Aux plaisirs du palais – (Comédie dramatique en 3 actes et en
prose !)
Avertissement : Ceci est une œuvre de totale
fiction. Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé, a fortiori à naître, ne peut qu’être
pure coïncidence totalement fortuite, fruit de l’aléa propre au pur hasard.
Tout rapprochement incongru relèverait donc de la plus haute fantaisie et son
auteur se verrait impitoyablement poursuivi en justice pour répondre du
préjudice qu’il aurait pu ainsi créer.
Acte II – Scène V
(Entre CG).
FF – Elle s’est calmée ?
CG – Ne m’en parle pas ! Je l’ai laissée se changer pour la réception et
filer avec les mômes au fond du parc pour faire des photos.
FF – Dis donc ! On ne va pas la laisser comme ça dans la nature ! Elle est
complètement déjantée !
(Entre BH)
HB – Ah ! Vous êtes là ! Ça s’est terminé comment ?
CG – Il a pété un câble ! Et ça s’est fini par l’expulsion de la charmante
dame !
HB – Elle va le faire devenir fou !
FF – C’est fait ! J’ai vraiment cru qu’il allait déclencher un tir
nucléaire comme ça sur un coup de tête !
HB – Hein ? C’est vrai ?
CG – C’est vrai ! Je confirme.
FF – Il paraît que non ! Il m’a dit qu’il n’y a pas de « bouton ». Je veux
bien le croire ! La République ne laisse pas traîner ses armes de dissuasion à
la portée d’un seul.
HB – Mais qu’est-ce qu’il a pu lui faire pour la mettre dans cet état-là ?
CG – C’est à toi qu’il faut demander ça ! Tu les connais mieux que nous !
HB – Bin, écoutes, à vrai dire je n’en sais rien ! Je croyais qu’ils
s’étaient réconciliés après l’affaire de l’escapade. Il lui avait même autorisé
à voir qui elle voulait.
FF – Oui, mais lui ? Il a fait quoi depuis ?
HB – Je n’en sais rien. Depuis l’histoire des assurances-vie à Neuilly, il
n’a guère eu le temps de quoique ce soit, vous savez !
CG – Ça relève du fantasme psychiatrique, alors ?
FF – C’est peut-être notre solution. En tout cas, je ne veux pas qu’il
recommence à menacer n’importe qui n’importe comment ! Je lui ai promis de le
descendre s’il recommençait ça devant moi !
HB – De le descendre ?
CG – Tu as bien fait ! On ne peut pas se permettre d’avoir emmené un type
aussi fragile devant sa nana jusqu’ici sans le protéger de lui-même !
HB – Et tu l’aurais descendu comment ?
FF – À coup de lattes s’il l’avait fallu !
HB – Punaise ! On est mal barré…
CG – Ouais ! Pas terrible pour une première journée. Bon, on fait quoi ?
FF – Un, je crois qu’il ne faut pas ébruiter l’incident.
HB – Tout à fait d’accord…
CG – C’est la crédibilité de la fonction qui est en cause. On peut compter
sur Vincent, Arnault et Martin ?
HB – Pas de problème ! Et puis ils n’ont vu que le coup de gueule : ils
savent ! Tout juste en riront-ils entre eux quelques temps ! Ce n’est pas la
première fois qu’elle se montre aussi odieuse devant eux !
FF – Deux, on fait tout pour que ça ne se reproduise plus jamais !
CG – Ça ne va pas être facile à gérer si elle campe ici avec sa marmaille
ou ses copines !
HB – Alors on la déménage !
FF – Où ?
CG – Rambouillet n’est pas une mauvaise idée !
FF – Ce n’est pas tenable très longtemps. Ses copines vont finir par
alerter la presse.
HB – Et des grandes vacances à l’étranger ?
CG – Là, c’est le problème de sa sécurité qui va être intenable !
FF – On peut la cantonner dans une partie du palais seulement ? Je ne sais
pas, moi avec des badges électroniques à toutes les portes !
HB – C’est lui qui ne va pas tenir.
FF – Et si on lui trouvait un sosie ?
CG – Je n’ai pas ça sous la main. Et puis il ne voudra pas !
FF – Et si on ne le lui dit pas ?
HB – Il s’en rendra compte tôt ou tard ! Vous n’allez pas faire ça, quand
même !
CG – Écoutez ! De toute façon il va falloir faire quelque chose ! Nous
avons à peine entamé la première journée, que déjà on en est à se jouer le coup
de la crise majeure de la décision nucléaire !
HB – Faut pas exagérer !
FF – Si ! C’était ça ! On s’y serait cru !
CG – Je confirme que c’était bien réaliste. Faut dire que nous sommes
aussi responsables d’avoir fait monter la tension d’un coup !
HB – Là, je ne suis pas d’accord. De ce que j’en ai vu, c’est quand même
elle qui est venue foutre sa merde !
CG – De toute façon, François, ça peut recommencer n’importe quand.
FF – Bon alors trois, notre souci, c’est juste le feu nucléaire. Pour le
reste, on saura rattraper les coups tordus, non ?
CG – Tu as raison. Mais comment on fait ?
FF – Je vais me faire mettre au parfum à Matignon. S’il peut tirer tout
seul dans son coin nos missiles, on tâchera de le convaincre de « perfectionner
» le dispositif en mettant des sécurités supplémentaires. Sans ça on ne dit
rien, on ne fait rien !
CG – Je pense qu’ils y ont pensé avant nous, à cette hypothèse. Donc on se
fait petit : il ne s’est rien passé et toi tu nous confirmes l’existence d’un
dispositif d’ici à demain, dès que « Vador » t’aura refilé le témoin !
FF – Ok.
HB – Oui, mais d’un point de vue politique, on la laisse foutre sa merde à
l’improviste comme aujourd’hui ? On va finir par se couvrir de ridicule ! Et
avant les élections, je ne vous raconte pas ! C’est droit à une 4ème
cohabitation que nous allons ! Déjà que le Canard et Marianne n’en laissent pas
passer beaucoup…
FF – Après aussi, mon vieux ! Cohabitation ou non, on ne sera même pas
crédible très longtemps. Et puis s’il y a cohabitation, je ne me vois pas
raconter ces problèmes-là à DSK ou à François Hollande ! C’est inimaginable !
CG – Donc soit on l’écarte, soit on l’enferme jusqu’à cet été !
FF – Voilà ce qu’on va faire : Toi, tu te mets en chasse d’un sosie
discrètement. Pour faire passer la pilule, tu lui annonces qu’on cherche
d’abord un comédien pour lui, juste pour des histoires de sécurité. Tous les
grands chefs d’État en ont ! Pourquoi pas lui ! S’il te pose la question pour
sa femme, tu dis que tu n’y avais pas pensé, mais que c’est peut-être une bonne
idée !
CG – Excellente, l’idée ! Que ça ait l’air de venir de lui ! Mais lui
risque de refuser pour lui-même !
FF – J’en parlerai au chef de la sécurité : on veut un sosie pour les
apparitions de loin. Point barre !
HB – Vous êtes démoniaques ! Et pendant ce temps-là, on fait comment ici ?
CG – Je gère ! On va bien lui trouver une occupation. Quitte à enfermer
Nicolas au QG Jupiter pour qu’il puisse travailler sans être dérangé.
HB – Ça ne va pas arranger ses affaires !
CG – Non ! Je sais comment on va faire : pas une nana dans son entourage !
Comme ça, elle va se calmer.
FF – Même pas une petite secrétaire ?
CG – On lui confie le secrétariat ! Comme ça elle nous foutra la paix. Et
puis un jour, on lui collera son sosie à lui sans qu’elle ne le sache, et le
tour sera joué !
HB – Ouf ! Tu es fou ! Elle va s’en rendre compte !
CG – Bin ! Au pire, ce sera l’occasion de la coller sous camisole chimique
et de faire entrer en piste sa sosie à elle !
HB – Diabolique !
FF – Et pourquoi on ne lui refilerait pas des calmants à elle, en douce ?
CG – Faut voir avec les cuistots et son toubib. Tiens, ça me donne une
idée : on leur faire passer une visite médicale à tous les deux ! Je vais
présenter ça comme de la routine obligée !
HB – Pas mal, ça !
(Entre NS)
NS – Ah ! Vous êtes là ! Bon. Vous l’avez calmée ?
CG – Elle fait le tour du jardin avec les gamins. Tu peux la voir de la
fenêtre !
