Tentatives
de rapprochements
En attendant, il ne va pas pouvoir retourner au bureau tant que l’anglaise y sera. Il imagine déjà la tête de sa secrétaire… Sans compter que bien que prétendant garder tous les secrets de son patron, elle ne manquera pas d’y faire une allusion oiseuse à Isabelle, la Présidente, dès la première occasion.
Non ! Il n’avait pas encore vu le juge d’instruction. « Et ce n’est sûrement pas les flics qui en ont causé, tu les connais. Encore que je ne sois pas sûre qu’il en ait vu un avant de disparaître, sauf peut-être celui qui a pris sa déposition. Mais tout cela est forcément antérieur à l’apparition de la liste. Donc… Ton frère était au courant avant tout le monde ! »
« Réfléchi deux secondes. Il y a trente ans comme maintenant, on manque d’organes à greffer. Or, Risle se fait une réputation régionale, puis nationale et maintenant internationale sur les greffes. Il en va jusqu’à monter un réseau mondial à travers sa fondation dédiée. Comment a-t-il pu se procurer la « matière première » essentielle mieux que les hôpitaux publics ? »
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Ça alors ! Mais qu’est-ce qu’elle veut, cette gamine, à la fin ?
« Oh bin, ce n’est pas bien
difficile à comprendre ! Toi, tu dois avoir un « truc » que tu ne veux pas
dire, mais qui leur font faire à toutes des milliers de kilomètres. Ce n’est
pas possible autrement. Tu sais quoi, le jour où je deviens hétéro – Dieu m’en
garde ! – c’est avec toi que je veux être déniaisée ! » dit Charlotte sur
le ton de la plaisanterie.
Et d’ajouter : « Faut absolument que
je sache avant de mourir ! »
« Tu n’as qu’à demander à Aurélie !
» fait-il en réplique, faisant allusion à leur rencontre à tous les trois [1].
Aurélie faisait du « bateau-stop » sur les quais du port de Calvi durant l’été
2006. Et ce n’est qu’après l’avoir embarquée que vint s’ajouter, en trio, la
Charlotte à la pointe du nez qui bouge toujours quand elle parle.
En attendant, il ne va pas pouvoir retourner au bureau tant que l’anglaise y sera. Il imagine déjà la tête de sa secrétaire… Sans compter que bien que prétendant garder tous les secrets de son patron, elle ne manquera pas d’y faire une allusion oiseuse à Isabelle, la Présidente, dès la première occasion.
Déjà qu’en ce moment, ce n’est pas facile avec Mylène à cause de la même
anglaise, alors demain avec d’autres, ça ne va pas être simple…
Il se saisit de son téléphone : « Françoise
? Bonjour ! Paul. Il paraît que vous avez une visite pour moi ? »
Effectivement. « Elle vous attend
mais n’a pas voulu dire pour quelle raison elle veut vous voir. Il faut dire
que je ne comprends pas tout-à-fait tout de son anglais. Elle est bien jeune,
je trouve, Monsieur le Directeur Général ! »
Garce !
« Dites-lui que je suis en Ardèche,
qu’elle dégage loin de mon horizon. Non ! Plutôt que je suis sur la péniche.
» Et puis changeant une nouvelle fois d’avis : « Non ! En Ardèche et vous prévenez sur place, si par hasard elle y
arrive, qu’on lui dise que je suis sur la péniche. Elle finira bien par se
décourager ! »
Et l’autre de demander, ingénue : « Vous
êtes où en fait ? En Ardèche ou en Normandie ? »
D’abord en Ardèche et qu’elle dégage ensuite dans le Var : il lui faut
d’abord récupérer son avion et sa moto avant de remonter bosser sur le
prototype du Nivelle 001. Là au moins, personne ne peut entrer sans la
permission du chef Rémarde ou de son épouse Lydia…
Encore moins en sortir.
Et pour reprendre leur conversation, Charlotte fait un topo des travaux en
cours sur l’affaire de la « liste des mille ».
Est bien décédée une Ariane Duru, 55 ans, à Nice jeudi dernier. « D’après les témoins il y aurait eu comme un
grand éclair qui sortait de son appartement. Comme une explosion qui aurait
tout consumé chez elle, en commençant par elle. Les pompiers ont découvert son
corps calciné avec un gros trou au niveau du thorax. On n’en sait pas plus pour
le moment sur le sujet. »
En revanche, elle s’est procuré une copie de ladite liste. « Ton frère y est bien et la fille qui est
morte aussi. Mais elle en 1.000ème position et ton frère
effectivement en 957ème. Je ne savais pas que tu avais un frère.
Peut-être même une famille complète aussi, moi qui croyais que tu étais né des
amours de Mars et de Vénus, à voir galoper toutes ces femmes folles de ton
corps ! »
Ce n’est pas le sujet.
« Oui, mais attend ! J’ai ainsi
découvert que tu as eu un père magistrat mort au volant de sa voiture. Et que
celui-ci, d’après la liste que tu nous as fournie, enquêtait sur des morts
suspectes dans la centrale pour femmes de Normandie. »
Jusque-là, grâce à « DD » qui se joint à leur conversation, pas de souci.
« En revanche, ce qui est curieux c’est
que tous ces décès d’une autre époque ramène au père de ton actuelle belle-sœur.
Edmond Risle. Se connaissaient-ils ? »
Paul ne peut pas savoir, mais vraisemblablement que non.
« De toute façon, on en saura plus.
« DD » a pu identifier le directeur de la prison, un autre a fini sénateur, on laisse tomber, et la matonne-chef de
l’époque. Les quelques-uns qui sont encore en vie. Je te propose qu’on aille
les interroger : ils ne risquent plus rien s’ils ont des choses à cacher,
puisque ces faits sont largement prescrits. »
Pourquoi pas, en effet ?
« Bon, comme je sais encore
additionner 2 + 2, manifestement, puisque tu m’as demandé aussi de faire un
topo sur la fondation E. Risle, je présume que tu as des choses à me dire que
tu ne veux pas me dire. »
Lesquelles ?
« Raisonne un peu ! Tu dis que ton
frère a eu une peur-bleue pour sa vie alors que manifestement, il n’est pas une priorité de
la « liste des 1.000 », que tu commences par la fin et à rebours, ou par la
tête de liste. Et la première chose qu’il fait c’est de commencer par tout
plaquer pour que toi, tu le mettes à l’abri. Et toi, pilote émérite, tu te
plantes dans l’eau sur le seul appareil de ta flotte que tu ne pilotes jamais
pour n’avoir pas de flotteur. J’en conclue que tu te fous du monde et qu’il est
planqué quelle que part sur la côte adriatique. Je parierai bien sur ton hôtel
à Kotor. »
Bon et alors, est-ce son problème ?
« Ok ! Nous en sommes d’accord.
Parce que la liste est bizarrement foutue. » Et elle tend la liasse de
pages à Paul qui y lit : « Vous avez mis
la nation et le peuple à genou. Tous à des degrés divers vous paierez pour vos
crimes. Subiront le châtiment de Dieu tout puissant, à un moment ou à un autre,
ceux désignés par le doigt de la justice divine, à savoir les personnes
suivantes : » Et suit la liste.
« Tu auras noté qu’on commence par
le président de la république, sans le nommer. Puis les personnages dans
l’ordre du protocole, toujours sans les nommer. Tu suis ? »
C’est exact, constate-t-il.
« Des ministres en exercice, des
députés et sénateurs, d’autres qui ne le sont plus. Car, dès la deuxième page,
apparaissent des noms et des prénoms, parfois des fonctions. Et si tu poursuis
un peu plus loin, tu retrouves Edmond Risle, vers les trois centièmes. Pas un
peu curieux, pour toi qui reste un peu plus intelligent que la moyenne mondiale
? »
Qu’est-ce qu’elle veut dire, là ?
« Deux choses. Pourquoi un grand
bienfaiteur de l’humanité, pour sauver de nombreuses vies grâce aux greffes
d’organes dont il fait métier, est mêlé à cette liste d’aigrefins dont pour
beaucoup, on ne voit pas bien ce qu’on peut leur reprocher comme pour la morte
de Nice qui est vraiment une ignorante du monde des affaires ou de la politique
? »
En effet, en effet…
« Coup sur coup, la famille Risle
apparaît, sur la liste, mais aussi dans ta famille par ton frère interposé et, en pointillé
sur celle de ton père, d’il y a trente ans. Ça fait beaucoup de coïncidences en
si peu de temps ! »
Donc ?
« Oh là, tu me déçois, tu sais !
Donc, et je ne sais pas comment, mais il y a un rapport étroit. »
Et toujours pragmatique, Paul de demander : « D’accord. Mais lequel ? »
« On cherche ! »
« Oh bé là, c’est toi qui me déçois.
Tu vieillirais ma puce ? D’autant que ça n’exclut nullement d’autres «
recoupements » qui n’apparaissent pas encore… »
Pan dans les dents : elle n’aime pas du tout ce sobriquet qui lui rappelle
ses propres formes et silouette qu’elle juge bien trop épaisses à son goût.
« Je ne plaisante pas. C’est la
liste qui fait fuir ton frère. Comment savait-il qu’il devait être au courant ?
C’est sur la même liste qu’on retrouve le gendre et le beau-père. Sur mille,
rapporté à quelques 44 millions d’électeurs ou 100.000 élus ou responsables
divers, la probabilité est quasiment nulle pour ressembler à une coïncidence
absolue : sous réserve d’un recoupement plus approfondi, ce serait d’ailleurs
la seule de toute la liste, visant deux personnes de la même famille. Et puis
il n’y a pas que ça ! »
Ah, enfin un élément nouveau qui appuierait ses déductions ?
« Devine sur quoi travaillait ton
frère au Parlement européen ? » Là, il sait. Mais elle poursuit. « Sur les deux CD-Rom que tu m'a fait ouvrir,
si l’un correspond à des archives de travaux courants du Parlement, des projets
de textes, etc., l’autre ne contient que des rapports, courriers et notes sur
la bioéthique avec une forte proportion relative aux greffes d’organes. »
Logique !
« Bé oui, Jacques coprésidait la
commission parlementaire sur le sujet. Par ailleurs, je réponds à ta première
question, quant à savoir comment il connaissait l’existence de la liste : il en
a même déposé plainte devant le tribunal, pour avoir reçu des menaces de mort
directement sur ses lieux de résidence. Je suppose qu’on a dû l’en avertir
d’une façon ou d’une autre. »
Non ! Il n’avait pas encore vu le juge d’instruction. « Et ce n’est sûrement pas les flics qui en ont causé, tu les connais. Encore que je ne sois pas sûre qu’il en ait vu un avant de disparaître, sauf peut-être celui qui a pris sa déposition. Mais tout cela est forcément antérieur à l’apparition de la liste. Donc… Ton frère était au courant avant tout le monde ! »
Et il ne lui aurait pas tout dit ? Mais non ! Ses menaces reçues faisaient
déjà référence à la « liste des mille ».
« Mais comment ça ? »
« Soit il en est l’instigateur,
direct ou indirect, soit il a capté des conversations qui y faisaient allusion.
Je ne sais pas encore », admet-elle.
Mais puisqu’il a été parmi d’autres à recevoir ce type de menaces…
« Bref, on est en pleine
manipulation d’opinion sur un sujet qui n’est pas « l’oppression du peuple »
par ses gouvernants, mais un « truc » qui tourne autour de la bioéthique ou des
greffes d’organes. »
Comment peut-elle affirmer ça ? C’est drôlement tiré par les cheveux, mais
Paul sait aussi toute la puissance déductive des quelques neurones de son
associée quand ils se mettent en branle autrement que pour séduire des femmes.
Quoique à ce jeu-là, elle tient également la corde, comme d’une redoutable
concurrente, à entendre les « orages amoureux » qu’elle entretient avec Aurélie
par « épisodes houleux »…
« Ok ! Pas d’accord. Je te le
répète, il y a peut-être d’autres liens, d’autres recoupements à faire mais qui
n’apparaissent pas encore à ce stade de l’enquête ! »
Eh bien, quand ils auront été identifiés et découverts, alors elle
changera d’avis. Mais pour le moment, elle fait avec ce qu’elle a.
« Admettons que tu aies raison. Quel
rapport avec la liste de mon père ? »
« Trafic d’organes : je ne vois que
ça comme point central. »
Là, elle y va fort pense Paul.
« Réfléchi deux secondes. Il y a trente ans comme maintenant, on manque d’organes à greffer. Or, Risle se fait une réputation régionale, puis nationale et maintenant internationale sur les greffes. Il en va jusqu’à monter un réseau mondial à travers sa fondation dédiée. Comment a-t-il pu se procurer la « matière première » essentielle mieux que les hôpitaux publics ? »
Elle raconte n’importe quoi, là !
« Les transplantations sont anonymes
et organisées de façon transparente en France ! »
« Un, pas partout dans le monde.
Deux, même en Europe, le critère de la proximité d’un organe disponible reste
important pour un receveur, juste après les critères de groupe sanguin et de
rhésus. Tout le monde sait ça. Mais j’imagine que les types de réactions
immunitaires doivent jouer leur rôle quant aux traitements anti-rejets
appropriés. Il se peut que certains soient plus ou moins supportables par le
greffon et le receveur. »
Et alors ?
« Comme en Chine, quoi de plus
intelligent que de planter une clinique à proximité d’une ruche, d’un vivier
d’organes vivants dont les familles ne seront pas très regardantes quant à
leurs destinations finales, à savoir une prison recevant en pension des
criminelles dont tout le monde veut oublier l’existence ? »
Mais pourquoi une prison de femmes, alors ?
La question qui tue…
« Je ne sais pas. Un réseau de
solides complicités, probablement ! »
D’où son idée d’aller renifler chez les retraités de la centrale qu’elle a
identifié avec « DD ».
À ce stade, il faut qu’elle sache le reste.
« Ce n’est pas tout ! »
intervient Paul.
Quoi ?
« Le week-end de la pentecôte, outre
la « Shirley » que tu as vu passer et à qui, j’insiste, je n’ai rien fait, j’ai
rencontré l’arrière-grand-père du marié. Et devine de quoi il me parle entre la
poire et le fromage ? »
De la liste ou de la fondation Risle ?
« De faire partie du comité
stratégique d’une fondation traitant justement de greffes d’organes. Mais ce
n’est peut-être pas la même, puisqu’elle est située au Canada ! »
C’est celle-là. Et de montrer la plaquette imprimée depuis le site
retrouvé par « DD » sur internet.
« Bé merde alors ! » fait Paul,
scié par l’information qu’il pressentait de toute façon depuis sa conversation
avec Jacques.
« Et puis ? Tu as autre chose à me
dire ? »
Paul se remet en mémoire la suite de son idée.
« Oui… Deux choses ! Jacques a eu le
temps de me dire qu’il était franc-maçon. »
Beurk !
« Je ne sais pas si ça a un rapport,
mais il me semble qu’il ne fait pas trop confiance à ses
frangins/frangines-trois-points, parce qu’il n’est pas allé chercher protection
auprès de leur solidarité mutuelle, mais chez moi. Son seul vrai frère…
Consanguin et utérin. »
« Germain. On dit germain, dans ce
cas-là ! Bon, et c’est tout ? »
Non pas.
« Sur place en Angleterre, mon hôte,
celui qui m’a fait la proposition un peu iconoclaste, puisqu’on parlait de
fusions d’atomes, il vit avec ses deux petites-filles, dont la mère du marié.
Et elle, elle m’a tenu un discours assez stupéfiant, mais bien argumenté quant
à la stratégie de développement de ses activités industrielles, qui m’a semblé complétement
allumée, genre hyper-facho, une histoire de « maître du monde » ou je ne sais
quoi. »
« Les illuminati, peut-être ? Une
secte parmi les francs-mac aujourd'hui disparue ! Quoique ... »
Ce sont eux qui alimentent les thèses les plus farfelues d’un complot
international.
« Je ne sais pas, mais ça m’a fait
froid dans le dos. »
Et Charlotte, de faire un nouveau rapprochement, une « corrélation
hypothétique ».
« Ces gars-là, ils croient qu’ils
peuvent asservir l’humanité entière. Et c’est vrai qu’avec les techniques de
greffes d’organes, on a pouvoir de vie ou de mort sur la vie des autres. Tu les
greffes ou tu ne les greffes pas. Et après coup, si ça ne marche pas, rien à
cirer puisqu’ils sont morts. Mais si ça marche, ils ne peuvent plus rien te
refuser, croyant que tu détiens les clés de leur immortalité. Pas mal comme
idée, hein ? »
Décidément, ça fait beaucoup.
« On est donc bien en pleine manip
autour de ça », fait-elle un peu énigmatique.
Quoi, « ça » ?
« Eh bien d’un groupe actif qui
serait le bras armé d’intérêts obscures autour du thème de la vie éternelle à
travers les greffes, par exemple. Prêts à tout pour faire infléchir nos
dirigeants ? Je ne sais pas, mais ce n’est pas idiot… Mais pourquoi en France ?
Pourquoi maintenant et pas avant ou plus tard ? Faut que je cherche, là. »
Qu’elle commence par remonter la piste du père de Paul.
D’autant que dans le langage de Lady Catherin, ce n’est pas tant les
greffes qui restent le moteur de cette soi-disant suprématie, mais la
nanoélectronique. Mieux encore dans le discours de Lady Margareth.
« L’un n’empêche pas l’autre ! »
« À propos, il est mort comment ton
père ? »
Au volant de sa voiture d’un AVC, en rentrant du bureau un jour de semaine
banal. « Tu sais, je ne m’en souviens
plus très bien : j’étais petit, à l’époque. Pourquoi ? »
« Supposons, supposons seulement,
qu’il ait été gênant pour quelqu’un, il aurait pu être éliminé, non ? »
Gênant pour qui ?
« Sa fameuse liste bizarre. »
Ce qui les ramène à sa première idée d’aller enquêter du côté des
survivants de cette époque.
« Ce qui est sûr, c’est que je me
souviens très bien qu’autant les gendarmes, que les flics, que la chancellerie,
que ses collègues, tous ont emmerdés ma mère à la recherche d’un dossier
soi-disant égaré par Papa. Et longtemps, en plus. Ils ont fouillé partout bien
qu’on ait toujours eu la certitude que Papa ne ramenait jamais de dossier à la
maison. Sauf justement cette fameuse liste cachée dans le coffre à jouets de
Jacques. Tu crois que ce serait pour ça ? Et alors, comment provoquer un AVC
chez quelqu’un de prudent, qui n’avait aucun écart de conduite, une hygiène de
vie rigoureuse, enfermé dans sa voiture ? »
Elle ne sait pas.
« Tu avoueras que c’est quand même
bizarre, cette histoire de liste. Et puis pour ton père, qui semblait encore
jeune pour l’époque de son décès… »
« … À peine la quarantaine dépassée.
Il aurait eu soixante-quinze ans à l’automne prochain… »
« … l’AVC n’est pas vraiment
fréquent. Même une rareté médicale si tu dis qu’il ne buvait pas, ne fumait pas
et n’avait pas de souci de santé. »
Paul confirme… a priori.
« Parce que je ne sais peut-être pas
tout, mais il ne se plaignait jamais de rien et ne savait même pas ce qu’était
un médecin ni un dentiste, crois-je me souvenir. »
Et voilà que c’est lui, qui maintenant se met à douter de ses certitudes.
Jacques, la liste des décédées, la « liste des mille », Risle au milieu de tout
ça, McShiant et sa petite-fille, la trouille de Jacques…
« Charlotte ! Je veux en savoir
plus, s’il te plaît. »
« J’ai quoi en échange ? Je peux
convertir ta « Shirley » si Aurélie m’y autorise ? »
Mais ce qu’elle est bête, parfois, pense Paul pour lui-même…
Là-dessus le téléphone sonne. C’est la secrétaire du siège parisien qui
annonce que la petite anglaise est partie pour l’Ardèche et que vient d’arriver
sa belle-sœur !
Laquelle ?
[1] Voir l’épisode : « Le Feu » à paraître aux
éditions « I-Cube ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire