Leur pluralisme menacé… au nom du pluralisme !
J’avoue que je préfère en rire plutôt que d’en pleurer !
Depuis la décision du Conseil d’État demandant à l’Arcom de mieux
contrôler le pluralisme sur CNews, les uns comme les autres montent sur leurs
ergots pour défendre le même principe de « Liberté de la presse » et
son « pluralisme bienfaisant ».
En commençant par l’association Reporters sans frontières (RSF) qui avait justement
saisi ledit Conseil d’État contre la décision du 5 avril 2022 de l’Arcom
(Autorité de régulation de la communication audiovisuelle, ex-CSA) de rejeter
sa plainte contre la chaîne « Beau-l’oréenne » pro-catho-prout-prout,
un peu rancie mais qui cartonne auprès des nains du neurone.
(Et manifestement, ils sont nombreux)
Pour que les choses soit claires à mon lecteur du moment : Je suis un
« papiste-revendiqué », juste pas très fidèle à son église et à tous ses
dogmes.
Mais comme d’une part ceux-ci évoluent avec l’air du temps, je m’en
félicite et je ne renonce donc pas à mon baptême-premier tout en restant très
fidèle à l’enseignement christique, à savoir la tolérance envers autrui (tout
le monde sans distinction, quoi !), mon frère (ou ma sœur) en Dieu…
Par ailleurs, comme dans la presse écrite où on trouve des titres vers
lesquels on n’ira de toute façon qu’une fois, pour voir et ne pas se retromper,
il en va de même pour l’audiovisuel : Il y a des chaînes où je ne vais
pas, sauf quand elles diffusent des films qui me régalent.
Pas de raison de faire de l’audience pour que « Beau-l’orée »
puisse vendre ses spots à des produits que je finirai peut-être par
acheter : Ce serait du pognon qui va indirectement de ma poche à la
sienne…
Par conséquent, les konneries d’émissions de cette chaîne et de quelques
autres, j’évite…
En fait, j’ai été « élevé » aux émissions des deux Jacques (Chancelle
et Martin) et à Yves Mourousi : Alors tout le reste, j’ai tendance à
vomir.
Par exemple, question radio, j’en reste à RCC 91.7, quand ça cause de trop
je passe sur Radio-Balagne, voire Radio Alta Frequenza et parfois Voce Nustrale
(Radio Cervione). J’évite les radios nationales, sauf 107.7 (la radio qui
voyage) quand je roule (pour prévoir les embouteillages sur mon chemin…)
Les choix est donc vite fait.
Par conséquent, les émois du PAF m’indiffèrent puissamment, dès lors que
ces « professionnels » assurent à eux tous la liberté des choix des
programmes et des éditoriaux.
Mais que RSF se mêle de vouloir faire dire le droit des fréquences par l’autorité
idoine, voilà qui m’interpelle.
Il me semble qu’une sorte d’acharnement contentieux se déploie tous
azimuts depuis quelques temps, qu'il s'agisse de procès climatiques, de
revendications sociétales, de la dénonciation des soi-disant méfaits du
capitalisme ou des croisades contre le néocolonialisme, contre la répression
policière ou contre une extrême droâte fantasmée et devenue « ultra ».
À rebours de sa vocation première – défendre la liberté d’expression des
opinions et des pensées, y compris de celles qui dérangent –, RSF entendrait
ainsi obtenir du juge qu’il bâillonne un média politiquement incorrect et donc
jugé dangereux…
Fabuleux !
C’est qu’ils prendraient l’auditeur et le téléspectateur pour plus kon que
ça…
Déjà que…
Car il s’agit de bouter hors du paysage audiovisuel gauloieien-olympique (le
PAF) le groupe de « Beau-l’Orée » (assimilé à Rupert Murdoch), dont
CNews, incarnant un Fox News à la « Gauloisienne-(olympique) »,
serait la créature démoniaque.
Il s’agit curieusement d’épurer le débat public d’un média entretenant le
peuple dans de « mauvaises pensées ».
Et cette opération d’assainissement est attendue de l’Arcom par la
bien-pensance.
C’est marrant cette volonté de censure au nom de la liberté d’opinion, ne
trouvez-vous pas ?
L’Arcom, ex-CS, est chargée par la loi du 30 septembre 1986 d’assurer « le
respect de l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinion dans les
programmes des services de radio et de télévision, en particulier pour les
émissions d’information politique et générale ».
Et l’Arcom a cependant refusé jusqu’ici de se laisser instrumentaliser.
Le Conseil d’’État vient, par son arrêt du 13 février, de lui forcer la
main.
Dans l’immédiat, un seul opérateur – CNews – est concerné, même si toutes
les chaînes d’information, publiques comme privées, seront potentiellement
affectées.
Autrement dit, on est en phase de la mise en place d’une censure politique
généralisée.
Si je me souviens bien, initialement, le législateur avait seulement voulu
un partage équitable des temps d’antenne entre les différentes formations et
courants politiques seulement en amont d’échéances électorales…
Notez que nous sommes quasi-perpétuellement en période électorale…
Par conséquent et paradoxalement, c’est donc au nom de la liberté d’expression
qu’il est ainsi porté atteinte à « la libre communication des pensées et des
opinions », dans laquelle la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen de 1789 voit avec une certaine emphase « un des droits les plus
précieux de l’homme », de sorte que « tout citoyen peut donc parler,
écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les
cas déterminés par la loi ».
Et il faut dire que « Beau-l’Orée » comme quelques autres sont
les spécialistes des recours judiciaires en cascade pour diffamation d’un
propos (même d’un journaleux) le concernant ne lui convient pas.
Comme s’il n’avait que ça à foutre dans ses journées…
Enfin passons.
Ainsi, en vertu de l’article 13 de la loi du 30 septembre 1986, les radios
et télévisions doivent transmettre à l’Arcom les temps d’intervention des
personnalités politiques dans leurs journaux, bulletins d’information,
magazines et autres émissions. L’autorité de régulation communique
mensuellement ces données aux présidents des deux assemblées parlementaires et
aux responsables des partis politiques. Elle doit aussi apprécier, après avoir
vérifié leur véracité, l’équilibre des temps de parole entre formations
politiques.
La « Gauloisie-olympique » est probablement la seule démocratie-élective
au monde à imposer un tel contrôle.
Ce contrôle est source, pour l’Arcom comme pour les opérateurs, d’un
travail aussi lourd que vain à l’heure du numérique et des réseaux sociaux,
mais tant pis : La loi reste la loi.
Là où ça dérape, c’est que le Conseil d’État impose désormais à l’Arcom d’étendre
le « contrôle du pluralisme », jusqu’ici défini par l’équilibre des
temps de parole des personnalités politiques, à « l’ensemble des
participants aux programmes diffusés » !
Ce sont les opinions se dégageant des propos de tous les intervenants –
les éditorialistes, chroniqueurs, personnalités de la société civile et même le
public – qui devront être jaugées au titre du respect du pluralisme…
Bref, vous avez le droit de penser par vous-mêmes, mais vous n’avez plus
le droit de le faire savoir sans être « étiqueté » et comptabilisé…
Tout ça parce, « les animateurs (qui) se muent en polémistes,
avec plus ou moins de subtilité », deviendraient des « faiseurs d’opinion
ne sont donc pas tous des personnalités politiques » !
Je vous le dis, on vous prend pour des kons d’auditeurs, sans jugeotte…
Personnellement, un « polémiste » fait son numéro, je change de
chaîne : C’est moâ qui ai la « zapette » !
L’arrêt du 13 février rompt donc avec une jurisprudence qui combinait
jusqu’ici libéralement pluralisme et liberté éditoriale. Le Conseil d’État avait,
par exemple, jugé impossible d’imposer à une radio exprimant un courant de
pensée particulier d’ouvrir son antenne à d’autres courants (arrêt du 27
novembre 2015, Association comité de défense des auditeurs de Radio Solidarité)
?
Dans le silence des textes sur le contenu de la notion de pluralisme des
courants de pensée et d'opinion (s’apprécient-ils globalement ou service par
service ?), on ne peut pas exiger de chaque service de communication
audiovisuelle, sauf s’il s’agit d’une chaîne de service public tenue
strictement par le principe de neutralité, qu’il respecte le « pluralisme
interne ». C’est-à-dire que ses programmes reflètent toute la diversité des
courants de pensée et d’opinion : Ce serait une interprétation trop
restrictive pour la liberté de communication, qu’on se place du point de vue d’un
opérateur déterminé ou de celui des membres du public, désireux de trouver,
dans un éventail d’offres d’information suffisamment ouvert, de quoi satisfaire
à leurs attentes et à leurs sensibilités.
En effet, l’exigence de « pluralisme interne » est, en tout état de cause,
inadaptée à un environnement marqué par la multiplication des supports par voie
terrestre, satellitaire et en ligne, ainsi que par la réception de chaînes
étrangères.
Les textes « Gauloisiens » n’exigent d’ailleurs pas le
pluralisme interne de chaque service de communication audiovisuelle. Ce n’est
qu’en faisant découler, de façon prétorienne, l’obligation de « pluralisme
interne » de l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme comme
source du droit, que l’arrêt trouve une base légale à cette obligation…
Ce que la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication,
complétée par les conventions conclues avec les opérateurs, impose à chaque
service en matière d’information, ce sont des exigences particulières d’honnêteté
: exactitude des informations diffusées, équité dans le traitement des
campagnes électorales, temps de parole équilibrés des personnalités politiques
invitées à l’antenne, attention minimale accordée à certains sujets, respect
des grands principes inscrits dans la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de
la presse…
C’est déjà difficile à contrôler et parfois mal supporté par les
professionnels.
Or, le pluralisme interne est autrement plus exigeant.
Au surplus, la nouvelle fonction de surveillance ainsi impartie à l’Arcom
donne le vertige. Va-t-on exiger des journalistes qu’ils désignent les
doctrines politiques auxquelles ils adhèrent ?
Leur faire faire sous serment des déclarations d’intérêts cachés ?
Va-t-on demander aux agriculteurs qui viennent exprimer les craintes de
leur profession sur les plateaux de confesser « d’où ils parlent »
politiquement ? Comment étiqueter des opinions non unanimes au sein de chaque
famille politique ?
Et comment classer les invités qui se conçoivent eux-mêmes comme
apolitiques ?
Faudra-t-il à l’Arcom tantôt opérer au « doigt mouillé », tantôt mener des
enquêtes et, dans tous les cas, pratiquer un fichage matériellement,
intellectuellement et moralement impossible ?
Le président de l’Arcom a fort justement souligné dans une interview du 18
février 2024 que l’autorité qu’il préside « n’est pas la police de la pensée
ni un tribunal d’opinion », ajoutant qu’il ne lui est pas demandé de
comptabiliser les opinions de chaque intervenant.
À supposer que l’on puisse donner cette interprétation « neutralisante » à
l’arrêt du Conseil d'État, il n’en faudra pas moins à l'Arcom enregistrer,
visionner et classifier l’expression d’opinions philosophiques ou politiques
associées à l’image des personnes qui les ont émises.
Drôle de conception de la Liberté de la presse pourtant revendiquée haut
& fort…
De plus, un traitement de données personnelles peut être constitué en une
seule opération d’enregistrement et peut ne pas être directement nominatif. Les
émissions contrôlées, ainsi que la catégorisation des interventions opérée lors
des visionnages, devront être conservées par l’Arcom, ne serait-ce que pour
pouvoir justifier de la régularité de son contrôle si son action est contestée
en justice par une chaîne sanctionnée pour non-respect du pluralisme.
Or, il s’agit de données personnelles sensibles, nomminatives, et c’est
justement ce que prohibe l’article 9 du RGPD : La Cnil a sanctionné le
relevé d’appréciations des salariés – et les journalistes et animateurs de
télévision sont des salariés – en fonction de données comportementales ou
révélant les appartenances politiques ou syndicales.
Le relevé des soi-disant orientations politiques est tout aussi scabreux
pour les intervenants occasionnels, experts et membres du public.
À force de protection, on se barricadent dans des contradictions
incommensurables.
Kafkaïennes même…
De cette surveillance des pensées qu’il propose de confier à l’Arcom, le
rapporteur public du Conseil d’État croit en atténuer la rigueur en indiquant
que « seuls les déséquilibres durables et manifestes révélant une intention
délibérée de l’éditeur de favoriser un courant de pensée ou d’opinion, quel qu’il
soit, devraient pouvoir être sanctionnés ».
Mais la recherche d’un « déséquilibre durable et manifeste » n’en suppose
pas moins une observation, sinon exhaustive, du moins sourcilleuse des
émissions d’information et des personnes, journalistes inclus, qui y
participent.
Tout cela augure fâcheusement de la suite : Comme toujours, lorsque l’on
place les pensées des hommes sous le contrôle d’autres hommes, on sombre forcément
dans l’arbitraire, d’abord, dans la totalitarisme dictatoriale ensuite, avant
de sombrer dans la tyrannie (parfois sanguinaire : demandez donc ce qu’en
pense le « grand-démocrate » qu’est « Poux-tine », par
exemple…)
Pour conclure, on peut probablement se moquer d’une une association censée
défendre la liberté de la presse, RSF, qui veut placer des journalistes sous
haute surveillance !
On peut aussi relever qu’une haute juridiction historiquement protectrice
des libertés publiques, le Conseil d'État, décrète l’encadrement de l’information
télévisée comme au temps de l’ORTF.
Et une autorité chargée de veiller à la liberté de communication, l'Arcom,
contrainte de jouer un rôle de police de la pensée qu’elle récuse !
Quant aux invités, il n’est pas sûr qu’ils apprécient de savoir leurs
prétendues orientations politiques être décortiquées une fois pour toute !
Paradoxes du moment ou les « charmes discrets des gauloiseries »…
Ce que j’attends désormais pour ma part, c’est le moment où les « censeurs »
de RSF trouveront le moyen de faire passer une tribune de « Marinella-tchi-tchi »
dans « l’Huma » ou « Libé » autrement qu’au titre du droit
de réponse déjà encadré par la loi.
Parce que pour l’heure, ce sont les tenants de la « gôche bien-pensante »
qui tentent de censurer ceux qu’ils exècrent et les débordent, et par tous les moyens,
y compris en ayant fait main-basse sur la plupart des supports d’information,
surtout ceux détenus par l’État.
Maintenant c’est à l’Arcom d’être instrumentalisée…
Dans quel monde vit-on au juste ?
Pour mémoire (n’en déplaise à « Poux-tine ») : « LE PRÉSENT
BILLET A ENCORE ÉTÉ RÉDIGÉ PAR UNE PERSONNE « NON RUSSE » ET MIS EN LIGNE PAR
UN MÉDIA DE MASSE « NON RUSSE », REMPLISSANT DONC LES FONCTIONS D’UN AGENT «
NON RUSSE » !
Post-scriptum : Alexeï Navalny est mort en détention pour
ses opinions politiques. Les Russes se condamnent à perpétuité à en supporter
toute la honte !
Постскриптум: Алексей Навальный умер в заключении за свои
политические взгляды. Россияне обрекают себя на всю жизнь нести весь позор!
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