Paradoxes
temporels (23/21)
Avertissement
:
Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure
construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
La bataille de « Boomerkar », du nom donné à
l’amas d’étoiles local par la mission astronomique qui aura identifié le
système planétaire détecté il y a des dizaines de décades de ça, restera dans
les annales de la légion.
D’abord, parce que c’est un échec. L’amiral Landditsy
sera relevé de son commandement par l’état-major, non pas pour cette raison qui
aurait suffi à elle-même, mais parce qu’il n’a pas su empêcher une mutinerie de
ses officiers supérieurs.
Il faut dire que les circonstances s’y prêtaient.
Il sera ensuite promu, sans commandement opérationnel,
pour avoir validé, une des premières fois dans l’histoire de la Légion,
l’existence de « La Garde », cette légende et de ses moyens
technologiques qui dépassent largement la science et les connaissances du
moment.
Par ailleurs, la révélation restera dans les
hautes-sphères du « Haut-Conseil » : la légende de Patrick
Cortinco reprend de l’épaisseur, puis s’étend à l’ensemble des officiers de la
légion.
Dès lors, le message « pas les Krabitz »
deviendra un mot d’ordre général durant de très longues périodes dans ce corps
de soldats de l’espace, et même au-delà, quand celle-ci se muera en « La
Garde » par absorption.
Par ailleurs, on cherchera longtemps à localiser à la
fois « les barges » où auraient transité Lierreux le Sapiens et Edgorkloonyx
le Krabitz. Mais probablement elles sont « cachées » au-delà de
l’horizon de l’univers visible.
Plus étonnant, ça restera la présence d’un
« Homo-rustique » se présentant comme l’ambassadeur d’une Coupole,
qui se saisira du vaisseau de l’amiral Landditsy de façon inexplicable.
Qu’est-ce donc, cette Coupole qui ne laisse aucune
trace dans les archives et reste insaisissable dans l’organisation du cosmos,
en tout cas dans les galaxies explorées du groupe local ?
Ce qui valide du coup les hypothèses d’infinités de
l’univers dans ses dimensions spatiales.
Bien trop loin pour être éternellement cachées aux instruments
et sondes de recherche.
Les deux seuls témoignages qui en restent sont celui
d’Axel, l’officier de navigation qui aura accompagné le
« Charlotte », le Sapiens primaire des plus rustres qui aura ouvert la
route et pilotant ainsi la flottille des cargos de Krabitz vers leur
destination finale et un récit oublié – présenté comme d’un roman –, dans les
mémoires internétiques mis en ligne par un certain « I-Cube » de
l’époque très ancienne d’où serait issu « Charlotte », mais aussi la
légende de Cortinco : rien ni de très sérieux, ni de très probant et finalement,
le toute reste très embarrassant.
Puisqu’inexplicable.
En revanche, le plus crédible des rapports et études
qui auront été produits depuis sur le sujet, restera l’idée générale d’une
civilisation spatiale qui semble maîtriser les déplacements sur la flèche du
temps.
Ce n’est pas que la recherche scientifique du moment
ne s’intéresse pas aux propriétés cachées du neutronium-spiné, loin de là, et
l’idée a déjà fait l’objet d’études théoriques et de mises en applications
pratiques nombreuses, mais jusque-là, on n’en sait pas plus quant aux voyages
sur la flèche du temps.
Et la consigne est désormais, dans les flottes de la
Légion, de ne pas s’opposer à n’importe quel prix aux vaisseaux de « La
Garde », dès qu’ils sont identifiés comme tels.
Pas la peine de risquer inutilement les matériels et les
troupes…
Par ailleurs, la présence de « Michel », une
sorte d’archange, qui se présente comme un « jardinier » œuvrant pour
des « maîtres » qui se nourrissent du « vivant » et lutte
contre des « sans-âmes » qui détruisent la vie sous toutes ses
formes, générera des travaux en quantité considérable.
S’agit-il d’une énième espèce dont personne n’a encore
et jusque-là aucune trace ?
D’une espèce « à naître » si l’on envisage
des boucles temporelles, ou au contraire « originelle » si l’on
considère qu’elle est première, dépassant la théorie du tout ?
Ce qui voudrait dire que l’univers est
« causé », ce qui est parfaitement inenvisageable ?
Où gisent les « maîtres », comment se
manifestent-ils, quels sont leurs objectifs ?
Il faut alors se replonger dans les textes anciens,
voire très anciens, mythologiques de dizaines et de dizaines de civilisations
exotiques, parfois disparues, pour avancer des explications qui ne sont que des
spéculations.
