Il s’agit de préparer le roman d’été de 2021.
Forcément, puisque celui de 2020 (« Dans le
sillage de Charlotte ») est déjà en vente chez d’amazon.com au
prix imbattable de 12,30 € (pour 270 pages) !
(Merci à « mon Gardien » et sa petite équipe…)
On y reprend globalement « Charlotte » de juin
2019 jusqu’à octobre de la même année, en débordant un peu.
Vous aurez noté qu’il s’est passé plein de choses
passionnantes dans cet intervalle de temps, qui n’auront pas toutes été
décryptées comme il convient à l’adresse du grand-public.
Hélas, comme de coutume…
Dans le suivant, il s’est passé également tant de
choses inattendues que si je tiens le scénario à peu près correctement, il a déjà
évolué au fil du temps.
Et il va probablement encore s’enrichir dans les
semaines à venir.
Le point incontournable reste bien évidemment la crise
sanitaire et son inénarrable « Conard-virus ». Parce que pouvoir « immobiliser »
tout un pays, que dis-je, un continent et finalement la planète entière à tour
de rôle dans le sens des alizées, c’est une expérience assez extraordinaire qui
n’avait jamais été tentée en temps de paix !
Et on n’a pas fini d’en payer l’amère facture : Ça
va durer une bonne décennie et une génération entière (voire plus) risque d’avoir
du mal à s’en relever.
Je suis optimiste : Elles y parviendront, bien
entendu, mais plus rien ne sera jamais comme « avant », c’est sûr.
Je ne serai plus là pour le voir : Les effets
létaux de l’âge avançant…
Aussi, « je me documente » et recueille
régulièrement toutes ces « informations orphelines », de celles qui
forment les fameux « fils rouges » qui sont en fait reliés dans un
même écheveau qui se forme, se déforme avant de, parfois, disparaître, pour
nourrir l’essentiel.
Il y en a au moins une, qui ne servira probablement à
rien pour le roman futur et que je vous livre ce jour.
Il s’agit de l’hôpital parigot de Saint-Joseph. Une
fondation gère l’établissement assise (à travers 22 « portes ») sur les
terrains d’une congrégation de religieuses qui y aura implanté, derrière la
chapelle centrale, la maternité Notre-Dame-de-Bon-Secours coincée par un verger
central.
De superbes locaux, pour la plupart neufs et bien
entretenus, plus un service d’urgence qui s’agrandit, toutes les spécialités
médicales présentes, hors la pédiatrie.
Je connais parce que j’y ai accompagné tant de fois ma
« Môman-à-moâ » durant les trois dernières années que j’y suis un peu
chez moi.
Passons… S’ils ont besoin d’un administrateur bénévole,
moâ qui ai déjà fait ça pour des activités médicales, je reste volontaire, bien
entendu.
(Et ce n’est pas pour le sourire des infirmières…
cette fois-ci, mais comme d’un prêté pour un rendu !)
Les équipes de cet hôpital, niché au cœur du XIVème
arrondissement, « village de santé » bâti autour de ce verger en pente, n’avait
a priori pas vocation à se retrouver au sommet de l’affiche à l’occasion
de la crise du « Conard-virus ».
Elles n’en tirent d’ailleurs aucune gloire triomphale :
Elles n’ont fait que leur travail.
Mais l’esprit d’équipe les aura guidés.
Lorsqu’ils se retrouvent pris dans la crise sanitaire,
tous cherchent et ensemble une solution. « Quand vous avez devant vous
quelqu’un qui suffoque, vous vous rendez bien compte que le traitement ne
suffit pas », constate un toubib.
Ce chef de service de rhumatologie réfléchit avec son
assistant, un jeune médecin dont il a dirigé la thèse.
Les deux rhumatologues se retrouvent autour d’un café
pour dresser le bilan des « raisonnements analogiques » déroulés jour et
nuit dans leurs cerveaux en ébullition.
« Cette maladie ressemble à quelque chose qu’on
connaît », se dit l’un.
Une protéine attire leur attention : L’interleukine 1
(IL-1), dont la prolifération provoque « l’orage immunitaire » (dont
on va reparler dimanche prochain dans la rubrique « La science en marche »).
Pour la neutraliser, des chercheurs américains ont
développé l’anakinra, une molécule biologique qui a donné naissance au Kineret,
un médicament distribué par le laboratoire suédois Swedish Orphan Biovitrum
(Sobi).
Plus ils en parlent, plus ils sont convaincus que ce
médicament, prescrit pour diverses maladies orphelines, est le traitement qu’il
faut.
Le 16 mars, une réunion de crise se tient dans le
réfectoire. Le chef de service rhumato se lève et soumet sa proposition. L’assistance
est hésitante.
Certains se demandent pourquoi adopter un traitement
pour lequel il n’existe aucune donnée. « Quand on n’a rien et qu’on ne fait
rien, on n’avance pas ! »
Les deux rhumatologues font alors la tournée des
services pour vanter les mérites de leur médicament, largement ignoré par les
autres.
Une figure de l’établissement, le chef de service de
médecine interne se montre alors très enthousiaste. « En plus, Kineret veut
dire “lac de Tibériade” en hébreu ! »
Reste à convaincre la direction.
Celle-ci a pris pour habitude de soutenir ses troupes
tant qu’elles jouent collectif.
Ce n’est pas pour rien que le DG a exposé, dans son
bureau, un ballon de rugby signé par Jonah Lomu, la star des All Blacks venue à
l’hôpital Saint-Louis, qu’il dirigeait alors, faire la promotion de la greffe
du foie.
« Il m’a demandé quoi écrire. “Team spirit”, lui
ai-je dit. »
Le directeur général du groupe Saint-Joseph évolue
comme un demi de mêlée : il assure la fluidité du jeu. Décrit par ses équipes
comme un homme à l’esprit clair, il aime les réponses rapides et fait confiance
à ses médecins.
L’établissement de santé privé d’intérêt collectif
(Espic) Saint-Joseph jouit d’un statut hybride qui stimule l’innovation : «
Ça permet d’avoir des projets et de supporter la difficulté du quotidien. Et
puis on n’est pas un grand hôpital si l’on ne fait pas de recherche de haut
niveau. »
En pleine crise, la proposition des « rhumatos »
reste la plus pertinente : Alors banco !
Dès le 24 mars, les malades les plus durement touchés
sont pris en charge avec le traitement. « Au bout de trois ou quatre jours, le
ressenti clinique s’est manifesté de manière très visible. Les patients
restaient stables ou s’amélioraient. »
Tandis que la « Gauloisie-confinée » prend
de plein fouet le pic de la pandémie, la machine à tuer accuse un coup de frein
à l’hôpital Saint-Joseph.
Même les malades les plus âgés repartent sur leurs
pieds !
Le jour où le système immunitaire de l’un d’entre eux s’est
emballé, ses besoins en oxygène ont grimpé au débit très élevé de 15 litres par
minute.
Les soignants perdaient espoir.
À 93 ans, les chances d’en sortir pour cette patiente étaient
quasi nulles.
Aujourd’hui, ce n’est plus qu’un mauvais souvenir :
« Les nuits étaient un peu longues. Mais la journée, j’allais voir Claude
dans la chambre à côté. J’avais des tubes dans le nez, je les enlevais pour
parler. »
Miraculée parmi d’autres, elle fait partie des heureux
rescapés du « Conard-virus » ayant transité par hasard par Saint-Joseph.
Un hôpital réputé pour sa « médecine familiale »…
Pour les cliniciens, l’efficacité de l’anakinra ne
fait aucun doute. Ils évoquent même « un changement radical du visage de la
maladie ».
Cette réalité se lit aussi dans les données recrachées
par les machines qui, comme la chaîne Abbott, intègrent les analyses sanguines
des patients.
Le rhumato passe des nuits blanches à les compiler.
Une fois ses tableurs remplis, il les envoie par e-mail à un statisticien de
haut vol.
Celui-là exerce au Centre d’investigation clinique de
l’hôpital Georges-Pompidou et officie à l’unité de recherche de Saint-Joseph.
Après avoir lu les premiers résultats, il les retourne
à l’expéditeur avec la mention : « Attention. »
Le professeur n’y croit pas une seconde, il doit y
avoir une erreur. « Ça m’a beaucoup stressé », confie même le jeune
médecin.
Après des journées de vérifications, la conclusion
tombe comme un couperet : tout est bon. « On est mal. Très mal. »
En défenseur de l’Evidence Based Medicine, une
pratique qui prône l’utilisation rigoureuse des données pour administrer les
soins, il juge bien excessif l’écart entre les deux groupes observés : « L’effet
est trop fort. »
L’étude publiée dans « The Lancet », le 29 mai,
établira que, parmi les 52 patients victimes de la forme sévère du « Conard-virus »
traités par l’anakinra entre le 24 mars et le 6 avril, 75 % en sont sortis
indemnes.
Pour la même durée de traitement, le taux s’est limité
à 27 % dans le groupe contrôle qui rassemblait 44 patients admis avant le 24
mars…
« Si on parle trop tôt, on se met dans une
polémique contre-productive. Notre objectif, c’est de soigner. »
Une précaution que n’aura pas prise « Rat-Out »
à Marseille.
Bluffés par les résultats, les médecins de
Saint-Joseph activent leurs réseaux. Il faut prévenir le ministre, l’Élysée, et
constituer des stocks de produit.
Ils remuent ciel et terre, mais ça n’avance pas.
Le 17 avril, rendez-vous est pris dans la banlieue de
« Paris-sur-la-plage », à « Vanves-les-bains-de-pieds », avec un émissaire qui a ses entrées au Palais. À travers la
fenêtre baissée de la voiture de son messager, passe le dossier cacheté sous
enveloppe kraft.
Rocambolesque en plein confinement…
En vingt-quatre heures, le pli franchit tous les
filtres et atterrit sur le bureau de « Jupiter ».
Ce dernier le signale à son Comité analyses, recherche
et expertise (Care), qui regroupe 12 chercheurs et médecins, pour passer au
crible les protocoles de soin pendant la crise du « Conard-virus ».
Le conseil scientifique organise une audioconférence
avec Saint-Joseph.
Il a dix minutes.
Le rhumatologue s’exprime devant des experts armés de
prudence.
Il s’entend répondre que son étude ne peut être
considérée comme « un essai clinique » car elle n’est pas « randomisée » !
Même cause, même effet que pour la Chloroquine du
Marseillais…
Il aurait fallu confronter deux groupes distincts,
deux traitements délivrés au hasard au même moment. C’est la règle.
La subtilité échappe au clinicien qui s’est contenté
de sauver des vies !
Ce qui veut dire que pour valider un traitement, il
faut non seulement des guérisons (c’est bien le moins qu’on exige…) mais autant
de décès sur un groupe qui reçoit un placebo !
Où quand la recherche médicale tue ses malades avec vos
impôts et cotisations… !
Déçu, le gars reprend son travail. Pour toute
réaction, les médecins recevront un courrier de l’Agence nationale de sécurité
du médicament et des produits de santé (ANSM) les sommant de justifier leur
choix d’utiliser un médicament non référencé pour le « Conard-virus ».
Les parapluies s’ouvrent en grand à tous les échelons
et ça vit de financements publics…
Alors que le virus sévit encore, ils décident
d’envoyer l’étude au « New England ».
Les processus de validation, habituellement très
longs, ont été raccourcis.
Le papier reçoit la validation de la revue américaine.
Mais il faut encore attendre pour la publication. « On
avait l’impression d’avoir une solution, mais on ne savait pas si l’on devait
communiquer, ni comment le faire ».
L’idée de publier en « open source » démange les
auteurs de l’article.
Non pas pour jouer les héros, mais pour faire avancer
la recherche.
Quelques cliniciens de Saint-Joseph y sont favorables,
mais il est décidé de rester dans les clous.
Le DG de l’établissement partage cet avis : « Si on
parle trop tôt, on se met dans une polémique contre-productive. Notre objectif,
c’est de soigner. »
Puis l’éditeur américain se rétracte.
Il n’y aurait « plus de place » pour cette étude dans
le « New England ».
Les auteurs changent immédiatement de cible et
publient dans « The Lancet », l’autre revue de référence. C’est une première en
« Gauloisie-médicale » : Les cliniciens de Saint-Joseph
apportent une nouvelle pierre à l’édifice de la recherche mondiale et font
entrer l’anakinra dans le top 5 des traitements les plus prometteurs.
Leur publication vient enrichir celle du CHU de Caen,
où un professeur qui a soigné dix patients a publié dans la revue « Annals of
the Rheumatic Diseases ».
À Gênes, l’Istituto Gaslini a remis sur pied cinq
personnes hospitalisées dans un état grave, sans intubation avec la même
molécule.
Enfin, à Milan, l’hôpital San Raffaele a mené une
étude semblable à celle de Saint-Joseph.
En plein pic, l’immunologue local a testé l’anakinra
sur 70 patients et obtenu des résultats très significatifs.
Tout cela est… « encourageant ».
Tel est le terme avancé par le « Lancet », repris en
chœur dans le milieu scientifique où l’on ne jure que par des études «
randomisées ».
Une poignée d’initiatives ont été lancées pour mener
des essais cliniques en bonne et due forme.
Mais, maintenant que la crise est passée, les patients
manquent. Et c’est tant mieux.
Le virus sévit toujours sur le continent américain où
des cliniciens ont déjà compris l’intérêt de commander de l’anakinra.
En attendant, les chercheurs de Saint-Joseph préparent
leur deuxième publication.
Les « Gauloisiens-médicaleux » continuent de
plancher sur les données qu’ils n’ont pas encore exploitées, et ils comptent
les croiser avec celles des Italiens. « Pour nous, toutes ces études ont
apporté des éléments de preuves assez nets. Il paraît clair que l’anakinra
diminue la mortalité et le risque de passage en réanimation. »
Une certitude qu’il ne partage pas avec les « autistes-dogmatiques
» du système des « sachants-trisomiques », mais avec seulement tous
ceux qui, comme à Saint-Joseph, ont vu de leurs propres yeux les bienfaits de
ce traitement sur leurs malades.
Une histoire authentique.
Ça méritait d’être souligné.
J’en conclue que finalement, le serment d’Hippocrate,
toujours en vigueur chez les médecins assermentés, est fortement endigué,
contraint par d’autres qui ont autorité sur les premiers mais ne l’ont pas
prêté !
Ou le poids des dogmes pharmacologiques ?
Je comprends bien qu’il faille protéger les patients
contre des molécules dont on ne sait rien. Mais pour celles qu’on connaît
depuis des années, quel intérêt pour « le pouvoir » de les écarter ?
Surtout quand elles donnent des résultats sur le terrain…
Comme annoncé, j’y reviens dans le poste de dimanche
prochain.
Et salue à l’occasion les équipes méritantes de
Saint-Joseph…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire