Quatrième
décès.
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
La nouvelle est connue dès la fin de matinée : le « doigt de Dieu » a de
nouveau frappé, avenue Montaigne, en pleine cohue des « soldes des boutiques
chics » du 8ème arrondissement parisien.
Une jeune femme enceinte foudroyée sur le trottoir par un éclair venu du
ciel en biais, qui lui explose la tête éparpillée sur les murs et passants
alentours.
Du plus mauvais effet !
La police, les pompiers, le Samu sont sur place en un rien de temps, les
uns tentant de maintenir une oxygénation suffisante pour sauver le fœtus à
naître, par ventilation assistée de ce qui reste du pharynx, le cœur étant
relancé « à la main » par massage cardiaque ; les autres nettoyant la chaussée
des éclats sanguinolents ; les troisièmes relevant déjà les indices et les
témoignages bouleversés.
Christophe Scorff, à peine rentré, est parmi les premiers cadres
supérieurs de la police à être sur place.
Le préfet de police, son supérieur, est annoncé.
Se remémorant la conversation du soir précédent, il demande aux équipes du
labo de prévoir de faire aussi un relevé de radioactivité : on cherche de
l’uranium appauvri.
« Il a quoi dans la tête le chef ?
»
« Si tu le savais, tu serais chef à
la place du chef, jeune con ! Allez, on s’exécute sans commenter. »
Le chef est dans la voiture préfectorale arrivée escortée par deux motards
qui repartiront pour ouvrir le chemin jusqu’à Necker, de l’autre côté de la
Seine, à l’ambulance du Samu emportant la dépouille et son gamin. Une fille, à
8 mois de grossesse, donc viable.
« À deux pas de l’Élysée, un jour de
solde, on va avoir du mal à faire taire les médias. Le Président pourrait ne
pas apprécier. J’ai averti les services du secrétariat général…
Votre premier rapport, Monsieur le
Directeur ? »
Même mode opératoire que pour deux des trois victimes de la « liste des
mille ».
Celle-là y était inscrite, mais on ne sait pas pourquoi : bien jeune pour
mourir de la sorte.
« Faudra-t-il prévoir une mise sous
protection rapprochée des 996 autres ? »
« Oh vous savez, si on a à faire à
la « puissance divine » soi-même, ce serait bien inutile. »
Il ne va quand même pas essayer de faire croire ce genre d’âneries au
Préfet de Police de Paris, là, le directeur ?
« Je m’en garderai bien, Monsieur le
Préfet. Reconnaissez toutefois que la concordance de certains faits laisse à
penser que nous avons à faire à un « commando » organisé qui prend des risques
insensés. Vraisemblablement dans un but précis qui nous échappe pour le moment.
»
Quatre morts. On veut bien imaginer que pour les trois précédents, leur
parcours personnel ou professionnel les ait frotté à des situations pas
forcément avouables, justifiant peut-être de leur sort funeste aux yeux de Dieu
« ou d’un clique qui se prend pour
l’instrument divin. Mais alors, Monsieur le Préfet, pourquoi seulement mille
personnes ?
Sans parler de vous, que je sais être
plus qu’honorable et admirable, moi-même n’ai-je jamais commis quelques péchés
qui me ferment à jamais les portes du paradis céleste ? En tout cas plus qu’une
femme acariâtre, un patron brutal et volage, un avocat au Conseil ou une future
mère de famille ? Franchement, je n’y crois pas une seule seconde. »
Mais alors ?
« Monsieur le Préfet, je reviens de
chez le frère de l’avocat décédé en Adriatique. Un « X », ex-pilote de
l’aéronavale, qui dirige une usine de munitions dans l’Ardèche et qui mène de
son côté une enquête sur les… « menaçants » de son propre frère. »
Ah oui, le fameux agent « Charlotte » ?
« On a parlé de lui jusqu’en Conseil
des ministres où il a été évoqué, figurez-vous. »
Au Conseil ? Pfutt, fait pour lui-même le directeur de police.
« Oui, enfin Charlotte, c’est son
associée dans une petite boîte d’enquêteurs privés. Mais ça peut être un
pseudonyme facile et utile, je le reconnais.
