Et à l’occasion nous donne une leçon.
Lui s’est
permis une « Lettre ouverte à M. le Président de la République » Gauloisienne,
le jupitérien « Manu-Mak-Rond ».
Moi, je
n’aurai pas osé, mais c’était à l’occasion des festivités commémorations
de la rafle du « Vel-d’hiv’ », et je l’avais déjà en travers de la
gorge.
Non pas qu’il
ne faille pas se souvenir des conséquences des défaillances de MA République
alors que je n’étais pas encore né, bien au contraire : Il ne faut surtout
oublier ce qu’il en coûte dès qu’elle perd ses qualités premières.
La preuve
historique…
C’est parce
que je ne suis pas Président – enfin si, mais par intermittence – et pas de la
République : Ça fait longtemps que j’ai fait une croix sur mes ambitions superfétatoires
d’aller picoler la meilleure cave du pays, figurez-vous !
Mais je me
permets de commenter le propos, en toute liberté…
Je reprends :
« En commençant à lire votre
discours sur la commémoration de la rafle du Vel’d’hiv, j’ai éprouvé de la
reconnaissance envers vous. En effet, au regard d’une longue tradition de
dirigeants politiques, de droite, comme de gauche, qui, au passé et au présent,
se sont défaussés quant à la participation et à la responsabilité de la France
dans la déportation des personnes d’origine juive vers les camps de la mort,
vous avez pris une position claire et dénuée d’ambiguïté : oui la France est
responsable de la déportation, oui il y a bien eu un antisémitisme, en France,
avant et après la seconde guerre mondiale. Oui, il faut continuer à combattre
toutes les formes de racisme. J’ai vu ces positions comme étant en continuité
avec votre courageuse déclaration faite en Algérie, selon laquelle le
colonialisme constitue un crime contre l’humanité. »
Oui, alors là,
il faut bien reconnaître qu’il doit y avoir confusion des genres.
La pensée « jupitérienne »
est tellement complexe qu’elle s’emmêle parfois les pinceaux dans les franges
du tapis.
Qu’il y ait eu
des crimes à l’occasion des colonisations, pas de doute et on se doit de les
dénoncer, évidemment, comme tous les autres.
Mais un « crime
contre l’humanité », ce n’est pas la colonisation, ou alors il faudrait
aller l’expliquer aussi aux « bien-pensants » dans les quartiers…
« Pour être tout à fait franc, j’ai été plutôt
agacé par le fait que vous ayez invité Benjamin Netanyahou » (nous y
voilà !), « qui est incontestablement
à ranger dans la catégorie des oppresseurs, et ne saurait donc s’afficher en
représentant des victimes d’hier. » (Oppresseur et colonialiste revendiqué, il ne
faut non plus l’oublier, et d’ailleurs il va y revenir).
« Certes, je connais depuis longtemps
l’impossibilité de séparer la mémoire de la politique. Peut-être déployez-vous
une stratégie sophistiquée, encore non révélée, visant à contribuer à la
réalisation d’un compromis équitable, au Proche-Orient ? »
Peut-être,
mais rien n’est jamais sûr des « humeurs » de Jupiter soi-même…
« J’ai cessé de vous comprendre lorsqu’au
cours de votre discours, vous avez déclaré que : « L’antisionisme… est la
forme réinventée de l’antisémitisme ». »
Très juste :
Ça n’a rien à voir, ou alors c’est qu’on a fumé un truc prohibé qui vous fait
dire des konneries grosses comme l’Himalaya comme à propos de la colonisation
ou des « gens de rien ».
« Cette déclaration avait-elle pour but de
complaire à votre invité, ou bien est-ce purement et simplement une marque
d’inculture politique ? L’ancien étudiant en philosophie, l’assistant de Paul
Ricœur a-t-il si peu lu de livres d’histoire, au point d’ignorer que nombre de
juifs, ou de descendants de filiation juive se sont toujours opposés au
sionisme sans, pour autant, être antisémites ? »
Ou tout
simplement de l’acculture. C’est tellement fréquent même dans les « hautes-sphères » de « sachants » !
