La
mission
Avertissement
:
Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure
construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
« – Bon
alors expliquez-moi !
– On va
arriver à notre point de départ.
– Ah
bon ? Tout ce périple, comme dans un rêve de science-fiction, pour revenir
sur Terre, enfin dans mon avion ?
– Non pas
du tout ! Excusez-moi votre excellence.
– Arrêtez
de m’appeler comme ça. Moi c’est Paul. Alias « Charlotte » pour
quelques-uns de mes contemporains. »
Le mutant fait mine qu’il sait ces détails…
« – Je veux
bien vous appelez Paul, mais vous restez « excellence » sur nos
appareils. Vous êtes en mission, mandaté par la « Coupole » et je
reste gouverneur de « La Garde ».
Ne
l’oubliez pas et appelez-moi Stéphane.
– Steph,
c’est plus court.
–
Toujours cette animalité primaires des Sapiens…
– Mais
c’est quoi cette référence imbécile, à la fin ?
– Mais,
mais… c’est aussi un hommage à mes ancêtres, figurez-vous ! Je porte une
partie de vos gènes, même si les miens ont été considérablement enrichis et que
bien des vôtres, ceux de votre espèce, sont en réalité rendus inertes chez moi,
ne s’exprimant pas.
– Je vous
fais l’effet d’un chimpanzé, c’est ça ?
– Ça et
votre odeur…
– Vous
êtes sensibles aux odeurs ?
– Aux
phéromones que vous sécrétez, Paul. Cette part d’animalité propre à votre
espèce, avec d’autres caractéristiques, naturellement.
– Comme
quoi ? Le côté agressif des Sapiens ?
– Agressif,
brutal, belliqueux qui font votre réputation dans le cosmos, même chez les
« Augmentés », les « Améliorés », oui effectivement.
Ne m’en
voulez pas. Nous avons un bout de chemin à faire ensemble. Autant que ça se
passe dans les meilleures conditions possibles. »
Entre alors un cyborg gris-sombre, équipés de deux
yeux bleus fluorescents, portant un plateau à l’horizontale où est posé une
bouteille de ce qui ressemble à du vin et un verre de verre qui brinquebalent
dessus.
Pas très adroit le cyborg pense pour lui-même, Paul.
« – Je vous
avais dit que nous avions pensé à votre confort d’animalité. Un vin de votre
époque, du Lacrima de Christi.
– C’est
excellent, surtout quand c’est frais. Pourquoi un seul verre. On ne trinque pas
à notre collaboration… imposée ?
– Je n’ai
pas le même métabolisme que le vôtre. Ça n’a l’air de rien, mais je ne suis pas
fait comme vous. Seulement quelques os, en très petit nombre, du collagène et
des cartilages. Mes « parties protégées » le sont par des implants,
sans ça je serai tout flasque, presque comme une méduse. C’est ça, une
méduse ?
– Je
connais. Je n’aime pas trop, mais elles, elles m’aiment bien… Et vous tirez
votre énergie vitale de quoi alors si vous ne buvez pas un peu de
glucose ?
– Des
« champs » dans lesquels nous baignons. Vous, votre espèce, n’y êtes
pas sensibles, mais nous, les « Ultras », si, puisque nous avons été
conçus de la sorte.
J’ai
juste besoin d’ingérer quelques portions de protéine pour renouveler mon matériel génétique et mes structures
cartilagineuses.
– Eh
bien… Ça doit être gai !
– Pas
pire que votre condition animale. Soumise à ces instincts bestiaux et aux jeux
de ses délicates hormones…
– Mais
dites-donc, Steph, ça se reproduit comment, des Ultras comme vous ?
– En
poussinière. Par parthénogénèse améliorée à partir de quelques cellules
d’origine.
– Du
clonage de cellules-souches ?
– Pas
nécessairement.
– Eh
bien, ça doit gai, je confirme. Pas une seule femme à se mettre sous la couette ? »
Et voilà Stéphane repris de son rire idiot qui en
découvre de minuscules dents de la taille de dents-de-lait dans son étroit orifice
buccal…
« – Nous
avons pensé à ce détail, pour votre voyage… Vous disposerez de trois cyborgs
spécialisés à votre seul usage. Et d’un co-pilote, pas très commode, lui. Vous
verrez, les programmations sont extraordinairement bien faites et votre côté
« animal » sera de toute façon absolument comblé.
Mais
juste le temps de votre mission.
– Je m’en
régale d’avance : baiser des robots, ça doit être passionnant. Bon,
expliquez-moi un peu en quoi consiste cette « mission ».
– Très
simple : quand je dis que nous arrivons à notre point de départ, ce n’est
pas du vôtre dont je veux parler, mais du mien.
Nous
avons fait le chemin à l’envers pour baliser votre arrivée. En quelques mots,
je pars d’une époque très en avance dans le temps sur la vôtre, vers mon passé
qui reste une portion de votre avenir lointain.
