonnes, mais c’est dans
un langage que Paul ne saisit pas, alors qu’elles ont l’air de pouvoir facilement
communiquer entre elles. Paul devient d’ailleurs « bôô ». C’est vrai
qu’il est beau, enfin… sans prétention il l’a toujours été aux yeux de la gente
féminine, mais tout de même…
Et pourquoi cette peur du feu ? Impossible
d’avoir une explication rationnelle.
Au moins au début de leur cohabitation.
Pareillement, à force de ténacité, Paul se fabrique
une sagaie. L’arc et les flèches, une autre fois : il n’y a aucun outil et
pas le moindre bout de chanvre assez résistant pour supporter d’être étiré afin
de ployer un bout de bois…
Mais le lendemain, où il ramènera un second poisson
pour le faire cuire, elles s’opposeront à sa tentative de faire du feu.
Là, ça ne vas pas être facile avec un régime d’œufs,
de coquillages et de crudités…
En revanche, elles sont douées pour la cueillette de
baies et de fruits plus gros qui ressemblent à des papayes. Et expertes dans
l’ouverture des noix de coco qui viennent de tomber. Fraîches.
Quoique Paul s’essaye encore à grimper sur des
cocotiers en bordure de mer qui ont l’avantage d’avoir poussé « pas
droit », s’étirant vers le large en pente plus ou moins prononcée. S’il
glisse et tombe, ce sera sur du sable…
Il se donne également un mal fou pour en faire tomber
à coup de lancés de pierre. C’est beaucoup d’énergie pour un piètre résultat.
Les trois femmes dorment la nuit à même le sol, sous
un petit abri fait de branchages de palmier-cocotier entrelacés. Et désormais
Paul est invité.
Il faut dire que ça le change des cyborgs aux
physiques « adaptables » à ses désirs, ceux à « géométrie
variable ».
Là, on est quand même assez loin des lieux communs
véhiculés par la culture cinématographique, par exemple d’un James Bond étalé
sur une plage de sable avec une Ursula Andress qui sort quasiment nue de la mer
avec ses formes divines pour venir séduire l’espion de sa très gracieuse
majesté dans « Docteur No ». On est beaucoup plus proche de
« Lost » ou « Koh-lanta », les caméras, l’équipe
d’assistance et de soutien en moins, de Robinson Crusoé sans Vendredi et sans
végétation généreuse, voire d’un épisode d’Exodus qui se serait échoué dans
l’océan indien pour toute Terre-Promise.
Des clichés, ce sera une autre fois, réservés
seulement à ce qui est télégénique, or là, personne ne l’est pour être plus
proche de l’animalité de Cro-Magnon en mode « survie » !
Bref, la « belle-vie » dans l’Éden retrouvé,
dans les livres seulement.
La séquence suivante a toutefois débuté par une
sieste. Paul essaye de trouver le moyen de se raser : une barbe de quatre
jours, ça gratte. Surtout qu’il va pour se décrasser dans les vagues. Ce n’est
pas l’idéal, parce que si on ne se sèche pas rapidement, le sel se dépose sur
la peau et les poils et ce n’est pas du meilleur effet.
Sa chemise et son pantalon font office de serviette à
l’occasion, mais là encore, le tissu s’imprègne de sel et ça durcit le vêtement
en séchant. Pas vraiment l’idéal, mais c’est mieux d’être propre dans des
vêtements craquant de sel, que d’être sale dans des vêtements sentant la
transpiration.
Première étape, sans aucune pudeur, les
« filles » s’installent accroupies sur la plage et le regarde se
dénuder entièrement. À la vue de ses fesses un peu ridées, comme le reste
désormais, pour avoir salement maigri, elles gloussent de petits rires idiots.
Et quand il se retourne exhibant son sexe, elles se
cachent les yeux mais mirent l’objet de leur gourmande convoitise avec délice
entre les doigts.
Une fois ses ablutions faites, il s’étend sur le sable
sec, à l’ombre, en slip. Histoire de finir de sécher. Là, curieuses, elles
s’approchent prudemment, se posent, piaillent un peu et l’une, puis les deux
autres, finissent par oser lui caresser le torse.
