C’est un succès, nous assure-t-on !
600.000 téléchargements dès la première journée :
MA-GNI-FI-QUE !
StopCovid est devenue n°1 sur l’Apple Store et le Play
Store (Gogol) en 24 heures. Plus d’un million depuis le lancement…
Pourtant, un « petit-sondage » ad hoc montre
qu’à la question « Allez-vous installer l’application StopCovid ? »
la réponse est positive à 30 %, négative à hauteur de 59 %, pour 11 % d’indécis.
Alors laissez-moi en rire : 0,9 % de la population,
quel succès, en effet…
Pour que ça « fonctionne », il faudrait qu’au
moins 60 % de la population se ballade avec son GMS-téléchargé et en fonction Bluetooth
en permanence.
Franchement, je ne sais pas comment je vais faire :
Mon téléphone portable est un « vieux-truc », de ceux dont il faut
tirer la petite antenne à l’air libre pour être bien connecté, « vintage »
quoi, qui ne se recharge que sur son socle, et j’ai décidé depuis une éternité
de ne le changer que le jour où son successeur sera capable de faire la
vaisselle !
Un téléphone, ça téléphone, ça textote et ça doit
tenir dans la poche pendant au moins trois jours (mes temps de déplacement) sans
être rattaché au compteur électrique…
Le reste, c’est de la foutaise (ou alors il fait aussi
la vaisselle), point-barre !
Pas besoin d’autres applications qui t’identifie quand
tu payes un truc (j’ai une carte dédiée mono-usage), quand tu prends un bus (j’ai
une autre carte dédiée mono-usage), quand je fais une photo (j’ai un appareil
dédié) et quand je suis perdu (ce qui reste rare pour avoir fait moult fois les
cent pas sur la planète), j’ai encore une autre machine « dédiée »
qui me situe au mètre près sur le globe.
Si je fais une réservation, je téléphone ou j’use d’un
de mes ordinateurs ou de ma tablette… et si je veux m’occuper l’esprit, j’ai
aussi dans la poche un « Tête-au-nord » (le verlan de « Sudoku »)
auquel je n’ai encore jamais changé les piles (comme ma calculette Sony, mais
elle, ça doit faire des décennies…)
Le « tout-en-un » m’obligerait à jeter tout
ce qu’on m’a vendu comme étant « indispensable » et aucun « tout-en-un »
n’est encore capable de faire la vaisselle !
CQFD.
Donc « StopCovid », je ne peux même pas le
télécharger !
Succès garanti, vous dis-je…
D’autant que finalement, il s’agit d’un drame d’incompétence
nationale, un de plus : On ne devrait même pas en parler tellement le
bidule ridiculise la « Tech-Gauloisienne ».
Pensez donc, quelques lignes de code auraient dû
suffire et ça s’écrit en quelques minutes.
Mais pas chez nous !
« Tester et tracer » ce n’est pas si
compliqué puisque tous les GMS savent déjà le faire pour que vous puissiez
recevoir un appel ou un texto. Et pourtant il a fallu des semaines entières, alors
que tous les feux étaient au vert, que l’urgence était au rendez-vous et que,
chez nos voisins, des applications similaires ont été déployées sans difficulté.
C’est l’archétype de la « Gauloisie du futur »
pour avoir cumulé de nombreuses erreurs d’ingénierie.
Simple : Tout d’abord, en « Gauloisie-incapable »,
si vous voulez offrir un enterrement de première classe à un projet, confiez
son pilotage à un « comité Théodule » suffisamment étendu, et la
nature humaine fera le reste !
C’est le « péché originel » de notre « technocratie »
: « Officiellement, le gouvernement avance sur un projet piloté par l’institut
de recherche publique Inria, en lien avec le comité Care nommé par l’Élysée
pour faire face à l’épidémie.
La Direction interministérielle du numérique (Dinum) et
l’Agence nationale de sécurité informatique (Anssi) s’attellent au
codage et à la protection de la future application, parfois en écoutant quelques
start-ups.