Si vous le permettez, je le surveille
et vais mettre une partie de nos équipes sur les pistes qu’il a pu recueillir
jusque-là. Vous n’êtes pas contre une petite entorse avec notre règlement
interne et autres principes éthiques de la maison, si j’accorde un peu de
crédit à des investigateurs privés, j’espère ? »
Des résultats, des résultats et vite avant que la panique ne s’empare de
l’opinion publique avant les départs en vacances : « N’importe quelle rumeur peut maintenant surgir de n’importe où à propos
de cette maudite liste. Je ne vous dis pas les dégâts si on n’a pas de
résultat, n’importe lesquels, mais très vite ! »
Ce n’est pas un « blanc-seing », mais ça y ressemble.
Les deux hommes se séparent chacun un peu soulagé.
Un peu plus tard, Scorff est au palais de justice en entretien avec la
juge Trois-dom.
« S’il n’y avait rien à faire pour
la victime, l’enfant est sauvé. »
Très bien, c’est un mal pour un pire !
« Vous savez quoi, Madame la juge ?
»
Bé non, mais il va le lui dire justement, puisque c’est lui qui a forcé la
porte de son cabinet bouleversant ainsi les audiences prévues.
« Très, très curieusement, j’ai fait
passer à tout hasard nos équipes scientifiques faire des prélèvements autour du
lieu de l’attentat de ce matin, avenue Montaigne. Eh bien, elles ont trouvé des
traces de métaux lourds à un taux anormalement élevé… On en saura plus dès que
les spectromètres de masse de nos laboratoires auront rendu leurs résultats.
»
De l’uranium ?
« On ne sait pas encore, Madame la
juge. Mais on compare aussi avec des prélèvements faits tout-à-l’heure sur la
voiture de cette pauvre victime Bretonnante. Et le SRPJ de Nice passe en faire
autant à Cimiez dans l’appartement de la première victime. »
Ce serait ainsi étonnant !
« Mais De Bréveuil ne nous a pas dit
en avoir été victime dans son avion… Il y a quelque chose que je ne comprends
pas ! »
Elle comprendra bien vite : « Si
Paul de Bréveuil ne nous a pas tout dit, c’est sans doute qu’il protège son
frère encore en vie, quelque part entre Paris et Dubrovnik. Et qu’il ne veut
pas qu’on le découvre pour le moment.
Me délivriez-vous sans que j’aie à vous
supplier à genoux une requête auprès des contrôles aériens de France, Italie et
Bosnie, juste pour que je vérifie ses déplacements avant son accident ? »
Volontiers !
« Mais si la trouvaille de trace
d’uranium sur les trois lieux d’attentat se révèle être vérifiée, ça veut dire
aussi que le reste de ses dires est à examiner de près. »
Pas forcément : il a juste indiqué la piste de la munition, qui n’est pas
très conventionnelle, faut-il reconnaître.
« Madame la juge, ma hiérarchie
s’énerve : je ne compte donc négliger aucun aspect de cette curieuse affaire.
Me permettez-vous de violer le secret des transferts d’organe, par la même
occasion ? Si je suis à peu près sûr que je ferai choux blanc pour la première
victime, ça ne sera peut-être pas le cas pour les deux suivantes. Qu’en
pensez-vous ? »
Que du bien.
« Au moins, on pourra éliminer ce
qui me semble être une fausse piste. Il y en a une autre qui m’intrigue : hier
soir, quand il m’a raccompagné à mon hôtel, nous avons parlé de son père. C’est
un collègue après tout, même si plus d’une génération nous sépare.
Je fais sortir son dossier de la
chancellerie, juste pour le lire.
De votre côté, pourriez-vous faire
examiner celui de ce Marc Lacuistre dont il nous a parlé. Pas le dossier de la
chancellerie, je le fais sortir également, mais celui qui doit bien exister aux
Renseignements Généraux. Mais discrètement, n’est-ce pas : pas question de
faire de vague sur d’affreuses rumeurs idiotes sur le dos d’un sénateur en
exercice ! »
Les RG n’existent plus : il s’agit désormais d’une vaste direction des
services de renseignements et de sécurité nationale, la DCRI.
« Et pourquoi ne voudriez-vous pas
en savoir plus sur ce Paul De Bréveuil, Madame la juge, tant qu’on y est ? Il
doit bien y en avoir un sur son compte à lui aussi, non ? »
Exact…
Elle ne va pas lui dire qu’elle n’en a pas besoin pour savoir lire comme
dans un livre ouvert sur bien des gens qui passent dans son cabinet.
D’autant mieux sur ses amants.
« Vous avez raison : je suis sûre que
les résultats de cette démarche vont nous étonner tous les deux, après tout !
»
De leurs côtés, Charlotte et Aurélie rentrent bredouille. Rien ni à Nice
ni sur la route de Quimper. On a, semble-t-il, à faire à de vrais crimes
crapuleux, si ce n’était cet incompréhensible phénomène pyrotechnique.
Certains témoins parlent même de « combustion instantanée », cette peur
démente venue du fond des âges.
D’après « DD » qui clique à peine trois ou quatre fois rapidement pour
obtenir le renseignement, les cas les plus connus remontent à celui de la
Comtesse Cornelia Bandi, en Italie, près de Vérone, en 1731. Après avoir
regagné sa chambre après un dîner, la comtesse âgée de 62 ans est retrouvée en
cendres (excepté bras et jambes) dans sa chambre remplie de suie.
Puis celui de 1782, une vieille dame de Caen. La Famille Rooney qui, à
Noël 1885, retrouve une femme calcinée dans sa cuisine et le mari asphyxié.
En 1938, une jeune fille prend feu et meurt dans une salle de bal à
Chelmsford en Angleterre.
En 1951 et en Floride, Mary Reeser, une femme de 67 ans est aussi
retrouvée en cendres dans son appartement.
Le 7 avril 1958, George Turner à Upton-by-Chester en Angleterre, se
consume spontanément dans son camion. Deux autres cas eurent lieu le même jour,
au même instant.
En novembre 1964, Helen Conway à Upper Darby en Pennsylvanie, femme de 51
ans est retrouvée incinérée sur son fauteuil, à l'exception de ses deux jambes
intactes.
Le Dr. John Irving Bentley, à Coudersport, en Pennsylvanie, a été retrouvé
le 5 décembre 1966 en cendres, provoquant un trou dans le plancher de sa salle
de bain.
Le 13 septembre 1967 à Londres, Robert Francis Bailey, un pompier retrouve
un sans-abri nommé Bailey, en train de brûler au niveau de l’abdomen.
Une mère de famille seule, Ginette Kazmierczak, dans le bourg lorrain
d'Uruffe en 1977, est retrouvée carbonisée dans sa chambre. Seuls ses bras et
ses jambes sont intacts.
Lors du week-end de Thanksgiving en 1979, une femme de 51 ans Beatrice
Oczki est retrouvée carbonisée chez elle, aux États-Unis.
En 1980, une jeune anglaise brûle dans une discothèque à Darlington.
Le 26 mars 1986, à Ticonderoga aux
États-Unis, George I. Mott, un ancien pompier de 58 ans est retrouvé
complètement calciné sur son lit.
Bien sûr, personne n’explique ce phénomène de combustion instantanée
autrement que par des théories… fumeuses !
C’est en tout cas ce qu’il ressort des investigations rapides de « DD »
sur le sujet.
Et ça ne cadrait pas du tout avec les « gros trous » faits dans les
dépouilles des deux victimes.
En revanche, rentrées à Paris elles collectent les nouvelles sur le cas de
l’attentat de l’avenue Montaigne. Et là, Banco !
Les reins de la fille, restés en bon état jusqu’à leur prélèvement, mais
c’est bien la seule chose avec le cœur soutenu par un massage cardiaque et
jusqu’à l’accouchement post-mortem,
qui a pu être utilisé, ont bien servi à trois greffes.
Et les trois en région parisienne. Tout ce qu’elles ont pu savoir par
hasard, c’est que le cœur est parti pour la banlieue sud, mais arrivé trop tard
a été réexpédié en banlieue ouest pour un autre patient.
Il suffira de pointer, dans les jours, qui viennent les fichiers des lieux
des nouveaux transplantés pour savoir qu’elles sont les équipes qui ont pratiqué
les interventions.
Un peu dépitées, elle confirme néanmoins à Paul qu’aucun patient des
équipes de la clinique de Risle ne semble être en attente d’un greffon en
Normandie : la liste récente des admis ne fait état d’aucune pathologie
nécessitant une greffe.
Elle se le fera confirmer par un petit stratagème qui consiste à se
pointer sur les lieux de ladite clinique normande comme deux journalistes en
reportage, avec Aurélie, qui semble apprécier ses tournées vagabondes,
mitraillant à qui mieux-mieux les paysages et personnages rencontrés.
Pendant que l’Élysée s’inquiète de voir l’enquête de police piétiner et se
rassure sur la qualité de ses relais dans les médias qui n’ont laissé filtrer
que quelques entrefilets sur les événements de l’avenue Montaigne, Hélène
Trois-Dom est surprise que le dossier de Paul de Bréveuil ne contiennent que si
peu de chose de plus qu’un CV un peu fourni.
« Le secret défense est passé par-là
» précise le directeur Scorff à qui elle s’en ouvre. « Il est normal que les informations accessibles aient été épurées des
activités liées à la défense. »
Dommage.
Toutefois, sa promotion récente dans les cadres de réserve de la marine et
les deux médailles américaines l’interpellent.
« Par quel détour les lui a-t-on
décernées. Des prestigieuses en plus ! »
Services rendus.
« La dernière date tout de même d’il
y a quelques semaines, pas plus. Croyez-vous que cela ait un rapport avec le
prototype qu’il nous a montré ? »
S’il vient d’accéder à un grade de réserve encore supérieur dans la
marine, ce serait étonnant qu’il n’y ait pas de lien ni qu’on ne lui fasse pas
une confiance absolue pour développer un pareil prototype.
« Madame la juge, nous avons des
grades équivalents, tous les deux. Vous nous voyez vendre les secrets du pays
pour des breloques ? Soyez sérieuse, pour une fois ! »
Du lard ou du cochon ?
Celui de Lacuistre n’est pas mieux loti, mais elle peut reconstituer son
parcours au ministère de la Justice.
Il est complété par quelques « notes blanches » sur ses activités
politiques : rien de suspect, sinon ses prises de position sur l’avortement, la
peine de mort, l’euro, l’émigration et les déficits budgétaires : un bon
Villieriste qui n’aurait pas non plus déplu aux divers mouvements europhobes.
En revanche, le dossier du juge Jean-Pierre De Bréveuil ne fait pas état
d’un « dossier disparu », ni même d’un début d’enquête ou d’information
judiciaire sur la vie de la centrale pour femme.
Mais, car il y a un mais, Jean-Pierre De Bréveuil a bien visité la prison
et a été reçu par Marc Lacuistre, directeur à l’époque. Aucune note sur le
contenu de leur entretien.
De même, elle a confirmation que le professeur Risle et son équipe sont
intervenus régulièrement sur place et hors place de la centrale…
Mais aucune rencontre entre les deux hommes n’a semble-t-il eu lieu, au
moins officiellement. Encore moins les trois ensembles.
Jean-Pierre De Bréveuil est mort bêtement d’un AVC au volant de sa voiture
: l’autopsie est formelle, distinguant bien les blessures post-mortem dues au
choc contre le muret de la voisine, les coups à la tête (on n’avait pas
d’airbag à l’époque et les ceintures de sécurité n’avait de sécurité que le
nom… et la qualité putative de la dénomination que dans des circonstances bien précises).
Du flanc : les enquêtes, car il y en a eu plusieurs des diverses services
concernés sont concordantes sur ces points.
« Pas seulement, Madame la juge, pas
seulement. Si Paul nous a parlé de tout ça après plus de trente ans de silence,
c’est que quelque chose a réveillé ses souvenirs… »
Peut-être, mais quoi ?
Par ailleurs, la police fait le tour des mille, notamment les « inconnus »
pour être identifiés par la liste elle-même, presque tous, et hors les
ministres, hauts-fonctionnaires et élus visés.
Et leur propose une assistance et une protection : décision de la ministre
de l’intérieur.
Beaucoup, sinon la plupart ont reçu des lettres de menaces, mais sans
vraiment y faire attention ou les prendre au sérieux, à l’exception d’un quarteron
d’inquiets dont elles ont « chamboulé » le quotidien.
Assez peu acceptent de se soumettre aux contraintes d’une vie de « protégé
».
D’autres sont partis à l’étranger. Une seule femme, une cadre de banque,
accepte d’être « protégée ».
Et deux hommes. Un notaire du haut-var, l’oncle d’une ex-championne de
ski, qui semble crouler sous le nombre des « adversaires » potentiels et craint
à la fois pour sa vie et celle de sa famille. Il en abandonne son étude et part
sous protection policière sous les tropiques « le temps qu’il faudra » !
Plus une sorte de « mage », ancien huissier de justice à la probité
douteuse, recyclé dans la divination qui se sent visé en tout premier lieu.
Lui accepte d’être enfermé dans les sous-sols sécurisés du ministère, si
on lui fournit un accès à internet pour continuer à vivre de son don de
clairvoyance.
En revanche, s’il se voit comme la prochaine cible, non pas du « doigt de
Dieu », mais carrément de Satan qu’il dérangerait dans son activité maléfique
et lui ferait des confidences en direct, même s’il n’est pas capable de donner
l’ordre de la suite des exécutions à venir.
Jusqu’au jour où…
Charlotte, la vraie, celle dont le nez bouge quand elle parle, poursuit
son idée dans l’attente des listes de greffés.
Elle planche avec l’aide de « DD » sur la « fondation E. Risle », ses
membres, ses financements, ses actions, la fille du fondateur et sur les
indications laissées par Paul sur les McShiant.
Les financements et organigrammes parlent, ou plutôt révèlent des
anomalies curieuses. Notamment ce réseau dense de ramifications, des virements
de sommes rondelettes sur des comptes exotiques qui, ouverts sur des
plateformes insulaires sitôt avant d’être crédités, disparaissent aussitôt
débités.
Où va cet argent et d’où vient-il dans ces jeux à somme nulle ?
Paul résiste à mobiliser sa hackeuse de la Cour des comptes dont elle a
entendu parler l’été dernier [1]. Et « DD » est incapable de faire, même sur
les indications de Paul qui a l’air de s’y connaître un peu plus qu’il ne veut
bien le dire.
Parce que Paul, de son côté, il pédale dans la semoule : son prototype ne
sera pas prêt avant la fin du mois de juillet.
Qu’il en envisage même de ferme l’usine en avance, faute de commandes,
plan de charge épuisé, pour rouvrir qu’après le 15 août : une revendication de
ses salariés qui arrangent tout le monde… seulement si « les affaires »
reprennent à la rentrée.
Il imagine même faire un tour de méditerranée en solitaire sur son
voilier, c’est dire l’état mental du patron qui devait partir à Bora-Bora
l’année dernière : il préfère manifestement ne pas rester trop loin de ses
bases.
Et puis « Shirley la tâche de rousseur » refait parler d’elle. Dix jours
coincée à Fox, elle rentre à Londres à peu près au même moment que les
recherches sur son compte reviennent via le canal de Charlotte, qui transmet
son pedigree de jeune étudiante en beaux-arts appliquée à Norwich. Parents presbytériens
austères, fille unique, middle-class.
Pas si « innocente » que ça, la pucelle oie-blanche.
En fait, son retour est déclenché par un appel sur son portable. De ce
qu’en a compris Lydia avec ses pauvres connaissances en anglais et les
explications données par la fille, c’est que sa « mozer » était hospitalisée à
Londres : elle part à son chevet.
Jusque-là, rien d’anormal. Sauf qu’une voiture de location l’attendait en
bas de la route. Le chef Rémarde la prend en filature pour se rendre compte
qu’elle est accompagnée par un homme à l’allure militaire, mais vêtu en civil !
Il a l’œil habitué pour détecter ce genre de choses, le sous-off’.
Pas pour aller à Toulon et son TGV, mais directement à Marignane sur un
vol direct.
« Et avec quel argent ? »
Renseignement pris au guichet local, avec celui d’un service d’ambassade
qui a réservé les deux places…
Pas la procédure habituelle d’un rapatriement « sanitaire », surtout « par
procuration ».
C'est à ce moment que le « mage » désigne la prochaine victime du doigt de
Dieu : à Lille.
Un informaticien qui dirige un site de rencontre à caractère
pornographique et dont l’associé belge voisin a déjà déposé plusieurs
mains-courantes contre lui, pour pédophilie.
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