Paradoxes
temporels (24/21)
Avertissement
:
Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure
construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
La dernière bataille, de très courte durée, fait rage
sitôt après cette intrusion.
Comment cette apparition a pu pénétrer le vaisseau,
sans avoir été détectée ni repérée alors même que tous ses détecteurs sont en
fonction ?
Impossible !
L’un des officiers présents se remet plus vite que les
autres de la tétanie provoquée par cette apparition ubuesque et monstrueuse à la
fois : pensez, un poilu !
Il se précipite vers une console de commande pour
couper l’activation du champ de gravitation interne au vaisseau et centré sur
le poste de commandement.
Paul réagit très vite, comme s’il savait, sort son lourd
11,43 colt 45 fétiche et tire dans la direction de la créature alors que chacun
flotte désormais en apesanteur !
La détonation claque, l’odeur de la poudre envahit
l’habitacle et apparaît un liquide rouge qui gicle de la blessure, mortelle, de
l’officier désormais inanimé …
Du sang !
De l’hémoglobine !
Son odeur âcre, ses petites gouttelettes qui se
répandent dans le poste de commandement et de pilotage du vaisseau…
L’horreur absolue.
Ils sont combien à avoir vu du sang sortir d’un
orifice gros comme un pouce ?
Paul se retourne vers un autre, flottant dans un coin
isolé, sur le côté et lui loge une seconde balle dans le buffet alors qu’il
sortait son arme personnelle de son étui.
Normalement, le massacre doit s’arrêter là, il le sait
pour avoir pris connaissance des archives de Steph.
« Un autre
candidat ? »
Les mots ne sont pas ceux-là quand ils sortent de son
larynx, mais ils sont immédiatement traduits par un des cyborgs qui
l’accompagnent en langage coutumier aux autres officiers de la légion.
« Rétablissez
immédiatement la gravitation, que je n’ai pas à le faire moi-même ! »
L’un des officiers obtempère.
Tout le monde choie sur ses pieds (ou ce qui en fait
office), l’arme sortie de son étui produit un son métallique en heurtant le
sol, les gouttes de sang des deux victimes de Paul éclatent en une multitude de
tâches par terre.
« Paul de
Bréveuil, alias « Charlotte », ambassadeur de la Coupole. Je prends
le commandement de cet appareil. »
Un prénom neutre et autre féminin. Serait-ce un
transgenre ?
Qu’est-ce donc que la Coupole ?
Est-ce une façon normale et « diplomatique »
propre à la fonction d’ambassadeur que de commencer par tuer des officiers de
la légion ?
« Vous
allez évacuer avec vos barges de secours vers l’appareil en second. Tous ! »
Le temps de comprendre…
« Tous,
sauf les droïdes, les cyborgs, les robots d’entretien et un pilote. »
Il prend un otage ?
« Exécution !
Et plus vite que ça. Sortez-moi aussi l’amiral Landditsy de son trou et
amenez-le-moi. »
Comment cette… créature peut-elle connaître le nom de
l’ex-patron du bord et de la flottille ?
« Je ne
comprends pas, je ne comprends pas », commence ainsi l’amiral qui est
amené manu-militari par les propres cyborgs de son bord, alors que d’autres
regroupent les légionnaires vers les véhicules de sauvetage.
« –
Qu’est-ce se passe ici ?
– Paul de
Bréveuil, ambassadeur de la Coupole. Je prends le commandement de ce vaisseau
et vous décharge de toute responsabilité quant à l’usage que je vais en faire.
– …
– Prise
de guerre. Mais je vais vous le restituer d’ici quelques temps. Après usage.
J’ai besoin d’un de vos officiers qualifiés pour en rendre compte et le
piloter. Juste durant l’intervalle. Vous ne comptez pas comme moi, mais j’en ai
pour environ 260 de mes mois. Si vous êtes assez patient, vous le récupérerez. »
En un seul morceau et en état de marche…
Qu’est-ce que ça veut dire ? Et puis tout ce sang
étalé sur le sol…
Les deux cadavres.
Il reconnaît d’ailleurs en l’un d’eux son
« partenaire de sensualité » favori, auquel il était attaché. Le conduire
jusque-là pour le voir périr, alors que ce n’était pas vraiment un légionnaire
qui s’intéressait à la chose militaire, quel gâchis ?
Pourquoi lui ?
Landditsy réprime le nœud qui lui tord les boyaux à la
vue de cette chose devenue inerte et qui savait si bien prendre soin et exalter
ses sens, pouvait être très tendre et toujours attentif, tel que lui n’avait
jamais su lui rendre la pareille.
Mais quel désastre !
La honte de se faire voler son vaisseau en plus, également.
Il ne pourra jamais y survivre.
« Nous
récupèrerons quoi, si un de nos pilotes est à bord ? »
Une question stupide. Landditsy se rend compte que ce
n’est le problème du moment.
« Comment
avez-vous pu aborder et pirater un vaisseau de combat de la Légion ?
Savez-vous ce qu’il en coûte ? »
La conversation est un peu hachée pour cause de
traduction simultanée, malgré les deux cyborgs qui accélèrent le rythme.
« – Facilement.
– Quels
sont vos objectifs ? Votre mission ?
– La même
que la vôtre : pas les Krabitz ! »
Alors là, Landditsy ne sait plus quoi penser…
« – Mais,
mais… » balbutie-t-il. « Ce
n’est pas possible. Je m’apprêtais à me faire confirmer l’ordre d’évacuation
par mon état-major.
– Pas la
peine. Je suis là. Et puis… je vous signale que vous avez été destitué de votre
commandement par vos propres officiers.
– Comment
savez-vous ça aussi ?
– Et eux
n’auraient fait qu’une bouchée des touffes d’herbes à transférer. Vous le savez
bien. Vous n’auriez jamais eu le temps ni la possibilité d’exécuter le
contrordre que vous avez reçu.
– Vous…
vous êtes encore un avatar de ce… de ce Michel…
– Pas du
tout. Moi, je suis un marin-militaire. Pas une gonzesse. Mais militaire de
réserve mobilisé de temps en temps par la Garde et ses agents. Et j’obéis.
– Mais
qu’est-ce donc que cette « garde » ?
– Je n’en
sais rien et de toute façon, si je savais, je ne vous répondrai pas. Vous
n’avez pas besoin de cette donnée pour débarrasser mon bord. »
Son bord, comme il y va !
« – Je ne
comprends toujours pas, il était convenu avec… enfin il était convenu que nous
restions sur place en attendant des vaisseaux de transport pour évacuer les
Krabitz…
– Vous
restez dans le coin si ça vous amuse. Le navire de la Garde que vous avez voulu
écarter restera sur place tant qu’ils n’auront pas tous embarqué dans les
cargos qui vont arriver. Des fois que vos officiers félons veuillent en
découdre de nouveau.
Ce qui
est improbable, mais ça va les retenir.
Moi, je
file avec mes troupes et un de vos pilotes. Votre machine, mérite que je ne
fasse pas trop de fausses manœuvres avec. Et comme je n’ai pas trop le temps de
suivre des cours de pilotage accélérés, tâchez de me fournir celui qui est
censé le ramener en un seul morceau.
– Vous
allez où ?
– Mais
j’en pose des questions, moi ? Faites ce que je dis où je me fâche. Et en
ce moment, j’ai le sang chaud !
– Bien,
bien ! »
Du calme.
Qui lui refourguer ? Soit il choisit Ilke mais ce
serait prendre le risque de saboter le parcours, car ce n’est pas le pilote le
plus habile, soit il désigne Axel. C’est un bon élément, assez adroit et si le
vaisseau revient, il aura bien eu l’idée de noter jusqu’où cet ambassadeur-là
emmène les Krabitz.
Pour une opération ultérieure.
Seulement voilà, Axel est déjà embarqué sur la
chaloupe d’évacuation. Il faut le sortir de là.
« – Et
pourquoi moi, Amiral ?
– Parce
que j’ai besoin d’une personne de confiance.
– Ilke
ferait l’affaire. Non mais, je ne comprends pas Amiral. Je ne vais quand même
pas voyager avec ce rustre-là, seul jusqu’à je ne sais où ?
– Il
affirme en avoir pour 260 de ses semaines à lui…
– Et ça
fait combien des nôtres ? »
Comment peut-il savoir…
« – Non
mais Amiral ! Vous ne pouvez pas me faire ça… J’ai toujours été bien noté.
Je ne vais pas voyager avec cette bête toute poilue tout de même.
–
Si ! Et justement parce que vous êtes bien noté. Votre mission, c’est de
nous faire un rapport de l’endroit où il va. C’est absolument essentiel. Et je
m’occupe de votre avancement et de votre solde… Avec prime de risque
doublée !
– Pendant
toute la durée de la mission ?
– Toute
et au tarif majoré ! »
Dans ces conditions-là…
« – Mais
vous me demandez l’impossible… Cohabiter avec ce… ce monstre !
– Vous y
arriverez. Prenez sur vous. C’est important pour la suite. »
Les cyborgs de Paul auront compris l’essentiel de
l’échange et l’un d’entre eux lui en rapportera le contenu.
Les derniers légionnaires embarquent, laissant
l’équipage réduit à un seul de leur membre, désigné volontaire, et une armée de
droïdes, de cyborgs et de robots à bord.
« – On va
où et on part quand, votre excellence ?
– On
attend d’embarquer mon chargement personnel qui devrait arriver dans quelques
instants. Et on démarre.
Appelez-moi
Paul. Vous êtes Axel, si je ne m’abuse. Et puis rassurez-vous, j’ai besoin de
vous, dans certaines limites, naturellement, mais vous n’êtes pas du tout mon
style. Et j’ai ce qu’il faut pour satisfaire tous mes instincts bestiaux… »
De quoi parle-t-il ?
« – Avez-vous à
bord une machine qui puisse traduire nos échanges vocaux en direct.
–
Naturellement ! »
Axel se tourne vers une des consoles du bord et
manipule quelques boutons et curseurs.
« – Je note
que votre langage est … comment dire ? Très antique !
– Je
viens de votre antiquité.
– Vous,
vous… vous êtes un Homo ou une machine ?
– Un Homo
Sapiens. L’espèce mère de la vôtre. Mais pas dégénérée par quantité de mutations
génétiques comme vous l’êtes… »
L’affront !
Il n’y a pas plus évolué dans tout le cosmos connu que
les homos-supérieurs tel qu’Axel…
« Et si je
peux me permettre… Paul… Comment à votre époque pouvez-vous disposer d’une
telle technologie qu’elle dépasse le mienne ? »
Une alarme retentit et un robot d’alerte indique la
présence d’une chaloupe de ravitaillement en approche imminente.
« Ah !
Voilà ma cambuse avec mon matériel, » s’exclame Paul.
Époustouflant de précision : comment cet engin
est apparu de façon si proche sans avoir été détecté avant ?
Et de quelle façon il s’arrime à l’un des sas de
ravitaillement, pris en charge par les robots manipulateurs qui déchargent le
matériel et quantité impressionnante de conteneurs… !
« –
Excusez-moi de vous importuner, Paul. Savez-vous au moins piloter ce
vaisseau ?
– Vous
allez m’expliquer. J’étais assez doué pour piloter n’importe quel engin, à mon
époque. Même des prototypes qui n’avaient jamais volé.
Mais vous
avez raison, j’ai besoin que vous me fassiez faire le tour du propriétaire…
– Le tour
du propriétaire ?
– De la
machine et de tous ses organes et nous mettons les voiles ?
– Les
voiles ?
– Une
expression de mon mode à moi. Ça veut dire qu’on décampe. On se casse.
– On
n’attend pas l’évacuation des Krabitz ?
– Pas la
peine. D’autres vaisseaux vont s’en charger dès que vos petits camarades auront
rejoint leur vaisseau en second.
– Mais
comment vont-ils nous suivre ?
– Il est
prévu de larguer des balises spéciales sur notre parcours qui débarquent avec
mon chargement. Pas compliqué. Elles arrivent dans plusieurs des containers ».
Euh, si tout de même. Et puis n’importe qui peut les
suivre…
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