« Je fais ici référence à presque tous les
anciens grands rabbins, mais aussi, aux prises de position d’une partie du
judaïsme orthodoxe contemporain. J’ai également en mémoire des personnalités
telles Marek Edelman, l’un des dirigeants rescapé de l’insurrection du ghetto
de Varsovie, ou encore les communistes d’origine juive, résistants du groupe
Manouchian, qui ont péri. Je pense aussi à mon ami et professeur : Pierre
Vidal-Naquet, et à d’autres grands historiens ou sociologues comme Éric
Hobsbawm et Maxime Rodinson dont les écrits et le souvenir me sont chers, ou
encore à Edgar Morin. Enfin, je me demande si, sincèrement, vous attendez des
Palestiniens qu’ils ne soient pas antisionistes ! »
Ce serait un
comble !
Il y en a déjà
plus d’un quart, qui ont pourtant
fréquenté les meilleures ékoles (pue-bliques ?), jusque dans « les
quartiers », qui s’étonne de voyager au fin fond de l’Afrique sans même
prendre un billet d’avion…
« Je suppose, toutefois, que vous n’appréciez
pas particulièrement les gens de gauche, ni, peut-être, les Palestiniens ;
aussi, sachant que vous avez travaillé à la banque Rothschild, je livre ici une
citation de Nathan Rothschild, président de l’union des synagogues en
Grande-Bretagne, et premier juif à avoir été nommé Lord au Royaume Uni, dont il
devint également la gouverneur de la banque. Dans une lettre adressée, en 1903,
à Théodore Herzl, le talentueux banquier écrit : « Je vous le dis en toute
franchise : je tremble à l’idée de la fondation d’une colonie juive au plein
sens du terme. Une telle colonie deviendrait un ghetto, avec tous les préjugés
d’un ghetto. Un petit, tout petit, État juif, dévot et non libéral, qui
rejettera le Chrétien et l’étranger. » Rothschild
s’est, peut-être, trompé dans sa prophétie, mais une chose est sûre, cependant
: il n’était pas antisémite ! »
Là encore, ce
serait un comble pour un feuj !
Ceci, le
ghetto existe bien, il prospère même, il colonise les… colonies environnantes
sans vergogne ni retenue et en plus il est dos à la mer et entouré pas par
vraiment des amis, c’est le moins qu’on puisse dire.
Les nazis n’avaient
pas envisagé mieux à Varsovie…
« Il y a eu, et il y a, bien sûr, des
antisionistes qui sont aussi des antisémites, mais je suis également certain
que l’on trouve des antisémites parmi les thuriféraires du sionisme. Je puis
aussi vous assurer que nombre de sionistes sont des racistes dont la structure
mentale ne diffère pas de celle de parfaits judéophobes : ils recherchent sans
relâche un ADN juif (ce, jusqu’à l’université où j’enseigne). »
Je lui laisse
la responsabilité de cette opinion, mais ça doit forcément avoir un fond de « vérité-vécue »…
Et puis on
entre dans le plus intéressant, pour être « pédagogique » : « Pour clarifier ce qu’est un point de vue
antisioniste, il importe, cependant, de commencer par convenir de la
définition, ou, à tout le moins, d’une série de caractéristiques du concept : «
sionisme » ; ce à quoi, je vais
m’employer le plus brièvement possible.
Tout d’abord, le sionisme n’est pas le judaïsme,
contre lequel il constitue même une révolte radicale. Tout au long des siècles,
les juifs pieux ont nourri une profonde ferveur envers leur terre sainte, plus
particulièrement pour Jérusalem, mais ils s’en sont tenus au précepte
talmudique qui leur intimait de ne pas y émigrer collectivement, avant la venue
du Messie. En effet, la terre n’appartient pas aux juifs mais à Dieu. Dieu a
donné et Dieu a repris, et lorsqu’il le voudra, il enverra le Messie pour
restituer. Quand le sionisme est apparu, il a enlevé de son siège le « Tout
Puissant », pour lui substituer le sujet humain actif. »
Explication
classique qui fait se marrer le papiste que je suis : Le Messie est passé,
comme c’était écrit, et ils n’ont rien…
Bon peu
importe : On ne croit que ce que l’on veut croire et c’est parfaitement
respectable.
« Chacun de nous peut se prononcer sur le
point de savoir si le projet de créer un État juif exclusif sur un morceau de
territoire ultra-majoritairement peuplé d’Arabes, est une idée morale. »
Oui, ça c’est
une question qui n’est pas débattue.
« En 1917, la Palestine comptait 700.000
musulmans et chrétiens arabes et environ 60.000 juifs dont la moitié étaient
opposés au sionisme. Jusqu’alors, les masses du peuple yiddish, voulant fuir
les pogroms de l’empire Russe, avaient préféré émigrer vers le continent
américain, que deux millions atteignirent effectivement, échappant ainsi aux persécutions
nazies (et à celles du régime de Vichy).
En 1948, il y avait en Palestine : 650.000 juifs et
1,3 million de musulmans et chrétiens arabes dont 700.000 devinrent des
réfugiés : c’est sur ces bases démographiques qu’est né l’État d’Israël. »
Très juste aussi.
Mais peu importe, les faits face aux croyances, n’est-ce pas…
« Malgré cela, et dans le contexte de
l’extermination des juifs d’Europe, nombre d’antisionistes sont parvenus à la
conclusion que si l’on ne veut pas créer de nouvelles tragédies, il convient de
considérer l’État d’Israël comme un fait accompli irréversible. Un enfant né
d’un viol a bien le droit de vivre, mais que se passe-t-il si cet enfant marche
sur les traces de son père ? »
Bonne question…
Mais ce n’est
pas tout : Il va plus loin, l’historien « feuj ».
« Et vint l’année 1967 : depuis lors Israël
règne sur 5,5 millions de Palestiniens, privés de droits civiques, politiques
et sociaux. Ils sont assujettis par Israël à un contrôle militaire : pour une
partie d’entre eux, dans une sorte de « réserve d’Indiens » en Cisjordanie,
tandis que d’autres sont enfermés dans un « réserve de barbelés » à Gaza (70 %
de ceux-ci sont des réfugiés ou des descendants de réfugiés). Israël, qui ne
cesse de proclamer son désir de paix, considère les territoires conquis en 1967
comme faisant intégralement partie de « la terre d’Israël », et s’y comporte
selon son bon vouloir : jusqu’à présent, 600.000 colons israéliens juifs y ont
été installés….et cela n’est pas terminé ! »
Des faits qui
devraient interpeller même les consciences les plus obtuses…
« Est cela le sionisme d’aujourd’hui ? Non !
Répondront mes amis de la gauche sioniste qui ne cesse de se rétrécir, et ils
diront qu’il faut mettre fin à la dynamique de la colonisation sioniste, qu’un
petit État palestinien étroit doit être constitué à côté de l’État d’Israël,
que l’objectif du sionisme était de fonder un État où les juifs exerceront la
souveraineté sur eux-mêmes, et non pas de conquérir dans sa totalité «
l’antique patrie ». Et le plus dangereux dans tout cela, à leurs yeux :
l’annexion des territoires occupé constitue une menace pour Israël en tant qu’État
juif. »
Oui mais la « gôche-sioniste »,
on s’en tape le coquillard, finalement…
« Voici précisément le moment de vous
expliquer pourquoi je vous écris, et pourquoi, je me définis comme
non-sioniste, ou antisioniste, sans pour autant devenir antijuif. »
Là, j’adore.
Non que je sois antisioniste – trop respectueux des décisions de droit public
international, en « bon-juriste » bien-né – et de toute façon, je
suis loin d’être antisémite, mais je déteste qu’on s’abrite derrière une notion
pour rebondir sur l’autre et prendre ainsi les gens pour des kons.
Or, ce n’est
pas parce qu’on est « papiste » qu’on est né-kon !
« Votre parti politique inscrit, dans son
intitulé : « La République », c’est pourquoi je présume que vous êtes un
fervent républicain. Et dussé-je vous étonner : c’est aussi mon cas. (Le
mien également : Né Corsu, c’est sur l’Île-de-Beauté qu’on a ressuscité
les premières Républiques d’après l’empire romain, bien avant Venise, Gênes ou
Florence…)
Donc, étant démocrate et républicain, je ne puis,
comme le font sans exception tous les sionistes, de droite comme de gauche,
soutenir un état juif. »
Ok, mais
encore ?
« Le Ministère de l’Intérieur israélien
recense 75 % de ses citoyens comme juifs, 21 % comme musulmans et chrétiens
arabes et 4 % comme « autres » (sic). Or, selon l’esprit de ses lois, Israël
n’appartient pas à l’ensemble des Israéliens, mais aux juifs du monde entier
qui n’ont pas l’intention de venir y vivre. Ainsi, par exemple, Israël
appartient beaucoup plus à Bernard Henry-Lévy et à Alain Finkielkraut qu’à mes
étudiants palestino-israéliens qui s’expriment en hébreu, parfois mieux que
moi-même !
Israël espère aussi qu’un jour viendra où tous les
gens du CRIF, et leurs « supporters » y émigreront ! Je connais même des
français antisémites que cette perspective enchante ! (moi
aussi, les salopards ! L’histoire du ghetto…)
En revanche, on a pu entendre deux ministres
israéliens, proches de Benjamin Netanyahou, émettre l’idée selon laquelle il
faut encourager le « transfert » des Israéliens arabes, sans que personne n’ait
émis la demande qu’ils démissionnent de leurs fonctions. »
C’est dans l’air
depuis les origines de l’état hébreu…
Même du temps
du protectorat britannique.
« Voilà pourquoi, Monsieur le Président, je ne
peux pas être sioniste. Je suis un citoyen désireux que l’État dans lequel il
vit soit une République israélienne, et non pas un État communautaire juif. »
J’aurai dit « communautariste »,
c’est à la mode, voire « théocratique », ça se fait beaucoup par
ailleurs…
« Descendant de juifs qui ont tant souffert de
discriminations, je ne veux pas vivre dans un État, qui, par son
autodéfinition, fait de moi un citoyen doté de privilèges. »
En voilà au
moins un qui a assimilé les « lumières » de mon pays à moi-même (que
j’aime tant et qui me rend si mal…), alors que ce n’est pas le sien revendiqué :
Je vous ai dit, j’adore !
« À votre avis, Monsieur le Président : cela
fait-il de moi un antisémite ? »
Shlomo Sand, historien israélien (Traduit
de l’hébreu par Michel Bilis).
Sûrement pas :
On peut être « feuj » est parfaitement antisioniste !
C’est d’ailleurs
marqué comme ça dans leur Talmud !
Il suffit de
savoir lire.
À croire que « Manu-Mak-Rond »
ne sait pas lire et que c’est pour cette raison qu’il n’a pas été pris à « l’Ékole-normale-Supérieure »,
obligé de se rabattre sur « l’Enâ »…
Ce qui vous
situe (et confirme en ce qui me concerne…) le « niveau » atteint par
nos « z’élites » d’experts et autres « sachants » sortant
de « la Grande-ékole ».
Mais ça, à
force de me lire, j’imagine que vous le saviez déjà…
Bref, vous
avez peut-être compris la raison qui m’a poussé à reprendre ce texte (et à le
commenter à la marge), et de rendre hommage à son auteur en l’enrichissant de
quelques commentaires personnel.
Parce que j’adore
quand un prétentieux se fait remettre les points sur les « i » et les
« barres aux t » : C’est toujours splendide.
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