Les poils, tous ces poils, ça les perturbent. Elles,
elles n’en ont que sous les aisselles et un peu sur les mollets. Le reste est
dissimulé par leurs hayons, à moitié déchirés ici ou là.
Et puis « Hihi », celle qui a la chevelure
la plus claire, avance sa main sur le slip.
Réaction immédiate de « Popol-au-col-roulé »
qui se met à enfler…
La curiosité est alors devenue trop forte.
Le sexe de Paul est libéré, accueilli par des
exclamations et des doigts maladroits.
La suite reste indécente à décrire … (1)
Elles ont beau ne vraiment pas être physiquement
« attractives », mais alors pas du tout, notamment pour être
dépourvues de « formes féminines », la plus « épaisse »
ayant des seins en « goutte-de-lait », c’est quand même
rassurant : ça fonctionne toujours !
« Hihi », la plus claire, de cheveu et de
peau, le visage osseux. Mais elle a tout de osseux, comme ses comparses. On
pourrait presque jouer aux osselets avec ses os saillants.
Petites fesses molles et inexistantes, poitrine
désolante et flasque.
« Hoho » est beaucoup plus « mat »
de peau, les cheveux toujours en bataille qui lui tombent au creux des reins.
Elle paraît nettement plus jeune avec de vagues esquisses de
« formes féminines », mais rien de très aguichant, il faut bien
le reconnaître.
Quant à « Houhou », c’est elle qui se bat
avec un chignon en perpétuelle décomposition. Elle est brune, la peau foncée,
mais très… défoncée ! Elle a dû être « bien enveloppée » dans un
temps lointain, avant son régime « bio » îlien imposé par les
circonstances.
Outre ses perpétuels « houhouhou », elle a
la voix douce et un sourire « mielleux ».
Paul les a baptisées comme ça au hasard de leurs
onomatopées perpétuelles.
Et elles se reconnaissent alors pourquoi en demander
plus, d’autant qu’elles ont aussi un prénom – et peut-être même un nom – mais
c’est imprononçable, pas plus que mémorisable et de de toute façon, ça commence
par leurs voyelles préférées…
Plus simple comme ça.
Quant aux étapes suivantes, elles se passent soit la
nuit sous le petit faitage de feuillage, soit en mer ou sur la plage à
l’occasion des ablutions quotidiennes de Paul, avant ou après la
« cueillette » de quelques coquillages destinés à améliorer
l’ordinaire végétarien, puisque la pêche et la chasse sont sans intérêt faute
de pouvoir faire du feu.
« Houhou » est « mordue » et
s’accroche souvent comme un poulpe avec ses jambes poilues et égratignées autour
de la taille de Paul. En plus, c’est une rapide à jouir et très réactive…
« Hihi » est en revanche plutôt une peine à
jouir, alors que « Hoho » s’extasie comme une gamine, à chaque fois
qu’elle le peut, à la vue des éjaculations que Paul propose et qu’elle provoque
volontiers : une douée.
Il n’empêche, tout cela l’éloigne de sa mission.
Paul fait donc de longues promenades pour découvrir
« son » île, quitte à glaner encore ici et là des détritus
éventuellement utilisables.
Et cette à cette occasion qu’il découvre, au loin et
au nord, une « montagne », qui doit être une autre île située à la
limite de l’horizon, grâce à des nuées d’oiseaux de mer et un nuage accroché
au-dessus. Intrigué, il pense d’abord que les bestioles volantes planent
au-dessus d’un banc de poisson.
Mais non, il y a bien autre chose.
Et Ô surprise, il perçoit de brefs éclats de lumière.
D’abord, il pense avoir eu la berlue, une illusion d’optique, un coup de chaud
sur le nerf optique, mais non : il s’agit probablement d’un rayon de
soleil qui se reflète sur une vitre ou un miroir.
La vitre d’un bateau oscillant au mouillage semble
nettement plus probable.
Découverte fantastique : il y a de la
civilisation à quelques 10 milles nautiques, peut-être plus, peut-être moins,
avec peut-être au bout un téléphone !
Il faut absolument qu’il se signale. Et comment faire
avec un portable resté longtemps dans la poche de son pantalon d’origine et à
la batterie épuisée ?
Eh bien en allumant un feu sur la plage, tout
bêtement !
Ce qui ne va pas être facile avec les trois filles qui
ont une peur bleue des flammes…
À moins que ce soit le fait qu’une fumée révélerait
leur présence sur cet îlot ?
Il faut une explication et au soir, avec des gestes,
il leur dit qu’il doit s’en aller d’ici.
Pas facile à faire comprendre…
Quant à leur expliquer qu’il reviendra les sortir de
leur prison aquatique ensuite, encore moins !
Deux jours plus tard, il a amassé assez de bois mort
sur la plage la plus septentrionale de ce bout de terre émergeante au-dessus
des flots. Les trois filles ont disparu, sans doute cachées quelle que part où
il ne saurait pas les trouver.
Le feu n’a pas pris du premier coup, et ce n’est
qu’après le midi-solaire qu’a pu s’élever une mince colonne de fumée.
Il aura passé le reste de la journée à persister à
alimenter ce foyer, en en profitant pour se faire cuire la chair d’un poisson
plus gros que les autres qui a bien voulu se laisser approcher du bout de sa
sagaie, avec l’idée de durer assez durant la nuit pour faire comme d’un phare.
Si avec ça, il n’est pas repéré, il faudrait envisager
de confectionner une embarcation avec ce qui resterait de matériel flottant…
La première tentative ayant échouée, il lui faut
recommencer le surlendemain.
Entre-temps le « potager » des trois filles a
été « vidé » et la hutte démontée. Manifestement, elles n’apprécient
pas l’initiative de Paul.
Mais comme lui ne compte pas vraiment vieillir ici, à
passer son temps à se faire bouffer par les insectes ou à se retrouver au matin
avec un lambeau de ses vêtements en moins, bouffé par les rongeurs du coin, il
y met toute son énergie.
Et miracle, après un peu plus d’une semaine de
« stage de survie » en milieu hostile, un hélicoptère est enfin en
approche.
Franchement, Paul n’y croyait plus, d’autant que la brume
matinale et marine cache parfois cet îlot toute la journée et que tous ses
efforts pour faire de la lumière et de la fumée doivent se dissiper avant même
d’alerter les éventuels plaisanciers qui se trouvent manifestement à portée de
longue-vue.
Des plaisanciers, équipés d’un hélicoptère, ce n’est
probablement pas très courant dans cette région du monde, mais passons.
Et c’est là qu’il a son ultime surprise : les
hommes qui débarquent sur la plage à bord de leur petit appareil sont armés et
… anglophones !
Des M16 américains, pas l’air commode et sur leurs
gardes.
Évidemment, la première chose qu’ils font, c’est de
fouiller Paul dans ses hayons, de le désarmer, de faire le tour de paquetage et
de l’entraver, mains dans le dos.
Pas un mot d’explication, mais Paul est content de
lui : il va pouvoir enfin regagner la civilisation, la vraie, la
sienne !
Après une grosse heure à battre cette partie de l’île
où Paul a échoué, ces gars-là repartent vers leur « navire ».
Pas du tout un navire.
Oui, certes, il y en a un, plusieurs même et de
tailles différentes : un petit cabotier qui transporte manifestement des
barils de pétrole et fait probablement office de navire de liaison, plus un
yacht type « cabin-cruiser » et surtout une vaste maison de
plain-pied en bordure de mer, dissimulée par une végétation nettement plus
luxuriante que l’île d’où Paul est extrait.
Mais c’est quoi ça ?
Une station scientifique ou la demeure d’un richissime
excentrique ?
- Et fera peut-être un jour l’objet d’une « aparté » dans un recueil de toutes les « apartés » qui parsèment les « Enquêtes de Charlotte » au fil des épisodes mis en ligne…
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