Oui,
mais quels scénarios à suivre ?
Déjà que les royaux sujets britanniques
s’inquiétaient pour leur « fish &
chip », que le fisc américain va fourrer son nez dans
« les sous » de couronne (la duchesse du « Suce-sexe »
reste états-unienne pendant encore 5 ans et l’impôt sur le revenu américain est
« mondial », où que vous résidiez…), ils ont néanmoins sauvé la Guinness.
Une bière brassée à Dublin et dont ils
font grande consommation, mais qui est embouteillée à Belfast : Vous
imaginiez sérieusement une « frontière en dur » entre les deux
Irlande ?
Impensable.
Il n’y a d’ailleurs pas que ça : Le
divorce proclamé, beaucoup s’attendent au pire. À commencer par les royaux
sujets Britanniques amoureux du bon vin qui craignent de ne plus pouvoir en
boire car l’Angleterre importe majoritairement son vin d'Europe…
Du coup, les stratégies vont bon train
et le stockage commence déjà !
Les Communes et la chambre des Lords
devraient donc voter pour l’accord signé in
extremis, parce que sans ça, c’est la révolution dans les pubs (et les
caves royales).
Et ça va probablement se passer ce 11
décembre, renvoyant à plus tard (2020 ou 2022) les négociations « en
dentelle » qui vont suivre pour fixer définitivement les choses entre l’UE
et la Perfide Albion.
Car si la signature du dimanche 25
novembre était bien une première étape indispensable, l’accord ainsi que la «
déclaration politique » ébauchant les lignes directrices de leur relation
post-Brexit, ne résolvent strictement rien.
C’est simple, il n’y a rien !
Un vrai brouillard « so british
fog »…
Si le Parlement approuve, dans ce cas
de figure, « Théière-Mais » aura réussi à obtenir une majorité aux
Communes en ralliant notamment des députés travaillistes europhiles pour
contrer la centaine d’élus de son propre camp opposés à l’accord. C’est le
scénario le plus simple : Le feu vert permet alors la poursuite du processus
décidé par le gouvernement britannique.
Le Parlement européen sera ainsi amené
à voter à son tour le texte de l’accord. Si la date du scrutin est encore
incertaine – il pourrait se tenir lors de la session plénière du 11 au 14 mars
– le résultat du vote des eurodéputés ne fait guère de doute. Le Parlement
européen devrait, en effet, suivre l’exemple des dirigeants européens, qui ont
approuvé le texte ce week-end.
Et le 29 mars à 23 heures, heure de
Londres, le Royaume-Uni sortira alors effectivement de l’UE. Il perd ainsi ses
droits de vote, son commissaire et ses eurodéputés. Mais il reste, pendant la
période de transition qui devrait durer au moins jusqu’au 31 décembre 2020,
membre de l’Union douanière et du marché intérieur. Pendant cette période, si
l’accord à l’amiable est bien respecté, rien ne va vraiment changer, sauf
l’essentiel : Le Royaume-Uni sera devenu un pays tiers.
Imaginons que le Parlement n’approuve
pas, on entre dès lors dans une situation inédite, et nettement plus floue. Ce
qui est sûr, c’est que première-ministre aura alors 21 jours pour annoncer
publiquement comment le gouvernement va procéder.
Et sept scénarios sont plausibles.
1 – Une renégociation. En cas de rejet
des députés britanniques, elle peut décider de retourner à Bruxelles pour
tenter d’obtenir un accord qui satisferait davantage ses parlementaires. Mais
la dirigeante britannique a déjà prévenu la semaine dernière qu’elle n’obtiendrait aucune
concession conséquente en cas de second « round » de négociations.
Exclu.
2 – Une démission. Il est peu probable
qu’un tel désaveu, surtout dû à des députés conservateurs, permette à la
première ministre de se maintenir en poste. Elle pourrait alors choisir de
partir d’elle-même. Dans ce cas, le camp conservateur se choisirait un nouveau
leadeur, qui essaiera à son tour d’obtenir une majorité sur un accord peut-être
légèrement remanié.
Peut-être seulement, mais là encore,
peu probable.
3 – Une défiance des Tories : Si elle
ne part pas d’elle-même, son camp s’en chargera peut-être à sa place.
Pour organiser un vote de confiance, 15
% du groupe conservateur doit le réclamer, soit 48 députés.
Jacob Rees-Mogg, à la tête du puissant
groupe parlementaire eurosceptique European Research Group (ERG), tente depuis
plusieurs mois de lancer l’offensive.
Mais pour l’heure, sans succès.
Si le Parlement vote la défiance, la
locataire précaire du 10, Downing Street devra alors quitter son poste.
4 – Une défiance des travaillistes :
Si elle ne démissionne pas et que les conservateurs n’agissent pas, le Labour
pourrait décider de prendre des initiatives et convoquer un vote de confiance.
Dans l’hypothèse où elle perd ce vote,
l’opposition ou un nouveau dirigeant conservateur aurait deux semaines pour
former un nouveau gouvernement qui pourrait obtenir la confiance du Parlement
lors d’un second vote.
Si ce nouveau vote échoue, les royaux
sujets Britanniques seront rappelés aux urnes.
Une hypothèse à 1 contre 25 chez les
bookmakers, mais avec une côte qui se redresse en faveur de cette hypothèse.
5 – Dans l’hypothèse d’une nouvelle
élection, elle a elle aussi la possibilité de convoquer une élection anticipée,
ce qui constituerait un pari ultime devant les électeurs.
Si une majorité se dessine en sa
faveur, cela pourrait constituer un moyen de pression conséquent pour obliger
les députés à revoter, cette fois positivement. Mais c’est évidemment très
risqué : Personne n’y croit, même pas elle après la déculottée de la
dernière convocation aux urnes.
Si elle se plante (comme naguère) on
repart vers l’aventure d’un « hard-Brexit ».
6 – On peut imaginer également un
nouveau référendum. C’est également une carte dans le jeu du gouvernement
britannique : Le choix d’organiser un nouveau référendum pour donner
l’opportunité aux royaux sujets Britanniques de confirmer ou non leur premier
vote.
Mais ce processus pourrait prendre
plusieurs mois et devra également être validé par le Parlement.
Et elle n’en veut pas.
7 – Dès lors, l’hypothèse d’un «
no-deal » reprend de la vigueur.
C’est le « scénario du pire », le
spectre agité autant que possible par la première ministre pour empêcher sa
majorité de voter contre l’accord.
C’est d’ailleurs sa seule stratégie
depuis qu’elle s’est rendue compte que l’UE restait indivisible et n’avancerait
pas au-delà des « lignes-rouges » infranchissables.
C’est même une régression :
« Camé-Rhône » avait obtenu bien quelques avantages pour présenter
son référendum sous des aspects attractifs à son électorat et ils se sont
envolés comme une nuée de fumée depuis.
Cette option par défaut laisserait le
pays dans une situation inédite et beaucoup de questions en suspens, concernant
notamment les droits commerciaux et les transports, ainsi qu’une incertitude
sur l’approvisionnement du pays en nourriture et en médicaments par exemple.
Et en bière.
Et en vin.
Situation intenable dans les pubs
londoniens (et d’ailleurs dans le royaume), c’est pourquoi je fais le pari
qu’ils vont voter et se donner le temps de négocier des accords fragmentaires,
branche par branche, thème par thème autour de la « déclaration politique »
qui accompagne l’accord : Il est assez flou pour permettre toutes les
adaptations imaginables, une occasion de tirer un peu plus la couverture à eux,
sans franchir les « lignes-rouges ».
C’est aussi l’intérêt de l’UE
naturellement (ce pourquoi le Parlement de Strasbourg le validera), mais aussi
des royaux sujets Britanniques qui auraient bien du mal à rayer d’un trait de
plume plus de 40 ans de « convergences juridiques » rien qu’en
claquant dans les doigts.
Alors que la cheffe du gouvernement de
sa Majesté essuie le feu nourri de critiques venues de toutes parts – des
brexiters durs du Parti conservateur aux Unionistes nord-irlandais en passant
par ses opposants du Parti travailliste – plusieurs études économiques
concluent, en effet, qu’il serait plus bénéfique pour le Royaume-Uni de rester
dans l’Union européenne plutôt que d’approuver son deal.
Ils sont vraiment très drôles,
finalement…
Les
effets du célèbre « British sense of humor », probablement.
Selon les travaux conjoints du Center
for Economic Performance et d’un groupe de réflexion universitaire piloté par
Jonathan Portes, professeur au King’s College de Londres, cet accord risque de
plomber sérieusement la croissance anglaise pendant une décennie au moins.
Ainsi, le PIB par habitant pourrait
être rogné de 1,9 à 5,5% par rapport à ce qu’il aurait pu être en l’absence de
Brexit. Mince consolation, l’impact serait encore supérieur en cas de départ
sans accord, avec une perte de production de 8,7 % par citoyen britannique.
D’après ces chercheurs, les économies
sur la contribution du Royaume-Uni au budget de l’UE ne représenteraient qu’une
fraction minime des dommages potentiels pour l’économie britannique :
L’introduction de barrières douanières et la réduction de la main-d’œuvre
immigrée risquent aussi d’atrophier l’économie de la Grande-Bretagne, comparée
à ce qu’elle aurait été en demeurant au sein de l’Union européenne. « Cela se traduirait par une augmentation des
impôts ou des dépenses publiques », estime Jonathan Portes.
Selon l’étude, les finances publiques
britanniques seraient amputées de 0,4 % à 1,8 % du PIB dans le cadre de
l’accord sur le Brexit que doivent voter les parlementaires par rapport à un
statu quo.
Et encore, eux ils n’ont pas la même « fiscalité
écolologique » que vous : Sauver le monde, certes, mais survivre d’abord,
parce que le monde sans eux, ça n’aurait plus la même saveur, à leurs yeux…
Enfin, d’après l’Institut national de
recherche économique et sociale britannique, le Brexit aura pour effet de
rogner l’économie du Royaume-Uni de 100 milliards de livres (130 milliards de
dollars) par an jusqu’en 2030, soit l’équivalent de la production annuelle du
Pays de Galles ou du secteur des services financiers de la City.
Justement, ça bouge (un peu) chez eux
qui sont pour l’heure les cocus de l’affaire.
Mais d’autres études, dont celles de la
Banque d’Angleterre et du ministre des Finances sont attendues d’ici au vote
parlementaire du 11 décembre. A priori, ces travaux devraient aller dans le
même sens.
Le « Brexit-dur » n’a
finalement pas de sens, mais aujourd’hui avec l’accord à approuver, les
« brexiters » sont les cocus de la farce : Ils s’obligent à
appliquer toutes les règles issues des règlements européens, mais désormais,
ils ne participent plus à leur élaboration.
Ils payent leur dû, mais perdent leurs
commissaires et eurodéputés.
Notez que de mon point de vue, ce n’est
pas plus mal.
Et je devrais pouvoir rester, tout comme
les indispensables polaks qui travaillent dans leurs verts-pâturages, en
revanche, il va leur falloir se mettre autour de la table pour régler la
restitution du Rocher de Gibraltar à Madrid (comme j’ai pu souvent vous en
avertir dans le silence odieux de vos médias habituels) et accepter le partage
de leurs eaux poissonneuses avec les « Gauloisiens-pêcheurs » et
quelques autres.
La guerre de la morue (et de la
coquille Saint-Jacques), c’est encore de l’histoire ancienne qu’on ne veut plus
ouvrir nulle part…
Et c’est fort drôle : Le tout sera
et restera sous contrôle de la Cour de Justice Européenne.
Au moins jusqu’en 2020 (peut-être
2022).
Ceci dit, je ne sous-estime pas non
plus le « nothing to fuck »
(rien à foutre) qui domine les esprits des royaux sujets Britanniques depuis la
nuit des temps.
Ils ont déjà renversé la table une
fois, ils sont capables de le faire une deuxième fois.
Et là, on entrera dans une période d’isolement
coriace.
Tant pis pour la bière…
Et les vins-fins du continent…
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