L’enquête officielle…
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Isabelle Nivelle reçoit ses invités impromptus en parfaite « bourgeoise provinciale
», ravie d’avoir de la visite, sur sa terrasse face au soleil couchant derrière
les montagnes : dans quelques minutes, il fera frais.
« Parce que comme ça vous m’avez dit
qu’il y a une troisième victime et la seconde sur le même mode opératoire. Il
s’agit de qui et de quoi ? »
Qui, il est vite mis au courant. Quoi, en fait, ils ne savent pas.
« Comme d’un lance-flamme qui ravage
tout, mais qui en plus ferait un trou, comme un petit obus ou une balle de gros
calibre. »
Ça, c’est assez facile à identifier pour Paul.
« Vous avez pensé à faire rechercher
des traces de métaux lourds par vos labos, sur les lieux des crimes ? »
Qu’est-ce qu’il veut dire ?
« Qu’il existe des munitions
pyrophores. Ça n’a d’intérêt qu’à partir du calibre 20 pour percer des
blindages légers. Mais on l’utilise aussi sur du 30 sur des avions de combat,
les Fairchild américains par exemple, du 75 de campagne ou plus sûrement sur
des obus flèche de nos chars. On en a monté ici il y a quelques années. »
Et en quoi ça consiste ?
« On remplace le chemisage de l’obus
par de l’uranium appauvri. Parfois même tout le corps de la charge qui du coup
n’explose pas et évite les dommages collatéraux aux populations civiles, mais
fond le blindage par effet calorique et projette à l’intérieur de l’habitacle
de l’acier en fusion. Destructeur pour l’équipage ! »
Mais c’est dégueulasse !
« Si vous saviez tout ce qu’on n’a
pas inventé pour tuer autrui, Madame la juge ! Ça prendrait des années pour en
faire un tri. »
« Et quel est l’effet sur un corps
humain ? » demande le directeur Scorff.
Paul n’a jamais vu ni entendu parler. « Mais pour sûr, en plus de faire un gros trou, ça cramerait tout ce
qu’il y a derrière le point d’impact. Mais bon, un 20 mm, faut quand même une
voiture pour le porter, vous savez. »
Ça peut exister en calibre plus petit ?
« Sans doute. Pensez que ce qui
chauffe le métal, outre l’impact, c’est la traversée de l’atmosphère durant son
trajet. S’il y a donc une flamme après avoir touché la victime, ça peut être du
9 mm ou du 11,43. Mais quel intérêt à part le côté pyrotechnique destructeur ?
On peut imaginer en doter des
cartouches de 7,62 par exemple. C’est un calibre qui tire vite et loin. Mach
2,5. Sur un trajet de moins d’une demi-seconde, donc sur au moins une distance
de 400 à 500 mètres, l’uranium peut commencer à flamber. Ça, je l’ai vu avec
les avions de l’Otan sur cible à l’entrainement. Mais je rappelle que c’était
du calibre 30. Et à 500 mètres, faut être un tireur bien entrainé pour être
assez précis sur une cible humaine mouvante. »
Oui, ceci peut expliquer cela, notamment pour la troisième victime.
« Le tir a eu lieu en rase campagne
sur sa voiture. Le témoin dit avoir vu un éclair horizontal traverser l’engin.
On n’a pas retrouvé tous les morceaux du bonhomme. »
« Ça innocenterait aussi notre
suspecte, du coup ! » rajoute la juge.
Seulement si l’hypothèse est confirmée par des traces d’uranium appauvri
dans le véhicule, corrige Paul.
« Exact, mon cher ! » fait le
directeur Scorff. « Je sens que j’ai bien
fait de tourner le dos au bœuf-carotte mijotée par ma « Germaine ». D’autant
que ça sent bon ici ! »
La madame, elle est servie, justement apprend-on dans la foulée.
« On passe à table ! »
Et c’est qui cette suspecte ?
« La secrétaire de la victime. Elle
était à proximité un peu curieusement en ce lieu, pour être la troisième
personne arrivée sur les lieux du drame. Pas d’alibi donc, et vraisemblablement
des mobiles assez sérieux. On en a un également pour la première victime, mais
son alibi a été vérifié tel qu’on a dû l’écarter malgré des tombereaux de
mobiles récoltés dans le voisinage. »
Et le policier, devenu tout d’un coup bien plus disert dès après la
première fourchetée avalée, remis en confiance par le petit rosé des coteaux
avoisinants, de raconter que le mari avait fait savoir à tout le monde que dès
qu’il aurait eu l’argent nécessaire, raison pour laquelle c’est un assidu des
jeux de grattage, de hasard et au PMU, il mettrait un contrat sur la tête de sa
femme.
« Et comme il a gagné une somme
rondelette récemment, on l’a quand même gardé sous les verrous pour tenter
d’identifier son « tueur à gage ». On verra bien où ça nous emmènera. »
« Je vous
rappelle que ce mobile ne colle pas avec le mode exécutoire d’un tueur à gage à
la petite semaine, mon Cher Scorff. Personnellement, je n’aurai pas signé sa
mise en détention. »
Elle fait comme elle veut : le procureur de Nice en a décidé autrement.
« Mes coéquipières sont sur place à
Nice. Pour savoir ce que sont devenus les organes de la victime. »
Pourquoi ? Penche-t-il pour un lien quelconque ?
« Bé oui ! Nous on fait l’équation
suivante, pour ne pas s’arrêter aux seuls faits nouveaux sur lesquels vous
enquêtez. Je vous préviens, je ne cherche pas à vous convaincre, parce que
c’est un peu hasardeux : mais vous connaissez les capacités déductives de ma
Charlotte. »
De quoi s’agit-il ?
C’est Isabelle qui pose la question pour les deux autres.
« On a la mort de mon père, il y a
des années. C’était un juge d’instruction comme vous, versé au parquet de Rouen
au moment de son décès.
Rien de suspect, sauf que les autorités
de l’époque cherchaient un dossier qui n’existait pas.
Or, ce dossier a été récupéré par mon
frère plusieurs années plus tard. »
Il contenait quoi ?
« Une liste de nom de femme. Notre
Grand-père, un avocat au Conseil, a pu identifier qu’il s’agissait de
pensionnaires de la centrale pour femme de la région, décédées dans des
circonstances qui pouvaient paraître suspectes.
On n’en sait pas plus jusque-là, sauf
que c’est mon frère qui me l’a rapporté la veille de sa disparition.
Je me suis permis d’en faire copie que
voici dès mon retour d’Adriatique. »
Et il tend les deux feuillets restés pliés en quatre dans la poche intérieure
de sa veste.
« Résultat, mes coéquipières sont
allées interroger une ancienne matonne de cette prison, qui confirme des «
choses suspectes ». On peut dire que ça pourrait impliquer le gratin local des
célébrités de l’époque, mais je n’en sais pas plus aujourd’hui.
Sauf que, sauf que, Jacques, à une
époque reculée a vu passer une ancienne détenue de ce « parc d’attraction-là »,
qui lui a aussi incidemment confirmé que des choses pas claires existaient dans
ce lieu de détention.
Passons… Le plus étonnant, c’est que
déjà le futur beau-père de Jacques, le second, trainait dans le coin. Et a pu
faire sa fortune sur les greffes d’organe dont le vivier fournisseur aurait pu
être cette prison elle-même.
Naturellement, c’est à confirmer. »
D’où l’idée d’aller faire un rapprochement entre la « liste des mille » et
l’activité de la fondation Risle.
« C’est absurde ! » commence
Scorff. Le trafic d’organe n’est pas possible en France.
« Et puis après le feu ravageur du «
doigt de dieu », dans les deux cas, il ne reste rien d’exploitable pour une
greffe. Même pas pour des implants capillaires ! »
Scorff doit savoir ce qu’il en est : il lui manque tellement de cheveux…
« Continuez ! », fait la
juge à Paul.
« Je sais, c’est à confirmer ou infirmer.
Comme ce n’est pas vous qui allez le faire, c’est « CAP Investigation » qui s’y
colle. Pas grave, je veux savoir qui en voulait ainsi à mon frère jusqu’à le
mettre sur la fameuse liste qui lui faisait si peur : une façon posthume de me
dédouaner, au moins partiellement, de sa mort dont je me sens responsable au
premier chef quand même. Vous interpréterez ça comme vous voudrez. »
Il n’est pas le seul à avoir peur.
« On parle depuis quelques jours et
avec insistance d’un remaniement ministériel majeur. Ils sont nombreux à être
visés anonymement par cette liste… »
Ça s’affolerait « au château » ?
« Depuis les régionales, on parle de
remaniement et on ne voit rien venir…
Bref, il y a un lien, nous ne savons
pas lequel et nous ne faisons que supputer, entre l’ancien directeur de cette
centrale, ces histoires de greffes et la « liste des mille ». Lequel, à nous de
trouver.
Parce que parallèlement, mon frère
Jacques est sur cette liste et c’est absurde : c’était un honnête. Tout comme
notre père. Mais celui-là, on n’en sait rien d’autre que ce fameux dossier
perdu et retrouvé, qui nous ramène à ladite centrale, ce qui nous ramène alors
à ses activités disons, « bizarres », qui peuvent s’expliquer alors par la
proximité de la fondation à naître du professeur Risle, qui se trouve être
justement le beau-père de mon frère depuis quelques années et son deuxième
mariage…
Si on ne tourne pas autour du même pot,
je vous offre une caisse d’hospice de Beaune à tous les deux ! »
Et de rajouter : « Y’a un truc qu’il
faut que je vous dise aussi, ça n’a peut-être aucun rapport, mais c’est assez
curieux. Vous me connaissez un peu. Moi, je suis porté sur les douceurs de la
gente féminine, les avions et les sciences dures. Eh bien par deux fois depuis
la pentecôte, on me fait des pieds et des mains pour que j’entre au Conseil
stratégique de la fondation du père Risle qui fait dans la science du vivant à
laquelle je ne connais rien. Ça fait beaucoup, non, en si peu de temps ? »
Curieux, en effet.
Un hasard ?
« Vous croyez encore au hasard,
Monsieur le directeur ?
Je crois que cette affaire nous dépasse
encore : mettre sur la « liste des mille » des politiques de premier niveau en
les mélangeant avec des alcooliques anonymes et passer à l’exécution par le bas
avec des procédés assez tordus pour nous brouiller la vue, genre, la munition
employée et les suspects mis à votre disposition, comme tout désignés, ça
procède d’un plan d’ensemble assez complexe pour être improbable, j’en
conviens.
Et justement assez improbable pour ne
pas attirer nos attentions…
Pourquoi des « politiques » si ce n’est
pour faire pression sur leurs décisions ? Pour le moment, aucun n’est vraiment
en danger immédiat, finalement.
Sur quelle décision doit-on faire
pression ? Ça, c’est de votre ressort et compétence, via vos hiérarchies
respectives.
Mais encore, vous faut-il avaliser
l’hypothèse d’un complot. »
Ce qui est contradictoire avec la démarche de recherche d’organe…
« À moins, ma vénérée Présidente,
que les deux choses soient liées, justement ! On doit discuter de la loi
Bioéthique de 2004, sous peu, non ? »
Reste qu’il ne peut pas confirmer ou infirmer.
« Tordu ! » laisse tomber
Scorff.
Il faut en convenir.
« Alors, je vais vous en rajouter
une couche. Savez-vous ce qu’est devenu le fameux directeur de la centrale de
l’époque ? Eh bien il a un blog qui annonce sa candidature à la prochaine
présidentielle, alors qu’il a été jeté de son parti qui l’a porté au Sénat, où
il siège actuellement.
Et que lit-on sur son blog ? Des propos
carrément proche des positions royalistes ou réactionnaires du style où même
les frontistes pourraient passer pour des gars de gauche extrémiste.
Il n’évoque pas Dieu, mais bien les «
valeurs éternelles de la France ». On n’est plus très loin de la justification
de la « liste des mille », non ? »
Un autre hasard de circonstance : « N’importe
qui peut tenir ce genre de propos, ça n’en fait pas pour autant un criminel.
Y’a-t-il des propos diffamatoires, racistes, antisémites ou xénophobes sur ce
blog ? »
Paul ne sait pas.
« Donc on ne peut rien faire sur ce
gars-là. Même pas l’inquiéter, et surtout s’il est sénateur : immunité
parlementaire oblige ! »
Eux, non. Paul, si.
« C’est très hasardeux, Monsieur de
Bréveuil » fait la juge ; « même si
je comprends bien les sentiments qui vous animent. Faites attention à ne pas
aller trop loin pour pas que j’aie à instruire contre vous sur intervention du
Sénat. »
Bien sûr, bien sûr : il sait ne pas aller trop loin.
« Pour finir cet excellent repas, je
vous en redonne encore un peu plus. Il se trouve que je suis allé en Écosse
récemment, sur l’invitation de ma hiérarchie et celle des services de
renseignement de sa gracieuse majesté.
Un week-end harassant, comme je les
aime. »
Ah ! « C’était donc ça cette balade
outre-manche ! » s’étonne Isabelle Nivelle.
« Oui. Voilà pourquoi je ne pouvais te
parler que du mariage du fils d’une amie à Norwich. Eh bien, c’est son
grand-père qui m’a demandé d’aller à ce fameux conseil de la fondation de
Risle.
Et si lui est un génie méconnu et
peut-être un peu farfelu, la mère du marié m’a tenu un discours assez proche de
celui qui aurait pu inspirer la périphrase de la « liste des mille ».
Sur le coup, je n’ai pas fait le
rapprochement, parce que je ne connaissais pas son texte.
Bref, aussi étonnant que cela puisse
paraître, tout ramène à Risle. Et permettez-moi, Monsieur le Directeur,
d’essayer d’en savoir un peu plus, rien que pour vous confirmer que finalement,
c’est vous qui avez raison. Cela ne vous ennuie pas, au moins ? »
Non, bien sûr, du moment qu’il est tenu au courant en temps et que ça
n’interfère pas sur sa propre enquête.
« Tout cela est fort intéressant.
Vous voyez bien que nous avions besoin impérativement de nous rencontrer à
nouveau, Monsieur de Bréveuil », fait la juge un peu grise.
« Mais n’essayez-vous pas de nous,
comment dire, de nous lancer sur des pistes assez loin de nos préoccupations
quant aux trois victimes de la « liste des mille » ? Après tout, je veux bien
croire que vous y êtes étranger, notamment quant au sort funeste de votre frère
et puis là, tout d’un coup, vous semblez vous plonger au cœur de cette affaire.
Un peu comme si vous en étiez le maître
d’œuvre. »
Scorff relève son nez, un large sourire aux lèvres qui éclaire tout d’un
coup son visage rembruni.
« Maitre d’œuvre, sûrement pas : je
suis censé trouver des solutions techniques à mon problème de mur de la chaleur
qui a mis en cale sèche le projet Hermès du CNES et de Dassault. Je rappelle
que les filiales d’EADS, les concurrents, sont titulaires de marchés publics
d’État dont nous sous-traitons partie seulement dans l’enceinte des murs de
l’usine que vous avez vue tout-à-l’heure.
Or, une des solutions techniques
possibles, au moins sur le papier, c’est un traitement spécifique des surfaces
des points chauds.
Je vous rappelle que la navette
américaine supporte des températures de l’ordre de 1.650° C. En fait, le calcul
montre qu’on doit répondre à l’équation de 0,2 facteur du carré du Mach de la
sonde en rentrée d’atmosphère, facteur du degré kelvin de la couche
d’atmosphère traversée. Soit de quoi transformer n’importe quel objet en
poussière et lumière sous forme de plasma exothermique.
Pour réduire ces effets sur nos engins,
on fait des successions de rentrées partielles dans l’atmosphère avec un
cabrage de l’engin au minimum de 45° par rapport à sa trajectoire. Parce que le
cosinus de 45° est égal approximativement 0,707. La moitié de la racine carrée
de deux. Mais ça fait quand même 19.000° C, ce qui oblige à « rebondir »
plusieurs fois sur les parties hautes de l’atmosphère pour réduire la vitesse.
Or, plus on « rebondit » plus on prend
le risque de perdre le véhicule plus loin que l’orbite de la Lune, tuant son
équipage par manque d’oxygène.
Donc on est obligé de le ralentir
fermement avant sa descente, mais plus on le ralentit en orbite, plus il faut
emmener à la même altitude le carburant nécessaire à la manœuvre, ce qui enfle
la masse au décollage et dégrade la vitesse finale en orbite à puissance égale
des moteurs. Et en plus, la charge à mettre en orbite, donc engendre le devoir
d’alléger la structure au risque de la rendre plus fragile aux efforts
mécaniques qu’elle a à supporter.
Vous voyez, c’est un compromis
difficile à régler.
D’autant qu’il faut être précis : plus
on rebondit, plus ça allonge la distance de descente au sol depuis l’orbite.
Pour la navette américaine, c’est carrément 20.000 km.
Avec le Nivelle 002, si un jour il voit
le jour, on en est encore à 45.000 km sur le papier.
Or, s’il se pouvait qu’il y ait eu une
autre solution que la céramique, à savoir un traitement des surfaces tel qu’on
puisse récupérer une partie de l’énergie calorifique pour créer un champ MHD en
amont des parties chaudes, une sorte d’ionosphère plasmatique associé au champ
électromagnétique généré par un surfaçage adéquate des céramiques, qui
repousserait les plasmas engendrés par la vitesse de l’engin loin des points
chauds, j’aurai réglé au moins une partie du problème...
Et c’est justement ce que j’allais voir
en Écosse.
Mais je suis rentré déçu…
Ça n’a donc rien à voir avec les «
liste des mille ». D’ailleurs, je n’imaginais même pas qu’elle existât à
l’époque de mon déplacement ! »
« Ah parce que tu as fait ça aussi
pour nous, Monsieur mon ingénieur-Directeur-Général ? Tu aurais pu me le dire !
»
Moins elle en sait, mieux les projets et secrets de sa société sont
protégés.
« Je ne voulais pas non plus te
faire croire à des solutions miracles qui finalement n’existent pas encore, ma
vénérée Présidente ! »
Le sourire de Scorff s’éteint.
« Je n’ai pas tout compris »
minaude la juge Hélène Trois-Dom. « Mais
bon, on va en rester-là ce soir : ce n’était qu’une hypothèse parmi d’autres.
»
Et tournant vers l’hôtesse de lieux : « Nous ne voudrions pas abuser de votre hospitalité. S’il était possible
de regagner la ville pour y passer la nuit… »
Mais pas du tout, pas du tout, fait Isabelle : « Vos chambres ont été préparées. Mais je suis désolée de n’avoir à vous
proposer que quelques pyjamas en guise de tenue de nuit ! »
Non, ils refusent fermement. Ils sont tous les deux en mission commandée
et accepter un dîner, c’est déjà beaucoup pour leur « éthique personnelle » et
les devoirs de leur charge.
Paul est donc contraint de repartir en ville à la recherche hypothétique
d’une chambre libre.
« Ça ne va pas être simple à cette
heure-là et en pleine avant-saison : je peux passer quelques coups de fil,
Isabelle, depuis ton poste ? »
Dix minutes plus tard, le F1 local accorde son unique chambre libre. Après
que le Mercure ait cédé la sienne à la juge.
« Je vous emmène. C’est sur le
chemin de ma pension de famille en ville. »
Parce que vous ne dormez pas chez votre patronne ?
Et puis quoi encore ? Déjà, « la supporter
dans le boulot avec ses airs de « je sais tout de tout », ce n’est pas un
cadeau, mais alors que le personnel s’imagine des choses qu’il n’a pas à
savoir, c’est à la fois un manque de tact pour la dame, mais de plus, une façon
certaine de mettre le bordel dans les ateliers ! »
Une lumière ravie scintille tout d’un coup dans l’œil de la juge.
Paul dépose le directeur de police, mais n’ira pas plus loin que le
Mercure ce soir-là.
Ça commence par un « Puis-je te
remercier… à ma façon ? » en guise de permission d’un patin savoureux.
« En quel honneur ? »
Le passé à réchauffer.
(Aparté n° 8)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire