Décès d’une immortelle
« Momonne »
n’est plus… C’est dans l’ordre « des choses de la vie ». Toutefois…
ça fait quand même comme un pincement au cœur.
Une « grande
bonne-femme » qui nous lâche, une de plus…
Elle avait été
reçue sous la Coupole le 18 mars 2010, en présence de « Bling-bling »
es-protecteurs de l’Académie, de « Giskar-A-labarre » et du « Chi »,
son épée d’Immortelle gravée du numéro matricule qui avait été inscrit sur son
bras à Auschwitz (numéro 78651), ainsi que les devises de ma République
française « liberté, égalité, fraternité » et de celle de l’Union
européenne « unis dans la diversité », élue à le 20 novembre 2008…
Simone Veil, née
Jacob, fille d’Yvonne
Steinmetz, fille de fourreur parisien, le 13 juillet 1927 à Nice d’une famille dont
le père est originaire de Bionville-sur-Nied, village de Lorraine…
Elle aura
marqué son temps : De 1979 à 1982, elle est la première présidente du
Parlement européen, nouvellement élu au suffrage universel.
Elle aura été
ministre d’État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville, et
« numéro deux » dans le gouvernement « Bat-la-mou », puis aura siégé
au Conseil constitutionnel de 1998 à 2007.
Une « feuj »,
certes, née dans une famille non-pratiquante et foncièrement laïque, ce qui lui
vaudra tout de même une arrestation et une déportation de la barbarie « teutonne-&-nazie »,
cette horreur de la condition humaine.
Rescapée de cette
invraisemblable Shoah, elle entre dans la magistrature comme haut fonctionnaire
jusqu’à sa nomination comme ministre de la Santé, en mai 1974.
Et là, à ce
poste, elle fait notamment adopter la « loi Veil », promulguée le 17 janvier
1975, qui dépénalise le recours par une femme à l’interruption volontaire de
grossesse, l’IVG.
Né « papiste »,
j’ai eu du mal… La Vie, ce don irréfragable de Dieu, reste sacré en toutes circonstances.
Mais, d’une
part je ne votais pas encore.
D’autres part
et en revanche, né « kouillu », j’admets volontiers que si l’homme ne
choisit pas ses paternités (sauf cas pathologiques) qui ne sont finalement que
le résultat de hasards et de circonstances, la dignité de nos femmes impose qu’elles
puissent « choisir » leurs maternités.
La médecine
moderne le permet largement et heureusement. Mais, aux détours des hasards et circonstances,
pénaliser une IVG, parce qu’il est « volontaire », et justement parce
qu’il est volontaire et non plus le fait du hasard, était inadmissible pour ma
conscience d’homo sapiens responsable.
L’irresponsabilité,
c’est de ne pas entourer la femme qui avorte, naturellement : Pour elle, c’est
un drame, une profonde blessure ineffaçable.
Je le sais.
Mais « Momonne »,
ce n’est pas qu’une loi.
C’est un
parcours de vie « hors-normes », à la hauteur de la « bonne-femme »
qui a assumé.
Déportée à
Auschwitz-Birkenau, elle transite par le camp de Drancy. Son père et son frère
Jean sont déportés en Lituanie. Elle ne les a jamais revus.
En juillet
1944, avec sa mère et sa sœur, elle est transférée à Bobrek, à cinq kilomètres
de Birkenau. Peu avant la libération du camp d’Auschwitz le 27 janvier 1945,
les Allemands emmènent leurs prisonniers dans la marche de la mort jusqu’au
camp de Bergen-Belsen. Sa mère meurt du typhus en mars 1945. Sa sœur Madeleine,
atteinte également, est sauvée de justesse grâce à l'arrivée des Alliés.
Bergen-Belsen
est libéré par les troupes britanniques le 15 avril 1945.
Mais ce n’est
pas qu’une rescapée…
Après son
retour en mon pays (celui que j’aime tant et qui, à cette époque-là, a trahi
tant de ses natifs), pour être restée la seule de toute l’Académie à avoir
passé et obtenu son baccalauréat en mars 1944, la veille de son arrestation, elle
s’inscrit à la faculté de droit de Paris et à l’Institut d’études politiques de
Paris, où elle rencontre Antoine Veil (1926-2013), futur inspecteur des
finances et chef d’entreprises, qu’elle épousera en octobre 1946.
Je ne sais
plus si c’est elle ou son homonyme-philosophe qui parlait de son époux en de
très beaux termes.
Ça m’avait
touché…
Et c’est
encore plus que ça : En 1956, elle passe le concours de la magistrature. Elle
« fonctionne » en 1964 aux affaires civiles. Et en 1970, elle devient
secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature (CSM).
Dans ses
mémoires, elle mentionne une action politique de sa part dès 1971 au conseil d’administration
de l'Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF).
À ce poste,
elle surprend en s’opposant notamment à la diffusion du documentaire sur l’Occupation
qu’elle trouve « injuste ».
Elle est
encore plus que ça : À la suite de la mort de « Pompon-pie-doux »,
elle soutient la candidature du « général-Chat-banc-Del-Masse », et
après l’élection de son concurrent, elle est nommée ministre de la Santé dans
le gouvernement du « Chi », poste qu’elle conserve encore sous les
gouvernements « Raymond Barre-bi-tu-rique ».
Une
retourneuse de veste ?
Non, déjà une
incontournable, au-dessus de la mêlée politicarde.
Elle est
chargée de présenter au Parlement le projet de loi sur l’interruption
volontaire de grossesse (IVG). Dans un discours devant les députés, elle
soutient que « l’avortement doit rester l’exception,
l’ultime recours pour des situations sans issue ».
À ce poste, elle
revoit aussi la « carte hospitalière » en fermant notamment des établissements
à trop faible activité, rééquilibre une première fois les comptes de l’Institut
Pasteur et met en place des aides financières à destination des mères d’enfants
en bas-âge.
Elle met en
échec, avec d’autres membres du gouvernement, le projet de retours forcés de
100.000 Algériens par an prôné par « Giscard-A-la-barre », dont la
politique d’aides financières au retour échoue.
Là où elle
entre encore plus profondément dans « la légende », c’est en 1979,
quand à la demande du président gauloisien, elle conduit la liste UDF aux
élections européennes, les premières au suffrage universel.
Le 17 juillet
1979, elle est élue présidente du Parlement européen au troisième tour, avec
192 voix, contre 133 au socialiste Mario Zagari et 47 au communiste Giorgio
Amendola.
Au début de l’année
1982, elle est sollicitée pour briguer un second mandat, mais ne bénéficiant
pas du soutien des députés RPR, elle retire sa candidature avant le troisième
tour de scrutin afin de ne pas faciliter l’élection du candidat soce, qui l’emportera
tout de même.
En 1981, elle
reçoit le Prix International Charlemagne.
Résolument
anti-soce, elle impose à l’opposition une liste unique aux élections européennes
de 1984. La liste qu’elle conduit obtient 43,02 % des voix et 41 sièges de
députés européens le 17 juin. Elle préside alors le groupe libéral au Parlement
européen pendant toute la législature. Mais lors des élections européennes de
1989, elle présente une liste centriste distincte de la liste d'union RPR/UDF :
Erreur, celle-ci recueille 8,43 % des voix et sept députés européens.
Aux législatives
de 1988, alors que certaines personnalités de l’UDF, notamment « Jean-Cloclo
Gogo-Dain » à Marseille, passent des accords de désistements locaux avec
le FN et que le « cousin-Pasquale » (RPR) évoque des « préoccupations » et des « valeurs » semblables, elle déclare qu’« entre un Front national et un socialiste,
(elle votera) pour un socialiste »,
elle l’anti-soce qui sait où ils mènent invariablement.
Merci :
Je poursuis, pour ma part !
Début 1990,
elle qualifie d’« inadmissible » la création de fichiers informatisés des
Renseignements généraux, décidée par le gouvernement « Roro-card ».
Le projet est retiré en mars 1990 et promulgué, sous une forme nouvelle, par le
gouvernement « Salade-de-Cresson » l’année suivante.
Depuis « Tagada-à-la-fraise-des-bois »
nous en aura fait deux autres lois, plus l’état-d’urgence renouvelé, avant que
son lointain avatar de « Mak-Rond » ne le rende perpétuel !
Ses leçons n’auront
pas suffi à ouvrir les yeux de mes contemporains : C’est pour cette raison
que je vis en exil, protégé par mon statut de métèque en « Ritalie »…
Au passage, elle
aura été membre du Conseil constitutionnel, entre mars 1998 et jusqu’en mars
2007. Elle sort une fois de son devoir de réserve en 2005, pour appeler à voter
« oui » au référendum sur le traité établissant une constitution pour l’Europe.
Pas vraiment
entendue…
En février
2008, elle s’oppose à l’idée « Bling-blinguesque », qu’elle a
pourtant soutenu pendant la campagne, de confier la mémoire d’un enfant juif de
« Gauloisie-des-lumières » mort durant la Shoah à chaque élève de CM2
: « C’est inimaginable, insoutenable,
dramatique et, surtout, injuste ».
Parfaitement d’accord.
Injurieux de
dérision, oserai-je rajouter…
Mes hommages,
Madame.
Simone…
RépondreSupprimerElle a croisé mon oncle, Jacques Eponville, à Bergen-Belsen.
Il était marié à Raymonde, une cousine de ma mère, et avait été déporté pour des faits de résistance.
Quand il est rentré d’Allemagne, il pesait 35 kg et avait mis deux ans à récupérer.
C’était chez lui, chaque année, pendant plus de 50 ans, que toute la famille se réunissait, des cousins aux petits cousins, pour fêter le Nouvel an dans une ambiance chaleureuse et bien arrosée.
Il a fait ensuite une carrière dans l’armée et avait été en charge des télécommunications à Tana.
Une époque terrible, à ne jamais oublier.
Et merci à tous ceux-là pour leurs efforts, leurs sacrifices.
Un grand salut à tous ceux-là !
SupprimerOn leur doit tant...
Et à leurs parents qui sont allés il y a un siècle maintenant défendre Verdun et quelques autres villes et villages, pour finalement reprendre ce qui avait été volé au "Gauloisiens"...
Tout est lié.
Simone en était malgré elle l'héritière, au moins autant que nous aujourd'hui, nos gosses demain et les leurs après-demain.
La longue chaîne de l'Histoire...
Pas sûr d'en être digne à mon tour, en tout cas pas à la hauteur de "Momonne".
Bien à vous !
I-Cube