Beaucoup sont mortes, d’autres naissent.
Que j’en reste sidéré. Le nouveau trésor urbain ? Les
bobos, hipsters (désignant un individu n’ayant pas adopté certaines habitudes
consuméristes et socio-culturelles dominantes et se démarquant par un style
vestimentaire, une attitude anticonformiste et, le plus souvent, un attrait
pour la musique dansante, portant la barbe/moustache pour les hommes, l’abondance
de tatouages, etc.) et autres « classes créatives » d’après le président du « Club
du Grand Paris » qui, dans la revue des anciens de l’ENÂ, s’inspire des
travaux d’Américains qui rêvent (pas en marche !) de la ville de demain.
Soyons clairs, moâ, je me ferai
« tout-petit » de honte. Pas eux !
Pourtant, les débats pour désigner le prochain
secrétaire général du « P.Soce-Gauloisien » l’ont démontré (et on y
reviendra peut-être, tellement ça n’a aucun intérêt…). La « gôche »,
les « gôches-gauloisiennes » sont mortes…
Jusque-là elles représentaient un courant de pensée
cherchant à influer sur le destin des hommes. On était communiste parce que
l’idéologie marxiste faisait émerger un espoir de société sans classes. Il aura
fallu attendre la chute de l’URSS en 1989 pour que s’ouvrent les yeux de tous
les croyants.
Les « soces » pensaient, eux, que la justice
résulterait de l’accroissement de la sphère étatique, en particulier dans le
domaine économique. Le cynisme de « Mythe-errant » (maître du Verbe
et dernier nationalisteur) a conduit à une lente déconvenue de plusieurs
décennies qui aboutit au quinquennat de « Tagada-à-la-fraise-des-bois » :
La rupture entre sociaux-libéraux (« Menuet-Valse » et
« Jupiter ») et soces « canal-historique » (« Titine-Eau-Brie »,
« Deux-Noix-Âme-Mont », « Riton-Manu-élit », etc.) signe la
fin de l’idéologie socialiste, qui était déjà en état de coma profond et avancé.
La cause véritablement profonde est très simple (et
largement anticipée par plus que votre serviteur) : Le socialisme a été réalisé
dans pratique, lui et son cortège d’échec. Entreprises nationalisées,
participation de l’État dans de nombreuses sociétés, assurance-maladie,
assurance-chômage, retraite par répartition, éducation nationale gratuite ou
peu coûteuse, en un siècle, ils ont construit sans le dire une société « soce »
sans mettre fin aux difficultés du peuple.
À la fois un bien (pour les « avancées sociales »)
et une catastrophe pour le dogmatisme…
Dès lors, et dans les deux faces de la même pièce de monnaie,
il est bien normal que le parti s’efface lentement, mission (presque) accomplie.
Une des grandes différences d’avec mes « potes-cocos-staliniens »
qui eux, ont historiquement échoué.
La « gôche-Gauloisienne » (et plus
généralement mondiale) s’atomise en une nuée de formations : Parti soce,
Génération.s (« 2-Noix-Âme-Mont »), Europe Écologie Les Verts, « La
transe Insoumise » (« Mes-Luches »), le PCF, en y ajoutant une pléiade
de petits partis d’extrême-gôche et de micro-partis.
C’est vrai, et jusqu’à la caricature, en Ritalie et
encore ailleurs.
L’histoire du « P.Soce » et du PC s’achève.
LFI, le mouvement le plus bruyant médiatiquement, multiplie les promesses sur
le papier et sur les ondes : Protectionnisme, hostilité à la construction
européenne, fiscalité confiscatoire, embauche de fonctionnaires, réglementation
tous azimuts, voilà les grandes options proposées. Elles correspondent aux
préoccupations de beaucoup de citoyens qui, face à la globalisation planétaire,
se sentent démunis et demandent protection à l’État.
La méthode est éprouvée depuis l’Antiquité romaine,
avec les tribuns de la plèbe : Répondre à l’inquiétude résultant des évolutions
historiques par la démagogie. Évidemment de telles orientations dégraderaient
rapidement la situation de ceux que l’on prétend protéger : C’est profondément
incohérent.
Mais c’est le propre de toutes les démagogies (on l’a
encore vu en Ritalie à l’occasion des dernières élections et même à l’occasion
du Brexit durant la campagne et encore ailleurs…).
C’est là qu’à mon sens il convient de tourner le
regard vers le « Club du Grand Paris-sur-la-plage », une association de hauts
fonctionnaires qui se donne pour objectif de promouvoir la métropole du Grand
Paris-sur-Seine en y consacrant même un Institut des Hautes Études des Métropoles, doté
d’un conseil scientifique de 30 membres (rien de moins…) dont l’originalité est
de ne compter absolument aucun scientifique pour laisser la place à un aréopage de préfets
hors cadres, d’Inspecteurs de l’Éducation nationale et autres corps d’élites
dont la contribution à la science (sociale et urbanistique) n’est plus à
établir.
Bref, que des « sachants-hors-sol » qui
n’ont jamais rien produit de leurs mains que des textes absconds, parfois
inapplicables ayant valeur de « loi-positive » d’application…
obligatoire !
La forme moderne des dictatures-idéologiques…
Une ânerie le « Das Groβ-Paris » : Un
truc qui va faire flamber vos impôts pendant une bonne génération pour mieux
vous pourrir la vie et qui, avant même sa justification olympique, a déjà du
plomb dans l’aile.
Quand un technocrate veut investir dans les
regroupements de grandes écoles, les quartiers d’affaires, les clusters, la
culture, le transport aérien et le tourisme d’affaires, c’est certes flatteur
pour lui, même s’il n’est pas question d’affecter à cette métropole une
compétence en matière de logement qui se chargerait d’une péréquation entre
Ouest riche et Est pauvre… ou tout simplement de loger, nourrir, soigner, éduquer,
former les « urbains » à venir…
Non, cela ne servira pas à attirer « les milieux d’affaires
internationaux, les CEO des quartiers généraux, les
stars polyglottes de la culture, les pionniers de la R&D, les tycoons de la
presse et de l’information, les hauts fonctionnaires internationaux et les
fonds de pension » qui n’ont que faire
des inégalités est-ouest, mais auront surtout et au contraire
besoin de la prolifération d’immigrés low-cost,
une main-d’œuvre docile, « taillable & corvéable » à merci.
Hein du moment que c’est avec l’argent des autres, pas
de limite…
L’avenir d’une capitale « européenne », pour
ces personnages-là, c’est d’être capable d’attirer d’abord le capital humain et
ensuite les entreprises, en partant de la supposition que les entreprises
viennent s’installer là où est le talent, elles doivent suivre. Ce qui n’est pas
faux, même si c’est plutôt le contraire comme le démontre tous les jours la « Silicon
Valley».
Enfin… passons.
D’où l’idée (surtout non débattue) : Les villes doivent
attirer les « classes créatives » pour attirer
les entreprises et revitaliser le centre-ville. Or, ces « classes
créatives » représentent au mieux 30 % d’une population urbaine et 70 %
du pouvoir d’achat, recouvrent les métiers de la haute technologie, du
divertissement, du journalisme, de la finance, ou de l’artisanat d’art.
Sauf que, dans la réalité, les « classes créatives » sont fort peu
mobiles. Plus de la moitié des enquêtés vivent dans
la ville où ils sont nés et ont fait
leurs études. Pourquoi les talents choisissent-ils de s’installer dans
une ville ?
« La raison
principale de leur arrivée est l’emploi (51,2 %) et d’une façon générale les hard
factors (69,9 %). Les soft factors ne représentent que
10,3 %, à peine plus que dans la population d’ensemble ». Les facteurs
« soft » réellement efficaces qui ressortent des enquêtes sont
liés au cadre naturel et à l’ambiance de la ville, qui sont peu susceptibles
d’être affectés par des politiques publiques.
Or, la culture d’une ville lui vient bien plus de son
histoire et de sa tradition que d’un « bricolage » qui créerait un «
capital culturel » alors qu’on nous prétend qu’il suffirait d’importer des « classes créatives » selon la
recette des « trois T » (talents, technologie, tolérance), pour accélérer le
développement de la ville de demain.
Personnellement, je trouve ces approximations assez
magnifiques de trisomie : Le talent est pour le moins un trait des plus « conservateur »
qui soit et aucun ne se précipite pour habiter le quartier « en vue »
sauf s’il y est attiré par les hauts salaires des firmes du numérique qui lui
permettront de payer ses loyers mirobolants. L’histoire économique nous apprend
que le talent est un processus endogène qui procède du développement et qui
ensuite, dans une relation circulaire et cumulative, attire de nouveaux
talents. Pas l’inverse.
La focalisation sur le deuxième « T », la
technologie, quant à elle suppose que seules les firmes high-techs sont la base
d’une dynamique territoriale, alors que, erreur, il y a un dynamisme ignoré des
villes qui héritent d’un passé technologique obsolète et qui se montrent
capables d’innover et de se reconvertir à partir de leur capital social et de
leur histoire.
Enfin le troisième « T », la tolérance,
s’inscrit dans la vénération contemporaine pour le relativisme. Les chercheurs
étatsuniens en pointe sur le sujet on même inventé un « gay index »
qui corrèle taux d’homosexuels et créativité. S’y ajoute un « indice
bohémien » (« hipsters », « bobos ») pour corréler
comportements de marginal chic et créativité.
Une ville qui n’a pas de communauté gay ni de bars
rock ouverts jusqu’à trois heures du matin, n’aurait aucun avenir industriel…
Ou l’art de confondre, une fois de plus « corrélation
& causalité », le propre des « sachants-autistes » :
Que l’industrialisation ait produit une évolution des mœurs est une évidence,
mais en faire une causalité relève du … sophisme, au minimum est plus vraisemblablement de l’aberrante-ignorance-dogmatique.
Ce n’est pas parce que tu es « homo » ou « bobo »
que tu as du talent : Ce serait même plutôt l’inverse. Tu as du talent (et
de la réussite), alors tu as les moyens de transgresser (dans ton ghetto) les
normes à en devenir (éventuellement) « homo » et/ou « bobo ».
Soyons logiques pour une fois.
Pourtant, l’idée que la diversité est corrélée à la
créativité semble de prime abord séduisante. Mais il s’agit d’une fausse
diversité et une fausse créativité puisqu’elle repose sur des standards sociaux
qui sont, au-delà des apparences, très rigides : Les mêmes « profils »
appellent les mêmes profils (une peu comme l’instinct de conservation qui
pousse les sardines à s’agglutiner dans des boîtes), ce qui est d’ailleurs
contenu dans l’idée de « classe créative » qui sort grosso modo des mêmes écoles et des mêmes types de
cursus académiques et qui vénère les mêmes standards
culturels.
Notez que de plus, l’échec de ces théories est patent au
moins aux États-Unis pour se traduire par la création de ghettos de riches (comme
à Seattle ou Monaco) et une explosion du prix des logements, évinçant
(beaucoup) des « classes-laborieuses » (repoussées en
« grande-banlieue » mais au Pass-Navigo abordable, l’obligeant à se
tamponner des transports en commun affligeant pour un temps de parcours
équivalent à un Paris-Reims) et « peu ou prou » les classes moyennes qui
désertent pour des villes-à-la-campagne en ultra-périphérie.
Bref, des théories qui ne font
que renforcer les inégalités sociales, la ségrégation entre riches et moins
riches au nom de la diversité, et contribuer au développement de la
gentrification des villes.
Notez que tant que ça reste dans les livres et du
domaine de la théorie, on n’en aurait rien à battre (pas même le coquillard ou
les roubignoles), mais le problème c’est qu’à défaut de « théorie
politique » d’ensemble (et de remplacement) telle que le
« soce-triomphal », on persiste à reconvertir les jachères d’anciennes
usines en bureaux modernes avec pistes cyclables et jardins bios. Toutes les
minorités ont leur programme de lutte contre la discrimination et à ce jeu-là,
c’est Seattle qui a gagné en 2012 le titre de « meilleure ville pour les hipsters », selon l’indice hipster
qui mesure le nombre de tatoueurs, de vendeurs de vélos, de cafés indépendants
ouverts la nuit, de brasseries artisanales, de friperies et de magasins de
disques (vinyles).
