Rencontre
inédite
Avertissement
:
Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure
construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
En cette mi-mai 2016, encore alité des suites de son
accident sur l’A13, alors même que les gendarmes du cru auront laissé quelques
plantons pour sa protection personnelle, au cas où un complice de Requin
veuille achever ce que celui-ci n’aura pas réussi à faire lui-même – chose
improbable pour Paul et son entourage – un individu, grand, très grand même, plutôt
élégant, mince et aux allures souples, lunettes fumées devant ses yeux, en
costume noir parvient à le rencontrer jusque dans sa chambre.
« Votre
excellence ? Appelez-moi Stéphane. »
Paul émerge de son brouillard… un peu pâteux.
Le gars a la main molle, chaude, presque spongieuse,
mais un large sourire lui barre le visage et lui donne un air sympathique.
Pourtant…
Paul est sur ses gardes, les mauvais souvenirs
refluant en cascade.
Il parle en français, sans accent, presqu’en chantant,
même si parfois il mélange un peu son vocabulaire avec des sonorités pour le
moins étranges.
« – Excellence ?
Vous êtes sûr ?
– Paul de
Bréveuil, je présume ?
– En
effet.
– Je suis
votre ordonnance.
– Mon
ordonnance ? Détachée par qui ? Je n’ai pas besoin d’ordonnance.
Juste quelques infirmières et un ou deux toubibs…
– Je
préfère vous le dire tout de suite : je ne viens pas de votre époque. »
Allons bon c’est bien ça ! Voilà que ça
recommence réagit pour lui-même Paul !
« – Vous
êtes sûr ?
– Absolument.
Je ne fais juste qu’un petit passage pour vous remettre ceci. »
Et « Stéphane » tend un petit livret à Paul,
au-dessus de son lit.
« – C’est
quoi ?
–
Lisez-le, votre excellence. Il va vous indiquer les grandes lignes de votre
prochaine mission au sein de La Garde… »
La Garde ?
« – Le
corps que je sers en qualité de « gouverneur »… Je vous dis tout de
suite que cet opuscule existe déjà sur « la toile » et à votre époque.
Il est complètement faux. Enfin… pas en totalité.
–
Ah ? Alors… quel intérêt ?
– Globalement,
les dates et détails sont archi-faux. Au moins dans leur première partie. Nous
avons vérifié tout ce qui concerne « Pierre Lierreux »…
– Intéressant…
C’est qui ?
– … en
revanche, pour la seconde séquence, nous ne savons pas. Nous n’avons pas pu
vérifier.
– Ah ?...
Et ?
– Et ?
La dernière partie est parfaitement vraie : elle est dans nos livres
d’Histoire.
– Ah
oui ! Naturellement… Et vous… venez de notre futur, je suppose ?
– De
votre futur, je viens de vous le suggérer, effectivement. Pas du mien. Vous en
avez déjà fait l’expérience, à ce que je sache. »
C’était bien ça ! Encore ces mélimélos de
« flèche du temps » qui n’en finissent pas de lui pourrir la vie.
Il en revient justement : là encore récemment, un
MIB était venu jusqu’en Californie lui expliquer qu’il fallait qu’il se méfie
du « vendredi 13 ». Résultat, un premier attentat raté un vendredi 13
novembre 2015 et depuis un autre un 13 mai 2016 !
Et c’est encore avant, une WIB qui lui avait fait
faire un voyage temporel dans son propre passé, pour finalement une cheville
foulée … et la libération de Florence enceinte de leur fils Louis, chose qu’il
ignorait à ce moment-là…
Birgit, une « WIB » extraordinaire qui lui
avait fait une démonstration de « préscience » le jour même d’une
catastrophe aérienne épouvantable depuis Barcelone, alors que son
« MIB » californien l’avait propulsé jusqu’au Koweït au moment de
l’invasion de l’Irak en 1990, 25 ans en arrière !
Il en revenait à peine. Et le seul avantage, ça aurait
été d’avoir volé sur le Concorde…
Paul avait l’impression que c’était hier.
« – Vous ne
pourriez pas me lâcher un peu avec vos voyages dans le temps ?
– Désolé,
votre excellence. Vous accomplissez un destin, que je qualifierai de
« hors-norme » pour un Sapiens de votre époque.
Oh, il y
en a d’autres, naturellement, mais pas beaucoup et de toute façon rarement à
votre époque archaïque… »
Sapiens, archaïque. C’est quoi ce délire verbeux ?
S’il n’y avait pas eu ces expériences extraordinaires
de « retour vers le passé », justement hors normes, ces blessures et
ces « prédictions », Paul pourrait penser à un vaste canular.
L’autre, Stéphane, sans se démonter continue sur sa
lancée.
« Je sais,
ça va paraître délirant à bien des gens, de votre époque, naturellement, pour
la plupart incrédules, j’en conviens, mais aussi bien plus tard, pendant si
longtemps qu’on l’aura oublié jusqu’à ce que « La Garde » ait été
sollicitée pour la, pardons, pour les missions qui vont suivre. »
Paul va se réveiller, c’est sûr. Le livret remis
glisse déjà sur les draps et il va disparaître.
Ce doit être une poussée de fièvre. Juste un délire.
Comme si Stéphane lisez dans ses pensées, il
poursuit : « Désolé, vous ne
délirez pas. J’ai toutes les données vous concernant et elles sont formelles. »
Oui, oui… Le MIB Californien lui avait dit qu’il
mettrait au point le Nivelle 003 avec les financements « opaques »
réalisés à la va-vite à l’occasion de son récent « saut dans le
passé ». Planté ! Il en avait financé la CISA, son logiciel et sa
base de données.
« Mais vous
avez encore un avenir, votre excellence. Qui vous dit que vous ne parviendrez
pas à le financer ? »
Ce n’était pas dit comme ça…
« Naturellement,
il vous faudra d’autres fonds. C’est d’ailleurs ce qui va se passer pendant
votre absence… »
Comment ça, « son absence » ?
« Lisez
donc cet opuscule. Comme je viens de vous le dire, Lierreux n’existe pas.
Enfin… à part cette apparition dans cet ouvrage, nous ne savons pas. Nous ne
savons pas tout non plus. En tout cas pas à l’époque indiquée, mais plus tard,
un Cortinco Elerata. Sûrement.
L’affaire
de « l’arche », vous verrez, nous ne savons pas plus. Tout comme les
« sans-âmes ». Et pourtant, l’épisode de l’amiral Landditsy est
parfaitement corrélé. C’est d’ailleurs là que je vous emmène. »
Pardon ?
Paul ne va nulle part ! Il en serait bien
incapable dans l’état où il se trouve et il déclenche la sonnette de l’infirmerie
dont la commande est à portée de main.
« Vous êtes
têtu, mais je reviendrai. Lisez donc cet ouvrage. Nous en reparlerons une autre
fois. »
C’est ça : une autre fois… peut-être seulement.
L’infirmière de garde, une sorte de matrone en blouse
blanche et au visage ingrat, pénètre dans la chambre de son malade. Pas
vraiment étonnée de la présence du visiteur.
« S’il vous
plaît, Monsieur, veuillez sortir de la chambre, » fait-elle sur le ton
impérieux propre à ces circonstances.
Sébastien obtempère sans sourcilier et sans un mot.
« –
Qu’est-ce qui se passe Monsieur de Bréveuil ?
– Euh…
rien. Un importun. Enfin si… Vous pourriez réduire le débit de la pompe à
morphine ?
– Vous
n’avez pas de pompe à morphine. Juste quelques antalgiques et des antibiotiques
à spectre large. Vous ne vous sentez pas bien ?
– Vous
êtes sûre ?
–
Naturellement que j’en suis sûre.
– Comment
ce gars-là est-il entré ? Je croyais que j’étais sous protection… »
Si elle avait répondu, « quel gars », là, ce
serait évident, Paul débloquait.
« – Je ne
sais pas. La gendarmerie est positionnée plus loin et dehors.
– Bien…
Je sors quand d’ici ? »
Naturellement quand les effets de l’anesthésie se
seront dissipés et que le transit intestinal recommencera son office naturel.
De toute façon, ce n’est pas elle qui prend la décision, mais le chirurgien.
Question de jours.
« – Mais il
faudra revenir pour vous retirer votre plâtre.
–
Commencer par envisager de me refiler un lavement.
– Pour
ça, il faudrait que vous puissiez vous lever. Soyez patient, une question de
jours je vous dis. Avez-vous soif ? »
Paul en profite pour se rendormir et plus tard
remettra la main sur « Paradoxes Temporels » (1) qu’il mettra plusieurs
nuits à lire. Parce que c’est vraiment du « délirant » compact et sans
grand intérêt.
Il rentrera dans son « Bunker » quelques
jours plus tard pour se faire dorloter comme un coq en pâte par Matilda et les
filles de l’équipe de Christelle et d’Irène, en attendant que les cicatrices se
referment, que les broches implantées fassent leur office, dans une de ses
chambres médicalisées des « Collines-de-Cabourg ». Il fait des pieds
et des mains pour qu’on lui retire son plâtre qu’il ne supporte plus, préférant
jouer des « cannes-anglaises » qui reprennent du service pour ne pas maltraiter
ses broches toutes neuves posées sur le col du fémur et le tibia, et obtient
rapidement l’autorisation de filer à l’anglaise vers les caraïbes.