Dieu n’existe pas pour les « Sapiens-Plus »
dit « augmentés ». Tous les phénomènes religieux sont les résultats
de pures spéculations d’esprits faibles : c’est une constante historique
dans toutes les civilisations rencontrées, quelle que soit l’époque, leur
développement, les lieux et les espèces.
Un fait scientifique acquis. Irréfragable.
D’autant qu’au fil du temps, les connaissances
s’accumulent sur les origines de l’univers et ses mécanismes intimes. Et il est
convenu que Dieu, la notion, ne peut pas être réduit à une série d’équations.
Or l’univers entier, le connu et celui qui échappe à l’observation, le macro
comme le plus petit de ses éléments microscopiques, obéissent tous à des
équations.
Il n’y a donc pas de place pour « les
maîtres » dans la culture des « Plus ».
Même les « Ultras » sont prévisibles
puisqu’il s’agit de recherches des plus pointues, mais pas les
« maîtres » et « Michel » n’entrent, à ce moment-là, dans
aucune catégorie.
Inutile de dire que l’épisode de Landditsy et de la
bataille perdue de « Boomerkar » restera un « marqueur » important
dans la culture de la « Légion ».
Effectivement, sitôt après cet ordre de suspension, à
la surprise générale, une alerte des « sentinelles-avancées » disséminés
dans l’espace proche survient de façon inopinée, juste le temps que les
messages arrivent.
« Vaisseau
non-identifiée en approche ! »
Hostile demande le robot d’alerte du pont ? Pas
de réponse…
« Amiral !
Qu’est-ce qui se passe ? »
La question se veut surtout portée sur la
« prémonition » formulée par Landditsy l’instant précédent.
« Armez un
coup de semonce et tentez d’entrer en contact avec ce vaisseau pour lui
indiquer qu’il entre en zone de combats. Formation de combat ! »
Les émetteurs crépitent…
« – C’est
quoi ce message de contrordre que vous venez de me remettre ?
– Je vous
ai demandé de l’analyser en urgence.
– Semonce
armée-verrouillée. Boucliers armés.
– Une
réponse à nos messages ? Quelle est la distance de l’intrus ?
– Huit
minutes. Progression en ralentissement, trajectoire convergente. Mais on ne
sait pas par où il est arrivé.
–
Alarme ! Chasseur inconnu en progression convergente et accélération sur
azimut 100, hauteur – 40, à 3 minutes.
–
Alerte ! Chasseur inconnu en progression convergente et accélération
rapide sur azimut 200, hauteur + 110 à 6 minutes.
– Alerte !
Chasseur inconnu en progression convergente et accélération, azimut 220,
hauteur 330, à 12 minutes.
–
Amiral ? On nous assaille !
– Je le
vois bien. Alors ces analyses ? La sonde de liaison ?
– Il n’y
a pas plus urgent ?
– Si !…
L’évacuation du secteur…
– En
abandonnant notre offensive contre les touffes d’herbe ? Après tant
d’efforts pour être parvenu à les regrouper.
–
Commandant, vous ne voyez pas que nous sommes attaqués ?
– Par
quatre malheureux vaisseaux inconnus…
– Et ce
coup de semonce, alors ? »
Le dégagement d’énergie est immédiatement envoyé dans
la direction verrouillée et… loupe sa cible qui réapparaît immédiatement – le
temps que l’information arrive – sous un autre angle.
« Pas
possible ! C’est de la magie, ça… » lâche un des officiers de
pont, celui qui est de plus le responsable de l’arsenal du bord.
Landditsy se rend compte que la bataille est mal
engagée.
« – Ordre
de repli. On se regroupe en …
– … Ah
non amiral ! Refus de se battre en pleine action de feu, c’est l’exécution
immédiate !
–
Commandant, ne déraillez-pas. On ne sait rien de la dangerosité de la menace.
Pensons d’abord à nos matériels et nos troupes !
– Mais
non ! Pas question !
–
Ventre-saint-gris, commandant ! Vous obéissez à mes ordres oui ou non ?
Je vous ai demandé une analyse du contrordre que je vous ai remis, un sonde de
liaison avec l’état-major et je vous dis que la situation créée par ces intrus
nous oblige à un repli. On reviendra régler le problème des Krabitz
ultérieurement !
– Les
quoi ? Avec tout le respect que je dois à votre rang, je constate que c’est
vous qui avez les foins de vous battre et que vous avez de plus un langage qui
témoigne de votre inaptitude au commandement, amiral !
– Vous
débloquez totalement, commandant ! Ce n’est pas le moment de jouer au
fanfaron.
– Au
titre de l’article 156 du code de la légion, je vous destitue sur le champ de
votre commandement, vous mets aux arrêts de rigueur et prends la tête des
opérations ! » fait l’officier le plus proche entouré de quelques-uns
de ses collègues qui s’étaient regroupés autour du fauteuil de l’amiral durant
l’échange verbal.
« –
Planton ! Désarmez l’amiral et escortez-le en chambre-forte.
– Vous
faites une immense bêtise qui va nous mettre tous en péril imminent, commandant ! »
Dans l’instant, des droïdes désarment l’amiral et se
saisissent de sa personne. Celui-ci persiste à protester vertement.
« Je vous
en conjure. Cessez cette mutinerie immédiatement ou vous en
rendrez-compte ! »
Pendant ce temps-là, les « chasseurs » se
sont rapprochés alors que le vaisseau initial a encore changé de position.
« Hostile
au contact ! » annonce un robot.
« Vite !
Armez les champs et les tourelles ! »
D’un coup d’un seul le vaisseau amiral de la flottille
devient impénétrable par activation des champs de gravitation et l’activation
des boucliers d’énergie des tourelles chargées en principe d’annihiler tout
forme d’énergie venant de l’extérieur.
« Combattants !
Feu sur tous les hostiles, depuis toutes les stations !
Exécution immédiate ! »
L’espace est aussitôt zébré, en divers endroits de puissants
traits lumineux créés par l’éjection de pairs de jet de matière et d’antimatière
prélevées sur les réservoirs d’énergie, qui circulent autour de la planète des
Krabitz, mais aussi d’un peu partout ailleurs jusqu’aux confins du système
stellaire, là où sont positionnées les « sondes-vigie » qui n’ont pas
vu venir le vaisseau hostile.
Le temps pour que l’information en retour parvienne au
poste de commandement, il faut se rendre compte que l’incroyable se
produit : pas un seul des objectifs visés par les armes de la légion
n’atteint sa cible ! En revanche en quelques parcelles de temps, la
plupart des engins automatiques des légionnaires sont pulvérisés !
Une déroute à laquelle assistent médusés et terrorisés
les Krabitz derrière leurs écrans de visionnage de l’extérieur.
« Vous
voyez bien qu’il s’agit maintenant de profiter de l’occasion pour évacuer ce
foutu caillou ! » s’exclame Edgorkloonyx à l’adresse des siens.
Oui, peut-être, mais avec quels moyens… ?
Les bipèdes Homos de la légion vont de toute façon
rappliquer, dans des délais courts, avec des moyens militaires et de
destruction supplémentaires et ils n’auront pas le temps de finaliser la
fabrication de leurs propres vaisseaux.
Peut-être un ou deux pour sauver leur espèce, et
encore.
Les deux vaisseaux amiraux, celui de commandement et
le second, celui qui suit de très loin la bataille qui sera livrée à ses
capteurs plusieurs heures (décimales) plus tard, pour, comme dans toute
expédition de la Légion, à la fois témoigner en lâchant des sondes automatiques
vers les relais de l’état-major et éventuellement récupérer et porter secours
aux légionnaires survivants, sont épargnés.
Mais, seconde surprise, et des plus étonnantes, celui
qui est « engagé » en première ligne est tout d’un coup
« occupé ».
Paul de Bréveuil, alias « Charlotte », se
présente à la porte du sas du poste de commandement, entouré de trois cyborgs,
immédiatement identifiés comme tels, revêtus de combinaisons grises argentées
et ajustées.
Il est impressionnant, revêtu d’une sorte de
scaphandre antique, exactement le même qu’il avait à Biskra (1), articulé,
noir-profond, mais en plus tout orné aux articulations de liserés dorés du
meilleur effet qui en jettent !
Son visage est en partie dissimulé par un masque
transparent qui lui permet de respirer dans un air surchargé de dioxyde
d’oxygène propre aux homos-rustiques.
Et contrairement aux équipes du bord, s’il s’agit d’un
bipède à la stature impressionnante, ce masque laisse apparaître des poils,
notamment au-dessus des yeux et autour des paupières : des cils et des
sourcils !
Une horreur pour l’équipage, dépourvu de tout poil
depuis des générations et des générations de manipulations génétiques
successives… !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire