Le 95ème
saut.
Avertissement
:
Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure
construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
Certes, il y a bien sa curiosité naturelle qui
l’emmène à parcourir les longues coursives où il découvre les « barges de
secours », qui sont en fait de petites machines autonomes, un peu étroites
pour son gabarit, en parfait état de vol dans le vide spatial, qui plus est
armées, qui lui permettront de faire des « sorties » à explorer les
contours de l’immense vaisseau pris sur la légion.
Certes, il a ses propres équations à avancer pour
concevoir correctement le Nivelle 003.
Bien sûr, ça manque un peu d’activité sportive. Il
fait installer un vélo d’appartement, les ateliers du bord étant capable de
fabriquer ex-nihilo à peu près
n’importe quoi, même des pièces défaillantes du vaisseau lui-même, même les
plus complexes, par méthode additive – comme dans les imprimantes 3 D de son
époque – et faire défiler « son paysage » avec un peu de vent dans
les cheveux rend l’illusion presque parfaite : il suffit pour cela
d’adapter la difficulté à la pente apparente de la piste et le souffle de l’air
à sa vitesse théorique.
Ça reste toutefois limité.
Le plus splendide en matière d’activité physique et
« autre », ça reste « Alpha », « Bêta »,
« Gamma » et leur « catalogue » de formes.
Il pourra ainsi « essayer » quantité de
« people », des actrices, des femmes célèbres ou des épouses d’hommes
publics, des comédiennes, des femmes politiques, d’autres simplement splendides
qui auraient pu devenir « top-modèle » dans la vraie vie, des
chanteuses, des romancières, des athlètes sportives, voire quelques-unes de ses
anciennes conquêtes, dont Florence, Matilda, Emily, Isabelle Nivelle, sa fille,
Mylène et sa fille, et beaucoup d’autres dont Miho, sur lesquelles il
fantasmait sur terre : un vrai bonheur !
Des blacks, des beurs, des métisses, des blanches, des
asiatiques, des grosses, des maigres, des grandes, des petites, des superbement
belles, d’autres moins belles et même une réplique d’Axel elle-même est très
ressemblante, juste pour en rire…
D’ailleurs, le jour où elle s’est ainsi croisée, alors
qu’elle se contentait de rester habituellement dans ses quartiers à elle, qu’il
en fallu sortir son cyborg ainsi transformé, juste pour lui faire une
démonstration de ce qu’il avait à lui offrir jusque dans le poste de pilotage,
elle a été à la fois outrée, scandalisée et … intéressée !
Au moins, ça aura réveillé sa libido d’homosexuelle,
puisque Paul lui aura « prêté » un cyborg à plusieurs reprises.
Paul, en revanche, devant ces masses molles
disgracieuses et bloblottantes à outrance, son absence de poitrine faute
d’utilité, il en a eu « une défaillance »…
Ça lui a fait comme l’effet d’être un peu l’équivalent
d’une activité zoophile déplacée.
De toute façon, ça reste des cyborgs et c’est déjà en
soi « contre-nature », des cyborgs manquant en plus d’un peu de
diversité vestimentaire. Ça a même un côté un peu dément, alors que ces
créatures artificielles savent y mettre les apparences d’y prendre un goût
certain et quelques compétences, beaucoup de « bonnes techniques »
comme les massages mantra, sans jamais aucune retenue ni aucun tabou des
meilleurs venus.
Passons : on fait avec ce qu’on a sous la main…
L’autre activité qui reste intéressante, c’est de
faire la cuisine. Steph avait fait rentrer quantité impressionnante de vivres
dans les réserves de la cambuse, mais essentiellement congelés ou sous forme de
poudres lyophilisées.
Beaucoup de produits déjà préparés, qu’il suffit de réchauffer
au micro-onde ou en bain-marie, mais heureusement encore, aussi pas mal de
produits bruts qui avaient dû être frais à un moment ou à un autre.
Manquaient que les œufs, remplacés par des poudres
sans saveur…
Dès lors, quant à pâtisser, là, il ne fallait pas trop
y compter, même si les quelques essais de crème ne sont pas trop mal réussis.
En revanche, les glaces et sorbets prennent très bien…
Alors cuisiner avec ça, c’est l’affaire de
« Gamma ».
D’ailleurs même Axel est venue partager ce moment de
convivialité, malgré la présence de « sa réplique » découverte en
milieu de parcours, pour manger des portions ignobles, hyper-protéinées de
couleurs inconvenantes, avec des surdoses de glucides. Très peu de graisses
apparentes, et pourtant elle est grasse.
Allez savoir pourquoi ?
Quand Paul se met aux fourneaux, ça a une autre gueule
et les odeurs de fritures et d’épices dégoulinent un peu partout avec bonheur.
Même Axel n’y est pas totalement indifférente, c’est dire.
Et c’est d’ailleurs ce qui l’a fait revenir « en
cuisine ». Ce qui embête un peu Paul au début : il a pris l’habitude
de « se faire tripoter » sous la table pendant ses repas et il ne
veut pas contrarier son pilote après l’épisode de la « copie-cyborg »…
Tiraillements dans l’ambiance générale.
En revanche, question boisson, le Gouverneur Stéphane
avait fait des efforts particuliers : il y a de quoi satisfaire les palais
les plus fins et exigeants pendant des années et des années, à coup de
productions australiennes, argentines, californiennes, européennes et même
chinoises.
Tel qu’au bout de son voyage, il ne restera plus
grand-chose et que finalement Paul aura dû se contenter d’eau gazeuse sur la
fin, ce qu’il déteste, d’autant que celle disponible a un arrière-goût de
désinfectant et est très salée : c’est ce que boivent habituellement les
« Homos Plus ».
Alors qu’Axel a apprécié les vins californiens…
Ça, et les plats au thon rouge…
L’eau et la pitance d’Axel, ça aurait tendance à filer
la tourista à Paul. Et la pharmacopée, bien fournie pour les « Homo-Plus »,
aura dû être « adaptée » pour Paul et ses petits-bobos du voyage. Soit
en diluant les principes actifs, soit en forçant les doses, après avis d’Alpha,
le cyborg.
Les seuls moments reposant et plaisant, outre les
parties de « pattes en l’air », ça reste les longs moments à écouter
des enregistrements de concerts ou regarder des films anciens et la « bibliothèque »
disponible – sur écran – jusqu’à y compris une biographie complète, mais alors
complète jusqu’à sa nécrologie, de « Charlotte-soi-même » : très
perturbant de découvrir tout ça, presque par hasard…
C’est ce qui meuble ces trop nombreuses
« étapes » où les robots-ateliers ravaudent les blessures du
vaisseau, où les générateurs quantiques refont les pleins d’énergie.
Si le cinquième arrêt, en bordure apparent de la
galaxie de départ est aussi dû à la présence d’un obstacle imprévu, il est
surtout question de faire quantité de travaux de réparation des défaillances de
la machinerie du vaisseau.
À cette occasion, ils se font rattraper par la flotte
des cargos chargés de Krabitz.
Ceux-là sont arrivés par sauts sur la flèche du temps
grâce aux efforts de la Garde, à proximité de leur planète-refuge.
Des mécaniques probablement plus solides et mieux adaptées
que les vaisseaux de la Légion, puisqu’ils sont prêts pour un long voyage de
long des crêtes avant que le vaisseau de Paul ait pu être prêt lui-même.
Impressionnant que d’entendre les alarmes retentir
dans le poste de pilotage. Paul faisait une sieste « coquine » avec
une « bimbo » (qui n’existe pas, mais est très à son goût du moment) dans
ses appartements, et à chaque nouvelle arrivée, plutôt à chaque rafale d’arrivées,
les détecteurs se mettent à hurler.
Il débarque en petite tenue, dissimulant mal son
érection insatisfaite et finissante.
Tel qu’il est accueilli par un hurlement d’horreur
poussé par Axel, à la vue de sa pilosité.
Drôle d’effet…
Il y en a partout tout autour, arrivés par grappes, à
touche-touche… presqu’au contact.
Axel est également arrivé, nue sans sa tenue de vol,
encore plus moche avec ses « plis » sur le ventre et ce qui lui tient
lieu de fessier.
« – Tu
viens pour me finir une pipe où tu t’occupes de manœuvrer pour éviter des
collisions ?
– Votre
excellence, voyons ! Je ne sais pas faire et vous n’êtes pas du tout mon
genre, vous le savez bien. Mais un jour si mon cul vous intéresse, passez par
derrière ! »
Du lard ou du cochon ?
Axel serait-elle une hétérosexuelle refoulée ?
Ayant une attirance pour la zoophilie d’avec des
Sapiens ?
On ne saura jamais.
Au fil des arrêts, ils prennent l’habitude de faire un
check-up complet de tous les organes du vaisseau, de refaire les pleins
d’énergie, de procéder à quelques réparations plus ou moins majeures.
Il peut y avoir ainsi des étapes sans pratiquement
aucune panne détectée, d’autre avec une foultitude de choses à remettre en
état. Parfois les jauges d’énergie sont seulement au plus bas : la machine
ne peut plus aller plus loin en toute sécurité, parfois non.
Juste un obstacle imprévu qu’il faut cerner.
Mais à chaque fois, l’arrêt prend quelques jours,
parce qu’ils décident de cartographier l’espace « de leur point de
vue ». On entre ainsi au fil du temps dans des portions de l’espace où
personne n’a jamais été. Et l’univers visible – et celui qui rayonne dans
l’invisible mais qui reste détectable par les instruments de mesure – se
modifie du tout au tout : une mine d’informations inégalée pour les
scientifiques de la Garde !
Non pas directement, puisque tout sera effacé des
mémoires sur le chemin du retour, mais pendant les quelques mois où la route
est tracée et pas encore refermée, Paul imagine à juste titre que La Garde, le
seul organisme qui connaît la localisation précise dans le temps et dans l’espace
des « balises » laissées par Paul dans son sillage, « maintenant »
et « à jamais », enverra bien quantité de sondes et d’engins, à n’en
pas douter.
Ainsi, jamais aucune sonde n’aura été aussi loin dans
l’espace profond.
Ce qui reste curieux, c’est que les galaxies
lointaines, les plus jeunes, semblent vouloir rester en nombre important, quel
que soit l’azimut où elles sont détectées.
L’univers apparaît n’avoir aucune limite, hors le
rayonnement fossile, qui reste le même dans toutes les directions, sauf les
« irrégularités » déjà connues sur Terre et ce « point
bleu » qu’ils ont visé dès le départ qui s’intensifie de fil en aiguille.
Disons qu’il grossit, et en son sein, on distingue
désormais une toute petite portion qui approche le zéro absolu comme jamais. À
peine 0,000.01 °K !
C’est celui-là qui grossira au fil de leur
progression, jusqu’à devenir « non mesurable » sur l’échelle des
températures : le noir absolu, là où il n’y a rien, même pas ce
rayonnement fossile, le siège de la matière « mange-énergie », les
« sans-âmes » vers lesquels ils emmènent les Krabitz chargés de les
« avaler », de les métaboliser…Incroyable, l’univers a-t-il une fin, une
limite ?
Au 95ème saut, alors que les précédents sont
« sans histoire notable », mêmes alertes en cascade que lors du 5ème
saut. Paul était prévenu : là, ça ne peut pas être une ânerie de
navigation.
Il ne sait plus quelle heure, ni quel jour il est
malgré qu’il ait tenu un calendrier à jour, comme un prisonnier qui coche une
barre sur les murs de sa cellule chaque jour qui passe.
En fait, sa montre possède une fenêtre indiquant le
jour, mais combien de fois, l’avait-il avancé à bon escient à l’occasion des
mois courts de 30 ou 28 jours ?
On doit en être au 15ème mois, peut-être le
14ème ou le 16ème, de navigation monotone, mais il allait
falloir se battre, il le sait déjà.
L’état du vaisseau n’est alors pas au mieux et Axel
s’est précipitée pour régler les urgences et redémarrer les générateurs
identifiés comme déphasés.
Paul lui s’occupe de l’environnement immédiat.
Il y a quantité de « grosses pierres »,
grosses, c’est de plusieurs kilomètres, qui suivent des trajectoires convergentes.
Le problème, c’est que ça ne vient pas d’une seule
direction, mais de plusieurs à la fois.
Pas de doute, ils sont tombés dans une sorte de
traquenard : une intelligence quelconque dirige ces pierres vers eux, qui
se sont mises en mouvement dès que le vaisseau volé à la légion s’est
matérialisé dans leur espace !
Il va falloir livrer bataille.
C’était prévu…
Seulement voilà, ces « assaillants » sont
encore loin, mais ils sont nombreux. Ils ne volent pas vite et ne sont pas
visibles à l’œil nu, même s’ils apparaissent clairement sur les focales des
instruments du bord.
Quant aux niveaux des réserves d’énergie du vaisseau,
elles sont des plus faibles, à peine 3 %. Et 95 % des générateurs se sont
déphasés depuis leur départ. Pourtant, en prévision, ils avaient perdu un peu
de temps à les rendre disponibles à hauteur de 100 %.
Et d’avoir fait les pleins de matière et antimatière à
hauteur de 90 % des capacités. Au-delà, par exemple 98 % ça prend un temps
fastueusement et inutilement long.
Il vaut mieux remplir deux fois à 70 %, on va plus
loin et ça demande des arrêts beaucoup plus courts.
« – Comment
va-t-on pouvoir faire face ?
– Est-on
sûr que ce sont des hostiles ? »
Là, il ne faut pas trop en douter, d’après Paul.
Pourtant, à l’observation, quel que soit le spectre,
ce sont des astéroïdes tout ce qu’il y a de plus inoffensif. Pas la trace d’une
seule arme de projection.
« – Tu sais
quoi Axel, pour en avoir le cœur net, je vais aller au-devant avec une des
barges.
–
Excellence… ça peut être dangereux.
– Bé oui,
mais je préfère avoir l’initiative plutôt que de faire uniquement confiance à
nos systèmes de défense.
– Les
barges sont très limitées en cas de problème.
– Elles
ont un canon à antimatière, non ?
– Un
seul. Et deux tourelles d’auto-défense. Nous, on peut sortir plusieurs
tourelles…
– Eh bien
voilà ce qu’on va faire. Toi tu restes et tu mets en branle l’armée des robots
et droïdes pour réparer cette foutue barcasse. Mais tu consacres un peu des
réserves d’énergie à ces fameuses tourelles.
– Euh, je
ne sais pas comment elles fonctionnent.
– Les
cyborgs du bord si !
– Mais je
vais en avoir besoin pour les remises à niveau.
– La
priorité, c’est le vaisseau. Sans lui, nous ne sommes plus rien et notre
mission échouera. Alors tu le mets en état de combat, avec bouclier et tout.
Celui-là, tu vas l’ouvrir pour me laisser passer, à l’aller et à mon retour.
Ok ? »
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