Lutte contre la pollution, c’est réchauffer la planète !
Les aérosols, issus de la pollution automobile et
industrielle, contribuent paradoxalement à refroidir l'atmosphère. Leur
diminution pourrait entraîner une dramatique accélération du nombre, de la
durée et de l'intensité des canicules en addition du réchauffement climatique
seul. Faudra-il choisir entre air pur et air tempéré ?
Devant les niveaux de pollution dramatiques atteints
dans certaines villes, les autorités prennent des mesures de plus en plus
drastiques pour limiter les émissions d'aérosols (particules fines, suie,
dioxyde de soufre…). Et cela commence déjà à produire des effets. On vient d’apprendre,
par exemple, qu’en Europe les émissions de la plupart des polluants suivis par
l’Agence européenne de l’environnement (AEE) ont fortement diminué par rapport
à leurs niveaux de 2000, grâce notamment à la directive Qualité de l’air
ambiant (2008).
Or, il est connu depuis longtemps que les aérosols
émis par l’industrie, la combustion d’hydrocarbures, la circulation automobile
ou encore le fioul des bateaux ont un effet refroidissant en assombrissant l’atmosphère.
L’ensemencement des nuages est d’ailleurs l’un des
moyens envisagés par certains scientifiques pour limiter la hausse des
températures !
D’où l’effet pervers des politiques de lutte
anti-pollution, lesquelles risquent d’aggraver fortement le réchauffement
climatique global…
Pour prendre la mesure du phénomène, trois chercheurs
de l’Université d’Édimbourg ont modélisé les effets cumulés du réchauffement
climatique et de la diminution des différents aérosols sur les vagues de
chaleur (plus de trois jours consécutifs de canicule).
Pour chaque région du globe, ils ont ensuite comparé
le climat actuel et celui prévu d’ici la fin du siècle (2081-2100) en prenant
en compte soit le réchauffement climatique seul (scénario RCP8.5 du GIEC
correspondant à la prolongation des émissions actuelles de gaz à effet de
serre), soit en association avec une réduction des aérosols.
Eh bien il s’avère que les effets des aérosols sont
très puissants : En moyenne, un air plus propre va entraîner des vagues de
chaleur dont la fréquence augmentera de 21 %, seront 25 % plus chaudes et 41 %
plus longues !
Leur durée va ainsi passer de 3,6 jours aujourd’hui à
28 jours, contre « seulement » 21 jours sans diminution de la pollution.
Vous êtes prévenus : Ils s’arrangent pour avoir
raison !
Cette forte augmentation s’explique par la relation
complexe entre les différents paramètres : « Lorsque les concentrations d’aérosols deviennent faibles, de petits
changements peuvent entraîner des réactions beaucoup plus importantes au niveau
de la taille des gouttelettes et de l’albédo des nuages », rapporte Alcide
Zhao, l'auteur principal de l’étude.
Il en résulte une augmentation exponentielle du
rayonnement atteignant la surface du sol pendant la journée ainsi qu’une plus
grande instabilité de l’atmosphère diurne, car la durée de vie et la quantité
des nuages diminuent au fur et à mesure que la taille des gouttelettes
augmente.
« Par conséquent,
les températures diurnes augmentent et deviennent plus variables tandis que les
températures nocturnes sont moins influencées par les interactions des nuages
», détaillent les chercheurs dans leur étude parue dans la revue Geophysical
Research Letters.
Et effectivement, la modélisation du climat montre une
augmentation substantielle des vagues de chaleur d’ici la fin du siècle avec
une réduction des aérosols.
Avec de telles vagues de chaleur, la canicule de 2003
ayant entrainé la mort de 70.000 personnes et une perte économique de 13
milliards d’euros passera à la fin du siècle pour une simple bagatelle. Au moment
où de nombreuses études ont déjà mis en garde contre une Terre transformée en «
étuve » en raison d’un emballement du réchauffement.
Ce n’est, hélas, pas le seul « effet indésirable » de
la chasse à la pollution…
Début 2019, une étude conjointe des universités de
Harvard et de Nankin avait montré que la réduction de 40 % du taux de
particules fines en Chine avait provoqué une augmentation substantielle de la
concentration d’ozone aux abords des grandes villes, les particules agissant
comme des « éponges » capables d’absorber les radicaux hydroperoxyles, des
composés jouant un rôle clé dans la production d’ozone.
En mars, une autre étude alertait sur une possible
disparition des nuages, susceptible de faire bondir les températures globales
de 13 °C.
Rien de moins !
Tout cela ne doit bien évidemment pas conduire à
stopper les politiques de lutte contre la pollution nous affirme-t-on pour leur
donner bonne conscience. Car toutes les études démontrent son effet dévastateur
sur la santé : Les particules fines sont à l’origine de 800.000 décès
prématurés en Europe chaque année.
Encore un chiffre lancé à l’aveugle : On en était
il y a encore peu à 48.000, pour la planète et non pas seulement la « Gauloisie-poubelle » !
Et pour bien vous le préciser, on estime qu’à New-Delhi
(Inde), un résident perd en moyenne 10 ans d’espérance de vie en raison de la
brume toxique matinale persistante.
Pour tous ces chercheurs, une seule solution s’impose
: réduire encore plus et plus vite les émissions de gaz à effet de serre
parallèlement à celles des particules fines.
Ou comment ils finissent par retomber sur leurs pieds
avec leurs « prophéties auto-prédictives » : Un « sachant-scienteux »
ne saurait se tromper !
Il vous faudra vous résoudre à ensemencer
artificiellement les nuages (avec des particules non polluantes) pour à nouveau
assombrir le ciel et remplacer la propreté de l’air respirable si vous ne
voulez pas cuire comme des homards dans une marmite d’eau de mer qu’on nous
promet à un niveau de plus de 2,38 mètres au-dessus du niveau de flottaison.
C’est comme ça !
Rappelons qu’entre 1980 et 2012, l’Europe a connu une
augmentation importante du rayonnement solaire reçu par la surface terrestre,
un phénomène dit de « brightening » (éclaircissement) qui a succédé à une
période marquée par l’effet inverse dit de « dimming » (assombrissement).
On sait qu’effectivement les aérosols interagissent avec
le rayonnement solaire en le renvoyant dans toutes les directions (diffusion), dont
une part non négligeable vers l’arrière (rétro-diffusion), et ce sans l’absorber
comme peuvent le faire d’autres aérosols (les carbones-suies par exemple).
Le rayonnement solaire reçu en surface est donc plus
faible en présence de tels aérosols : C’est ce qu’on appelle l’effet parasol.
En outre au-dessus de la Méditerranée, ils partagent ce
rôle avec les poussières désertiques en provenance du Sahara.
Enfin, ce sont les seuls aérosols à avoir connu une
diminution significative de leurs concentrations atmosphériques entre 1980 et
2012.
Ces aérosols sont issus de réactions chimiques faisant
intervenir différents composés soufrés (dioxyde de soufre, diméthlysulfate,
hydrogène sulfuré…). Ces précurseurs sont émis à la fois par des sources
naturelles (volcans, phytoplancton…) et par certaines activités humaines
(combustion du charbon, transport…).
Or, les émissions de leurs précurseurs dues aux
activités humaines ont considérablement diminué durant cette période, suite d’une
part à la mise en place de nouvelles normes dans l’industrie et le transport
pour améliorer la qualité de l’air et, d’autre part, aux crises économiques des
années 1980 en Europe tout le monde sait ça.
Toutefois, la plupart des modèles climatiques globaux
et régionaux, même ceux qui tiennent compte des propriétés et de la diminution
des aérosols sulfatés, peinent à reproduire correctement les variations
décennales du rayonnement solaire reçu en Europe, et aussi pour certains à
rendre compte du réchauffement observé depuis une trentaine d'années.
Depuis une plus ancienne étude des chercheurs du
Groupe d'étude de l’atmosphère météorologique (GAME-CNRM, Météo-France / CNRS)
et du Laboratoire d'aérologie (LA/OMP, UPS / CNRS), en collaboration avec des
équipes suisse et espagnole, on avait utilisé une nouvelle approche de
modélisation afin de sonder le possible lien entre ces deux phénomènes.
Elle consistait à utiliser un système de modélisation
régionale comprenant un couplage complet entre l’atmosphère, la mer
Méditerranée, les surfaces continentales et les rivières, tout en imposant
comme conditions aux frontières du domaine régional les conditions
météorologiques observées à grande échelle (réanalyse).
Deux séries de simulations ont été menées sur la
période de brightening (1980-2012), en incluant ou non la diminution des
aérosols sulfatés. Elles ont été évaluées à la lumière de séries temporelles,
récemment homogénéisées, de données d’observation du rayonnement solaire reçu
en surface et de la température en surface.
Les résultats (publiés dans la revue Geophysical
Research Letters) indiquaient déjà que la prise en compte de la diminution des
aérosols sulfatés conduit à une augmentation plus importante du rayonnement
solaire reçu en surface, et ce quelles que soient les conditions nuageuses, et
permet de mieux reproduire à la fois la structure spatiale et l’intensité du
brightening observé en Europe.
La diminution des aérosols sulfatés serait ainsi
responsable de 81 ± 16 % du brightening en Europe !
Des tests complémentaires sur les différents effets
des aérosols sulfatés montraient déjà que c’est l’effet direct des aérosols
sulfatés (diffusion du rayonnement solaire) qui prédomine dans cette tendance
par rapport aux effets semi-direct (impact sur la dynamique atmosphérique suite
aux modifications du rayonnement solaire reçu en surface) et indirect (impact
des aérosols sur les propriétés microphysiques des nuages).
Ce travail révélait aussi que l’augmentation du
rayonnement solaire reçu du fait de la diminution des aérosols sulfatés
entraîne un réchauffement supplémentaire en surface, non seulement dans les
régions où les émissions de leurs précurseurs ont diminué (Benelux, Europe
centrale, vallée du Pô), mais aussi dans les régions voisines (sud de l’Italie,
Grèce, Turquie).
La comparaison avec les séries temporelles
homogénéisées prouverait que la diminution des aérosols sulfatés doit être
prise en compte pour pouvoir reproduire correctement l’intensité et la
structure spatiale de l’augmentation des températures de surface en Europe et
des températures des eaux de surface de la mer Méditerranée.
Cette diminution semblait être responsable de 23 ± 5 %
de l’augmentation des températures en surface en Europe depuis 1980 et aurait
donc contribué de manière notable au réchauffement climatique régional.
Alors qu’on vous raconte que pas du tout, que c’est
votre « tas-de-boue-à-roulettes » et son diesel-qui-pue qui tuent la
planète.
Quel paradoxe !
Conclusion : Ces études vont dans le même sens !
Décarboner à coup de taxes l’économie d’un continent
revient à le faire cramer plus fréquemment !
Que j’en dis qu’il serait peut-être temps de rouvrir
les mines de charbon…
Et réinventer le gazogène.
Bonne fin de week-end tout de même à toutes et à tous !
I3
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