Destruction
de statues de Victor Schœlcher en Martinique.
Vous étiez « en confinement », inquiets de
vous savoir éventuellement contaminés, à devoir encombrer les urgences
hospitalières et les chambres de réanimation. On peut comprendre, parce qu’arrivé
à ce stade-là, vous aviez un peu moins d’une chance sur deux d’en ressortir les
pieds devant et non pas debout sur vos pattes.
En notant que se retrouver malade du « Conard-virus »,
c’était quand même moins fréquent que de gagner un lot à l’Euro-million…
Mais bon, il fallait bien vous foutre la trouille de
votre vie pour vous enfermer et c’était tellement bon, ce délire anxiogène, qu’on
vous remet la piqûre : Le pire est à venir vous dit-on sur tous les tons
(et octaves), peut-être pas sur le plan sanitaire, mais certainement sur le
plan économique, n’en doutez pas, puisqu’ils vous l’affirment tous en chœur et
de plus en plus fréquemment.
Passons…
Mais ne passons pas par pertes et profits ce héros de
la Seconde République naissante qui, derrière « mon cousin » (celui
qui dort tranquillement dans son septuple et monumental cercueil sis sous le
dôme des Invalides), aura aboli l’esclavagisme par simple décret dans mon « beau
pays » des droits de l’Homme (celui que j’aime tant et qui me le rend si
mal…).
Revenons à un peu d’Histoire (la grande), puisqu’il
paraît que 20 % (et parfois plus) des élèves ont « décroché » pendant
le confinement alors qu’ils préparent leur bac, ce qui promet pour cette future
« élite-là »…
Normal qu’en avril l’APEC (Association pour l’emploi
des cadres) constate une chute de 69 % des offres d’emplois destinées aux
jeunes diplômés…
Ils n’étaient déjà pas très brillants, mais dans les
prochaines générations ils vont toucher le fond.
Peut-être qu’à force de creuser, ces générations-là finiront
par trouver du pétrole… On peut toujours rêver, même sans « marcher »,
n’est-ce pas.
Re-passons z’encore…
Victor Schoelcher fait adopter le décret sur
l’abolition de l’esclavage le 27 avril 1848.
Le vendredi 22 mai 2020, plusieurs militants détruisent
deux des statues érigées en son honneur en Martinique.
Ce jour-là, l’île commémorait l’anniversaire
l’abolition de l’esclavage.
La scène s’est passée à Fort-de-France et à Schœlcher,
ville éponyme qui par son nom même raconte le culte voué pendant des décennies
à cette figure historique.
Même à moâ-même on a appris à vénérer le grand-homme…
quand je n’avais pas encore de poil au menton.
« Schœlcher n’est pas notre sauveur », ont
écrit dans un communiqué les militants et militantes, qui demandent qu’à la
place de l’homme d’État soit célébré l’esclave Romain, qui, il y a 172 ans, a
été envoyé en prison pour avoir joué du tambour.
Ce faisant, Romain a déclenché la colère de milliers
d’esclaves, et la signature en urgence du décret de promulgation de l’abolition,
qui avait été fixée un mois plus tôt pour juin par la métropole. « Nous en
avons assez d’être entourés de symboles qui nous insultent », expliquent
deux militantes dans une vidéo.
Qu’est-ce qu’a bien pu faire Victor Schœlcher pour qu’on
en vienne à détruire jusqu’à son effigie ?
« Schœlcher était complètement favorable à
l’indemnisation des colons », affirme l’activiste Alexane Ozier-Lafontaine
dans cette vidéo, ce qui a été fait (200 francs) un peu plus tard.
Mais pas les esclaves libérés qui sont devenus par la
suite des « journaliers » au titre de «l’engagisme », attachés à leurs anciens maîtres. Est-ce là
l’origine de leur soudain courroux ?
La réalité historique est un peu plus complexe…
En fait, il y a eu, avant l’abolition, un bras de fer
entre pro-abolitionnistes et propriétaires d’esclaves, qui menaçaient de faire
sécession et de sortir du domaine colonial « Gauloisien ».
Schœlcher, pour obtenir une abolition immédiate, va
alors négocier.
Il se dit qu’il faut accepter la question de
l’indemnité, mais plaide aussi pour une indemnité dédommageant les esclaves.
« Mais il n’obtient pas gain de cause auprès du
gouvernement de l’époque ».
Avait-il le choix ?
Aurait-il pu obtenir l’abolition sans cette concession
?
Difficile à dire, des siècles plus tard…
Même le Président d’honneur du Cran (Conseil
représentatif des associations noires de « Gauloisie ») reste aujourd’hui
encore partagé : « Je comprends dans le contexte qu’il ait pu accepter ce
qui nous paraît inacceptable.
Cependant il aurait pu accorder des réparations aussi
pour les esclaves, ce qui aurait été un pis-aller. (L’ancien
président américain) Lincoln lui n’avait pas prévu de réparations du tout
pour les esclavagistes », remarque-t-il.
Notez qu’il s’est tamponné une guerre civile qui aura
été saignante…
Lincoln est mort avant d’avoir pu réaliser tout son
programme.
Depuis, les flics US peuvent tuer leurs concitoyens
dès lors qu’ils sont un peu « bronzés »…
Que ça en faisait encore des émeutes tout récemment.
« Le vrai problème n’est pas Schœlcher mais le
Schœlcherisme, c’est-à-dire ce climat qu’on a en France autour de la personne
de Victor Schœlcher », estime le même (du CRAN).
La ville de Schœlcher, les statues de Schœlcher, le
lycée Schœlcher…
Les « louanges permanentes » autour de l’ancien
secrétaire d’État aux colonies du gouvernement Arago finissent par énerver une
partie de la population, qui voudrait bien aussi qu’on rende hommage aux
principaux concernés : Les esclaves eux-mêmes, ceux qui se sont soulevés.
Dans les années 1970, les travaux de l’historien
Armand Nicolas, qui fut aussi secrétaire général du Parti stalinien
Martiniquais, ont ainsi contribué à remettre en avant les esclaves comme
artisans de leur libération. Si bien que deux discours s’opposent depuis : L’un
posant Schœlcher en héros de la liberté, l’autre affirmant la primauté du
combat des esclaves eux-mêmes.
« La vérité se trouve dans le mélange des deux »,
en juge une historienne patentée.
D’autant qu’en Guadeloupe, les esclaves en ont profité
pour massacrer les « métros »…
Et puis le « Schœlcherisme », c’est aussi, selon la
même historienne, une politique d’assimilation menée en son nom après sa mort
et aujourd’hui très contestée.
À partir des années 1970, la classe politique locale
va faire en sorte que le créole ne soit plus parlé. On va aussi contrôler tous
les symboles culturels, comme le tambour, qui rappelle l’esclavage.
Pour la directrice de la Fondation pour la mémoire de
l’esclavage, l’opposition à Schœlcher aujourd’hui, au moins d’une partie de la
jeunesse, tient donc à la construction de cette figure « paternaliste »,
et à son héritage, « cette épaisseur de temps entre Schœlcher et aujourd’hui
» en dit-elle.
Cela méritait-il qu’on détruise les statues de
Schoelcher ? La Fondation a condamné cette action : « La figure de Victor
Schœlcher appartient à l’histoire du combat pour la liberté et l’égalité.
(…) Nier cette histoire va à l’encontre de l’émancipation des femmes et des
hommes. »
Et de citer les mots d’Aimé Césaire, qui dans
Esclavage et colonisation (1948), appelait à rendre hommage à un homme à
l’œuvre certes « incomplète », mais qui selon lui avait « apporté aux
noirs des Antilles la liberté politique ».
Dès lors on désapprouve aussi le fait d’avoir cassé
ces statues : « On dit qu’il aurait sauvé les noirs, on parle de « sauveur
blanc », alors que les esclaves ont bien sûr été les premiers à lutter
contre l’esclavage.
Mais ce n’est pas sa faute.
J’ai envie de dire « le pauvre », car il a
fait ce qu’il pouvait, et il a été récupéré par une historiographie coloniale
qui en a fait l’artisan unique de la libération des noirs.
Mais ce n’est pas lui : c’est un mythe national
construit à partir de lui.
Comme disait Racine, il n’a mérité ni cet excès
d’honneur ni cette indignité. »
Pour Myriam Cottias, les reproches des militantes et militants
adressés à l’État et aux collectivités de ne célébrer que des hommes blancs, ou
d’occulter les figures des esclaves qui se sont révoltés, sont également « injustifiés
».
Cette historienne rappelle que la collectivité
territoriale martiniquaise est dirigée par un indépendantiste, Alfred
Marie-Jeanne, qui a encouragé l’installation de statues de « nègres-marrons »,
du nom donné aux esclaves qui fuyaient les plantations.
« Dans l’espace mémoriel martiniquais il est
inexact de dire qu’il n’y a que la représentation d’une France triomphante.
L’écriture de l’histoire de l’esclavage a changé :
cela fait longtemps qu’on ne dit plus que c’est Papa Schœlcher qui a accordé la
liberté aux esclaves »,
estime-t-elle.
« Cela pose une bonne question, une question ancienne,
avec de faux arguments », ajoute-t-elle, qui pense qu’un débat est nécessaire,
notamment autour de l’enseignement de l’esclavage.
Ah, l’enseignement et ses carences multiples et
redondantes…
« C’est une urgence car cela produit des effets sur
les jeunes qui ont l’impression qu’on leur ment alors que le travail est fait
du côté des historiens et des militants. »
Elle explique ainsi que les programmes de Seconde en « Gauloisie-triomphale »,
par exemple, enseignent l’esclavage aux États-Unis, au Brésil, et… l’abolition
en « Gauloisie ».
« Cette action a eu le mérite de poser avec une
certaine force le débat et de crever l’abcès ». La véritable cible serait
plutôt Colbert, instigateur de l’édit royal qui réglemente l’esclavage (le
fameux « code noir »), et dont la statue n’a rien à faire devant
l’Assemblée nationale, et devrait plutôt se trouver dans un musée dédié à
l’esclavage…
Réduire Colbert au seul esclavagisme de l’Ancien Régime,
à mon sens, c’est un peu léger, même pour une historienne…
Sans forcément vouloir enlever les statues ou effacer
les noms de rue, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage veut a minima
les accompagner d’un panneau explicatif, qui les restitue dans leur contexte
historique.
Et de citer le travail réalisé à Nantes ou à Bordeaux
(villes de négriers entre toutes sur le continent), où six rues portant des
noms de négriers notoires doivent être dotées de plaques explicatives sur leurs
activités passées autour du « commerce triangulaire ».
Car « fermer les yeux ne tient plus. Il faut ouvrir
le dialogue. Et c’est nécessaire que les collectivités et l’État prennent
pleinement la mesure de ces enjeux et ne considèrent pas que ce sont juste des
débats de communautés. »
Tout cela me paraît bien dérisoire : Rappelons que
selon la
fondation « Walk Free », environ 45,8 millions de personnes seraient
maintenues en « esclavage moderne » dans le monde en 2016, dont la moitié
environ en Inde, en Chine et au Pakistan.
L’esclavage classique perdure toujours aujourd’hui,
bien qu’officiellement aboli dans tous les pays du monde depuis près de 40 ans
(la Mauritanie y a officiellement mis fin par décret seulement le 5 juillet
1980).
Certains auteurs font état de rumeurs concernant la
persistance de marchés aux esclaves dans certains pays, notamment au Soudan et
en Mauritanie (où l'on estimait qu’en 1994 11 millions d’habitants, soit 45 %
de la population, sont esclaves) ou dans les pays du Golfe Persique.
Sur nos trottoirs parigots (et ailleurs) la « traite
des blanches » n’est pas non plus un vain mot.
Environ 20 millions de personnes dans le monde tombe « en
servitude » pour dettes.
Les circonstances qui conduisent à de telles situations
sont diverses : Emprunt destiné à financer un traitement médical, une dot, etc.
L'emprunteur est ensuite astreint à travailler sans congé pour le compte du
prêteur jusqu’au remboursement de la dette.
Les rémunérations étant toujours très basses, il
arrive régulièrement que la dette ne soit pas éteinte avant le décès de l’emprunteur
et passe ainsi aux générations suivantes.
D’autres personnes peuvent s’être engagées à payer
leur entrée clandestine dans un pays par leur travail jusqu’à ce que leur dette
soit remboursée.
Toutefois les « salaires » sont tout juste suffisants
pour survivre, si bien que le remboursement peut s’étendre sur de nombreuses
années…
Le travail forcé est une autre forme d’esclavagisme
qui existe jusque dans les pays démocratiques notamment sous forme de travail
clandestin : 21 millions de personnes y sont soumises dans le monde selon une
estimation de l’OIT, 90 % étant exploitées dans l’économie privée, par des
individus ou des entreprises (22 % victimes d’exploitation sexuelle et 68 %
victimes du travail forcé dans des activités économiques comme l’agriculture,
la construction, le travail domestique ou la production manufacturée), 10 %
subissant des formes de travail forcé imposées par l’État (notamment en prison,
dans l’armée nationale ou dans les forces armées rebelles).
Le travail clandestin constitue sans doute la forme la
plus connue de l’esclavage moderne, entre autres parce que c’est la plus
répandue dans les pays occidentaux.
Un autre exemple de travail forcé reste le sort des
prisonniers politiques, des peuples des pays conquis ou occupés, les membres de
minorités persécutés, et les prisonniers de guerre, surtout pendant le
vingtième siècle.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les envahisseurs (« Teutons »
et « Nippons ») ont organisé l’esclavage de masse dans les pays
conquis, et même en partie au sein des leurs, avec les détenus politiques issus
de leur propre population.
La « Teutonnie » nazie aura exploité jusqu’à
12 millions de personnes, principalement originaires de l’Europe de l’Est,
alors que le Japon en a exploité plus de 18 millions en Extrême-Orient.
L’Union des républiques socialistes soviétiques a quant
à elle mis en place des Goulags et « traité » des millions de
personnes pour leur « crimes politiques » quand elles n’étaient pas
exécutées…
Un exemple actuel se veut être le système des « Laogai »
(« la réforme par le travail ») de la République populaire de Chine : Des camps
de « rééducation ».
Un autre exemple actuel sont les goulags en Corée du
Nord. Des camps de redressement…
Et puis souvenez-vous qu’en Afrique-Occidentale « Gauloisienne »,
le travail forcé est aboli par la loi Houphouët-Boigny seulement le 11 avril
1946.
Même en Corée du Sud, les sans-abris font entre 1975
et 1990 l’objet d’arrestations systématiques par les services de police pour
être expédiés dans des camps de travail.
Des centaines de détenus y mourront des conséquences
de la brutalité des traitements subis.
Pire, Selon le Bureau international du travail (BIT),
250 millions d’enfants de 5 à 14 ans travailleraient au début du XXIème
siècle dans le monde, dont 50 à 60 millions dans des conditions dangereuses.
On trouve, par exemple en Inde, des enfants
travaillant dans des fabriques de verre non aérées auprès de fourneaux dont la
température approche les 1.600 °C.
En Tanzanie certains travaillent 11 heures par jour dans
les plantations.
Des usines de tapis en Inde ou au Pakistan, sont
accusées de faire travailler des enfants jusqu’à 20 heures par jour, 7 jours
sur 7.
Dans le meilleur des cas, ces enfants sont sous-payés,
mais la plupart d’entre eux ne reçoivent pas de salaire pour leur peine, et
certains sont parfois victimes de mauvais traitements.
Sur les 250 millions d’enfants qui travaillent – pour
la moitié d’entre eux à temps plein –, 61 % vivent actuellement en Asie (dont
un million dans le commerce du sexe), 32 % en Afrique et près de 7 % en
Amérique latine.
Deux millions de jeunes sont aussi concernés en
Europe, notamment en « Ritalie », en « Teutonnie », en « Lusitanie »
et au « Royaume-des-rosbifs ».
D’après le Sunday Telegraph, des centaines d’enfants arrivent
chaque année en Grande-Bretagne pour travailler dans les restaurants, les
ateliers textiles ou pour se prostituer.
Ils viennent d’Asie, d’Afrique et d’Europe de l’Est :
Vivement le « Brexit »…
Et selon un rapport de l’organisation Human Rights Watch,
des dizaines de milliers de très jeunes adolescents, souvent originaires du
Mexique ou des pays latino-américains, travaillent aux États-Unis,
principalement dans les fermes des États du Sud : Vivement le « mur
de la honte » de « McDo-Trompe » !
Et puis je crois que la dernière évolution du marché
de la « chair fraîche » en vogue en occident, ça reste la gestation
pour autrui (GPA), sur laquelle il y a un vif débat, mais qui relève de l’esclavage :
Les arguments en ce sens sont que (1) la mère porteuse ou gestatrice subit des
restrictions de sa liberté d’agir, y compris dans sa vie personnelle, alors qu’elle
loue son utérus ; (2) l’enfant (cette chose si désirée) est l’objet d’un
contrat qui sera remis contre une rémunération ; (3) des gamètes peuvent même
et éventuellement être acquises : Plus besoin de « juter » !
La philosophe Sylviane Agacinski (la colocataire de « Tonton-Yoyo »,
toujours pimpant derrière son masque et ses lunettes à œuvrer au « Cons-Cons »),
par exemple, voit dans la GPA « une forme inédite d’esclavage »
qui « s’approprie l’usage des organes d’une femme et le fruit de cet
usage ».
Alors, si les « petits-gars » martiniquais
veulent jouer du tambour, je n’y vois absolument aucun inconvénient : Il y
a encore du boulot à fournir sous le Soleil !
Et, à mon sens, ce serait plus intéressant que de
déboulonner de vieilles icônes.
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