Les
grandes manœuvres
Avouez que le scénario est « impeccable ». Et son exécution,
notamment dans sa chronologie, est quasiment parfaite.
Je vous raconte (ce que vous savez déjà).
Ça commence dans les années 80 où mon prof’ de sécurité sociale (un type
assez costaud dans son domaine, mais de « gôche » dans une fac de
« droâte », la seule à être même d’extrême-droâte, Assas Paris II)
nous expliquait que si on ne « baisait » pas assez (« baisez, mais baisez donc ! »),
nous n’aurions pas de retraite.
Avec toutes les nymphos qui se promenaient dans les travées de l’Amphi
1.000, à la recherche d’un futur ténor du Barreau, on s’en occupait.
Lui aussi, d’ailleurs, mais avec moins de succès…
En fait, il reprenait l’idée du « grand-Michou »
(« Michel-Deux-Braies ») le père des deux autres, du discours de
Bayeux et de la Constitution, qui assurait que le régime des retraites, qu’il a
contribué à mettre en place à la sortie de la guerre avec d’autres, ne
tiendrait pas en cas d’essoufflement démographique.
Logique : C’est une vaste « pyramide de Ponzi » où les
« entrants » payent pour les « sortants ». Les cotisations
des uns assurent le service des pensions des autres.
Une escroquerie légitimée dans les ordonnances de 1945 (et textes
ultérieurs) qui pouvait fonctionner tant qu’il y avait un retraité pour 12,
puis encore pour 4, puis bientôt pour encore 2 cotisants…
En fait, c’était déjà du vécu pour les « régimes spéciaux »,
tous ceux qui n’avaient pas voulu rentrer dans le régime général de
l’assurance-vieillesse, cheminots, mineurs, électriciens-gaziers, notaires,
avocats, géomètres, curés toubibs, professions libérales, agricoles, et même
chez les fonctionnaires (mais là, ce n’est pas grave : C’est le
contribuable qui paye !).
Tous voyaient déjà l’équilibre « cotisant/retraité » se réduire
comme peau de chagrin.
Ceci dit, les cadres et plus tard les « non-cadres » ont inventé
les régimes complémentaires. C’est que la CNAV n’assure une retraite que pour
les 25 meilleures années, limitée au plafond de la sécurité sociale
(globalement le double du SMIC depuis 1968), pour assurer un maximum de 50 %
dudit plafond.
Dans la réalité, calculs faits, on atteint péniblement les 46 % dudit
plafond : Celui-ci évoluant plus vite que le Smic et les salaires.
Donc tranche B de 1 à 3 fois le plafond (qui évolue trois fois plus vite
pour atteindre la tranche C : 4 fois le plafond et jusqu’à 8 fois pour
arriver en tranche D).
Et je ne vous dis pas la tranche E, le salaire situé au-dessus de 16 fois
ledit plafond.
J’en ai vu.
Mais tout ça entre dans le cadre de l’article 83 du code général des
impôts qui organise la déductibilité de ces « charges sociales » (en
réalité un « salaire-différé ») et en limite la portée, parce
qu’au-dessus de 19 % de 4 fois le plafond tout compris, dont 3 % pour la
retraite, c’est considéré comme d’un salaire « non-déductible » et de
plus « cotisable » (Jurisprudence Generali, calquée sur le régime
Préfond [de capitalisation] des « hauts-fonctionnaires » du… Conseil
d’État qui fait la décision de principe : Pas de raison que les salariés
du privé soient mieux traités que les agents-publics les mieux rémunérés en
terme de retraite !).
Les assureurs se sont donc servis de l’article 39 du CGI pour rendre
déductibles et assurer les « retraites-chapeau » aux cadres
supérieurs et dirigeants des entreprises : L’entreprise achète une rente
au « collège » des bénéficiaires putatifs.
Là-dessus, le « Livre Blanc » de « Roro-Card »
sonne une fois de plus l’alarme et la majorité parlementaire du moment invente
un troisième volet : La capitalisation avec la loi Thomas (mort-née pour
cause de cohabitation).
