Une épidémie internationale qui vous pourrit la vie !
Et fait aussi l’objet de recherches assidues :
Extraordinaire…
« Quel sale kon
celui-là ! »
Combien de fois cette phrase vous a-t-elle effleuré l’esprit
sans vous sortir de la bouche ?
Combien de fois avez-vous constaté, dans votre
entourage professionnel, que certains individus ne tournent pas toujours très
rond ?
À combien de réunions dénuées de sens et d’intérêt
avez-vous participé ?
Heureusement, le sujet fait l’objet d’études et de
recherches pointues.
Il y a des chercheurs qui parfois sont aussi des « trouveurs ».
C’était une tâche cyclopéenne et ils se sont mis à
plusieurs pour tenter d’en faire le tour de façon « scientifique ».
Une trentaine de scientifiques prestigieux comme Boris
Cyrulnik, neuropsychiatre vedette, Dan Ariely, facétieux docteur en économie
comportementale du Massachusetts Institute ot Technology (MIT), Aaron James,
très sérieux professeur de philosophie à l’Université de Californie et auteur
reconnu d’un remarquable « Assholes : a theory » (« Connards : Une
théorie « ), Sebastian Dieguez, passionnant chercheur au Laboratoire de
sciences cognitives et neurologiques de l’Université de Fribourg, Pierre de
Senarclens, professeur honoraire de relations internationales à l’Université de
Lausanne.
Ces doctes savants ont donc ausculté la connerie, ce
mal contagieux, qui transcende les siècles, mais que les réseaux sociaux
semblent démultiplier.
Vaste sujet : Comme le soulignait un autre
scientifique (Albert Einstein), « il
n’existe au monde que deux choses infinies : l’univers et la bêtise humaine.
Mais pour l'univers je n’ai pas de certitude absolue. »
La connerie, explique-t-on en préambule de la dernière
étude sur le sujet, « nous touche au
quotidien. Nous en souffrons tous, que ce soit de notre propre connerie ou de
celle des autres ».
On peut être con par maladresse, par ignorance, et là
ce n’est pas bien grave.
On peut être né comme ça et on peut même le devenir.
Mais on peut aussi être un con intelligent, capable « d’écrire 500 pages qui rendent le lecteur
plus con, plus haineux, plus binaire et on a tous quelques noms en tête. Et on
peut aussi être un sale con et essayer de profiter du peu de pouvoir qu’on a
pour nuire aux gens qui sont sous notre coupe ».
L’affaire des « petits-chefs » qui te
pourrissent vte-fait une boutique parce qu’ils sont devenus kons à en être
cocus, que ça les rend « méchants-cons »…
Et globalement, le seul talent du con, c’est sa capacité
à te pourrir la vie…
Attention, rappelle un historien et auteur de « Les
crétins des Alpes », « il ne
faut pas confondre les cons avec les crétins, qui est une forme pathologique.
La connerie est une forme de luxe : on choisit d’aller emmerder le monde ».
Mais alors, qui sont les cons ?
D’après une enquête publiée en 2008 par René Zazzo, un
psychologue cognitiviste, « le con
serait quelqu’un qui manque d’intelligence émotionnelle et reste abusé de
lui-même tout en abusant des autres du fait de son égocentrisme. »
Qu’il dîne ou non avec d’ailleurs…
Pour Aaron James, la connerie est (encore ?) un
domaine où les femmes n’ont pas atteint la parité avec les hommes.
Et ce qui caractérise un individu con, c’est « qui s’accorde des avantages particuliers
dans la vie sociale en se sentant immunisé contre les reproches. L’exemple
typique est le connard qui ignore la file d’attente à̀ la poste (…). C’est une affaire de comportements sociaux, mais
la source interne en est l’échec à manifester de l’intérêt pour autrui. »
On ne vise personne en particulier, mais je suis sûr et certain que vous pensez à noter
actualité récente…
Ce scientifique-là avait d’ailleurs réalisé un livre,
en 2016, sur les dangers d’envoyer un « uber-connard », en l’occurrence
« MacDonald-Trompe », à la Maison-Blanche. C’est, expliquait-il, « un connard qui inspire à la fois respect et
admiration pour sa maîtrise de l’art de la connerie malgré́ la compétition de
ses pairs… Peu arrivent à̀ la cheville de Trump pour enchaîner connerie sur
connerie. »
L’épidémie, selon une étude américaine, toucherait 0,8
à 6 % de la population et trouverait son origine « dans la société de consommation et le développement récent des technologies
de communication de masse ».
Personnellement, je voyais ça à un niveau plus élevé…
Mais je ne suis pas un « scientifique ».
Là où ils peuvent se concentrer, c’est l’entreprise, un « lieu social »
par excellence, qui est loin d’être exemptée par ce fléau. On peut même dire
que c’est là qu’ils se déploient avec le plus d’aisance.
Pour s'en convaincre, il suffit de lire la littérature
qui couvre la connerie en entreprise, du très relâché « Travailler avec
des cons » (J’ai Lu) au plus sérieux « Travailler avec des
personnalités difficiles » (Ixelles).
Qui sont donc les cons dans l'entreprise ?
Pas toujours facile à dire, car le con sait dissimuler
sa connerie et endormir l’attention pour mieux frapper. Il y en a quand même
quelques-uns qui font l’unanimité.
Pour une expérience, René Zazzo a ainsi envoyé à une
centaine de médecins, psychiatres et psychologues d’un grand hôpital parisien
une liste de 120 noms en leur demandant de cocher les noms de ceux qui, à leur avis,
méritaient l’épithète de « con ».
Zazzo lui-même s’était inclus dans la liste et y
figuraient aussi les noms des interrogés : Or, cinq personnes seulement ont
obtenu plus de 85 % de vote !
Un « grand patron » (c’est courant), un de
ces mandarins hospitaliers, a même obtenu le score phénoménal de 100 % !
Une sanction de son arrogance et de sa méchanceté.
On est à l’hôpital, pas à l’Élysée…
De toute façon, « on est toujours le con de quelqu’un mais certains font l’unanimité »,
reconnaît l’auteur anonyme du best-seller « Travailler avec des cons ».
Pour le psychiatre et spécialiste des thérapies
comportementales et cognitives Jean Cottraux pour le nommer, le connard en
entreprise jouit « de la soumission
et de la souffrance des autres, et fait carrière pour assouvir sa passion pour
l’humiliation ».
Le seul moyen de l’arrêter, selon lui, c’est la « No
Asshole Rule » (la « La règle zéro sale con ») qui consiste à
poser un certain nombre de questions, afin de détecter, au-delà d'un CV
rutilant, quel est le degré de toxicité narcissique du futur salarié.
Le candidat doit par exemple répondre vrai ou faux à
un questionnaire du genre : « Vous
êtes entouré d’idiots incompétents, et vous ne pouvez pas vous empêcher de leur
faire savoir cette triste vérité aussi souvent que possible ».
Ou bien encore : « Vous étiez une personne très bien avant de commencer à travailler avec
ce ramassis de crétins »…
Du vécu pour plusieurs d’entre nous…
Bien sûr, le « sale con » sait éviter ces
pièges grossiers et trafiquera ses réponses à ce type de questionnaire.
Mais souvent sa suffisance l’emportera : « La connerie demeure basée sur l’arrogance, l’intolérance
et les certitudes bouffies, même si elle prend aujourd’hui de nouvelles formes
pour s’exprimer », peut-on constater. Bien entendu, une fois dans la
place, le connard s’efforcera de diffuser sa maladie à tous les salariés encore
sains.
Car la connerie sait se déployer dans les dynamiques
de groupes et dans la hiérarchie : On apprend ainsi qu’un degré élevé d’obéissance
peut conduire à des catastrophes, comme une fuite dans une centrale nucléaire
japonaise ou un crash d’avion. Et que les séances de brainstorming de groupe
font naître plus de conneries que d’idées lumineuses.
Ce n’est pas mon collègue de bureau qui le dit, ce
sont plusieurs études scientifiques rigoureuses…
On donne généralement cinq méthodes pour repérer les
cons dans l’entreprise et éviter leur prolifération.
Guide de survie :
– N’embauchez pas de cons : Le meilleur moyen d’éviter
que la connerie ne gangrène l’entreprise, c’est d'éviter d’y faire entrer des
cons. Mieux vaut, pour cela, éviter de confier le recrutement à un con !
Ce que j’appelle un « casting-raté ».
En principe un sur deux (à l’issue d’une période d’essai
renouvelé).
J’ai pu ainsi voir dans mes errances professionnelles
des « patrons-tout-puissant » couler consciencieusement leur boîte
sans se rendre compte qu’ils s’entouraient exclusivement, et avec bonheur, de « connards-de-la-dernière-pluie ».
Car plus un profil nuisible occupe un poste important
dans la hiérarchie d’une organisation, plus les dégâts sont nombreux…
Grave, même…
– Identifiez les cons à coup sûr : On peut lister « douze vacheries quotidiennes » qui
permettent de les identifier et qui vont d’insultes personnelles, aux menaces
et autres intimidations, en passant par les remontrances publiques et les
attaques hypocrites.
Voire seulement sexiste…
Facile, à condition de se tenir au courant de tout…
– Une fois en place et identifié, limitez leur pouvoir
de nuisance. Réduire les frontières hiérarchiques (et les écarts de salaires)
permet de limiter leur sentiment de pouvoir.
Finies les superstars !
Mais l’idéal c’est de les pousser vers la sortie…
– Ne pas devenir soi-même un « sale con » :
C’est affreusement contagieux.
Tous les membres d’un système social, que ce soit une
entreprise ou n’importe quelle autre organisation (y compris familiale, ou club
d’amis), sont des « sales cons » en puissance. Un peu de
bienveillance envers ses collègues, qui ne sont pas des concurrents, une dose
de détachement devant son rôle, un peu de recul, de hauteur de vue et beaucoup
de coopération, peuvent changer l’ambiance du groupe (et les résultats d’une
entreprise).
– S’éloignez des cons. Le meilleur moyen de ne pas
être contaminé par la connerie de quelques-uns, « c’est de vous en tenir aussi éloigné que possible ».
Si c’est impossible, et que c’est que tout le groupe
(ou l’entreprise toute entière) qui est atteint, il ne reste qu’une solution :
S’exclure. Changer de boîte.
Ou la vendre.
« On commet tous
des petites erreurs au quotidien, et souvent on s’en aperçoit et l’on se jure
qu’on ne le fera plus. Mais il y a aussi ceux qui persistent dans leurs erreurs
et qui vont parfois jusqu’à s’en vanter.»
Et toi tu gâches ton temps, ton talent et ta bonne
humeur à corriger les effets de la konnerie.
Quand c’est la tienne, t’es payé pour ça.
Mais quand c’est celle de tes collaborateurs (subordonnés
ou non), c’est vite du gâchis.
En bref, ces études (et recherches) n’apporte pas
vraiment de nouveauté ni dans la pratique du management, ni dans les autres
domaines de la vie.
Par exemple, je ne comprends toujours pas « Grouchy »
qui aura refusé de « marcher au son du canon » (comme la coutume
militaire l’impose) pour persister à intercepter Blücher sur une fausse piste
introuvable.
Une konnerie qui a changé la vie de l’Europe entière.
Mais il y n’y a pas que celle-là depuis lors, loin de
là…
Deux choses à en retenir (qui ne sont pas si drôles
que ça dans le cadre de la « Science en marche ») au-delà du
fait qu’un kon ne sait pas s’identifier en tant que tel :
1 – Les kons, tu évites impérativement. Tu pourrais
être contaminé tôt ou tard…
Ce qui explique d’ailleurs formellement le théorème de
Peter : « Dans une hiérarchie,
tout employé a tendance à s’élever à son niveau d'incompétence. »
Une fois arrivé, il devient indubitablement kon…
2 – Ce qui reste particulièrement étrange, c’est que
les kons non seulement « infectent », mais ils parviennent aussi à « se
reproduire » depuis la nuit des temps : Pas moyen de les éradiquer.
Ce n’est pas que je sois partisan d’un holocauste de
la konnerie et des konnards (je reste un grand tolérant devant l’Éternel), mais
force est de constater que malgré eux (comme disait mon « papa-à-moi-même »
qui me fait toujours frémir quand je l’évoque…), c’est que « ça marche quand même ».
Cahin-Caha peut-être et avec quelques « catastrophes
évitables », mais « ça marche » encore…
Fabuleux.
Bonne fin de journée à toutes et tous tout de même
(les konnes/kons aussi et tous les autres !)
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