Il s’agit
d’approcher le système planétaire où se trouvent les Krabitz.
– Les
quoi ?
– Les
Krabitz. C’est une espèce végétale assez commune dans plusieurs galaxies, mais
celle vers laquelle nous allons survit dans une portion éloignée de votre
galaxie. Elle se nourrit de nitrates et de monoxyde de carbone. Avec un peu de
photosynthèse d’une étoile pas trop chaude, sur des planètes de préférence
gazeuses et à faible gravité. Elle reste stable. Elle se déplace dans le cosmos
avec des engins rudimentaires de sa conception, qui se meuvent à coup de
photo-électricité. Vous ne verrez pas, mais ce sont de grandes voiles.
– Et
alors ?
– Une
espèce qui ne maîtrise pas les voyages sur la flèche du temps. Or, par effet
démographique, elle saccage assez fréquemment les endroits où elle se pose et
est donc une espèce devenue « migrante » avec le temps.
Comme les
autres, elle reste protégée, d’autant qu’elle a un rôle primordial contre une
menace de toutes les espèces vivantes même celles qu’à notre époque nous
n’avons pas détectées.
Il se
trouve que le rôle de la Coupole et de son exécuteur qu’est La Garde, dont je
vous rappelle que j’en suis gouverneur, c’est de protéger toutes les espèces de
vie, du virus aux monstruosités cosmiques. Et ce n’est pas forcément facile,
notamment avec les quelques espèces belliqueuses qui sillonnent le cosmos
depuis toujours et pour encore l’éternité.
Dont les
Sapiens, souvenez-vous.
– Et
alors ?
– Il
semble que les Krabitz soit la seule espèce capable de faire barrage à cette
menace inconnue que serait les « sans-âmes ».
Mais
dites-moi, avez-vous lu oui ou non le fascicule que je vous ai remis lors de
notre première rencontre, Paul ?
– Vous
avez des imperfections, mon cher Steph, tout « Ultra » que vous êtes
conçu : je vous ai déjà répondu que non !
– Quel
dommage… Buvez votre verre…
– C’est
quoi les « sans-âmes » ?
– Aucune
idée. Mais d’après le texte que je vous ai remis et qui date d’ailleurs de
votre propre époque, enfin qui est apparu à votre propre époque, parce qu’à
notre sens il est largement postérieur et probablement contemporain du moment
où nous allons, les « sans-âmes » tuent toute énergie.
– Comment
ça ?
– Aucune
idée… Même pour un « Ultra »… qui a aussi ses imperfections !
Mais c’est assez grave pour mobiliser depuis très longtemps la Coupole.
L’univers, l’univers tout entier, sans énergie, c’est du néant. Or, comme il
est né du néant, c’est peut-être l’outil de son retour à son état primitif,
antérieur à sa création.
–
Admettons. Et alors ? »
Comment expliquer à un rustre des notions vitales
comme l’énergie première qui a façonné l’univers tel que la science moderne –
de l’époque de Steph – l’appréhende ?
« – J’ai
plein de choses à vous faire découvrir en ce moment. Mais là, je ne peux pas
vous expliquer. Vous vous formerez au fil de votre voyage et de votre intérêt.
Tout ce
qu’on sait, c’est que la première rencontre entre les Krabitz et les Homo-Augmentés
s’est traduite par un massacre de ces derniers.
Il ne
nous a pas été possible de l’empêcher malgré nos missions et notre maîtrise de
la flèche du temps. Impossible.
Pour la
raison suivante : la technologie du moment de cette rencontre dont dispose
la Légion des Homos-Augmentés, l’ancêtre de « La Garde » mais en plus
guerrière, non-pacifiée quoi, ne permet pas de voyager au-delà de plusieurs
centaines de millions d’unités temporelles.
C’est
celle que nous avons utilisé pour la première partie de notre parcours.
– Vous
voulez dire ce déplacement qui illumine le ciel environnant ?
–
Oui !
– Il
faudra que vous m’expliquiez comment ça marche… » dit Paul sans
trop y croire.
Car ce serait soit un bond technologique aux
conséquences considérables s’il retourne bien à son époque et sur sa Terre
d’origine, ou ce serait le condamner à ne jamais revenir…
« – Bien
sûr que nous vous expliquerons, puisque vous allez devoir l’utiliser au-delà de
ce que nous-mêmes savons faire avec des moyens beaucoup plus évolués.
Mais je
vous rassure : vous ne saurez pas tout ! Ce serait une rupture
scientifique aux conséquences incommensurables ! »
Tiens donc, et comment, fait Paul pour lui-même,
mi-rassuré, mi-inquiet quant à la suite.
C’est Steph qui poursuit.
« Je vous
explique. Nos machines peuvent sauter dans le passé. Il se trouve que c’est
indispensable pour tous les trajets entre deux étoiles. Vous le savez, celle
qui est la plus proche de la vôtre se trouve à un peu plus de 4 de vos unités
de temps. Quand vous la regardez, c’est de la lumière vieille de cette durée. »
Ces « unités » là seraient donc proches
d’une année-lumière… dans l’échelle de Steph.
« Quelle
que soit la vitesse à laquelle vous l’aborderez, elle ne sera plus là quand
vous arriverez sur place.
Le calcul
permet d’anticiper cet effet, naturellement, mais c’est un inconvénient
considérable dès qu’on dépasse quelques dizaines d’unités, car le mouvement
d’une source lumineuse qu’est une étoile reste par bien des côtés imprévisible.
Le voyage
vers le passé permet de pallier cette difficulté. Il suffit d’envoyer une sonde
vers le passé, à peu près le temps que mettrait la lumière pour parvenir à vos
appareils de détection, lui faire faire le repérage des bonnes positions,
azimut et hauteur et de couper la connexion pour qu’elle revienne avec des
données correctes.
Et là
seulement là, vous pouvez vous élancer. »
Ce qui ne règle pas le mouvement de l’astre visé
durant la durée du parcours pour le rejoindre.
« – Exact
Paul. Mais si vous aviez lu le fascicule que je vous ai remis, vous sauriez que
ça n’a pas d’importance.
– Comment
ça ?
– Comment
vous expliquer ? Pour voyager sur la flèche du temps, il faut d’abord
pouvoir le suspendre, puis l’inverser. C’est ce que font nos sondes et nos
véhicules.
– Et
comment ça ?
– En
maîtrisant la technologie du neutronium-spiné ! »
Allons bon ! Qu’est-ce donc encore que ce
« truc-là » ?
« – Vous
connaissez le neutron, tout de même, ce constituant électriquement neutre de la
matière ?
– Le
proton et l’électron également. Plus quantité de particules élémentaires. Si je
cherche bien dans mes cours de physique de la matière, je dois pouvoir vous en
citer au moins une bonne dizaine.
– Pas
besoin de faire cet effort. Il y en a une belle quantité et toutes ont leur
contraire, leur « miroirs ».
–
Probablement…
– C’est
une certitude scientifique ! Donc le neutron, c’est lourd, c’est neutre et
ça s’agglomère grâce aux forces nucléaires-fortes quand il ne reçoit aucun
énergie que sa propre masse. »
Ça correspond à peu près à ce que Paul avait appris en
classe préparatoire au concours de polytechnique.
« Et
j’imagine que vous savez que toute particule est animée d’un mouvement de
rotation sur elle-même autour d’un axe. Ce que votre civilisation a nommé le
« spin » et c’est resté. »
Oui, il sait ça aussi.
« – Pas
n’importe quel axe. Ce n’est pas un choix de la particule, mais un mécanisme
physique intime à la matière. Bien. Quand on parvient à « spiner » de
façon cohérente un amas de neutrons, il présente des propriétés étonnantes.
Qu’on retrouve d’ailleurs dans les étoiles à neutron.
Sauf que
si on parvenait à « spiner » tous les neutrons d’une étoile à neutron
sur le même axe parallèle à ces voisins, la face de l’univers serait
probablement très différente.
Heureusement,
ce n’est pas le cas.
–
Qu’est-ce qui se passerait ?
– Je n’ai
pas à vous le dire. En revanche, je peux vous dire, puisque vous êtes dedans,
quand vous avez un « trou » au milieu d’un environnement de neutrons
spinés, à l’intérieur de cette cavité, le temps est totalement suspendu dans sa
flèche.
–
Pardon ?
– Il ne
s’écoule plus ! Et vous en avez vu les effets à l’instant quand notre
environnent s’est illuminé à plusieurs reprises. »
Alors là, pour une
surprise, c’était une surprise pour Paul.
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Cela m’a replongé dans les cours de prépa où le prof de math s’interrogeait sur la valeur du spin de l’électron.
RépondreSupprimerBien sûr, c’est un roman, mais cela nous envoie dans l’Univers de la physique fondamentale où nous avons encore beaucoup à découvrir.
Alors ?...
Apparemment une coquille : « C’est une certitude scientifique ! Donc le neutron, c’est lourd, c’est neutre et ça s’agglomère grâce aux forces nucléaires-fortes quand il ne reçoit aucun énergie que sa propre masse. »
J’ai remplacé sur mon blog par « C’est une certitude scientifique ! Donc le neutron, c’est lourd, c’est neutre et ça s’agglomère grâce aux forces nucléaires-fortes quand il ne reçoit aucune énergie autre que sa propre masse. »
Bien à vous !...
Haddock
Ah mais voilà ce que c'est d'avoir fait les ékoles.
SupprimerMoi je n'ai pas pu : Je ne sais ni lire ni écrire, ni compter.
Mais j'ai des machines qui font ça à ma place. Or, il semble qu'elles ne sont pas infaillibles : La preuve !
Merci à vous pour ces corrections
Bien à vous !
I-Cube