NS – Excusez-moi pour tout à l’heure ! Elle me fait péter les plombs de
temps en temps ! Ce n’est pas bien grave. Merci quand même. Ah ! Elle s’est
quand même mise en robe. Il était temps !
FF – Tu as fait le tour des installations militaires ?
NS – Ouais ! Compliqués leurs trucs. Je m’en sortirai. Tu verras François.
Ils ont les mêmes à Matignon. Invraisemblable le nombre de codes,
d’informations, d’autorisations qu’il faut pour bouger le petit doigt, ici !
FF – Du moment que ça marche…
NS – Vous discutiez de quoi ?
CG – De ta sécurité personnelle.
NS – Je suis déjà au courant. Les escortes, les déplacements, les équipes.
T’en fais pas !
CG – Ils t’ont dit qu’il te fallait un sosie ?
NS – Un sosie ? Et puis quoi encore !
CG – Ah ? Tu ne savais pas ? Mais tout le monde en a au moins un chez les
plus grands dirigeants de la planète…
NS – Ah oui ?
CG – Tu vois quelqu’un en particulier, moyennant une petite dose de
maquillage et quelques cours de tenue ?
NS – Non, je ne vois pas ! Je crois que maman a cassé le moule, depuis le
temps ! Il en faut combien ?
CG – Ça, je ne sais pas !
NS – Bush il en a combien ?
CG – Va savoir !
HB – Hillary en avait deux, je crois savoir !
NS – Hillary ? Clinton ? Et pour la mienne, c’est prévu aussi ?
CG – Euh… Je ne sais pas. Je ne crois pas !
NS – J’en veux aussi. Tu me trouves ça, Claude !
FF – Bon, les gars, la journée n’est pas finie ! Je vous laisse ! Toi, je
te rappelle que tu vas faire un tour à l’Arc de Triomphe, tu passes au bois et
tu reviens casser une graine. On fait comme on a dit !
NS – Excuse-moi encore François, pour tout à l’heure. Je ne sais pas ce
qu’il m’a pris !
FF – T’en fais pas ! On en verra d’autres ! Ça va mieux ton crâne ?
NS – Bof ! Y’a que l’action qui me détend ! On se revoit tout à l’heure !
FF – C’est ça ! Bon courage !
HB – Je t’accompagne !
NS – À tout à l’heure Brice ! Tu reviens pour déjeuner ?
HB – On verra ! Si j’ai le temps. Commence sans moi, je te retrouve au
café, au pire.
(FF et HB sortent)
NS – On se met au boulot ?
CG – On y est. Tu veux voir quoi ?
NS – C’est quoi cette histoire de sosie ?
CG – T’occupes ! Je vois ça avec le chef de la sécurité. Je crois que
c’est devenu une tradition depuis l’attentat du Petit Clamart.
NS – Encore une connerie du grand Charles ! Bon, s’il faut en passer par
là, on fera avec. Mais tu m’en trouves aussi une qui fasse ma femme ! Comme ça
nous pourrons avoir des week-ends en amoureux tous les deux !
CG – Avec la fille ? Je t’ai dit que je ne marchais pas !
NS – Quel con tu fais ! Non, avec ma femme. Mais sans les paparazzis ! On
les éloigne avec le faux couple et pendant ce temps-là, je peux compter fleurette
en paix dans des endroits bucoliques !
CG – Ah ! L’amour !
NS – Ça rend con, je sais. Mais bon. Débrouilles toi aussi pour qu’elle ne
me fasse plus chier ici ! Au moins ici !
CG – Si tu comptes être réglo avec elle, tu n’as qu’à lui confier la direction
de ton secrétariat ! Comme ça elle pourra te surveiller.
NS – N’y compte pas ! Je ne veux pas qu’elle puisse venir m’emmerder à
l’étage ! Débrouille-toi autrement ! Tu me la drogues si tu veux, mais qu’elle
ne m’emmerde pas !
CG – Tu veux que je la colle en résidence surveillée ? À Rambouillet ?
NS – Et puis quoi encore ? Pourquoi pas à Sainte Anne tant qu’on y est ?
Non, mais ça ne va pas ! Déjà que ce n’est pas simple à gérer, si en plus je ne
la vois plus, je vais devenir fou, moi !
CG – Mais non, mais non ! Tu n’es pas fou. Je vais voir ce qu’on peut
faire.
(Tomber de rideau)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire