Une première musclée pour « Jupiter ».
Personnellement, je ne sais pas : Je n’y suis pas
allé. Et la dernière fois, c’était il y a longtemps, avec « ma nichée ».
Et la cohue garantie sur la ligne 12 du métropolitain…
Encore, quand il s’agissait d’aller voir des bateaux
après que le salon nautique ait déménagé du CNIT (j’aimais bien aller au CNIT :
Il y avait des boutiques high-tech avant l’heure sous le parvis et on pouvait
croiser des marins de légende, notamment Tabarly, le « cousin-Antoine »,
Bombard et quelques autres), je veux bien, mais exposer « ma nichée »
aux allergènes des bestiaux (paille et crottin), qu’elle en revenait avec des naseaux
gros comme des pastèques, je n’ai jamais compris l’attrait qu’elle pouvait y
trouver.
Pour moâ, le seul intérêt des salons, c’est de piquer
le bottin des exposants, histoire de compléter ma base de données des
entreprises à prospecter.
Le monde agricole, j’ai fait : Que des mourants
qui s’ignorent.
Déprimant.
Pensez donc, cette année, on compte plus de 1.000
exposants, 4.050 animaux de plus de 360 races différentes, et sont attendus plus
de 630.000 visiteurs payants venus pour admirer les bestiaux ou déguster les
produits du terroir.
Un chiffre important, car il est bien plus élevé que
le nombre d'exploitations agricoles en « Gauloisie-des-terroirs »… qu’on
compte pour 452.000 exploitations : C’est donc moins que le nombre de visiteurs
attendus au Salon !
Pendant neuf jours, la Porte de Versailles se
transforme, comme chaque année, en la plus grande ferme du pays : Le
succès populaire du Salon de l'Agriculture ne se dément pas en milieu urbain.
On donc recensait 452.000 exploitations, mais en 2013
quand il y en avait plus d’un million en 1988 !
Une dégringolade qui touche autant les petites
exploitations que les moyennes et grandes. Si en 2015, 885.000 personnes
travaillaient de manière régulière dans les exploitations agricoles, ce chiffre
est aussi en baisse par rapport à celui de 2010 (966.000).
Y aura-t-il un jour plus de visiteurs au Salon que d’agriculteurs
?
On y est presque…
Les agriculteurs comptent pour moins de 2 % de la
population active au pays mais ils sont particulièrement bien représentés et
investis dans les collectivités locales. Selon les chiffres issus des élections
de 2014, les agriculteurs représentent 13,7 % des maires « gauloisiens »
et 10,2 % des conseillers municipaux.
Depuis les élections de 2015, on dénombre 4,4 % des
conseillers départementaux et 3,9 % des conseillers régionaux et territoriaux
issus du monde agricole.
Une surreprésentation qui veille à la fois à l’établissement
des « forfaits agricoles » (en matière fiscale) et au taux des
impôts-locaux sur les terrains-nus…
Mais tout autant sur les effets des « catastrophes-naturelles »,
la protection des appellations d’origine, l’activité des SAFER et des « plan
d’urbanisation », etc.…
Avec 70,3 milliards d’euros en 2016, la « Gauloisie-agricole »
enregistrait la plus forte production agricole en Europe, devant la « Ritalie »,
la « Teutonnie » et « l’Hispanie », selon Eurostat.
La « Gauloisie-agricole » représentait alors
17 % de l’ensemble de l’Union européenne. Et si l’on regarde les quantités
produites, « l’Hexagonie » s’illustre aussi dans un grand nombre de
catégories agricoles et agroalimentaires : Elle est le 1er producteur
européen de viande bovine, de sucre de betterave, de céréales mais aussi de
surimi, selon le ministère de l’Agriculture. Elle se classe au 2ème rang
européen pour la production de lait, de beurre et de fromages et au 3ème
pour les fruits et les légumes, les volailles et les produits chocolatés
fabriqués.
Pour compléter ce palmarès, le pays est aussi le 1er
producteur mondial de lin fibre et le 2ème producteur mondial de
vins…
La bière, je ne sais pas, mais le « Champagne »,
c’est sûr, il est leader (contesté dans les « mousseux ») mondial…
Mais aussi troisième exportateur mondial il y a encore
15 ans, le pays est passé en sixième position, derrière les Pays-Bas et
l’Allemagne. Cette chute de compétitivité s’accompagne d’une baisse drastique
des revenus de très nombreux agriculteurs : Un tiers d’entre eux a gagné moins
de 350 € par mois en 2015.
Une véritable technostructure administrative est
pourtant au chevet de l’agriculture avec près de 1 fonctionnaire pour 20
exploitations. Le contribuable finance le secteur à hauteur de 33 milliards
d’euros, soit environ 100 € par ménage par mois. Il serait plus rentable pour
de nombreux exploitants de toucher directement leur subvention sans travailler
plutôt que de continuer leur activité.
En plus d’une gestion particulièrement dispendieuse,
les organismes publics et parapublics tels que les SAFER, les chambres
d’agriculture ou les interprofessions constituent de véritables corporations au
service d’intérêts politiques ou syndicaux et au détriment de la concurrence,
de l’innovation et de la liberté d’entreprendre des producteurs minoritaires.
Face aux dérives politiques et corporatistes de la
technostructure administrative limitant la compétitivité des agriculteurs
français, peut-être devrait-on privatiser et mettre en concurrence la plupart
des organismes la composant, d’abandonner progressivement les subventions et de
limiter la réglementation pour permettre aux agriculteurs gauloisiens de
répondre aux enjeux de notre époque de manière durable et autonome.
Et puis, il y a les fiertés locales : « Comment voulez-vous gouverner un pays où il
existe 258 variétés de fromage ? » avait même déclaré le général de
Gaulle en son temps. Le Centre national interprofessionnel de l’économie
laitière répertorie, lui, quelque 1.200 variétés de fromages en 2015.
En revanche, seuls 45 fromages ont obtenu le précieux
sésame d’une AOP. Ces appellations d’origine protégée garantissent le respect d’un
savoir-faire de la zone d’appellation.
Vous ne le savez peut-être pas, mais Louis XV a fondé
en 1761 une Académie d’Agriculture qui s’appelait à l’époque la « Société
d’Agriculture de la Généralité de Paris » et comptait parmi ses membres de
grands noms comme Buffon ou Lavoisier. Depuis deux siècles et demi, cette
Académie d’Agriculture de « Gauloisie » a « pour mission de contribuer, dans les domaines scientifique, technique,
économique, juridique, social et culturel à l’évolution de l’agriculture et du
monde rural » et tient toujours une séance hebdomadaire. Une
institution bien peu connue qui contribue elle aussi à l’évolution du monde
agricole par ses travaux.
Bref, un incontournable pour n’importe quel « homme
politique » que d’aller « tâter le kul-des-vaches », féliciter
tel ou tel sur la qualité des poils lustrés, d’avaler quantité d’échantillons
de production locale.
« Le Chi » était champion à ce jeu-là, ingurgitant
« petite-mousse » et calandos sans discontinuer tout en distribuant
poignées de main et sourires tous azimuts.
On se souvient du « Kaas-toi-pôv’-kon » de « Bling-Bling »
et on attendait « Jupiter » qui s’est permis d’y passer toute une journée
non sans avoir reçu en amont un bataillon de « d’jeun-agri-ckul » en
son palais…
Au moins, on sait depuis qu’il aime bien picoler (ma
cave) et que la loi « É-Vin » ne sera pas alourdie…
Mais il n’y a pas eu que ça : Le loup, le
glyphosate, le Mercosur, la PAC, il aura répondu à une foule d’interpellations,
parfois agitées où il a été accueilli par des sifflets, mais aussi des
applaudissements, illustration des tensions actuelles au sein d’un monde paysan
en pleine réorganisation qui ne veut pas mourir tout de suite. Après avoir été
à plusieurs reprises sifflé par des membres du syndicat des Jeunes agriculteurs
le long de son parcours entre les stands du salon, le chef de l’État a bifurqué
pour aller parler « droit dans les
yeux » à ses contempteurs, des céréaliers qui protestaient contre la fin
du glyphosate et contre le projet d’accord de libre-échange UE-Mercosur.
Depuis, on sait que « Hue-l’eau » envisage
des exceptions…
Décidément, celui-là, il y tient à son portefeuille
ministériel : L’organe crée bien la fonction pour ceux qui en doutaient.
« J’ai vu
des gens qui étaient à 500 mètres pour me siffler. Ils étaient très
minoritaires. J’ai cassé les parcours et les codes pour aller au-devant d’eux,
et ils se sont arrêtés de siffler. On s’est expliqué, je crois qu’ils ont
compris », aura déclaré le fat à la presse.
Tiens donc voilà « Jupiter » qui met en
transe son service de sécurité perso pour fendre la foule et aller tancer les
siffleurs, « dix zigues »
selon lui : « Je vous engueule parce
que j’aime pas qu’on me siffle derrière ; mais après je viens vous voir et on s’explique ».
Avant de leur assurer calmement que « personne
ne serait laissé sans solution ».
Les sifflets au kul, il n’aime pas…
Dans la tronche, on ne sait pas.
Il a aussi répondu à des éleveurs qui l’interpellaient
sur le plan qui a mécontenté aussi bien les agriculteurs que les défenseurs de
l’environnement (encore une ânerie de « Hue-l’eau ») : « Si vous voulez me faire dire qu’on
supprimera les loups, je ne le dirai pas. Si vous voulez l’engagement qu’on
renforcera les moyens de protection ou qu’on sortira les loups de ces bassins
je m’y engage ».
Face à un agriculteur, déguisé en vache, qui se plaint
de « la grande distribution » qui « se moque » des paysans,
Jupiter réplique : « Regardez-moi
bien dans les yeux, il y aura des contrôles et des résultats concrets ».
« Vous
verrez des sanctions fortes sur ce sujet des négociations commerciales »,
promet-il.
Puis il embraye directement sur l’Europe : « Pour la prochaine Politique agricole commune
(PAC), je veux un mécanisme de
garantie de prix minimum pour les éleveurs européens. Si on ne fait pas
attention, on ne pourra plus choisir, ce sera le marché du prix qui aura décidé
pour nous », déclare-t-il.
C’est fait pourquoi « un marché » quand le « baromètre »
(les prix) est cassé ?
Les agriculteurs s’inquiètent en effet beaucoup de l’avenir
de la PAC, dont ils sont l’un des principaux bénéficiaires, après le départ du
Royaume-Uni.
La présidente de la FNSEA a finalement salué la « prise de position très ferme » de « Jupiter »
devant les autres chefs d’État européens sur le budget de la PAC : « Il a vraiment dit et affirmé que pour les
priorités nouvelles, il fallait des ressources nouvelles. Il a aussi dit qu’il
y avait accord du président de la Commission européenne « Buncker »
sur cette approche-là ».
Je demande à voir la suite…
Après avoir déjeuné avec dix-huit éleveurs de
différentes régions, le président a repris ses déambulations dans le salon. Sur
son chemin, les interpellations n’auraient pas concerné que l’agriculture.
Après avoir rappelé à un cheminot, inquiet de la réforme de la SNCF à venir,
que les agriculteurs n’avaient pas, eux, de statut, il a assuré à l’association
des victimes de Lactalis qu’il y aurait des « sanctions financières »
si la justice confirmait que des distributeurs avaient continué à vendre du
lait infantile contaminé après les rappels officiels.
Plus tôt, une quinzaine de militants vegan avaient
aussi brièvement manifesté, avant d’être expulsés manu militari. Il avait aussi laissé entrevoir le lancement d’un
système de « préretraites agricoles
avec une sortie progressive de l’activité », afin de permettre à un
jeune de prendre la suite de ses parents. « Ce que je crains le plus (…) c’est ceux qui n’ont même plus l’énergie
de protester », aurait dit « Jupter » à la presse qui l’interrogeait
sur l’ambiance du salon.
Pas si kon que ça, finalement…
Sauf que ce qui m’inquiète, ce n’est pas tant le poids
des contrôle en tout genre qui grève l’activité agricole (c’est pour votre bien
de consommateur qui en demande toujours plus), ni que le « cousin Dumé »
ait été subventionné pour arracher sa vigne en Balagne, c’est plutôt cette
caricature type « Riz-Ganienne ».
Un rapport public du Sénat dénombre jusqu’à dix
acteurs différents pouvant exercer leurs contrôles : L’agence de services et de
paiements (ASP), FranceAgriMer, l’office national de l’eau et des milieux
aquatiques (ONEMA), l’office national de la chasse et de la faune sauvage
(ONCFS), la direction départementale des territoires (DDT), la direction
départementale en charge de la protection des populations (DDPP), la direction
régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF), la
direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement
(DREAL), la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la
consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE) et la mutualité sociale
agricole (MSA).
Il faudrait ajouter à cela les déclarations aux
douanes, les contrôles fiscaux et ceux de certaines interprofessions. Ce
rapport reconnaît le poids des contraintes associées aux normes publiques : « La réglementation est perçue comme changeant
sans arrêt, ce qui, sans être une caractéristique générale, n’est pas faux dans
certains domaines. L’agriculteur, même normalement informé, redoute, malgré
toute l’attention qu’il peut porter au sujet, d’être pris en défaut, car il
craint que sa connaissance du sujet en contrôle ne soit pas bien à jour ».
D’après le rapport du Sénat, certains agriculteurs
renoncent à assurer l’entretien des cours d’eau qu’ils réalisaient pourtant
depuis des générations tant les formalités administratives sont devenues
complexes.
Un sondage estime que les agriculteurs passent en
moyenne près de 9 heures par semaine à traiter leurs démarches administratives
pour 57 heures de travail hebdomadaires.
Souvenez-vous de ce qu’en disait l’ancien président
des USA : « Si ça bouge, taxez-le.
Si ça continue à bouger, réglementez-le. Si ça s’arrête de bouger,
subventionnez-le. ».
Description Ô combien pertinente de la gestion de
l’économie par les administrations publiques.
C’est la situation de l’agriculture gauloisienne. Un
secteur qui vit une crise structurelle depuis plusieurs années.
L’agriculture est particulièrement administrée,
réglementée, protégée, contrôlée et subventionnée par l’État et de multiples
organismes publics et parapublics. Il est communément admis que ce dirigisme
est nécessaire pour protéger notre « modèle gauloisien » que le monde entier
nous envie. Pourtant, force est de constater que la perte de compétitivité de
vos producteurs par rapport aux concurrents étrangers s’aggrave continuellement
depuis les années 1990.
Il me faudra probablement y revenir… car les solutions
existent, mais pour l’heure, tout le monde leur tournent le dos !
C’est vous dire si je persiste à ne pas être très
optimiste…
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