La « gôche » n’aime pas la capitalisation : C’est une
rupture de l’égalité des citoyen, un coup de hache dans la solidarité nationale
et tout le monde garde un très mauvais souvenir du « Front
Populaire » sorti des urnes à l’occasion de la crise de 1929 qui a
véritablement ruiné les régimes de retraite dit « de capitalisation »
de l’époque.
Ceci dit, c’est de cette façon-là que les régimes de retraites américains
(et anglo-saxon d’une façon plus générale) fonctionnent et les « fonds de
pension » sont si puissants dans le monde des affaires qu’ils veillent à
ce que les bourses leur permettent d’assurer des pensions à un nombre toujours
plus important de leurs affiliés.
Une vraie dictature du profit !
Même s’il y a eu des « accidents » comme le fonds Murdoch par
exemple.
Ceci dit, pour revenir en « Gauloisie-sociale », quand tu es
malin, tu montes avec quelques entreprises d’une branche d’activité dont les
salariés sont « mal-logés », une caisse de prévoyance complémentaire
(les « mutuelles-maladie ») et une caisse AGIRC de retraite. Au
démarrage, forcément, les cotisations sont supérieures aux reversements (ou tu
te plantes rapidement).
Quand ça marche, de toute façon, tu sais que tu peux te « planter
plus tard », donc tu fais comme tous les assureurs des « provisions
techniques » (fortement encadrées par les services fiscaux qui ont fini
par s’inventer une taxe spécifique dessus pour compléter le budget de la
Nation) puisque c’est obligatoire et naturellement déductibles des assiettes de
tes impôts sur tes résultats.
Et j’ai vu – à un moment lointain de ma vie « d’avant », j’ai
été « incontournable » en périphériques de rémunération – des
« boutiques » qui ne savaient plus quoi faire de leur trésorerie,
jusqu’à abonder à des « œuvres-sociales » telles celles
d’EDF-GDF : Voyages, lieux de séjour ludique et exotique, bibliothèques,
activité pour les jeunes « ayant-droit », etc.
Et quand tu es salarié, tu as tout intérêt à monter un PEA (et autres
supports équivalent), juste pour prendre date et y transférer dedans et à terme
tous tes avoirs placés en assurance « en cas de vie » et autres
plus-values (ainsi que les abondements de l’épargne-salariale, PEE, PERP,
Intéressement, Participation des salariés, etc.) pour sortir en rente-viagère
exonérée (après un délai de 8 ans depuis l’ouverture dudit plan : Pas trop
long pour une fin de carrière présumée à l’âge de 65 ans).
Désormais, tu es amputé des CSG, CRDS et Prélèvements sociaux sur les
revenus du patrimoine, mais il t’en reste encore assez pour compléter utilement
ta pension de retraite, régime générale et complémentaire, même si c’est moins
que prévu.
Et de leur côté, les caisses complémentaires, pour équilibrer, se sont
lancés dans une surenchère du prix du « point acheté » (125 %) et une
vaste fusion des métiers. À ce jeu-là, c’est la boutique du frère de
« Bling-Bling » qui aura été le plus fort en bras : Médéric est
devenu un « petit-empire ».
Quant au fisc, il aura rajouté des taxes, augmenté les taux, essayant de
se rattraper aux branches d’un pactole « hors d’atteinte » de
quelques 165 milliards aujourd’hui, nous dit-on.
Et « Jupiter » commence par raboter l’APL, rajouter un peu de
CSG sur les revenus déclarés tout en assurant compenser par une baisse des
charges sociales part salariale et la disparition de la taxe d’habitation, puis
de l’ISF sur les capitaux mobiliers.
Vous aurez noté que tout cela n’est pas programmé dans les mêmes
échéances : Ça ne peut qu’être « tout-bénéf’ » pour les caisses
de l’État avant de s’attaquer à la réduction des dépenses publiques.
La « dépense publique », c’est certes ce qui est « hors de
compétence », à savoir la fiscalité locale, les dépenses et déficits des
régimes sociaux également, mais ce qui va heurter de plein fouet les puissants
syndicats de la fonction publique, c’est le nombre de fonctionnaire, dont le
gros des effectifs reste ceux de « les ducs-à-Sion » juste devant
ceux de la grand-muette et des forces de l’ordre d’une façon générale (et loin
derrière, ceux des autres fonctions régaliennes de la justice, de la
diplomatie, etc.)
Plus rien à craindre : « Juppette » s’était attaqué de
front aux grosses centrales. C’était une urgence et il a échoué.
« Bling-Bling » s’était attaqué aux
« électriciens-gaziers » et avait réussi sur le fil moyennant un
« hold-up » sur le « régime général » : Absorption
moyennant le paiement d’une « soulte » qui touchait au ridicule et
personne n’avait rien dit de peur de remettre le feu à la rue.
« Ed. Fil-Lippe », fils putatif de « Juppette »,
attaque donc le statut des cheminots.
D’abord parce qu’il faut être prêt pour l’ouverture du marché du rail à la
concurrence européenne, ensuite parce que de toute façon, ils feront grève
(alors que leur statut est préservé, sauf pour les nouveaux embauchés, comme ça
a été le cas, avec « Bling-Bling » pour les salariés de
« Transe-Télécom », voire ceux de « Paul-en-ploie » au
moment de la fusion des deux organismes de l’assurance-chômage).
Une grève, c’est épuisant : Ce n’est pas le « Club-Med ».
Et plus c’est long, plus c’est difficile, même si pour atténuer le choc,
les cheminots ont intelligemment opté pour une grève perlée sur la durée.
Et puis on te vous balance des « fakes-news » sur les pensions
de réversion des conjoints, mélangées à de vraies annonces sur la retraite
généralisée « par point ».
Là, c’est une réelle bonne idée…
J’en suis partisan, parce que c’est le seul mécanisme
« logique ».
Logique, mais à condition de balayer « tous les régimes » en les
absorbant dans un unique organisme de « vaste mutualisation ».
Ils l’ont dit, et personne n’a réagi : La brèche est donc faite.
Naturellement, il y aura des aménagements : On va cristalliser les
« droits-acquis », les veuves, fortifier les « roues de
secours », revoir les « années gratuites », mais ce qui compte,
ce sont trois choses :
1 – Mutualiser l’ensemble des moyens, dit autrement, piquer les
trésoreries disponibles.
2 – Créer un régime « équitable » (c’est annoncé : À
cotisation égale, pension égale) pour tous ceux qui ne sont pas encore
bénéficiaires de pensions de retraite.
3 – Et le tout, cet été (la session extraordinaire du Parlement a été
convoquée par voie de décret) quand tout le monde sera en vacances et que plus
personne ne sera en position de faire grève…
Et c’est parti pour, figurez-vous !
Une fois les détails négociés et arrêtés, le nouveau régime va rentrer en
vigueur très rapidement au cœur du quinquennat et l’exécutif va « passer à
autre chose », lois déjà votée.
Notamment le statut des fonctionnaires : Ils auront déjà leur
retraite « conforté », sauf pour les nouveaux embauchés, il leur
faudra accepter d’être remplacé au fil des ans par des salariés ayant des
contrats « de droit-privé ».
Notez que c’est déjà le cas pour tous les nombreux
« contractuels » : Aucune chance d’être « titularisé »
par une nouvelle « sapinade ».
Quoique… on verra bien par la suite.
Le statut des fonctionnaires, il ne se justifie que pour les
« cadres » de la fonction publique : C’est une garantie pour
l’administré (ce qu’on va vous expliquer en fin d’année).
Reconnaissez que pour l’agent de guichet ou la femme de ménage, voire le
jardinier du Palais du Luxembourg (où siège le Sénat)…
Voilà, très résumée, la feuille de route qui se dessine sous votre nez.
Et à la fin, vous leur direz « MERCI », je vous l’ai toujours
dit depuis plus d’un an.
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