(Les gars ne sont probablement jamais allés jusqu’à
Reykjavik : Ils auraient été surpris…)
Un modèle qu’on importe jusque dans la
« ville-lumière » avec ses voies piétonnes jusque sur les berges
inondables, ces pistes cyclables à contre-sens de la circulation, ses quartiers
« chauds », ses ghettos ouverts jusqu’à l’aube et même demain son
« casino de perdition » intra-muros…
Vous pourriez le constater comme je le fais moi-même
en venant visiter ma « Môman-à-moâ-même » : Les anciens
quartiers ouvriers se sont transformés depuis longtemps en immeubles
sophistiqués hors de prix offrant parfois des coopératives d’élevage de poulets
bios et des spas pour chats et chiens, des « cantines écoresponsables »
des services de conciergerie sophistiqués et j’en passe et les derniers lieux
investis de la sorte se retrouvent le long de la « petite-ceinture »
ferrée d’antan. La « ville créative » croule sous les bons
sentiments, les politiques d’apparence progressistes de « lutte contre (toutes) les
discriminations », mais « les incantations à la diversité
ethnique et sexuelle se traduisent indirectement par un recul de la diversité
sociale (…) Le progressisme qui promeut la diversité,
mais favorise un entre soi de créatifs… qui prônent un développement vert (…) ressemble à une incongruité ».
Que sont devenus les 70 % qui ne sont pas « créatifs » ?
Des « inutiles » selon l’économiste
Pierre-Noël Giraud. Des chômeurs perpétuels vivants
de petits boulots et d’assistanat, des exclus du système qui ne
songent même plus à y rentrer,
des immigrés low-cost pour promener les chiens et livrer des
pizzas !
La pire des inégalités, celles de ceux qui n’ont plus
d’avenir à construire, qui n’ont plus à lutter, qui n’ont plus d’horizon. « La misère d’être exploité par les
capitalistes n’est rien comparée à la misère de ne pas
être exploité du tout », écrivait déjà en
1962 l’économiste Joan Robinson.
Et à voir le nombre de « pédaleurs » qui
livrent des repas jusqu’à tard aux « bobos-parigots », je ne constate
que des utopies qui détruisent la dignité-humaine, le respect d’autrui.
La vieille classe ouvrière de la « old
school » luttait pour un avenir meilleur, s’organisait
pour améliorer sa condition, avait créé les sociétés de secours
mutuel, les bourses du travail, les syndicats, des mouvements de jeunesse, de
tourisme populaire, croyait en des lendemains qui chanteraient dans un présent
que l’on organisait dans la solidarité.
La ville des « classes créatives » y préfère
ces armées de précaires, ces « inutiles » inorganisés.
Voilà donc leur projet : Faire du Grand Paris-sur-Seine une
métropole avec ses 70 % d’inutiles qui remplaceront le vieux peuple ringard
avec ses droits sociaux. Il ne va qu’étendre à la région la politique des
mairies de gôche à Paris-sur-la-plage. Résultat, « Paris est le stade suprême du nouveau
capitalisme. Un capitalisme cool qui offre tous les avantages de l’économie de
marché sans les inconvénients de la « lutte des classes ». Mais tout
cela sous l’aspect cool des « classes créatives ». »
C’est l’axe de la réélection de
« Sœur-Âne »…
À force de détruire le tissu économique de la ville,
d’étouffer la circulation par des mesures contre-productives, de tuer la vie
des « inutiles » au profit d’une minorité de « créatifs »
(et autres « start-uppers »), elle va y perdre son mandat qui aura
été celui de la destruction de l’âme éternelle de la Ville-lumière, à coup de
démagogie-récurrente et d’une « communication-hystérique » et
cynique.
Dommage, moâ, j’aimais bien son parfum (et quand elle
se jetait sur mon double-quintal comme la petite-vérole sur le
bas-clergé) : Entourés d’ayatollahs-dogmatiques et de « sachants-aux-ordres »,
véhiculant des idéologies utopiques en reclassement des celles qui sont mortes,
elle se sera euthanasiée elle-même.
Je serai bien surpris qu’avec son bilan assez
lamentable, elle puisse être réélue.
Mais la « bataille politique » ne fait que
commencer. Naturellement, nous allons y revenir sous peu.
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