Que
c’est difficile ce passeport pour les études sup’…
Depuis des années, que dis-je, des décennies, les générations se succèdent
et les « chères-têtes-blondes » sont toujours massivement aussi
ineptes à avoir un cerveau correctement modelé pour affronter l’avenir dans un
monde qui est en perpétuelle mutation : Pas facile de leur donner les
atouts pour mener une vie « normale ».
Je dis ça, je ne dis rien…
Les enfants des « soixante-huitards » ont aujourd’hui 50 ans.
Leurs parents voulaient une société libre. Ils ont oublié que sans un minimum
de règles, ou la seule chose possible est « d’interdire d’interdire »,
on finit par tomber dans une permissivité stérile qui débouche tôt ou tard sur
une dictature. Plutôt, comme on le constate aujourd’hui une « démocrature »
comme pouvait en rêver Lénine soi-même. Ils ont fait des gamins qui avaient
tout pour « réussir » et ils ont gâché leur talent en pourrissant
même leur nichée…
Une tragédie, finalement.
Ça commence dès l’entrée au collège : Les jeunes entrent au kolkhoze
des crèches et en sortent sans savoir tenir un crayon. Ils passent par le
kibboutz de l’ékole et en sortent sans savoir compter ni écrire. Ils entrent au
collège en déchiffrant à peine un texte simple et en ressortent « armés
pour la vie » avec leur Aïe-phone en main – qu’ils maîtrisent parfaitement
– surfant sur les réseaux plusieurs heures par jour et n’avoir qu’un verni de
culture-générale (même pas la table des multiplications apprise par cœur), le
cerveau déjà abîmé.
Ils savent déjà tout de la vie et sans effort (ils ne savent pas ce que
c’est, jusqu’à ignorer l’étendue de leur propre ignorance) en entrant dans
l’usine à bachelier en seconde et n’ont rien à apprendre puisqu’ils savent déjà
que plus tard, ils feront prof’, « flic
ou fonctionnaire, de quoi attendre sans s’en faire, que sonne l’heure de la
retraite »…
Et comment voulez-vous qu’un prof’ puisse transmettre un savoir qu’ils n’ont
pas aux suivants ?
Et j’en retrouvais (une petite élite) effaré de les retrouver en formation
« Bac +++++ » à faire de fautes (de frappes) de
« gramme-mère » et de raisonnement jusque dans leurs copies de
fiscalité (alors que c’est une science si simple que même moâ, j’ai fini par la
comprendre)…
Alors, après avoir réduit le niveau d’exigence pour « casser »
les statistiques de l’échec, avoir inventé un système de notation où l’on
pouvait faire mieux que 20 sur 20, « pour aider » les moins
brillants, et ainsi refiler le diplôme à tous ceux qui ne font pas copie
blanche (ou ne viennent même pas), la jeunesse de ce pays s’enfonce lentement
mais sûrement vers les abysses des classements internationaux, accroissant les
écarts d’inégalité (ah les inégalités !) entre les quelques-uns un peu
« éliteux » et la piétaille tout juste bonne à être rackettée au jour
le jour par la puissance publique, exigeant demain qu’elle disent
« MERCI » !
Du coup, on réforme… une fois de plus.
Et que ce coup-là c’est « Jean-Mi-Banquier » qui s’y
colle : Stan, Science-Pô, maîtrise de philo, agrégé en droit public, toute
une carrière dans les sphères de « Les-Ducs-à-Sion », qui finit Dégé
de l’ESSEC, cette usine à apprendre à « faire du fric » à une poignée.
Un « proche » de « Juppette » en dit-on, probablement
« catho-prout-prout » : 4 gamins au compteur…
Le « baccalauréat nouvelle formule » – session 2021 – introduit
une part de contrôle continu qui pèsera pour 40 % de la note finale et ne prévoit
plus que 4 épreuves en terminale, dont un grand oral devant un jury, qui
compteront pour 60 % de la note finale.
Autrement dit, seulement trois copies (où plus personne ne corrige les
fôtes) et 20 minutes d’un entretien où ils devront montrer qu’ils savent encore
un peu « parler-la-France »…
Et hop, le sésame sera acquis.
J’exagère un peu : Les épreuves anticipées de francilien (un écrit et
un oral) en fin de première sont maintenues mais seront revisitées (entendez « facilitées »).
En revanche, le contrôle continu – ce monstre du Lock-Ness – portera sur des épreuves
communes organisées au cours des années de première et de terminale de type «
bac blanc » comptant pour 30 % et les notes des bulletins scolaires de première
et de terminale pour 10 %.
4 épreuves en terminale : Seulement 2 épreuves écrites sur les
disciplines de spécialité choisies par l'élève, plus l’écrit de philosophie (la
seule spécificité du Bac-Gauloisien qui subsiste) et un oral devant un jury,
fin juin.
Plus de note éliminatoire, mais on garde le système de compensation et de
mentions ainsi qu’un oral de rattrapage.
Autrement dit, un programme « allégé »…
Sauf que…
Sauf que, ce qui est curieux c’est que la voie technologique conserve son
organisation en séries (STMG [sciences et technologies du management et de
la gestion], ST2S [sciences et technologies de la santé et du social], STHR [sciences
et technologies de l’hôtellerie et de la restauration], STI2D [sciences et
technologies de l’industrie et du développement durable], STL [sciences et
technologies de laboratoire], STD2A [sciences et technologies du design et des
arts appliqués] et TMD [techniques de la musique et de la danse]) : On ne
réforme pas ce qui marche et fournit une main-d’œuvre bon marché…
Mais les séries L, ES et S de la voie générale sont supprimées et
remplacées par des spécialités que les élèves devront choisir en entrant en
première à partir d’un tronc commun (francilien, philosophie, histoire-géographie,
langues vivantes, LV1, LV2, EPS et une nouvelle discipline appelée « humanités
scientifiques et numériques » dont le contenu, pour le moment, reste flou.
Le ministre a simplement indiqué qu’il pourrait s’agir de « sciences, de
philosophie, d’histoire-géographie »…), plus les disciplines de spécialité
(mathématiques, sciences de la vie et de la terre, sciences économiques et
sociales, arts…). L’élève devra choisir trois disciplines en première et en
abandonner une pour la terminale.
En plus de ces matières, ils pourront choisir trois spécialités parmi : Arts,
écologie, agronomie et territoires ; histoire-géographie, géopolitique et
sciences politiques ; humanités, littérature et philosophie ; langues et
littératures étrangères ; mathématiques ; mathématiques et sciences
informatiques ; SVT ; sciences de l’ingénieur (je crois que personne ne sait encore
ce que c’est) ; SES ; physique-chimie pour trois heures de cours/semaine dans chacune
de ces trois spécialités.
Donc, donc, globalement, pas si facile…
Et, pour aider les meilleurs comme les plus crasses (ceux qui n’aurait pas
dû sortir du collège…) un temps dédié (1 h 30) « à l’orientation et à l’accompagnement pour préparer les choix de
parcours puis le choix des études supérieures ».
Et ce, dès la seconde, comme si à 15 ans, on sait forcément ce qu’on veut
faire dans le monde adulte (eux qui savent déjà tout sans rien avoir appris).
Je reste sidéré…
À la prochaine rentrée (2018), les élèves de seconde passeront un test numérique
de positionnement afin d’évaluer leurs compétences en francilien et en
mathématiques. À la rentrée 2019 on introduit les spécialités. En décembre 2019
les élèves de terminale subiront de nouvelles épreuves sur toutes les matières
comptent pour le bac. Au retour des vacances de printemps, ils passent les deux
épreuves de spécialités. En juin, ils passent l’épreuve écrite de philosophie
et l’oral sur un projet interdisciplinaire choisi par l’élève et préparé dès la
classe de première : 10 minutes d’exposé, 10 minutes de question/réponse
autour du projet. Et le jury est prié aussi de jauger la « maturité »
de l’impétrant…
Pour ce qui est due contrôle continu (40 % de la note finale), il reposera
sur des épreuves communes organisées au cours des années de première et de
terminale et portées sur des disciplines étudiées par l’élève. Et pour garantir
l’égalité entre les candidats et les établissements scolaires, une « banque
nationale numérique de sujets » sera mise en place, les copies anonymisées
seront corrigées par d’autres professeurs que ceux de l’élève et une « harmonisation »
des notes sera assurée.
Quant aux bulletins scolaires, ils seront pris en compte pour une part
limitée (10 %) de la note finale afin de valoriser la régularité du travail de
l’élève.
Chaque élève étudiera deux langues vivantes comme aujourd’hui. L’écrit
sera évalué selon les standards européens dans le cadre des épreuves communes.
L’oral sera apprécié d’après les mêmes standards.
Parallèlement, la logique de certification a vocation à se développer, en
direction d’abord des élèves qui suivent des cursus à dimension internationale
(sections internationales, sections européennes, etc.) ou qui choisissent la
spécialité Langues et littératures étrangères.
Et pour faciliter la réussite, les enseignements en langues étrangères
(disciplines non-linguistiques) seront développés comme la mobilité des élèves.
Je ne sais pas avec quel budget, mais passons…
Vous avez donc tout compris, sauf que vu comme ça, ça paraît être plus
léger, plus souple, peut-être plus facile, probablement avec un « bachotage »
étalé pour… les élèves de la filière générale !
Pour les élèves des filières technologiques, la porte d’entrée vers les
futurs « ouvriers-qualifiés » (ceux qui échouent finiront
« OS » et ceux qui poursuivent peut-être « agents de
maîtrise »), pas du tout !
En revanche, là où le bât blessera (quand ils vont se réveiller) c’est
pour les professeurs de la nouvelle filière générale que ça va être duraille à
avaler !
Pensez donc, désormais ils seront tenus de faire du contrôle continu, noté
et commenté, là où ils ne le faisaient pas trop (ne serait-ce que pour faire
progresser leurs élèves avec des appréciations justifiées : Ça oblige à
lire l’intégralité de la prose) et qui va devenir un point-clé du bac, donc
sujet à conflit…
Et puis comptez bien : Jusque-là, ils étaient aussi payés à la
correction de copie en fin d’année scolaire. 718.000 candidats qui rendent 4
millions de copies à corriger par 170.000 examinateurs et
correcteurs rémunérés 5 € par copie (9,60 € de l’heure à l’oral) pour 2.900 sujets différents, dans 4.411 centres
d’examens répartis dans 91 pays…
C’est autant de « bonus » en moins (20 millions d’euros…), car
le « contrôle-continu », c’est déjà dans leur salaire !
Je suppose que déjà les syndicats vont renâcler et obtenir des
« compensations »…
Justement, compter, c’est le problème immédiat du millésime 2018 (non
impacté par la réforme, si vous avez bien lu). C’est la première promotion à
devoir passer le baccalauréat avec une calculatrice en « mode examen ». La note
de service datée du 17 mars 2015 indiquait en effet qu’à partir du 1er
janvier 2018, la TI-82 héritée de votre grand frère ne serait plus autorisée au
bac (ainsi qu’aux autres « examens et
concours de l’enseignement scolaire », indique le texte).
Une mesure « anti-Texas-Instrument » ?
Pas du tout… vous n’y êtes pas.
Premièrement, il va falloir investir tôt ou tard dans de nouvelles
machines plutôt coûteuses (45 euros pour la moins puissante, voir le double ou
le triple pour d’autres modèles plus performants). Deuxièmement, finie la
possibilité d’avoir accès à son cours de chimie ou à ses formules de
trigonométrie dissimulées sans vergogne parmi les programmes de sa
calculatrice.
En début d’épreuve, les candidat.e.s devront activer ce mode examen en
pressant sur une combinaison de touches. L’activation sera signalée par une
diode qui clignotera sans interruption. Conséquence pour la machine : Tous les
contenus entrés par les élèves (qu’il s’agisse de programmes ou d’antisèches)
seront effacés, et donc impossibles à utiliser pendant l’épreuve.
Or, sur certains modèles, la suppression des programmes est irréversible :
Une fois le mode examen désactivé, pas moyen de récupérer ses programmes, sauf
si on les a sauvegardés ailleurs au préalable.
Et dans certains lycées, qui ont testé la procédure en fin d’année à
l’occasion d’un bac blanc, c’est déjà l’inquiétude. « À l’heure qu’il est, moins d’un quart de nos élèves possède une
calculatrice autorisée », explique une enseignante en mathématiques dans un
lycée du Pas-de-Calais.
« La plupart viennent de familles
très défavorisées, et il nous est impossible d’obliger ces parents sans le sou
à dépenser cinquante euros pour une calculatrice. ».
Ailleurs, on signale que même avec le bon matériel, les problèmes
subsistent. « Certaines de ces calculatrices
ne consomment pas des piles, mais sont rechargeables via un câble. Le problème,
c’est que le mode examen est très gourmand en batterie. Personne n’avait pensé
à prévenir les élèves de recharger leur calculatrice la veille au soir. »
Sur certaines marques de calculatrices, on a vu s’afficher un message
expliquant que le mode examen ne pouvait être activé, faute d’un niveau de
batterie suffisant.
Et du côté des forums internet, ce sont d’autres questions qui se posent. Les
pros de la triche et esthètes de la bidouille échangent depuis bien longtemps
des méthodes présentées comme pouvant permettre de contourner le mode examen,
et donc d’avoir accès à ses contenus habituels.
L’enjeu principal, c’est d’arriver à faire croire aux surveillants et surveillantes
que le mode examen a été activé alors qu’il ne l’est pas. Et pourquoi pas en
utilisant l’autre mode caché des calculatrices, généralement appelé « mode
diagnostic » ? Pour l’activer, il faut utiliser une nouvelle combinaison
de touches, qui permet d’allumer la diode. Sur certains types de machines, la
lumière ne s’allume que brièvement. Sur d’autres, elle reste allumée et fixe
jusqu’à désactivation. Pas le clignotement attendu donc, mais pour peu qu’on
tombe sur un personnel de surveillance pas ou peu formé, la confusion peut
profiter au candidat ou à la candidate.
Chez TI-Planet, en revanche, le parti pris est différent. Sur ce forum, on
indique à la fois tous les moyens plus ou moins techniques de contourner le
mode examen, mais également les astuces que peut utiliser le personnel de
surveillance pour démasquer tricheurs et tricheuses. Ici, l’objectif est
surtout de démontrer l’absurdité de la mesure, qui va rendre la surveillance
des épreuves impossible, et risque également d’engendrer des inégalités
croissantes entre les élèves. Jusqu’à l’an dernier, les programmes disponibles
sur internet ou fournis par le corps enseignant permettaient aux élèves au
budget limité de compenser l’absence de certaines fonctionnalités de leur
calculatrice bon marché. Désormais, il faudra payer trois ou quatre fois plus
cher que le prix de base pour avoir droit à la panoplie complète.
Votre ministre des « Ducs-à-Sion » met le bac actuel à la
poubelle pour en proposer sa version à lui-même. Peut-être pourriez-vous lui
suggérer d’en profiter pour trouver une solution au bordel boxon annoncé
pour la session 2018. À quatre mois de l’échéance cruciale, on n’est finalement
pas loin de la panique à bord…
En bref, de la coupe aux lèvres, comme d’habitude… on ne va pas ni à l’urgence
ni à l’essentiel.
L’essentiel, c’est de former l’esprit : Une antisèche, une formule de
math, si elle n’est pas bien comprise, elle fourvoie le quidam qui ne sait pas
l’utiliser. La machine est là pour faire gagner du temps, rien de plus.
Personnellement, pour passer le bac, je me contentais d’une règle à calcul
de poche, des tables « Boulevard et gratiné » et d’un triptyque de
trigonométrie en papier-mâché (les calculettes, hors de prix, étaient
interdites).
Pour les épreuves d’expertise comptable – notamment les maths-financières
– on se contentait d’une toute-bête calculette « 4 opérations » et
que je te vous jure que pour se farcir un amortissement à « annuité
constante » ou une régression linéaire quelconque, il fallait aussi un
crayon et plusieurs feuillets-de-brouillon.
Mais c’était une autre époque et on ne fumait pas encore à tous les âges
de la mauvaise dope… On avait l’esprit plus clair.
Ce n’est pas que ça nous rendait moins kon ou plus intelligent que les
jeunes générations, mais au moins, on savait ce qu’on faisait ou on échouait à
l’examen…
Pas bien sûr que « le passeport » obtenu après réforme ne parvienne
à jamais augmenter le niveau de nos bacheliers : Pour ça, il aurait fallu
commencer 15 ans plus tôt et former des profs’ de qualité.
Il y en a, donc c’est que ça existe.
Mais pas assez : Avoir 50 ans aujourd’hui dans la fonction, c’est
être né en 1968 et avoir grandi dans des dogmes qui démontrent l’échec d’une
utopie (tous égaux, tous beaux-&-gentils, pas de sélection, pas d’élitisme,
droit « à » tout, même l’inaccessible, Liberté de faire que comme que ce que je
veux…), si belle soit-elle.
Il faudra bien encore un quart de siècle pour en revenir et « Jean-Mi »,
il n’y pourra rien.
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