Je n’arrête pas de vous alerter…
La semaine dernière encore (et à l'occasion de la
sortie du rapport annuel de Freedom House), on constatait que partout dans le
monde la démocratie recule et les contre-modèles (Chine, Russie, …) s’assument
avec cynisme.
En Europe c’est le triomphe des partis
« populistes ». Il ne s’agit plus uniquement de la Hongrie (Orban est
au pouvoir depuis 2010), des « Polaks » (parti PiS depuis 2015) ou de
l’ Österreich
(l’extrême-droâte est au gouvernement depuis fin 2017), de la
« Ritalie » embourbée dans ses dernières élections (32 % pour le
Mouvement 5 étoiles, 18 % pour la Ligue du Nord), des « ricains »
avec leur McDonald ou les presque 50 % de « Marinella-tchi-tchi » +
« Mes-Luches » au 1er tour contre 24 % pour « Jupiter ».
Même « Bling-Bling » y faisait encore
référence à Abou Dhabi, concluant son intervention : « Les grands leaders du monde viennent de pays
qui ne sont pas de grandes démocraties ».
Je vous l’ai déjà rapporté jeudi dernier : Est-ce
assez clair pour tout le monde ?
C’est une promesse électorale du candidat
« MacRond » : « Nous
voulons des politiques professionnels et pas des professionnels de la politique »
qui promeut un « renouvellement des
têtes, donc des idées ».
Déjà… des « politiques professionnels »,
laissez-moi rigoler quand on a vu débarquer plus de 50 %
« d’amateur » en juin au Palais des Bourbons…
Passons.
Même si j’adhère volontiers à l’idée d’améliorer
l’efficacité du travail parlementaire quitte à rationaliser la procédure
législative. Pour éviter les doublons, fréquents entre l’examen d’un texte en
commission et le débat en séance publique. L’exécutif souhaite donc la mise en
place d’une procédure de filtre pour éliminer les amendements déjà rejetés en
commission ou sans rapport avec l’objet principal du texte. Le temps gagné
pourrait, selon l’Élysée, permettre un contrôle par les commissions des budgets
des ministres : « Un peu moins
de travail législatif, et plus de travail évaluatif », tranche
l’exécutif.
Notez que jusque-là, on n’a pas besoin d’une réforme
de la constitution, mais seulement d’une loi éventuellement organique :
L’exécutif est bien parvenu à ratiboiser les « moyens » des
parlementaires sans toucher à la constitution l’été dernier…
Dans l’esprit de « Jupiter », sa réforme
passe par la réduction d’un tiers du nombre des parlementaires, l’introduction
d’une dose de proportionnelle aux législatives et la limitation à trois mandats
successifs pour les députés, les sénateurs et les présidents à un exécutif
local (là où j’en propose deux). Mais c’est sur le dernier point qu’ont tiqué
les Sénateurs, déjà vent debout contre cette proposition. Car sur le cumul des
mandats, l’Élysée souhaite accorder une exception aux maires des communes de
moins de 3.500 habitants.
Pourquoi pas, mais tout autant, pourquoi réformer la
constitution alors qu’une simple loi organique est largement suffisante pour de
tels objectifs : « Tagada-à-la-fraise-des-bois », qui n’était
pas vraiment une lumière, avait déjà largement avancé sur le sujet à coups de
« synthèse », mettant sur la touche bon nombre de « chevaux sur
le retour », et sans émouvoir le peuple des chômeurs et autres
« pigeons ».
Fin tacticien, « Jupiter » rattrape les
« cousins-natios-Corsi » qu’il « instrumentalise » juste à
point pour une « vraie réforme » : Le rajout d’un alinéa
supplémentaire à l’article 74 (qui n’était pas prévu dans le programme du
candidat).
La « Corsica-Bella-Tchi-Tchi » (ah le bel alibi
que voilà !) va faire l’objet d’un article spécifique supplémentaire, dont
la formulation fait l’objet de discussions mais oblige à une révision du texte
de la constitution…
Et pour faire « bon poids », la lutte contre
le changement climatique sera également mentionnée à l’article 34, un article
qui sera d’ailleurs retouché pour permettre l’instauration du « service
national universel ».
Personnellement, quand le « Chi » avait rayé
d’un trait de plume le service-militaire, je n’ai pas gardé souvenir d’en être
passé par une révision de la constitution.
Passons encore…
Tout cela est bien suspect pour puer la magouille et
d’ailleurs des doutes persistent toujours quant à la constitutionnalité du
projet.
Le Conseil d'État devra se prononcer sur ce
point : Gageons ensemble qu’il l’adoubera…
Et puis demi-surprise, les sénateurs LR renâclent sur
des points de détail : Ils veulent le maintien d’au moins un sénateur et
un député par département. « On ne
veut pas que la réforme constitutionnelle se fasse au détriment de la France
périphérique et des territoires ruraux ». Pour ce qui est du cumul
dans le temps, que « Jupiter » souhaite limiter à trois mandats
successifs pour les maires, les présidents d’intercommunalité, de département
et de région, la question est plus épineuse, le président du Sénat est
résolument hostile à toute modification de leur statut, position partagée par
l’ensemble des élus LR. Mais la promesse figurait dans le programme du candidat
à l'élection présidentielle, qui est bien décidé à ne rien lâcher.
Pan dans les gencives, comme cousu de fil blanc,
« Jupiter » agite la possibilité de recourir au référendum populaire
si le risque de ne pas avoir une majorité des 3/5ème du Congrès
s’avère fondé.
Il avait deux choix : Patienter et faire rentrer
(ou retourner) assez de sénateurs chez les
« Républicains-en-marche-même-pas-en-rêve » à l’occasion des
dernières élections. Mais comme il a raté le coche, il lui restait à attendre
un peu et « rafler la mise » à l’occasion des prochaines municipales,
de façon à envoyer assez de sénateurs « LREM-même-pas-en-rêve » au
coup suivant pour être sûr de « passer sa réforme ».
Le problème de la
« Corsica-Bella-Tchi-Tchi » l’aura-t-il obligé à avancer le
calendrier prévisionnel ? Je ne sais pas, car de toute façon, il est
pressé de devenir « Président-à-vie » comme tous les
« grands-leaders » de ce monde (où les peuples n’y décident que des
konneries quand on ne leur tient pas la main).
Et Président à vie, quand on est « Jupiter »
incarné, on ne peut pas faire moins.
En effet, la manœuvre cache autre chose de
suspect : « C’est lui qui a demandé
au président du Sénat, Gérard Larcher, et à celui de l'Assemblée nationale,
François de Rugy, de se concerter pour formuler des propositions. Et finalement
il brandit déjà les menaces, avant même que l’on n'en connaisse la copie. Il
devrait pourtant savoir que ce genre de petites menaces n’a aucun effet, sinon
de radicaliser les uns et les autres. C’est maladroit et totalement
contreproductif » en dit un sénateur très remonté.
Le mek, il n’a encore rien vu, car c’est justement ce
que cherche « Jupiter »…
« Jupiter » s’apprête à court-circuiter
l’opposition de la droite sénatoriale, mais pas pour des
« broutilles » qui relèvent de la loi organique.
Au cœur du « projet
ambitieux » porté par l’Élysée se trouvent de plus en plus de matière
précise comme la suppression de la Cour de justice de la République ainsi que
la division par deux des effectifs du Conseil économique, social et
environnemental (CESE) (on en rajoute pour faire bon poids…).
« Jupiter » souhaite également que les
anciens présidents de la République ne soient plus membres de droit du Conseil
constitutionnel, à partir de 2022.
C’est vous dire que déjà il ne compte pas y prendre un
« placard-doré » pour sa pomme…
Notez que c’est pour mieux appâter l’électeur qui se
déplacera : Un coup pour les « natios », un coup pour les
« Verts », un coup pour les « populistes », un coup pour
les « d’jeunes » contre les
« professionnels-de-la-politique », tout cela est fort drôle et pour
l’heure « bien orchestré ».
Notez qu’il prend du coup le risque de se couper d’une
partie des centristes, réunie derrière le président du Sénat, alors qu’il
pourrait bien en avoir besoin en vue de sa réélection en 2022. Surtout, il
court le danger d’un échec dans les urnes, comme le lui aurait indiqué « Bling-Bling » (qui en connaît un rayon sur le sujet). « Vous allez au référendum quand vous êtes sûr de votre popularité, de
votre coup. Qui peut dire quelle sera la popularité d'Emmanuel Macron en
septembre, quand se seront agrégés les effets de la hausse de la CSG, des ordonnances
de la loi travail ? », s'interroge-t-on.
T’en fais pas : Un coup de pub et une
communication « à la main » réglée au millimètre, et le tour sera
joué.
« Quand on
veut faire un référendum, il faut toujours avoir en tête la phrase de Woody
Allen : "Un référendum ? Ma réponse est non. Rappelez-moi la question ?" ».
Sauf que là, depuis que l’on sait que la moitié des
électeurs ont les idées tellement en bouillie pour ne même pas se déplacer, on
« passe » avec à peine un quart de « béni-oui-oui ».
Vous allez voir : L’actualité récente vient
justement appuyer la position des sénateurs Les Républicains. L’instabilité des
régimes parlementaires « Teutons », où socialistes et
chrétiens-démocrates sont arrivés à un difficile accord de coalition après de
longues négociations, et « Ritaliens » où aucune majorité ne semble
en mesure de se dégager après le scrutin de dimanche en huit, interroge aussi sur
la nécessité de toucher au mode de scrutin de la Cinquième République : « On devrait peut-être s'intéresser à la
situation de nos voisins européens avant de commencer à détraquer nos
institutions en voulant imposer la proportionnelle » (que veulent par
ailleurs les « populistes » et les centristes de tous bords).
Rien n’y fait : « Cette volonté de réformer la constitution est vraiment une maladie
française », en observe un paraphrasant Montesquieu : « Il faut toucher aux lois avec une main
tremblante, faire preuve de retenue. La constitution française a déjà été
retouchée une trentaine de fois, on n’a jamais connu cette frénésie aux États-Unis,
où le même texte reste quasi-inchangée depuis plus de 200 ans. »
Il exagère un peu : Ils en sont à leur 27ème
amendement et « Trompe » a trouvé intéressant la « présidence à
vie » du chinois…
Personnellement, je pensais qu’il aurait la patience
d’attendre un « 2 décembre », probablement 2019. Mais non, le 2
décembre 2018 tombe justement un dimanche.
Ce sera la date retenue pour ce fameux référendum… si
je ne me trompe pas.
D’ici là, le débat va s’enflammer à souhait, divisant,
éparpillant les opinions.
Créer du désordre pour imposer un « ordre nouveau », le sien…
Et pour mettre un terme à ces brouhahas insupportables
(ce n’est franchement pas la priorité des « Gauloisiens »), le projet
va s’enrichir de nouvelles « modifications » du texte originel
proposé à référendum.
Je viens de vous le dire : La tactique agrège les
revendications des minoritaires (qui ne pourront pas le combattre, ou alors ils
se tirent une balle dans chaque pied) et dans le tas, présenté comme d’un tout
(OUI ou NON), vous trouverez tôt ou tard la réforme de l’article 6, pour en
revenir à la formule « originelle » gaullienne de 1958 : « Le Président de la République est élu pour
sept ans par un collège électoral comprenant les membres du Parlement, des
conseils généraux et des assemblées des Territoires d'Outre-Mer, ainsi que les
représentants élus des conseils municipaux.
Ces
représentants sont :
- le
maire pour les communes de moins de 1000 habitants ;
- le
maire et le premier adjoint pour les communes de 1000 à 2000 habitants ;
- le
maire, le premier adjoint et un conseiller municipal pris dans l’ordre du
tableau pour les communes de 2001 à 2500 habitants ;
- le
maire et les deux premiers adjoints pour les communes de 2501 à 3000 habitants
;
- le
maire, les deux premiers adjoints et trois conseillers municipaux pris dans l’ordre
du tableau pour les communes de 3001 à 6000 habitants ;
- le
maire, les deux premiers adjoints et six conseillers municipaux pris dans l’ordre
du tableau pour les communes de 6001 à 9000 habitants ;
- tous
les conseillers municipaux pour les communes de plus de 9000 habitants ;
- en
outre, pour les communes de plus de 30 000 habitants, des délégués désignés par
le conseil municipal à raison de un pour 1000 habitants en sus de 30 000.
Dans
les Territoires d’Outre-Mer de la République, font aussi partie du collège
électoral les représentants élus des conseils des collectivités administratives
dans les conditions déterminées par une loi organique.
Les
modalités d’application du présent article sont fixées par une loi organique. »
Le panard, non ?
Je peux déjà vous citer les noms de bon nombre de
« Gaullistes » qui vont s’étouffer…
Car c’est en tout cas le texte voté le du 28 septembre
1958, à l’occasion d’une consultation populaire où étaient inscrits 47.249.142 électeurs,
pour 37.679.556 votes « exprimés » (79,74 %) où le OUI a réuni 31.123.483
de bulletins (soit 82,60 % des « exprimés » ou encore 65,87 % du
corps électoral).
Qui dit mieux ?
« Jupiter » n’aura alors plus qu’à
« verrouiller » les municipales et il sera élu et réélu « à
vie ».
C’est le « coup d’État » projeté. Le modèle
qui fait vivre (plutôt bien) « Beau-Raie-l’Eau »
(son prof’ de « sciences-Pô ») au dépend de la finance publique.
Et s’il n’y parvient pas en 2022, pas de doute, il
fera comme le « cousin Louis-Napoléon III » : Seulement deux
décrets proclamant la dissolution de l’Assemblée nationale et convoquant des
élections pour un nouveau corps « consultatif » et un plébiscite
populaire.
Le « cousin Louis-Napoléon » parlait de
« démocratie césarienne ». Lui en dira qu’elle est
« jupitérienne ».
Une vraie « démocrature »
institutionnalisée.
Et vous serez priés de dire « MERCI » en sortant…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire