Un mois de mai dévastateur pour les bourses
Je sais, c’est passé relativement inaperçu : Les
médias s’intéressent plus à la tournée européenne du Président US qui vont l’emmener
jusque sur les plages du « D-Day », ses conseils relatifs au Brexit
sans accord – alors qu’il se propose d’en prendre un nécessairement « avantageux »
–, à ses insultes à l’encontre de « Sadique-Cannes », le maire de
Londres.
Pourtant on fait les comptes.
Si deux avions (américains) de plus de 26 sièges sont
bien tombés depuis son élection, on se demande si l’économie mondiale n’est pas
elle aussi à un tournant, d’autant que le groupe Bilderberg vient de se réunir, en catimini et en Suisse, tout comme le forum pour la paix et même le Conseil Européen. Et j'attends les minutes de la Trilatérale.
Il va devoir choisir. La guerre commerciale ou les
marchés. Car en mai, les marchés ont « décroché ».
Ce n’est encore qu’une « correction » après
la flambée de début d’année. Et pour l’instant il a choisi la guerre
commerciale, même si on connaît « sa sensibilité » à l’évolution de
Wall Street.
Il n’y rien à faire : Il déroute encore et toujours.
On s’attendait à ce qu’il signe un accord commercial
avec la Chine pour afficher une victoire et satisfaire ses électeurs et les
marchés : Il choisit l’affrontement. Un affrontement qui sera rude.
Personne ne s’attendait à ce qu’il prenne le risque de
déstabiliser les constructeurs américains et les marchés en s’attaquant au Mexique :
Il opte là encore pour la stratégie des droits de douane pour combattre l’immigration
illégale.
On lui a souvent reproché de ne raisonner qu’à très
court terme mais ses décisions sur la Chine et le Mexique sont pourtant très
négatives sur le court terme.
Il va annoncer sa candidature et lancer sa campagne le
18 juin.
Et devoir choisir : Le court terme ou le long terme,
la guerre ou les marchés.
L’art du « deal » ou du « no-deal »
?
D’ailleurs, il est allé prendre une leçon de « no-deal »
en UK…
La Chine fourbit ses armes : Une augmentation des
droits de douane sur 60 milliards de dollars d’importations américaines mais la
portée de cette arme est limitée du fait de la faiblesse des importations
américaines.
Il lui reste sa monnaie et son stock d’emprunts d’État
américains mais on sait que l’utilisation de cette arme est très complexe. Et
elle peut mener la vie encore plus dure qu’à l’habitude aux entreprises
américaines.
Personnellement, je m’attends à un retour du contrôle
des changes par Pékin qui va dévaluer sa monnaie : Une bonne façon de
rétrécir les importations et de doper les exportations…
La Chine va aussi donner la liste des entreprises « blacklistées »
pour violation des règles de marché, et elle a déjà annoncé qu’elle s’attaquerait
à FedEx pour violation des droits et intérêts des clients chinois.
Inversement « Trompe » brosse dans le sens
du poil l’Inde et menace de cesser de le faire…
Du coup, force est de reconnaître que les marchés
boursiers ont décroché.
Plus impressionnante encore, l’évolution des taux d’intérêt :
L’effondrement des taux d’intérêt…
La masse d’emprunts d’État à taux négatifs explose.
Les taux allemands à 10 ans sont à – 0,20 %, leur plus bas niveau depuis la réunification.
Les marchés se positionnent d’ores et déjà sur un fort ralentissement
économique, voire une récession dans certains pays.
Par anticipation, le cours du baril s’effrite et celui
de l’once d’or grimpe, légèrement pour l’heure.
En bref, gros coup de mou pour le Dow Jones, qui a
aligné vendredi une sixième semaine consécutive de repli (dont quatre de
consolidation bien réelle depuis le 6 mai), soit la plus longue série perdante
depuis 2011.
L’indice vient d’accuser une perte hebdomadaire de 3 %
et a cédé 6 % sur le mois écoulé, mais le Nasdaq a fait encore pire, décrochant
en mai de 7,4 % pour s’enfoncer sous les 25.000 points.
Le pétrole a plongé de pratiquement 10 % la semaine
dernière, un dévissage qui trahit un changement de perception de la conjoncture,
si tant qu’un doute soit encore possible après le vaste « sell off » qui a
ébranlé les secteurs de la distribution, des semi-conducteurs et des « biotechs
».
La distribution donc, mais également les grandes
enseignes de prêt-à-porter à l’image de Big Lots (– 25 %), GAP, Foot Lockers,
Kohl’s (– 30%), Dean Foods (– 32 %), J.C.Penney (– 35 %) ou encore Abercrombie
& Fitch (– 42 %).
L’indice des semi-conducteurs Soxx a quant à lui chuté
de 20 %, plombé par les déconvenues qu’ont enregistré Micron, Qualcomm (– 22 %)
et Nvidia (– 25 %).
Quant à Mylan, dont l’action s’est écroulée de 37 %,
il est tout simplement le grand perdant du mois au sein du Nasdaq, sachant de
surcroît que plusieurs « biotechs » du NYSE ont vu leur action dégringoler de
30 %.
Un mois de mai qui prend l’apparence d’un minikrach
pour nombre de vedettes du premier trimestre…
C’est assez déroutant que le destin de Wall Street soit
depuis de longs mois suspendu aux « twists » de « McDo-Trompe »,
lequel n’a eu de cesse de louer des niveaux records affichés il y a un mois, de
s’en attribuer non seulement le mérite, mais accusant également la Fed d’avoir
empêché que les indices américains aillent encore plus haut.
Accusera-t-il l’institution d’être responsable de la
chute de 7 % (en moyenne) de ces mêmes indices le mois dernier (et de 10 %
depuis les sommets inscrits début mai) ou jugera-t-il qu’après des gains
compris entre 17 et 20 % en l’espace de quatre mois, les investisseurs peuvent
supporter un retour à la case départ ?
Jusque-là, je n’avais jamais vu un « politique »
dicter à l’économie.
C’était même plutôt régulièrement l’inverse.
L’économe prime parce que c’est elle qui paye le « politique »
et lui dicte ses conditions et contraintes.
Du coup, le « politique » pond des lois et
décisions qui « accompagnent » l’économie, et nous juristes, on reste
la dernière roue du carrosse à « décoder » tout ça et compter combien
ça coûte (seulement pour les fiscalistes).
Un schéma très classique qu’on apprend jusque dans les
grandes ékoles et qui se vérifie depuis les années 60.
Sauf le premier choc pétrolier. Les autres n’avaient
pas eu de tels impacts d’une décision « politique » sur l’économie
mondiale, au contraire : Le « politique », la diplomatie, la
géostratégie ne sont seulement basés que sur des impératifs économiques.
Bé avec « Trompe », on ouvre une ère
nouvelle !
Depuis un mois, il s’est véritablement déchainé :
Après avoir ouvert la boîte à baffes contre la Chine début mai, il vient en
effet de s’en prendre au Mexique, dressant « son mur » en instaurant
à la stupéfaction générale un calendrier de hausse des tarifs douaniers de 5 %
chaque premier du mois (sauf en juin où ce sera le 10), jusqu'à atteindre les
25 % (appliqués à la Chine) début octobre.
Emporté par un irrésistible élan vindicatif, il n’a
pas tardé à poursuivre sur sa lancée, assénant un coup de batte de base-ball à
l’Inde qu’il brossait jusque-là dans le sens du poil, en la privant d’un
mécanisme avantageux baptisé « SPG », mécanisme qui autorise des importations
préférentielles indiennes, en franchise de droits de douane, pouvant aller
jusqu’à 5,6 Mds$.
« J’ai déterminé que l’Inde n’avait pas assuré les États-Unis
que son pays lui fournirait un accès équitable et raisonnable à ses marchés
», a justifié le locataire de la Maison Blanche.
Les responsables politiques indiens (le premier
ministre Modi vient d’être réélu) ne devraient cependant pas tendre l’autre
joue pour se faire démolir la face et se réservent la possibilité de hausser
les droits d’importation sur plus de 20 produits américains dans l’hypothèse où
Washington exclurait l’Inde du programme « SPG ».
Mais il ne se contente pas de taper sur les pays
exportateurs : Il distribue également des châtaignes en interne, poursuivant
son œuvre de destruction de tout ce qui fut mis en place sous l’administration
« Haut-Bas-Mât ».
Cette fois-ci, il a fait annuler des directives visant
à promouvoir les minorités lors des examens d’entrée à l’université. Ces
dernières venaient compléter les mesures dites de « discrimination positive »
mises en place dans les années 1960 sous la pression des défenseurs des droits
civiques.
Le président s’est appuyé sur plusieurs arrêts
successifs de la Cour suprême défavorables auxdites mesures, qui n’apparaissent
plus aussi pertinentes qu’à l’époque de leur instauration.
Une façon de provoquer la colère des démocrates et de
se compliquer la tâche au cas où il leur proposerait des mesures de relance par
la dépense publique…
En fait, il joue à quitte ou double sa réélection de
novembre suivant.
Face à cette escalade, Wall Street a, en tout cas dans
l’immédiat, manifesté une inquiétude à laquelle le président américain reste
sourd avec un VIX (l’indice de la peur, celui des flux nets de réassurance de
positions à découvert) qui a poursuivi sa remontée vers la zone rouge des 20 et
a conclu le mois de mai par un nouveau bond de 8,4 % à 18,75 %.
Quant aux marchés obligataires, ils n’ont pas été en
reste, confirmant cette peur d’une récession découlant d’une guerre commerciale
tous azimuts. En termes chiffrés, le rendement du T-Bond 2029 flirtait
notamment avec 2,135 % vendredi soir, soit une décrue de 8 points en 24 heures,
de 110 points de base par rapport à novembre 2018, et un plus bas depuis
septembre 2017.
Cet « art du deal » de « McDo-Trompe » s’apparenterait
de plus en plus à celui qui se pratique dans les cages d’escalier des cités des
« no-go-zones » et ce pourrait bien être au tour des marchés
financiers de se montrer violents.
C’est ce qu’en prévoient la plupart des brokers sur les
places boursières qui se défont des valeurs les plus sensibles, ce qui provoque
la chute des cours tels qu’on vient d’en faire un bref petit tour.
Ce gars-là n’a pas lu mon
poste de fin d’année dernière.
Ni les deux suivants, du mois de janvier.
Une taxe, un impôt, une redevance, une cotisation,
tout comme un droit de douane, ce n’est jamais que le consommateur final qui le
paye.
Pareil pour une « norme qualitative »
douanière.
Plus il y en a, moins il en vous reste pour vivre
décemment.
En résumé, « Trompe » peut mettre tout ce qu’il
veut dans les prix, ce n’est pas lui qui paye, ce sont ses électeurs.
S’il leur en reste les moyens…
C’est un « retournement majeur » : Dans
les années après-guerre, il s’agissait d’ouvrir les frontières douanières
(accord GATT, puis OMC). L’économie dominante avait besoin de matière-première
à bas coût (et de talents à haute-valeur) pour se développer jusqu’à devenir
hégémonique.
Et planétaire.
C’était l’ère des « multinationales » qui en
ont bien profité, surtout les américaines.
Et puis le premier coup de semonce : De Gaulle
voulait l’indépendance de l’industrie spatiale du pays. Il avait besoin de
missiles balistiques pour rendre son dispositif de dissuasion nucléaire crédible.
Les américains de l’époque ont refusé de lui céder des
Minutemans, il a fait les « Scouts ». Puis des fusées « Gauloisiennes »,
on est passé au projet « Europa » (Concorde et plus tard Airbus sur
un autre plan) et Ariane.
Aujourd’hui, on en est obligé de développer des
technologies propres disponibles aux USA mais « interdites » d’exportation
à certains pays…
Ce qui empêche de ressortir des matériels pointus qui
les utilisent.
Autrement dit, en s’isolant et en imposant un « droit
interne américain » à l’ensemble de ses partenaires (l’extraterritorialité
du droit US), avec ou sans accord – et dans ce cas sous menace de sanctions –
on finira par voir les US contre le monde entier.
Ce qui va faire perdre beaucoup d’argent aux « bourses &
boursiers » et faire perdre, petit-à-petit, l’aura puis le leadership des
entreprises US dans le monde.
Un droit de douane c’est fait pour protéger un marché
intérieur. Et celui des USA est gigantesque.
L’objectif est de rendre artificiellement plus cher un
produit importé que celui produit sur place. Parce que les entreprises pro
domo ne sont pas capables de réduire leurs coûts de production (pour cause
de « modèle social » coûteux et/ou fiscal).
D’ailleurs, les USA n’exporte pas assez : Ce sont
les derniers de la classe, devenus incapables de livrer des avions « sûrs »,
alors qu’ils ont plusieurs géants aéronautiques (archi-subventionnés par les
commandes publiques, il faut le dire…) depuis des décennies.
Considérez qu’il n’y a « que » trois marchés :
Les USA/Canada, la Chine et l’UE.
Les autres restent « périphériques » de par
leurs volumes, même s’ils peuvent être importants.
Dans l’UE, il n’y a pas de droit de douane
intra-européen, mais aux frontières de l’Union : C’est un ensemble
cohérent.
La « Gauloisie-Révolutionnaire », pour
parfaire son unité politique, avait abrogé tous les droits de douane internes de
l’Ancien-régime…
L’UK va probablement entrer dans l’espace économique
US, tournant définitivement le dos au continent pourtant si proche : Ça a
toujours été une puissance « maritime » ouverte sur le monde entier et
c’est leur seule bouée de sauvetage.
La Russie veut s’inscrire dans l’axe continental Chine/UE
en devenir (et en construction).
Les USA font la guerre commerciale à la Chine, demain à
l’Inde et après-demain à l’UE, mais protège les ressources pétrolières du pays
du golfe : Elle en a encore besoin.
Ils sanctionnent sans émotions les pays qui ne plient
pas, y compris la Russie (la Corée du Nord, l’embargo sur le Venezuela, la
levée « timide » de celui sur Cuba, etc.) : On survit aux
embargos depuis que Napoléon, victime de celui des Anglais après la bataille de
Trafalgar, aura remplacé le sucre de canne par celui de la betterave sucrière…
Alors que l’UE prépare de son côté, et à bride abattue,
sa sortie de l’économie « carbonée » (la « transition
énergétique » qui a mis les gilets-jaunes autour des ronds-points).
Vous voyiez là se dessiner le « Monde d’après »…
Ni plus ni moins.
Il n’y a pas de hasard, finalement.
C’est ce qu’anticipent beaucoup de « prévisionnistes »
(qui se trompent toujours) sans encore vous le dire, depuis que le « politique »
prend le pas sur l’économie avec « Trompe ».
Ça n’aura qu’un temps : L’économie, le fric, c’est
lui qui compte.
Or, « Trompe » joue de sa monnaie (pas
autant qu’il le voudrait) qui ne perd pas sa valeur de « refuge »
bien qu’il y en ait tellement, déversé par montagnes sur les marchés, qu’on ne
sait plus quoi en faire.
Combien de temps avant que l’électeur « ricain »
se rende compte qu’il est le dindon de la farce ?
Car il joue sa réélection qu’il est persuadé de
remporter pour un second mandat.
Une génération en restant optimiste.
Deux en ne l’étant pas, trois si on veut être
pessimiste : Après tout, le communisme-stalinien a mis trois générations
avant de s’écrouler, souvenez-vous.
Moâ, je ne serai plus là pour en voir les détails,
mais c’est finalement déjà écrit, à moins d’un sursaut de bon sens en novembre 2020.
À suivre, ça va être passionnant !
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