Ce qui lui évitera d’avoir à croiser Florence de
retour en Europe, assumant difficilement de s’être faite larguée par « n° 5 »
sous la pression de Karen, sa « légitime » à lui, et assurer une future
scolarité « normale & francophone » à Annabelle pour la rentrée 2016.
Ce qui ne l’empêche pas de suivre de loin en loin les
activités de « Prestige Spirits » et de la CISA.
D’ailleurs, pour celle-ci, l’urgence de cette
époque-là est au match d’ouverture de la coupe d’Europe de football programmé
pour dans moins de trois semaines, le 10 juin suivant, et qu’il s’agit, pour la
CISA et les autorités, d’être fin-prêt pour assurer la sécurité des stades, des
fans-zones et de leurs abords jusqu’au dimanche 10 juillet…
Après, lesdits ingénieurs-dédiés seront détachés au
Brésil pour l’ouverture des JO de Rio du 5 au 21 août suivant et l’état
d’urgence doit être aboli.
État d’urgence qui sera finalement rétabli le 15
juillet, comme chacun le sait depuis, pour deux périodes successives de six
mois devant conduire au-delà des élections législatives de 2017… entraînant un
retour en puissance du dispositif de la CISA.
Huyck et Dimitri s’attèleront avec ardeur à définir
les « zombies » et la façon de repérer un « Z » dans
l’écheveau des renseignements collectés par « la machine » en temps
réel : « Requin », le dernier tueur à gage lancé par River aux
trousses de Paul, en était un.
Et personne ne l’avait vu venir, faute de traces
électroniques.
C’est d’ailleurs sur ce point que les équipes tentent
de perfectionner le logiciel de détection de menaces.
Au Brésil, il fera justement merveille une fois adapté
à la configuration des JO d’été 2016 : 25 sites étalés sur quatre « zones »
autour de Rio-de-Janeiro, la plage de Copacabana, Maracanã, Deodoro et Barra da
Tijuca, ce dernier site accueillant également le village olympique.
Le 21 juillet, la police fédérale brésilienne arrêtera
ainsi douze personnes soupçonnées d’appartenir à une cellule mal organisée de
sympathisants de l’organisation État Islamique et planifiant des attentats sur
les indications du système expert de la CISA adapté sur place par les
ingénieurs de la DGSI, Dimitri, Nathalie et Gustave préférant « télé-piloter »
les dispositifs mis en place depuis « le siège ».
Et il y aura eu d’autres hauts-&-bas : le 7 août
2016, Tiago Brandão Rodrigues, ministre de l’Éducation du Portugal ayant
tutelle sur les sports, est menacé par deux hommes armés de couteaux auxquels
il doit remettre ses effets, alors qu’il s'apprête à rentrer à son hôtel situé
à Ipanema, quartier pourtant réputé sûr. Le ministre a pu récupérer ses biens
peu après, les voleurs ayant été immobilisés par des passants et arrêtés par la
police.
Dans la nuit du dimanche au lundi 15 août, de retour
d’une fête, quatre nageurs américains, avec parmi eux le multiple médaillé
olympique Ryan Lochte, affirment s’être fait agresser par de faux policiers.
L’enquête, notamment basée sur les images des caméras de sécurité, conclut à un
mensonge de la part des athlètes qui, sous l’emprise de l’alcool, ont causé
divers incidents, ce qui a provoqué la confiscation de leur passeport pour faux
témoignage et la présentation d’excuses de la part du comité olympique des
États-Unis.
Un dispositif qui aura marqué les esprits par son
efficacité…
Et fera des envieux.
Alors même qu’en France, malgré l’alerte
« Orange » lancée par la CISA en première semaine de juillet, rien
n’aura pu empêcher l’affreux drame de Nice le soir du 14 juillet.
Mais Paul n’en vivra rien en direct. Si tôt capable de
se mouvoir sans ses cannes, il n’a alors qu’une hâte, c’est de suivre tout cela
de loin, depuis Eurydice, sa goélette stationnée dans les caraïbes.
Or, s’il embarque bien à Roissy en faisant sonner
toutes les alarmes des portiques de sécurité, et est même reçu par le
commandant de bord en qualité de « Charlotte » jusque dans le
cockpit, mais il ne débarquera jamais à l’escale new-yorkaise.
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