Prenons un peu de recul.
Parce que bon, l’actualité politique de mon pays est
décidément pleine d’inattendus : On en recausera demain.
Pour revenir jusqu’en Ukraine et constater quelques paradoxes qui là encore auront surpris.
Je ne m’appesantirai pas sur l’énorme surprise qu’aura constitué le recul de l’armée russe autour de Kiev. 200.000 hommes lourdement armés qui lâchent un objectif hautement symbolique et quasiment 10 % des hommes et matériels sur le terrain, pris d’une « ivresse vengeresse » de leur propre déroute en pillant, violant et massacrant des civils, c’est montrer que sa propre barbarie peut aller très loin.
À l’égal des nazis du millénaire dernier.
Et dire qu’ils voulaient « dénazifier » la région…
Ce qui laissera des traces dans les mémoires bien longtemps…
Le sort des armes dans ce qu’il a de plus absurde.
Si cette « opération spéciale » marque les
faiblesses de cette « armée invincible » et de ses « munitions
invincibles », l’attaque de l’Ukraine par la Russie a, semble-t-il, surtout
été de montrer combien le modèle occidental restait attractif pour toutes les
populations du monde.
Cette preuve d’amour pour une civilisation qui doute d’elle-même depuis des années est vraiment inattendue. Et elle peut être une véritable occasion de renouveau.
Une civilisation croît lorsqu’elle est attractive, c’est-à-dire qu’elle suscite l’adhésion interne et externe des populations.
Et cette adhésion repose sur sa capacité créative qui lui permet de répondre aux défis auxquels elle est confrontée.
En revanche, elle cesse de croître lorsqu’une cassure se produit et que cette capacité créative disparaît.
C’est finalement ce qui arrive à la Russie de « Poux-tine ».
L’élite se transforme peu à peu en minorité dominante
fonctionnant sur une logique de contrôle. Lorsque la logique passe de
l’attraction au contrôle, l’unité de la civilisation se brise et apparaissent
alors deux types de groupes qui ne se sentent plus comme faisant partie du tout
: Un groupe interne (dissidence), et un groupe externe.
De façon importante, les effets de la cassure ne sont pas visibles immédiatement. Ils apparaissent parfois très longtemps après.
La Russie a été attractive après la Révolution d’Octobre
(1917) au point d’aveugler plusieurs générations d’intellectuels (et d’électeurs).
Elle l’a surtout été grâce à sa contribution à la défaite du nazisme en 1945.
Ce qui a conduit les mêmes à défendre son modèle becs & ongles, malgré tout, jusqu’à se refuser à en faire « un bilan ».
Mais en interne, durant cette période d’après-guerre, sa population décline et se vide de ses talents qui émigrent.
Son manque d’attractivité externe est visible par le comportement des populations russophones d’Ukraine : Ces populations étaient naturellement tournées vers la Russie, en rupture avec le pouvoir central de Kiev.
Et la position de la Russie se posant comme protectrice de ces populations-là rencontrait un écho certain parmi elles.
Mais depuis l’occupation du Donbass en 2014, elles ont pu vivre concrètement sous l’administration russe, et le sentiment pro-russe s’est évaporé.
Le résultat est que de nombreux russophones, dont
certains anciens séparatistes, sont désormais clairement, et de façon assez
surprenante, dans la lutte antirusse.
Je n’ai pas compris, par exemple, que le bataillon d’Azov ait pu ainsi combattre à Marioupol aux côtés de « tchétchènes » musulmans contre d’autres qui combattaient auprès des russes…
Autrement dit, non seulement il n’y a pas d’unité ni ethnique, ni religieuse, ni politique, ni linguistique tel que le « modèle mental » de l’identité nationale ukrainienne, basé sur un principe de démocratie libérale à l’occidentale, l’emporte désormais sur l’affinité linguistique et religieuse (et ethnique/linguistique).
C’est l’une des nombreuses illustrations du paradoxe
de la stratégie que l’attaque de la Russie qui aura réussi a retourné contre
elle des populations qui lui étaient initialement favorables.
L’absence d’attractivité de la Russie se traduit tout simplement par le fait que personne n’y cherche refuge, même pas les russophones, sauf à y être « déportés ».
Alors que les cadavres s’accumulent, c’est au contraire vers l’Occident que tous les réfugiés se précipitent et à qui ils demandent de l’aide.
C’est donc le modèle occidental qui inspire la résistance ukrainienne et qui lui donne sa force !
Et le plus extravagant, mais c’est tant mieux, l’Occident fait des pieds et des mains pour y répondre sans provoquer d’embrasement général !
En cela, l’Occident vit également une situation
paradoxale. Depuis de nombreuses années, il s’est laissé convaincre par sa
classe d’intellectuels désappointés, probablement autiste et/ou trisomique, qu’il
était la source de tous les maux du monde : Racisme, sexisme, discriminations,
esclavage, guerre, exploitation, impérialisme, colonialisme, génocidaire, écocide,
etc. jusqu’à même prôner un « déclinisme » porté au pinacle de l’avenir
de l’humanité par quelques dérangés du neurone.
Pourtant, de Hong-Kong à Bamako en passant par Tripoli et Kiev, il conserve un très fort pouvoir d’attraction, étant le refuge ultime de tous ceux qui ont tout perdu et le seul modèle vers lequel les peuples se tournent quand ils ont vraiment le choix.
Notre civilisation occidentale ne devrait plus douter d’elle-même…
Et ce serait justement dans ce doute qui la mine de l’intérieur
qu’il faudrait retrouver une confiance croissante de pays comme la Russie et la
Chine qui rêvent d’imposer des modèles alternatifs qui vont de la démocratie
nationaliste illibérale à la dictature complète !
C’est ce doute, leurs doutes, qui conduit aux catastrophes comme celle de l’Ukraine.
L’historien aura retenu avant nous que « ce
n’est pas parce que les barbares nous attaquent que nous déclinons ; au
contraire, c’est parce que nous déclinons qu’ils nous attaquent ».
Autrement dit, la cause du déclin est avant tout interne.
Et un spécialiste de la stratégie rajoute d’ailleurs que : « Le cours normal de l’histoire montre que les nations se lancent dans des conquêtes impérialistes simplement parce qu’elles le peuvent, en raison de la faiblesse de leurs voisins. »
Ce qui est loin d’être faux.
Du coup l’Occident est donc dans une situation toute particulière : Il reste attractif de l’extérieur, mais a en partie cessé de l’être à l’intérieur !
L’enjeu est donc de relancer son cœur créatif pour qu’il soit également à nouveau attractif à l’intérieur.
Et c’est particulièrement vrai pour la « Gauloisie-des-Lumières » où le récent épisode des « Gilets jaunes » a rendu visible l’émergence d’un groupe qui ne trouve plus le modèle attractif parce qu’il n’y trouve plus son compte.
Pour le président d’alors, la seule façon de gérer
cette situation a été de laisser pourrir le mouvement, ce qui représente non
seulement une formidable opportunité ratée, mais un risque considérable pour le
système dans son ensemble, aux conséquences déjà visibles dans les scores des
candidats antisystème d’hier à l’élection présidentielle.
La civilisation qui décline c’est celle qui cesse d’être capable d’apporter des réponses créatives aux défis auxquels elle est confrontée et qui se divise sur des sujets importants.
Ça aurait dû inspirer les candidats au lieu de se vautrer dans la démagogie…
On peut suggérer quelques impératifs pour l’Occident :
D’abord, ne plus se concevoir comme un idéal, mais seulement comme un principe non-négociable
!
C’est la conclusion d’un autre historien (David Gress). La différence entre l’idéal affiché et la réalité a imposé un fardeau de justification à l’Occident et à sa forme politique la plus importante, la démocratie, dont les défenseurs étaient obligés de toujours expliquer en quoi la réalité différait de l’idéal.
Or, le modèle mental de l’Occident n’est pas un idéal, mais un principe de résolution de problèmes basé sur le compromis.
Naturellement, en tant que tel, il produit des erreurs, il se fourvoie parfois, mais il est robuste et il est le seul à même de résoudre ses conflits internes.
Ce système doit pouvoir marcher pour tous, c’est un impératif social et économique d’une importance stratégique où la fin du mois a autant d’importance que la fin du monde.
Le principe de ce modèle étant la démocratie, il est
normal d’y laisser les critiques se développer.
Mais ce que la guerre en Ukraine montre, c’est qu’assumer pleinement sa singularité et ses valeurs est le meilleur cadeau que l’Occident puisse faire au monde, car quelles que soient ses limites, et elles sont réelles, quand il faut choisir, c’est vers des pays qui les défendent que les peuples se tournent.
D’autant que je me rappelle encore du rapport de la CIA sur l’état du monde sorti (et lu) cet été.
Il y était indiqué plein de choses, et j’en aurai retenu au moins une : La Russie (et la Chine) sont des pays en déclin… démographiquement.
Pour la Chine, on en sait la cause : Le danger de la famine à la sortie de la guerre et sa politique de l’enfant unique.
Pour la Russie, c’est un peu différent.
Comme « Poux-tine » l’expliquait lui-même en
novembre 2021 lors d’une conférence de presse, alors que l’invasion de l’Ukraine
se préparait déjà, le taux de natalité de l’ex-URSS s’est littéralement
effondré dans les années 1990, créant un trou d’air démographique dans les
jeunes générations, très problématique pour l’économie du pays, son présent
comme son futur, immédiat et plus lointain.
Bien sûr, la guerre n’aura pas arrangé les choses, bien au contraire : Autant que les sanctions, c’est l’amplification possible de ces bouleversements démographiques qu’elle provoque qui pourrait finir par mettre le pays à genoux, et ce plus vite qu’on ne le pense.
« Les plus grandes pertes ne viendront pas de la guerre, mais d’une crise économique profonde en Russie » en disent les analystes.
Il y a d’abord les morts de la guerre, bien sûr. Le
chiffre exact est difficile à déterminer, la Russie conservant une épaisse chape
de plomb sur le sujet, mais les armées russes compteraient entre 7 et 15.000
morts selon une estimation faite le 24 mars par l’OTAN, le gouvernement
ukrainien plaçant quant à lui le chiffre à plus de 18.000.
Il s’agit ici des décès. Selon les statistiques des « militareux », il faut compter 6 hommes mis hors de combat, gravement blessés, mutilés ou traumatisés à vie, inaptes aujourd’hui au combat comme demain à une vie normale, pour chaque mort. Ils sont donc beaucoup plus nombreux…
Dans une population totale de 145 millions d’âmes, cela semble une goutte d’eau mais à ceci s’ajoute surtout l’exode massif de jeunes travailleurs et travailleuses russes, pour les raisons évoquées ci-avant, notamment dans ce secteur primordial pour l’avenir qu’est la tech, quittant le pays et son atmosphère dictatoriale toutes affaires cessantes pour, peut-être, ne jamais y revenir.
Dans les quatre semaines ayant suivi l’invasion de l’Ukraine,
et selon les chiffres recueillis par le Financial Times, le pays aurait ainsi
perdu entre 50 et 70.000 de ces têtes bien faites, malgré la décision d’exempter
le secteur de la tech de la conscription obligatoire pour tenter de juguler
cette émigration massive !
Ce mois-ci, 70 à 100.000 personnes supplémentaires pourraient choisir de fuir la Russie selon le patron de la Russian Association for Electronic Communications (RAEC) cité par l’agence Interfax.
« Il y a clairement une émigration à un rythme et sur une échelle que nous n’avions jamais vue auparavant », confirme un démographe indépendant.
D’autres pays se frottent les mains, prêts à accueillir ces jeunes gens souvent très bien formés pour grossir les rangs de leurs propres secteurs de la tech. C’est notamment le cas d’Israël, qui a mis en place des procédures accélérées pour favoriser l’immigration de certaines catégories de travailleurs.
Entre les conscrits perdus pour une jeune force de
travail déjà malmenée par la natalité en chute libre depuis les années 1990, et
ces dizaines de milliers de départs, la guerre est donc un désastre à mèche
lente pour l’économie russe.
Il s’ajoute en outre aux ravages qu’avait causés le « Conard-virus » dans le pays.
La Russie a été frappée par une surmortalité pour le moins conséquente, environ un million de décès de plus entre mars 2020 et avril 2022 que sur la même période précédente.
La Russie avait alors déjà vu beaucoup de jeunes gens partir s’installer dans des pays voisins pour bénéficier de vaccins à ARN messager, boudés par un gouvernement souhaitant pousser à tout prix son propre Spoutnik.
Et dire que nos « antivax » défilaient en rangs serrés…
Encore un paradoxe, celui des enfants gâtés !
Les sanctions économiques imposées à Moscou devraient de plus se traduire par des pertes de revenus de 12 à 15 % pour la population.
Cela devrait faire chuter encore un peu plus le taux de natalité où il est question d’une baisse de plus de 10 %.
La situation économique comme politique et morale du
pays, surtout, pourrait pousser les récents émigrés à ne jamais vouloir revenir
au bercail.
Avec cette guerre terrible et inutile, la Russie n’a donc pas seulement ravagé l’Ukraine : Elle s’est aussi privée sciemment de son propre avenir.
Un modèle défaillant… que personne n’envisage pourtant d’en critiquer les fondements nauséeux.
Il s’agit de s’en rappeler, comme je le disais encore
hier, alors que nous abordons la quinzaine de la campagne du second tour.
Pour revenir jusqu’en Ukraine et constater quelques paradoxes qui là encore auront surpris.
Je ne m’appesantirai pas sur l’énorme surprise qu’aura constitué le recul de l’armée russe autour de Kiev. 200.000 hommes lourdement armés qui lâchent un objectif hautement symbolique et quasiment 10 % des hommes et matériels sur le terrain, pris d’une « ivresse vengeresse » de leur propre déroute en pillant, violant et massacrant des civils, c’est montrer que sa propre barbarie peut aller très loin.
À l’égal des nazis du millénaire dernier.
Et dire qu’ils voulaient « dénazifier » la région…
Ce qui laissera des traces dans les mémoires bien longtemps…
Le sort des armes dans ce qu’il a de plus absurde.
Cette preuve d’amour pour une civilisation qui doute d’elle-même depuis des années est vraiment inattendue. Et elle peut être une véritable occasion de renouveau.
Une civilisation croît lorsqu’elle est attractive, c’est-à-dire qu’elle suscite l’adhésion interne et externe des populations.
Et cette adhésion repose sur sa capacité créative qui lui permet de répondre aux défis auxquels elle est confrontée.
En revanche, elle cesse de croître lorsqu’une cassure se produit et que cette capacité créative disparaît.
C’est finalement ce qui arrive à la Russie de « Poux-tine ».
De façon importante, les effets de la cassure ne sont pas visibles immédiatement. Ils apparaissent parfois très longtemps après.
Elle l’a surtout été grâce à sa contribution à la défaite du nazisme en 1945.
Ce qui a conduit les mêmes à défendre son modèle becs & ongles, malgré tout, jusqu’à se refuser à en faire « un bilan ».
Mais en interne, durant cette période d’après-guerre, sa population décline et se vide de ses talents qui émigrent.
Son manque d’attractivité externe est visible par le comportement des populations russophones d’Ukraine : Ces populations étaient naturellement tournées vers la Russie, en rupture avec le pouvoir central de Kiev.
Et la position de la Russie se posant comme protectrice de ces populations-là rencontrait un écho certain parmi elles.
Mais depuis l’occupation du Donbass en 2014, elles ont pu vivre concrètement sous l’administration russe, et le sentiment pro-russe s’est évaporé.
Je n’ai pas compris, par exemple, que le bataillon d’Azov ait pu ainsi combattre à Marioupol aux côtés de « tchétchènes » musulmans contre d’autres qui combattaient auprès des russes…
Autrement dit, non seulement il n’y a pas d’unité ni ethnique, ni religieuse, ni politique, ni linguistique tel que le « modèle mental » de l’identité nationale ukrainienne, basé sur un principe de démocratie libérale à l’occidentale, l’emporte désormais sur l’affinité linguistique et religieuse (et ethnique/linguistique).
L’absence d’attractivité de la Russie se traduit tout simplement par le fait que personne n’y cherche refuge, même pas les russophones, sauf à y être « déportés ».
Alors que les cadavres s’accumulent, c’est au contraire vers l’Occident que tous les réfugiés se précipitent et à qui ils demandent de l’aide.
C’est donc le modèle occidental qui inspire la résistance ukrainienne et qui lui donne sa force !
Et le plus extravagant, mais c’est tant mieux, l’Occident fait des pieds et des mains pour y répondre sans provoquer d’embrasement général !
Pourtant, de Hong-Kong à Bamako en passant par Tripoli et Kiev, il conserve un très fort pouvoir d’attraction, étant le refuge ultime de tous ceux qui ont tout perdu et le seul modèle vers lequel les peuples se tournent quand ils ont vraiment le choix.
Notre civilisation occidentale ne devrait plus douter d’elle-même…
C’est ce doute, leurs doutes, qui conduit aux catastrophes comme celle de l’Ukraine.
Autrement dit, la cause du déclin est avant tout interne.
Et un spécialiste de la stratégie rajoute d’ailleurs que : « Le cours normal de l’histoire montre que les nations se lancent dans des conquêtes impérialistes simplement parce qu’elles le peuvent, en raison de la faiblesse de leurs voisins. »
Ce qui est loin d’être faux.
Du coup l’Occident est donc dans une situation toute particulière : Il reste attractif de l’extérieur, mais a en partie cessé de l’être à l’intérieur !
L’enjeu est donc de relancer son cœur créatif pour qu’il soit également à nouveau attractif à l’intérieur.
Et c’est particulièrement vrai pour la « Gauloisie-des-Lumières » où le récent épisode des « Gilets jaunes » a rendu visible l’émergence d’un groupe qui ne trouve plus le modèle attractif parce qu’il n’y trouve plus son compte.
La civilisation qui décline c’est celle qui cesse d’être capable d’apporter des réponses créatives aux défis auxquels elle est confrontée et qui se divise sur des sujets importants.
Ça aurait dû inspirer les candidats au lieu de se vautrer dans la démagogie…
C’est la conclusion d’un autre historien (David Gress). La différence entre l’idéal affiché et la réalité a imposé un fardeau de justification à l’Occident et à sa forme politique la plus importante, la démocratie, dont les défenseurs étaient obligés de toujours expliquer en quoi la réalité différait de l’idéal.
Or, le modèle mental de l’Occident n’est pas un idéal, mais un principe de résolution de problèmes basé sur le compromis.
Naturellement, en tant que tel, il produit des erreurs, il se fourvoie parfois, mais il est robuste et il est le seul à même de résoudre ses conflits internes.
Ce système doit pouvoir marcher pour tous, c’est un impératif social et économique d’une importance stratégique où la fin du mois a autant d’importance que la fin du monde.
Mais ce que la guerre en Ukraine montre, c’est qu’assumer pleinement sa singularité et ses valeurs est le meilleur cadeau que l’Occident puisse faire au monde, car quelles que soient ses limites, et elles sont réelles, quand il faut choisir, c’est vers des pays qui les défendent que les peuples se tournent.
D’autant que je me rappelle encore du rapport de la CIA sur l’état du monde sorti (et lu) cet été.
Il y était indiqué plein de choses, et j’en aurai retenu au moins une : La Russie (et la Chine) sont des pays en déclin… démographiquement.
Pour la Chine, on en sait la cause : Le danger de la famine à la sortie de la guerre et sa politique de l’enfant unique.
Pour la Russie, c’est un peu différent.
Bien sûr, la guerre n’aura pas arrangé les choses, bien au contraire : Autant que les sanctions, c’est l’amplification possible de ces bouleversements démographiques qu’elle provoque qui pourrait finir par mettre le pays à genoux, et ce plus vite qu’on ne le pense.
« Les plus grandes pertes ne viendront pas de la guerre, mais d’une crise économique profonde en Russie » en disent les analystes.
Il s’agit ici des décès. Selon les statistiques des « militareux », il faut compter 6 hommes mis hors de combat, gravement blessés, mutilés ou traumatisés à vie, inaptes aujourd’hui au combat comme demain à une vie normale, pour chaque mort. Ils sont donc beaucoup plus nombreux…
Dans une population totale de 145 millions d’âmes, cela semble une goutte d’eau mais à ceci s’ajoute surtout l’exode massif de jeunes travailleurs et travailleuses russes, pour les raisons évoquées ci-avant, notamment dans ce secteur primordial pour l’avenir qu’est la tech, quittant le pays et son atmosphère dictatoriale toutes affaires cessantes pour, peut-être, ne jamais y revenir.
Ce mois-ci, 70 à 100.000 personnes supplémentaires pourraient choisir de fuir la Russie selon le patron de la Russian Association for Electronic Communications (RAEC) cité par l’agence Interfax.
« Il y a clairement une émigration à un rythme et sur une échelle que nous n’avions jamais vue auparavant », confirme un démographe indépendant.
D’autres pays se frottent les mains, prêts à accueillir ces jeunes gens souvent très bien formés pour grossir les rangs de leurs propres secteurs de la tech. C’est notamment le cas d’Israël, qui a mis en place des procédures accélérées pour favoriser l’immigration de certaines catégories de travailleurs.
Il s’ajoute en outre aux ravages qu’avait causés le « Conard-virus » dans le pays.
La Russie a été frappée par une surmortalité pour le moins conséquente, environ un million de décès de plus entre mars 2020 et avril 2022 que sur la même période précédente.
La Russie avait alors déjà vu beaucoup de jeunes gens partir s’installer dans des pays voisins pour bénéficier de vaccins à ARN messager, boudés par un gouvernement souhaitant pousser à tout prix son propre Spoutnik.
Et dire que nos « antivax » défilaient en rangs serrés…
Encore un paradoxe, celui des enfants gâtés !
Les sanctions économiques imposées à Moscou devraient de plus se traduire par des pertes de revenus de 12 à 15 % pour la population.
Cela devrait faire chuter encore un peu plus le taux de natalité où il est question d’une baisse de plus de 10 %.
Avec cette guerre terrible et inutile, la Russie n’a donc pas seulement ravagé l’Ukraine : Elle s’est aussi privée sciemment de son propre avenir.
Un modèle défaillant… que personne n’envisage pourtant d’en critiquer les fondements nauséeux.
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