Seconde
mission.
Avertissement
:
Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure
construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages,
des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs
dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est
donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
« – Il vous
fallait bien connaître d’une façon ou d’une autre le devenir de l’espèce
humaine, ses mutations successives, au moins celles qui sont utiles pour
comprendre le sens de cette prochaine étape.
Vous avez
vu quoi au fait ?
– Un
monde que je ne comprends pas avec des technologies que je ne comprends pas et
qui poursuit des buts qui me sont totalement étrangers.
– C’est
ça ! Mais encore. À part moi, vous avez vu qui ?
– Des
cyborgs, très bien foutus…
– Je vous
avais dit que vous en seriez très satisfait… On connaît votre sexualité
débordante qui touche à l’obsession maladive.
– Dites,
pas tant que ça, tout de même !
–
Si ! Au moins autant que ça. Poursuivez, vous avez vu quoi ?
– Des
droïdes, des mutants, des monstres de pierre, des touffes d’herbe. Et encore,
celle-là je ne les ai pas vraiment vues.
– Très
bien. Et ? Vous n’avez pas remarqué quelle que chose qui aurait dû vous
interpeler ?
– Les
cyborgs ! Si je pouvais en garder au moins un pour mon usage personnel…
– … N’y
pensez même pas, Excellence ! Ce serait un gap technologique qui n’existe
dans aucune de nos données !
– Bon, bé
tant pis. Mais je ne sais pas si je me remettrai de leur absence.
– Mais
si ! Vous surmonterez. Rien d’autre ?
– Bé que
l’espèce des « Homos-Plus », les augmentés/améliorés, n’est franchement
pas ma tasse de thé. Sont vraiment trop moches !
– Ne vous
en faites pas, c’est historiquement réciproque. Et ?
– Et
quoi ?
– Je vous
l’ai dit : ils sont devenus ovipares.
– Je n’ai
pas pu vérifier ce détail…
– Je le
suis moi-même mais je suis « Homo-Ultra » parce que… parce que ?
– …
– Parce
que je suis hermaphrodite. Et les « Homos-Plus », ils sont
quoi ?
– …
Ovipare ?
– Et qui
produit des œufs, des ovules, dans votre espèce ?
– Les
femmes !
–
Exact ! Toutes les femelles. Remarquez que chez tous les ovipares, c’est
le cas. Sauf que chez les « Homos-Plus », c’est génétique. Elles ont
éliminé la plupart des mâles qui sont juste « cultivés » comme d’une
réserve génétique. Pour diversifier un peu le patrimoine génétique quand ça
devient nécessaire. Pour le reste, je vous ai dit que leur gestation ce fait
par l’entremise de « machines » spécialisées.
– Comme
d’un clonage…
– Oui et
non ! Clonage pour la reproduction de masse. Un de vos auteurs de science-fiction
en a fait un très beau roman (1) qui sera
resté dans les mémoires collectives. La parthénogénèse pour le reste.
Ceci dit,
plusieurs de vos poètes (2) et philosophes,
mais également bien de vos théologiens, ont compris que toutes les espèces sexuées,
à altérité sexuelle, dépendent donc des femelles pour leur survie en qualité
d’espèce.
– Ça
tombe sous le sens. Pas besoin d’être philosophe ou théologien pour comprendre
ça.
–
Peut-être, en effet. Mais qu’est-ce qui se passe quand il n’y a plus de « femelle »
disponible ?
– Je ne
sais pas… Vous m’avez dit que la science aura mis au point des
utérus-artificiels qui fonctionnent assez bien, même à mon époque à moi.
– C’est
exact aussi. Je vous l’ai dit et ça fonctionne de mieux en mieux et pour des espèces
de plus en plus nombreuses.
–
Donc ? Je ne vois pas où vous voulez en venir, Steph.
– Que des
« mâles » de votre espèce de Sapiens, et à votre époque, financent et
travaillent à l’élimination de vos femelles !
–
Non ? Pas possible ! Et ils deviennent tous pédés, alors ?
– Pas du
tout ! Vous avez vu, et c’était important, d’où la conjugaison de vos deux
missions, que l’avenir de l’espèce Homo passe par la préservation des femmes
Sapiens …
– Ah bé
là, je suis votre homme ! » s’exclame Paul, totalement enthousiaste.
« Franchement,
je ne vois pas comment on pourrait vivre sans. Elles sont parfois si
merveilleuses avec leurs formes si aguichantes… »
Stéphane en rigole, de son rire idiot qui ouvre à
peine son orifice buccal sur ses toutes-petites dents de lait…
« – Vous me
faites vraiment rire !
– Et
pourquoi ça ?
– Parce
que « vos femmes » finiront par éliminer quasiment tous vos hommes.
Vous avez pu le constater.
– Oui,
mais plus tard. Et tant pis pour elles. Mais en attendant, toucher une femme
autrement qu’avec d’infinies douceurs, ça a tendance à me révulser.
–
Parfait, parfait ! Je ne doutais absolument pas de vous. Donc vous serez
assez content de mettre un coup d’arrêt, Ô certes provisoire, à des travaux qui
visent à les rendre définitivement inutiles ?
– Et
comment donc ! Il s’agit de quoi au juste ?
– De
quoi ? Vous allez le découvrir…
– Mais
encore ? C’est quoi l’ordre de mission que vous me sortez de derrière les
fagots ?
– Les
quoi ?
– Une
expression de mon époque. Ne cherchez pas !
– Encore
un idiome sorti de votre époque…
– C’est
ça. Bon, ce coup-là, je suis volontaire. Alors, je fais quoi ?
– Vous ne
l’étiez pas … avant ?
– Je ne
l’ai jamais été. Ni avec vous, ni avec les débilités précédentes, Birgit et
George, vous le savez bien !
– Très bien,
c’était déjà noté.
– Dans
votre grand catalogue de « données » ?
– Oui,
c’est ça. De toute façon, c’est déjà « marqué comme ça ». Là, il
s’agit de personnes que vous avez déjà croisées.
– Ah
oui ? Et je ne leur ai pas déjà fait leur sort ?
– Leur
sort ? Les « effacer » ?
– Appelez
ça comme vous voulez. Il s’agit de les mettre hors d’état de nuire. Et de façon
radicale quand on ne peut pas faire autrement.
– Là… Eh
bien vous en aurez l’occasion, Excellence.
–
Paul !
– Paul.
Excusez-moi. Je vous explique. Votre époque est marquée par un gigantesque
pillage des ressources de votre environnement.
– Il
paraît…
–
Beaucoup en présument qu’il n’est pas raisonnable de persister dans cette façon
de faire.
–
Peut-être, mais chacun aspire aussi à une vie meilleure, aux bénéfices, à tous
les bénéfices des progrès techniques et scientifiques.
–
Naturellement, j’en conviens. Mais ça épuise aux yeux d’autres votre fragile
environnement, allant jusqu’à menacer votre espèce.
– Oui,
peut-être, mais moi j’ai appris qu’elle survivait, quelle aura muté, qu’elle
aura même conquis son environnement spatial : il n’y a pas lieu de
s’inquiéter.
– J’en
suis fort aise, pour reprendre une expression de votre culture. Parce que c’est
exact. Toutefois, vous ne convaincrez jamais tout le monde. Je vous rappelle,
Excellence, que pendant encore longtemps, vous restez une exception. Et à bien
des égards.
– Vous
n’avez qu’à inventer un tourisme temporel accessible au plus grand nombre…
– Ce
n’est pas « marqué comme ça » et nos interventions dans notre passé
se limitent strictement à ce dont on est sûr. Y déroger pourrait aboutir à des
difficultés invraisemblables telles que même les voyages sur la flèche du temps
seraient rendus impossibles. Du coup, nous n’existerions pas et ce… « tourisme
temporel » pas plus. »
Logique…
Paul a l’avantage d’être d’une espèce
« d’arriérés » pour se permettre de telles inepties sans provoquer
l’ire de son interlocuteur, tout le monde l’aura compris, même eux deux…
« – Je vous
débarque dans une région que vous ne pouvez pas atteindre depuis l’avion où je
vous ai « débarqué ». Mais avec un petit décalage tel qu’il n’y aura
pas d’explication possible pour vos contemporains.
–
C’est-à-dire ?
– Vous
avez disparu au-dessus d’un océan, vous répparirait sur un autre, avec quatre
de vos mois de retard au compteur. Je vous rappelle qu’entre le début de cet
enlèvement, vos arrêts intempestifs pour recharger les réservoirs du vaisseau
de la légion et réparer ses multiples défaillances, vous avez physiologiquement
vieilli de quelques cinq de vos années…
– Tant
que ça ? Mais c’est du vol !
–
Admettons. Ceci précisé, je vous débarque quatre mois plus tard sur une île. Vous
aurez à survivre et à vous familiariser avec les autochtones qui s’appellent
eux-mêmes les « rebelles ».
– Des
« re-belles » ? Qui ont déjà été belles ?
– Pardon, excellence
?
– Juste
un jeu de mots…
– … Ah
bon. Ce sont des réfugiés d’une île voisine qui pratique des expériences
biologiques sur vos femmes.
–
Ah ?
–
Financées par de grandes fortunes internationales de votre époque. Pour
celles-là, le problème reste la surpopulation prévisible de votre planète. Qui
va de pair avec l’accélération du pillage de l’environnement.
– Et
alors ?
– Dans
leurs esprits de primates-dégénérés, il suffit de mettre fin à cette expansion
démographique pour protéger et votre espèce et votre environnement.
– Je
connais. Et au passage pratiquer un eugénisme sélectif.
–
Exactement.
– Ce
n’est pas nouveau depuis quelques théories génocidaires déjà vues en application
concrètes dans mon passé…
– Qui est
aussi le mien. Nous parlons de la même chose.
– Ok. Et
ils font comment, désormais, à part préparer une gentille petite guerre
mondiale ?
– Ils
mettent au point une sorte de virus contagieux, par voie aérienne, qui infecte
les ovaires de vos femelles et les rendent stériles.
– Mais
c’est dégueulasse, ça !
–
Absolument. D’après nos données, ils en sont pour l’heure à des
expérimentations sur des souris, des rates, des volailles et des truies. Et
comme c’est un virus dangereux, ils vérifient que ça n’a pas d’incidence sur la
qualité des semences mâles et tentent, en même temps, de mettre au point un
traitement de parade chimique.
– Eh
bien ! Vous m’en direz tant. Et mes autorités ne font rien ?
– Qu’en
savent-elles ? »
Oui. Dans l’ignorance de sa propre ignorance et de son
étendue, il n’y a pas grand-chose à espérer.
« –
Expliquez-moi ce qu’il y a à faire.
– Oh
c’est très simple. Il s’agit d’un laboratoire de manipulation génétique de très
haut degré de sécurité. Il va vous falloir tout noyer et bétonner.
– C’est
tout ?
– Non,
bien sûr !
– Je me
disais aussi…
– Une
fois les équipements détruits, devenus inappropriés, inaccessibles – d’autant
qu’il n’y a pas que le matériel contre lequel vous vous prenez, mais aussi un chercheur
et le commandite – vous aurez à récupérer les installations en surface.
–
Pourquoi ça ?
– Parce
que ça vous sera utile plus tard, notamment pour votre avion orbital.
Souvenez-vous, à votre époque, votre humanité explore à peine son environnement
spatial. Et elle est loin de s’être affranchie de la pesanteur de votre planète
facilement.
Or, ces
installations sont situées en territoire britannique, proche de l’équateur… »
L’équateur et son effet « fronde » de
quelques 455 m/s pour mettre en orbite équatoriale des satellites : la
position idéale.
L’Homo-Ultra de « gouverneur » de la Coupole
intergalactique poursuit.
« Et je
sais que les autorités britanniques n’ont rien à vous refuser. »
Après tout, c’est vrai depuis que Paul a été fait pair
d’Angleterre à la suite de quelques actions jugées déterminantes à l’occasion
des JO d’été de 2012 (3).
Une fameuse histoire qui lui aura valu bien des
aventures postérieures…
« – D’où la
nécessité de prendre en charge les lieux. Notamment, de façon à ce personne
d’autres que vous n’y revienne.
– Je
vois !
– Non,
vous ne voyez pas tout. Parce que là encore, vous connaissez, au moins de loin
bien des bailleurs de fonds privés, mais également quelques chercheurs que vous
avez déjà croisés.
– Ah
oui ?
– Vous
rappelez-vous de cette fondation qui œuvrait de façon criminelle autour des
greffes d’organe ? »
Ah oui, ça, il se souvient parfaitement de la
fondation Risle, du professeur Edmond son fondateur, de sa fille Priscilla, sa
propre belle-sœur, la seconde femme de son frère Jacques, qui voulait lui
arracher son foie – et même faire un moulage de son sexe ! – et de la
plateforme qui aura sombré au large du Canada (4).
« Eh bien,
c’est une simple résurgence. Une continuité. »
Ça va être gai…
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