Précisions
utiles.
Avertissement
:
Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure
construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
« – Je fais
ça comment, moi, qui ne pige pas grand-chose à vos méthodes de voyage dans le
temps ?
– Vous ne
voyagerez pas dans le temps. Les Homos de cette époque-là savent peut-être que
ça existe probablement comme je viens de vous le dire, mais ne savent pas faire.
Vous voyagerez à leur façon, comme je vous l’ai montré lors de la première
partie de notre parcours. Mais comme je vous l’ai indiqué, vers des zones que
mêmes nos technologies ne peuvent pas encore atteindre.
– Et vous
croyez que moi je vais savoir y faire ?
–
Naturellement, voyons ! D’abord parce que vous serez assisté, ensuite
parce qu’on vous demande juste de baliser le parcours vers ce
« rien » à atteindre, et justement parce que vous ne voyagez pas dans
le passé, mais dans le présent. Ce qui n’est pas sans risques, mais puisque
vous revenez…
– Je ne
comprends toujours pas…
– Bien
sûr que vous ne savez pas. Quand un de nos véhicules, quel qu’il soit, une
sonde, un relai, n’importe quoi, voyage sur la flèche du temps, vers le passé,
c’est parce que nous savons précisément vers où et vers quand. Et comme nous
avons une connaissance intime de tous les objets qui circulent dans le cosmos,
à toute époque, nous savons limiter les risques d’interception. Un vaste
inventaire qui se poursuit toujours d’ailleurs.
Parce que
nous ne pouvons pas non plus aller sans risques pour nos véhicules et ses
passagers vers des endroits du passé qui n’ont pas été inventoriés au
préalable.
Vous
saisissez ?
– Si j’ai
bien compris cet aspect-là de votre exposé, Steph, ça se résume à pas de voyage
trop loin, jusqu’à pas trop tôt dans le passé de la flèche du temps, ni vers le
futur qui n’existe pas !
- Exactement : Vous apprenez vite, votre
excellence.
– Paul,
s’il vous plait, Steph !
– Pas de
flèche du temps ni avant la naissance de l’univers, pas de flèche du temps
depuis un présent vers un futur qui n’existe pas encore. Et pas de voyage sur
la flèche du temps dans des endroits de l’espace est trop dense en obstacles
divers.
D’où une
approche des étoiles du centre d’une galaxie par « petits-sauts » et
sur des parcours balisés par nos sondes et relais. Et encore, à condition d’en
avoir un inventaire précis du cours de leurs évolutions dans la soupe
gravitationnelle ambiante. En revanche, c’est plus facile dans les bras d’une
galaxie et entre les galaxies, là où les « crêtes gravitationnelles »
ont fait le vide.
Naturellement.
– Naturellement.
Et c’est quoi, ces… « crêtes gravitationnelles » ?
– Ce sont
des endroits où il y a peu d’étoiles, entre les galaxies qui, de par leur masse
attirent la matière pour la transformer en énergie. C’est là où on le plus de
chance de ne rencontrer aucun obstacle entre deux amas de galaxies. Et comme
vous voyagerez loin, très loin, je vous conseille de vous guider entre les
sources lumineuses ou radiatives.
Pouvez-vous
me faire une petite synthèse de tout ce que vous venez d’entendre, s’il vous
plaît ?
– Euh… »
Paul est pris au dépourvu…
« – Ne
devais-je pas aller me reposer ?
– Bien
sûr. Mais juste après.
– Alors …
euh… si j’ai bien compris je suis une « singularité », un Homo-Sapiens
qui voyage sur la flèche du temps et le dans le cosmos lointain alors que sa
civilisation et ses technologies ne le permettent pas.
–
Bien !
– Notez
que j’ai déjà voyagé à deux reprises dans mon passé.
– Je sais
cela. Vous êtes par conséquent « éduqué » et votre esprit n’en a pas
trop souffert par des crises schizophréniques. Ce qui n’est pas donné à tout le
monde. La plupart des abduqués finissent cinglés…
– Ah
oui ? Passons… Donc, pour voyager de la sorte, il nous faudra être capable
de puiser de l’énergie dans le vide quantique.
– C’est
ça.
– Et si
je comprends bien, je fais aussi fausse route avec mes tentatives relatives à
mes énergies surnuméraires comme le moteur Minato, la z-machine de
McShiant ?
– Le
moteur que vous dites exploite les différentiels des champs magnétiques. Ça
fonctionne grâce au champ de votre planète. Mais c’est inopérant dans l’espace
profond.
Les
« z-machines », ce sont une bonne piste, mais c’est extrêmement
délicat à faire fonctionner durablement. Et puis je vais vous dire, vous n’en
avez pas besoin pour ce que vous souhaitez faire…
–
Ah ?
–
Continuez !
– Si j’ai
bien compris aussi, le fait de tirer de l’énergie du vide permet de comprendre
un peu mieux les relations de la matière et des champs. Notamment les qualités
intrinsèques des neutrons.
– Oui, c’est
un peu ça, quoique pas seulement, mais ça permet surtout d’en fabriquer avant
de découvrir que le neutronium absorbe toutes les énergies autour de lui.
– Dès
lors que l’on a compris à quoi ça peut servir, ça permet d’imaginer vos
fabuleux voyages sur la flèche du temps.
– Non, ce
n’est pas ça. Vous avez sauté des étapes. L’énergie du vide permet d’abord de
modifier les champs gravitationnels et de découvrir l’existence des contre-champs.
La gravitation « attire » deux masses. Les contre-champs les
repoussent. Les deux lois se complètent et fonctionnent toutes les deux en
fonction inverse du carré des distances. Ne
l’oubliez pas, parce que dans les voyages lointains dans le cosmos, il y a
probablement plus de contre-champs que de puits gravitationnels, puisque
l’univers poursuit son expansion contre toute raison.
– Mais
dites-moi, si cette expansion existe…
– Et
s’accélère probablement indéfiniment…
– …Il
doit bien y avoir une contrepartie quelle que part ?
– À
condition de présumer d’un équilibre général. Ce qui est loin d’être acté. Et
puis vous savez qu’existent des effondrements gravitationnels. Les
trous-noirs !
– Ah oui,
les trous noirs… Bon, ok ! Donc énergie du vide, champs et contre-champs
gravitationnels, le neutronium qui permet d’en jouer et de rendre possible des voyages
lointains intersidéraux, et enfin, par un mécanisme que vous ne m’avez pas
dévoilé, à savoir l’utilisation de ces acquis pour voyager sur la flèche du
temps. C’est ça ?
– Ce
n’est pas mal pour un rustre primaire comme vous.
– En
revanche, je crois avoir compris que j’ai à prendre en charge une civilisation
que je ne connais pas, agressée par mes descendants. Or, un, j’ai bien compris
que vous ne savez pas pourquoi moi. Deux, vous ne savez pas où je l’évacue. Trois,
j’ignore avec quels moyens propres à vos technologies. Parce que moi, je ne les
ai pas de toute façon.
– Vous
les évacuez là où nous, nous ne pouvons pas aller. Vers un endroit si éloigné
qu’il n’est pas détectable puisque situé au-delà de la distance maximale d’où
nous parvient les champs d’énergie qui font l’univers tel que nous le voyions.
L’horizon universel.
Il
n’existe donc pas dans notre flèche du temps. D’où l’inadaptation de nos
technologies. En revanche, avec les technologies rustiques des « Homos Améliorés »,
ça semble possible.
Nous
allons donc vous les fournir une fois sur place. Pas de problème.
– Et
pourquoi ils ne le font pas eux-mêmes alors ?
– Parce
que ce n’est pas marqué comme ça dans nos archives, d’une part, et probablement
parce que les « Améliorés » n’ont pas à savoir où les Krabitz vont
résider. D’autant que ce sont des belliqueux et ils ont une dent contre les
Krabitz. Pas la peine de tenter le diable.
– Le
diable existe donc, chez vous ?
– C’est
une expression de votre civilisation si crédule. Nous, on parle de tentation
« animale », basique, instinctive.
– Je
vois ! Mais je vais où ?
– Je vous
l’ai déjà dit : là où il n’y a rien. Plus de lumière, plus d’énergie.
Manifestement le domaine de la matière qui absorbe tout sur son passage…
– Du
neutronium ?
–
Peut-être… on ne sait pas. Mais si c’est le cas, ça expliquerait certaines
choses.
– Comme
quoi ?
– Je n’ai
pas à vous le dire. Désolé. Et puis vous ne comprendriez probablement pas.
– Admettons.
Alors comme ça je sais que je suis arrivé quand il n’y a plus rien devant
moi ?
– C’est
possible.
–
Et ? »
Steph marque une pause…
« – Et vous
revenez.
–
Comment ?
–
Exactement par le cheminement que vous aurez emprunté pendant le voyage de l’aller.
Car, mais votre co-pilote vous le rappellera, parce que lui aussi compte bien
revenir à sa propre civilisation, vous aurez « balisé » votre
parcours. Logique si on veut que les véhicules des Krabitz vous suivent…
–
Autrement dit, je joue le rôle de l’éclaireur, de l’ouvreur de piste.
– C’est
exactement ça ! D’une part c’est possible tant qu’il n’y a pas trop de
temps qui s’écoule entre la pose d’une balise et son retour vers elle, d’autre
part, vous êtes priés de les « ramasser » afin de fermer le passage
que vous avez ouvert à l’aller.
– Et
pourquoi ça ?
– Pour
éviter à la Légion de vous suivre et de porter la guerre là où elle n’a pas à
aller encore.
– Bon
sang, mais c’est bien sûr ! Suis-je bête !
– Je ne
vous le fais pas dire… »
Et l’Homo-Ultra de recommencer à rire, avec ses
petites dents dans son orifice buccal si étroit, surplombant une absence de
menton qui s’efface au fil de l’entretien.
Il va finir monstrueux…
« – Encore
une chose importante. La Légion est composée d’une espèce d’Homo-Amélioré,
augmenté. « Plus » ils en disent d’eux-mêmes.
– Oui.
J’imagine qu’ils ont une intelligence plus développée que la mienne, c’est ça.
– Pas
vraiment. En revanche, à force de manipulation génétique de toutes sortes, qui
d’ailleurs ont commencé à votre propre époque, ils ont fini par réduire leur
part d’animalité de façon drastique.
–
C’est-à-dire ?
– Ils
sont devenus végétalien… c’est comme ça qu’on dit à votre époque ?
–
Végétarien ?
–
Non ! Végétalien. Aucun produit animal.
– Ils
mangent de l’herbe alors. Herbivore !
– Il y a
de ça, effectivement.
–
J’espère que je ne vais pas devoir manger que de l’herbe. Moi, je mange les
bêtes qui mangent de l’herbe.
– Nous y
avons pensé, figurez-vous. Mais pour eux vous êtes une bête repoussante.
– Oui, je
sais, déjà que pour vous avec mes odeurs.
– Vos
phéromones, vos phéromones, rien de plus et qui génèrent des micro-champs disharmoniques.
Qui plus est, vous êtes un mâle.
– Bé oui,
normal. Pas encore hermaphrodite à reproduction par parthénogénèse, comme vous.
– Ils
n’en sont pas encore là, mais à l’étape du clonage-mixte.
– C’est
quoi, ça ?
–
L’altérité sexuelle a été éradiquée et les générations se renouvellent par
fécondation in vitro.
–
Pardon ?
– Il n’y
a que des femelles !
–
Punaise ! Que des femelles ? Le pied, ça !
– Euh
non, je ne crois pas justement. Elles ne savent pas ce que c’est. Et ce sont
d’ailleurs libérées de tout instinct sexuel, hors leurs jeux érotiques et
homosexuels.
– Eh
bien, je vais pouvoir leur faire découvrir…
– Je
viens de vous dire que non ! Ce n’est pas possible.
– Allons
bon ! Ça va être gai alors !
– C’est
pour ça que nous vous avons prévu quelques cyborgs du meilleur effet pour
défouler votre libido native, propre à votre espèce… »
Là, Paul commence à percevoir que ce voyage promis aux
confins de l’univers, jusque-là où il n’y a « rien », risque d’être
un vrai cauchemar…
« – Il y a autre
chose que je devrais savoir avant d’y aller ? Des de la même trempe que je
m’y fasse ?
– Oui,
mais nous en parlerons à votre retour. C’est l’objet de votre seconde mission,
celle de votre époque.
– Ah
oui ! Je reviens à mon époque. Et comme un « bon agent », je
fais le boulot sans poser de question.
– Un
ambassadeur, excellence. L’ambassadeur de la Coupole ! Qui arrive escorté
par un véhicule de La Garde. Avec un déguisement qui en jette, vous allez leur
en mettre plein la vue et nous sommes là pour vous couvrir jusqu’à votre
retour.
–
Admettons. Mais savez-vous que moi, je n’avais qu’un rêve ?
– Je le
connais. Voler dans les éléments de votre planète, dans l’atmosphère,
jusqu’au-delà de ses limites. Ce que nous faisons. Et puis sur la surface de
vos océans. Mais ça, ça vous vient sur le tard, quand vous aurez goûté aux
joies et vertus du cosmos… »
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