Terminus.
Avertissement
:
Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure
construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
Alors, ok, va pour un « retour aux
sources ». Et l’équipe procède comme il a été indiqué : on relève la
navigation antérieure depuis les mémoires du vaisseau et on trace à rebours en
laissant quand même les dernières balises sur place autour du
« terminus », pour faciliter l’expansion des Krabitz dans leur nouvel
univers tellement oppressant.
Le tout en évitant la bêtise de la « balise
95 », qui de toute façon n’est plus placée là où il a fallu
« bagarrer » une civilisation de « pierres-radioactives »
improbable.
Et puis au fil de la route, les cyborgs de Paul
effacent les mémoires du vaisseau, sous le nez d’Axel qui, s’en rendant compte,
a quand même tenté de faire des sauvegardes pirates.
Il aura fallu la mettre « sous contrôle » en
permanence, consignée dans ses quartiers à chaque étape.
Paul voit sa cambuse s’épuiser lourdement. Axel la
sienne aussi. Auraient-ils trop tardés ?
« Pas
grave, on fera des étapes « pirates » si nécessaire. »
C’est quoi ça, une « étape pirate » ?
« Bé c’est
simple. On va chercher quelques étoiles à planètes et on descend dessus pour
les piller de ce que nous avons besoin. »
Ah non, ça c’est contraire au code de la légion !
« – On a
toute l’énergie nécessaire pour fabriquer n’importe quoi à partir de rien.
– Bé
alors où est le problème ?
– C’est
une question de temps. Les générateurs quantiques sont déjà mobilisés pour
refaire des pièces détachées qui ont cassé à chaque étape et refaire les pleins
d’énergie pour les réacteurs. Et leur capacité n’est pas infinie.
– Eh bien
on prendra le temps qu’il faut. Je n’ai pas envie de crever de faim ! »
Manquerait plus que le vaisseau ne ramène que des
cadavres…
Mais Axel est pressée : ras-le-bol pour elle de
devoir naviguer avec un rustre, obsédé sexuel et alcoolique en plus, tout juste
bon pour vivre dans une réserve ou un zoo, qui dégage une odeur épouvantable et
qui est couvert d’une pilosité repoussante, d’après son point de vue…
Bref, à part quelques coups de gueule, notamment quand
« Alpha » le cyborg rapporte l’existence de copie pirates des
mémoires de navigation, l’ambiance reste électrique à bord et les étapes
apparaissent de plus en plus longues.
C’est « dans la tête » que ça se passe,
parce que le trajet du retour se fait aucun sans problème. Comme si le vaisseau
sentait l’écurie approcher.
Pour déboucher sur la « balise 5 », celle en
bordure de la galaxie de départ.
Le vaisseau de la Garde se signale à peine 24 des
heures de Paul plus tard à proximité.
C’est le moment de la séparation.
Sans aucune instruction émise, Paul remet
« sa » combinaison, celle qui lui donne une allure d’agent des
services spéciaux en tenue de combat, alors que les cyborgs reprennent leur
forme primitive et revêtent à leur tour leur combinaison
« gris-argenté ».
Un dernier salut à Axel, dans cet état.
« – Vous
allez où dans cette tenue ?
– On
rentre.
– Vous
rentrez où ?
– Chez
nous pardi ! Axel, je tenais à te remercier pour ta collaboration. Je sais
que ça n’a pas dû être toujours facile pour toi que de devoir partager cet
espace avec moi. Mais ce qui compte, c’est que la mission soit une réussite. Et
sans toi, je n’y serai probablement pas arrivé.
– Mais…
mais… Je fais quoi maintenant, moi ? On ne devait pas retourner à notre
point de départ ?
– Toi,
oui. Tu es arrivée au bord de la galaxie où t’attend ton amirale, que tu
salueras pour moi en le remerciant malgré son opposition première d’avoir mis
son vaisseau à ma disposition.
– Mais
c’est la partie la plus délicate de notre navigation qu’il faut aborder
désormais…
– On est
parti il y a environ 5 de mes années… Pendant ce temps-là, je suppose que tes
collègues de la Légion t’ont recherchée.
– … Ou
considérée comme disparue.
– De
toute façon, tu dois pouvoir retrouver la trace de nos balises 4, 3 et les
précédentes.
– Dans le
laps de temps que tu indiques, elles auront migré.
– Règle
les détecteurs de façon suffisamment large. On a bien réussi à revenir
jusqu’ici de la sorte.
– Sur les
crêtes de non-gravitation, ça ne bouge pas trop.
– Ah
quand même ! Tu as pu remarquer que sur la fin, ça devenait sensible…
– Raison
de plus pour les astres d’une galaxie en mouvement depuis si longtemps.
– Eh bien
tu m’as dit une fois, que vous entreteniez des balises-phares. Elles doivent
toujours être là. T’es pilote-navigateur oui ou non ? Tu vas savoir t’y
retrouver, ne t’en fais pas. »
Pas totalement convaincue la « Plus »…
« – Rien à
ajouter ?
– Et quoi
donc ? Vous regrettez quelle que chose ? »
Pas vraiment pense Paul. La seule chose qu’il
regrette, c’est d’avoir été entraîné de force, à son corps-défendant, dans
cette aventure pas faite pour lui.
« Vous n’auriez
pas aimé … te vous me « taper » ? »
Elle rêve, là !
« Désolé
Axel, tu n’es vraiment pas mon style. Je crois que je n’y ai même pas pensé.
Mais toi ? Un regret ? »
Une fois encore, on ne saura jamais.
Paul sort du poste de pilotage, suivant en cela ses
cyborgs qui connaissent le chemin dans ce dédale de coursives – comme le fond
de leur poche qu’ils n’ont pas – et puis, après quelques portes franchies, il
débouche sur une toute autre ambiance, sans savoir comment, face au Gouverneur
Stéphane, qui affiche un sourire radieux avec ses petites dents de lait qui se
dévoilent sur son étroit orifice buccal.
« Mais
comment vous êtes arrivé ici, vous ? » demande Paul.
Vraiment une question idiote : soit il a débarqué
sur le vaisseau de la légion grâce à se technique éprouvée de voyage sur la
flèche du temps et de l’espace, soit c’est l’inverse : c’est Paul qui
avait été « aspiré » de la sorte sur le vaisseau de la Garde.
« – Alors, Axel,
votre co-pilote, intéressant ?
– Ça
dépend de quel point de vue. Nous avons beaucoup philosophé : qui suis-je,
d’où vins-je, où erre-je, ou coure-je…
– Je
vois… Et ce voyage au-delà de ce qui existe ? Cette mission ?
– La
mission semble être une réussite…
– Oui, ça
je sais ! Je savais même avant que vous partiez… »
C’est vrai que « c’était marqué comme
ça » dans ses archives…
« – La
mission, je ne sais pas trop…
– Une
réussite, je vous l’assure. Nous avons pu vider une grosse partie des peuplades
Krabitz des systèmes où ils résident dans la galaxie…
– Ils
étaient beaucoup plus nombreux que je ne l’avais imaginé.
– Il faut
vous dire que ceux-là ont été suivis par d’autres que nous découvrirons au fil
de notre expansion dans l’espace.
– Ah
oui ? Comment ça ? J’ai pourtant retiré toutes les balises et effacé
les traces de ma navigation des mémoires du vaisseau de la Légion…
– Vous
avez bien fait. Mais n’ignorez pas que nous savons d’où et précisément quand
vous vous êtes élancé. Ce n’est pas trop difficile pour nous de déplacer qui
bon nous semble vers ces coordonnées spatio-temporelles et de leur faire
bénéficier du chemin que vous avez ouvert.
Et puis
d’interdire à tout autre d’emprunter cette voie. La « Voie
Charlotte ». Elle est restée ainsi baptisée dans nos données. »
La voie « Charlotte », quelle drôle
d’idée !
« – Je ne
comprends pas.
– Quoi
donc ?
– Vous
m’avez affirmé que vous êtes la mutation des homos la plus évoluée…
– La plus
évoluée à mon époque. Je vous ai dit qu’il y en avait eu aussi entre les
« augmentés » et les « améliorés » et mon espèce. J’imagine
qu’il y en aura d’autres après mon espèce.
–
D’accord, mais ce n’est pas le sujet.
– Alors
quoi ?
– Vous
aurez pu remarquer que le genre « homo » et ses espèces, en tout cas
notamment les Sapiens, sont animés par une vive soif de connaissance. C’est
même ce qui lui a permis de modifier son environnement naturel à son profit.
– C’est
exact. Une immense curiosité qui reste le moteur du progrès. Vous avez raison
sur ce point-là.
– Et
alors, les mutations génétiques auraient fait perdre cette caractéristique-là
au fil de l’évolution ?
– Non pas
du tout. Vous voulez en venir où, Excellence ?
– Jamais
eu l’envie d’aller voir de près le « bout du bout du bout » de
l’univers ?
– Oh mais
si ! Seulement voilà, en tout cas à ma propre époque, car pour mon futur,
je ne sais pas, à chaque fois qu’on a envoyé des sondes et des instruments
scientifiques au plus proche de la naissance de la lumière, l’univers
observable était déjà en place tel qu’il existe encore aujourd’hui, avec
quasiment le même rayonnement fossile, dans toutes les directions. Celui qui
date encore une fois la naissance de l’univers au moment de la singularité
originelle de la même époque.
Et à
chaque fois que nous les avons envoyées un peu plus tôt, elles ne sont jamais
revenues !
Comme si
le moment de la naissance de la lumière restait insaisissable…
–
Mazette !
– Exactement.
L’univers que nous voyons semble ne pas avoir de centre et pas de limites.
– Et
pourtant… Au « bout du bout du bout » où vous m’avez fait emmener les
Krabitz, il y a bien un mur, une sorte d’immense coupole de « rien ».
–
Non ! Pas du rien. Juste une absence d’énergie rayonnante et probablement,
parce que ça va de pair, une absence de matière telle que nous la connaissons
et dont nous sommes faits. Il s’agit d’autre chose. Probablement d’un état
préexistant à la lumière et l’énergie ! Je ne peux pas vraiment vous dire,
parce qu’à mon époque, plusieurs théories sont proposées par nos chercheurs et
rien ne permet encore de les départager.
Mais
peut-être que dans mon avenir, il en sera différent.
– Ça peut
être quoi ?
–
Probablement la singularité elle-même qui aura pris une dimension quasi-infinie,
des milliards de milliards de vos années-lumière, dès le début de la période de
l’inflation cosmique. En fait, un immense couvercle, un chaudron sphérique qui
englobe tout, tellement large qu’en son centre, la lumière a pu se refroidir
assez vite et d’un coup, afin d’enfin naître pour être mirée par nos sens et
appareils de mesure. »
Presque poétique, avec ça…
« – Nous ne
savons pas. Seulement que ça semble agir comme d’un vaste
« aspirateur » qui étire vers lui tout le reste en accélérant même cette
expansion du « visible ». Et le reste, c’est ce qui est à notre
disposition pour qu’on le décrypte et le comprenne.
– Oui,
enfin, si Dieu existe, il aurait pu faire plus simple…
–
Probablement que justement Dieu n’existe pas, car il aurait bien entendu fait
plus simple. Il n’y a pas de « création » au sens d’un
« Créateur-ultime et premier ». Il s’agit seulement d’un phénomène
physique inéluctable.
– Et
pourtant, la vision de l’amirale Landdisty, le message de ce Cortinco…
– C’est
vrai que c’est historique. Même si dans le premier récit, apparu en début de
votre XXIème siècle à vous, énonce des dates complètement farfelues (1).
Mais tout
ça peut très bien venir d’une espèce mutante et intelligente de mon propre futur.
Ce serait d’ailleurs assez vraisemblable. Là, je ne peux pas vous fournir
d’explication.
– Pourtant,
vous m’en donnez. Et vous savez que j’ai un biographe non-officiel qui pirate
ma vie d’une façon incompréhensible et qui va rapporter tout ce que vous me
dites ou que j’aurai appris.
–
Naturellement ! Sans lui, nous n’aurions d’ailleurs pas pu vous
« localiser ». Mais ce « Ice-Cube » a le bon goût de
rapporter vos divagations sous forme de roman. Ça passe totalement inaperçu à
son époque et pendant très longtemps. Les élucubrations qu’il va en faire dans
votre futur à vous seront même présentées comme un ultime roman de
science-fiction. Bien trop en avance sur votre époque pour que vos
scientifiques en tirent quoi que ce soit d’utile ! C’est dans le cours
naturel des choses.
– Je
vois : aucun intérêt !
– C’est
ça. Ce n’est pas très important, finalement. Presqu’anecdotique.
– Et
pourtant ça vous a guidé pour venir m’emmerder à faire des sauts, d’abord dans
mon passé, puis désormais dans un futur improbable.
– Vous
êtes effectivement un cas, Excellence.
–
Paul !
–
Excellence. Dans notre Coupole, vous avez un rôle d’ambassadeur. Arriéré,
certes, mais parfaitement respectable. Vous verrez.
– Je ne
veux rien voir du tout ! » s’emporte Paul.
« – Vous
avez raison. Vous n’avez pas à savoir. Même si je sais que vous avez pris le
risque de prendre connaissance de votre nécrologie. Vous n’auriez pas dû :
ça perturbe l’esprit et le comportement, dans votre espèce, et votre entourage
va le remarquer.
– Je
ferai gaffe à oublier. Bon alors maintenant, on rentre quand ?
– Tout de
suite. Juste un coupe-circuit à actionner et je vous ramène à votre époque pour
la suite de votre mission…
– Ah oui…
La suite ? Parce qu’il y a une suite ?
– Mais
oui ! Je vous en déjà ai informé.
–
Laquelle ? Parce que là j’en ai un peu ras-la-casquette ! »
(1) http://flibustier20260.blogspot.fr/2008/08/paradoxes-temporels-121.html
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