Par exemple, Unspread (une émanation
de l’agence Fabernovel) a fait des propositions sur le design de l’application.»
N’en jetez plus, que diable !
Vous vous souvenez du projet « Louvois » d’informatisation
des payes de nos soldats commandé par le « ministère de la guerre »
qui en avait marre du triptyque « papier/stylo/blanc-couvrant » ?
Eh bien après plusieurs années de développement dument
payées, il a été jeté à la benne et ils ont acheté sur étagère un progiciel qui
avait fait ses preuves depuis des années… Ce qui n’a demandé qu’une poignée de
semaines de « paramétrages ».
Là, pareil : À cette ribambelle d’instituts, de
comités, de commissions et d’agences s’est ajouté en plus les inévitables ingénieurs
chargés d’apporter leurs neurones et leurs « expertises » au
développement de StopCovid : Ceux d’Orange, de Capgemini, de Dassault Systèmes,
de Sopra Steria et de Sia Partners, plus quelques autres…
N’en jetez plus, vous hurle-je !
Chacun venant y rajouter sa sauce telle que la tambouille
devait immanquablement ressortir infâme.
Mais ça permet de facturer… en plein confinement, ça
aide les trésoreries !
D’autant qu'il faudra compter quelques 130 ingénieurs à plein-temps pour parvenir à faire tourner le bidule et compter un budget de 200 à 300.000 €/mois dans les années futures…
Ils s’en tamponnent, c’est l’impôt qui paye, vous quoi, qui on n’a pas demandé votre avis !
D’autant qu'il faudra compter quelques 130 ingénieurs à plein-temps pour parvenir à faire tourner le bidule et compter un budget de 200 à 300.000 €/mois dans les années futures…
Ils s’en tamponnent, c’est l’impôt qui paye, vous quoi, qui on n’a pas demandé votre avis !
Alors qu’un duo constitué d’une seule de ces émanations de l’État
et sa « brillante technocratie », plus un acteur privé unique aurait
sans doute pu sortir un projet d’application en quelques jours.
Mais, pour des raisons qu’on imagine à peine, plus
politiques que techniques, on a préféré embarquer tout le monde, ou presque.
Cela fait beaucoup de participants autour de la table
pour un projet assez limité et surtout très urgent.
La lenteur qu’induit cette démarche dans les prises de
décision, les risques de cette approche, caricaturée sous le nom de « design
par comité », sont pourtant bien connus : Choix techniques contre-productifs,
déresponsabilisation à tous les étages et quasi-impossibilité de changer son
fusil d’épaule en cas de pépin, façon « Louvois » et ses premières
payes ubuesques, à refaire la main…
D’ailleurs, ça n’a pas loupé !
Dans une déclaration surréaliste, le secrétaire d’État
chargé du numérique, « Cèdre-hic-Eau » a révélé une autre énorme
erreur-native, celle qui plombe certainement le plus StopCovid : « Apple
aurait pu nous aider à faire en sorte que cela marche encore mieux sur les
iPhones. Ils n’ont pas souhaité le faire, pour une raison d’ailleurs que je ne
m'explique guère, » aura commenté le sinistre.
Nous, si : On va voir pourquoi…
Apple, c’est qui déjà ?
Ah oui, un soumis à la controversée « Taxe GAFA »,
non ?
« Qu’une grande entreprise qui ne s’est jamais
aussi bien portée en termes économiques n’aide pas un gouvernement à lutter contre
la crise, il faudra s’en souvenir le moment venu. »
Rigolo comme tout ce « sinistre-là »…
On attend vite fait un remaniement du Gouvernement :
Ça va devenir urgent, là aussi !
Pour bien comprendre cette attitude de « la pomme »,
il faut revenir aux fondamentaux de l’informatique : Tout système d’information,
qu’il s'agisse du réseau informatique d’une PME, d’une application mobile ou d’un
traitement massif de données de santé (ou autre, comme le suivi de votre
dossier fiscal ou celui de votre assurance sociale), repose sur ce que l’on
appelle une « architecture », comme j’en fais (faisais) sous Access.
Ce terme concerne le premier et le plus important des
choix à effectuer, à savoir celui de « l’ossature » du système.
Globalement, il n’y a que deux grands modes d’organisation
envisageables : Une architecture centralisée, dans laquelle les données
transitent par un serveur central (comme mon premier réseau avec un Bull à seulement 2 Ko de
mémoire vive… si, si, ça eut existé et ça tournait quand même), qui réalise lui-même les traitements ou
bien une architecture décentralisée, c’est-à-dire sans serveur central, dans
laquelle les données sont directement traitées sur les terminaux des
utilisateurs (ici, vos téléphones mobiles ou mon ordinateur et son réseau pro domo pour
Access).
C’est bien connu, chaque type « d’architecture »
présente des avantages et des inconvénients. Parce que les données sont
stockées sur un serveur « maître », une architecture centralisée permet
théoriquement de réaliser des traitements plus riches qu’une architecture
décentralisée.
Mais, pour la même raison, les architectures
décentralisées sont considérées comme plus sûres que les architectures
centralisées : Lorsque les données ne sont pas réunies en un même lieu mais
dispersées sur des milliers voire des millions de terminaux, même le plus
chevronné des pirates aura du mal à mettre la main sur la base tout entière.
Un choix.
Dans le cas de StopCovid, le « sinistre » en
charge du bidule a annoncé que la « Gauloisie-jupitérienne »
privilégierait (naturellement) une architecture centralisée, « mieux
adaptée », selon lui, aux finalités du contact-tracing et surtout aux
impératifs de la « souveraineté numérique » Gauloisienne.
Un choix qui s’est rapidement révélé catastrophique : D’une
part parce qu’il a placé le pays en ultra-minorité parmi ses partenaires
européens, écartant ainsi toute perspective d’interopérabilité et d’autre part,
et surtout, parce qu’il ne correspond pas à l’option prise par Apple et « Gogol »,
qui ont joint leurs forces pour fournir gratuitement aux États un kit de « contact-tracing »
clés en main reposant, pour les raisons de sécurité exposées plus haut, sur une
architecture… décentralisée !
Pas de bol, quoi cette manie de tout centraliser
propre à « l’Énârchie » ambiante et séculaire…
Avec un peu de bon sens, on aurait pu faire œuvre de
pragmatisme, abandonner ces plans « centralistes », et rentrer dans
le rang européen.
StopCovid aurait été opérationnelle en moins d’une
semaine, et tous les doutes auraient été levés sur son niveau de sécurité.
Mais pas du tout…
On a préféré s’arc-bouter sur la position initiale,
fustigeant Apple (mais bizarrement pas « Gogol ») qui refusait d’aménager,
pour l’État et lui seul, une voie royale et unique au monde vers le contenu
intime des iPhones…
On saura s’en souvenir le moment venu, qu’il a dit…
Mais vouiiii ! Eux aussi : Ils protègent tous
leurs « i-bidules » (des années et des années de travail), tiens donc !
Quand bien même, StopCovid est sorti de l’ornière et
des millions de personnes sont appelés à installer l’application « officielle »
sur leur mobile en vous mettant bien en garde à tout ce qui ne serait pas « labellisé » par les autorités.
Et là, encore une grossière annonce (presque un « gros-mots ») :
« En fait, il n’y a même pas de données : Personne n’aura accès à qui est
contaminé, et personne ne sera capable de retracer qui a contaminé qui », aura
déclaré le « sinistre » sur la radio « Transe-Inter ».
Attends, c’est quoi cette histoire-là ?
Tu as un truc sur toi qui te trace, mais ça ne me sert
à rien ?
Je peux revoir dix fois cent fois une même personne
répertoriée « contaminée » par « Big-Data » et je ne suis
même pas averti, je reste dans l’ignorance la plus totale ?
Jusqu’à ce que la « brigade-sanitaire »
vienne m’incarcérer chez moi ?
Et cette personne ne sait même pas qu’elle est
éventuellement contaminée et répertoriée comme telle jusqu’à son
enfermement ?
Non mais allo, quoi !
Je rêve…
Il faut savoir que deux ans presque jour pour jour
après l’entrée en vigueur du RGPD, les « spécialistes » et
régulateurs débattent toujours des qualités et des défauts du fameux Règlement Général
sur la Protection des Données : Est-il trop ou pas assez contraignant ?
Facile ou difficile à interpréter ?
Bien ou mal adapté aux futurs défis de l’intelligence
artificielle ?
Il y a un point, en revanche, sur lequel tout le monde
est d’accord : Le RGPD a consacré la protection des données personnelles
comme un enjeu de société !
Bien…
En Europe, aux États-Unis et même en Asie, les
piratages de données personnelles, les failles de sécurité ou encore les
pratiques peu recommandables de certaines plateformes ne passent plus comme des
lettres à la poste.
Et on prend conscience que nos données font partie de notre
patrimoine immatériel et personnel, et qu’en plus elles ont une valeur
marchande.
D’où des demandes des garanties quant à leur protection.
Du coup, dire « il n’y a même pas de données »
est une erreur de communication majeure, non seulement parce que c’est faux,
mais surtout parce que personne, pas seulement les « spécialistes »,
ne peut y croire une seule seconde.
Bien sûr qu’il y aura des données, et c’est tout à
fait normal.
La question est de savoir lesquelles, et comment elles
seront protégées.
Et là on nous affirme que : « On a demandé à des
communautés de hackers d’attaquer pour tester la robustesse. Personne n’a
réussi à cracker le système », dixit le PDG d’Orange.
Il devrait dire, « personne n’a encore réussi à cracker
le système », parce qu’il le sera un jour ou l’autre.
D’autant que celui qui y réussit sans avoir été
inviter à le faire, inutile de vous dire qu’il ne vas pas s’en vanter mais
revendre « la faille »…
En bref, RGPD aura piégé, vérolé, l’application dès le
départ…
Car, résultat, non seulement le « truc » ne
sert à rien, mais il crée de la défiance et sonne comme un défi lancé à une
population qui ne vit que de cela : Les pirates informatiques !
Ce qui n’est pas la meilleure idée lorsqu’on a fait le
choix d’une architecture centralisée et donc plus perméable, par définition,
aux piratages.
Du coup, non seulement les doutes subsistent sur la
sécurité des choix techniques opérés et sur l’utilisation qui sera faite des
données, mais personne n’est capable de dire si et comment StopCovid
fonctionnera sur vos smartphones ni à quoi il va servir.
Formidable !
Ces erreurs accumulées ont toutes les chances d’expédier
StopCovid au cimetière des fiascos technologiques « Gauloisiens »,
une fois de plus depuis le fameux « Plan calcul » qui nous aura précipité,
sur le plan informatique, à l’âge de pierre.
Et je ne vous parle même pas du Minitel, très en
avance au moment de son lancement alors qu’Internet balbutiait encore, ou du « Bip-bop »,
l’ancêtre de la téléphonie nomade (avec « Radiocom 2000 ») à une époque
où les téléphones « portables » tenaient du Talkie-Walkie ou de l’attaché-case
de plusieurs kilos…
Décidément que de gâchis !
En bref, même si je change de smartphone parce qu’un
génie me permettra de lui faire faire la vaisselle à ma place, il est bien
évident que je ne chargerai pas cette application de flicage centralisé, comme
presque les deux tiers de la population sondée.
Nous sommes déjà assez tracés comme ça et en plus on
est averti que ça ne servira à rien.
Ah si : Décaisser du « bon impôt » pour
rien, j’oubliais.
Il n’y a rien à faire : Ils sont décidément nés uniquement
pour claquer du pognon « pas à eux » inutilement, mais c’est pour
votre bonheur !
Relisez donc l’encart sur « la place de l’État »
qui vous accueille sur ce blog, juste sous son titre…
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