« Théière-Mais » dans la mélasse.
La pôvre-chérie, aveuglée par des sondages-idiots
croyait pouvoir assoir son autorité sur un Parlement renforcé. Patatras, non
seulement elle perd la majorité absolue, mais en plus, pour se maintenir au
pouvoir, elle est obligée d’acheter – il n’y a pas d’autre mot – l’allégeance
de quelques partis sectaires.
Bon, ce n’est pas « son argent », mais celui
du kontribuable britannique, alors peu importe, n’est-ce pas.
Sauf que…
Sauf que, l’UE est partie pour « faire payer »
la trahison ourte-manchière au prix fort, histoire de dissuader les impétrants
europhobes pour l’avenir, et que finalement certains anticipent le retour du
Royaume Uni dans une nouvelle Europe…
Je rigole, mais eux, pas du tout !
Il faut dire que les uns comme les autres, de la Grèce
au Royaume-Uni, il va falloir qu’ils se rendent tous compte qu’il n’y a pas de
sortie possible de l’Europe.
C’est comme ça.
Rappelez-vous, la crise grecque a prouvé qu’il fallait
changer d’Europe, le « Brexit » en a ouvert la possibilité. Cela dit,
une année durant, il a été difficile de savoir à quelle sauce nous allions être
mangés : À la « sauce des Britishs » (nous emmenant vers une nouvelle
alliance des nations) ou à la « sauce moutarde » des continentaux,
maintenant les principes unionistes, mais reprenant le contrôle des
institutions d’une manière ou d’une autre.
Ce n’est pas le second vote britannique qui constitue la
trame de ce qui se joue dans les capitales européennes mais le triple vote
austro-batave-gauloisien qui marque en réalité la fidélité des continentaux aux
principes de communauté de destin…
Il est vrai que les continentaux, contrairement aux
insulaires, savent de manière atavique que les guerres européennes ont toujours
lieu « chez soi ».
Mais cette expression démocratique continentale marque
l’échec de la sauce de la « Théière-mais » et laisse le Royaume-Uni
sur le bord de la route, à regarder le train passer. La nouvelle priorité du
Royaume-Uni devient soudain : « Comment renouer avec un continent qui ne nous a
pas suivi sans perdre la face et en sauvant notre propre union ? »
Et l’air de rien, l’élection anticipée voulue par la
première-ministre sert ces objectifs, même si le Royaume-Uni doit désormais
faire face à l’avidité des milieux financiers en particulier, rêvant de « hard-Brexit »
pour récupérer le maximum des activités européennes de la City.
Rappelez-vous, le 3 juin, le vice-président de la
Commission européenne, Valdis Dombrovskis, a dévoilé son projet de révision de
la directive sur les chambres de compensation (Emir) qui pourrait à terme
signifier un rapatriement de Londres vers l’UE des opérations de compensation
libellées en euros.
Logique, remarquez bien…
Or, si tout le monde joue intelligemment (ce qui
pourrait devenir habituel avec nos « experts » du moment), cette
nouvelle priorité peut emmener le continent vers une étape positive de
réinvention : Par le haut, à savoir en permettant l’intégration de l’Islande,
la Norvège et le Lichtenstein dans un cadre communautaire renouvelé, et, espérons-le, par le bas, à savoir suivant
des orientations démocratiquement validées par les citoyens européens.
Revenons au 8 juin, jour où les Britanniques ont élu
un nouveau Parlement dont la majorité échappe à la première ministre et à son
parti conservateur.
Pour former un gouvernement avec une majorité absolue,
il lui fallait dix voix de plus, qu’elle est allé rechercher dans une coalition
hasardeuse avec le parti unioniste d’Irlande du Nord (DUP).
Hasardeuse, car le programme du DUP est loin de faire
l’unanimité au sein du parti tory : Ultraconservateur, anti-avortement,
homophobe, contre tout référendum irlandais… Le DUP défend en même temps une
ligne ultralibérale, opposée à la mise en place de tout contrôle douanier entre
les deux Irlande, ce qui est incompatible avec un « hard-Brexit » tel
que soutenu par la première-ministre, qui implique au contraire de telles installations.
Hasardeuse aussi parce que dans la nouvelle
configuration du Parlement britannique, les conservateurs sont seuls à défendre
une ligne de « hard-Brexit ».
Tous les autres partis confondus sont partisans du « soft-Brexit »,
autrement dit un statut proche des pays faisant partie de l’espace économique
européen sans être dans l’Europe et encore moins l’Euro.
On ne peut que constater que ces résultats remettent
en cause le processus même du Brexit, si ce n’est le Brexit lui-même. Tout
simplement aussi parce que l’effondrement de « Théière-Mais » dans
les sondages, à l’occasion de la courte campagne électorale, est bien évidemment
beaucoup moins le fait de prétendues « bourdes » commises par la première
ministre que d’une acceptation par le peuple britannique de cette élection
comme un second référendum.
La konne, persuadée en avril dernier et sur la foi de
sondages d’opinion très favorables qui lui feront dire que tout le pays est
derrière elle, elle s’était lancée dans la reconquête de Westminster pour
maîtriser l’ensemble des forces politiques du pays dans le cadre des
négociations de sortie de l’UE.
Une démarche renforcée très peu de temps après, dès
début mai, par des élections locales qui ont couronné le parti conservateur en
évinçant notamment l’UKIP et balayant a priori les prétentions du parti
travailliste, sous le leadership très à gauche de « Jerem-my-Cor-Pine ».
Ils ne sont pas très nombreux à avoir relevé que le
taux de participation de ces différentes échéances électorales était de 72 %
pour le référendum en juin 2016, et qu’il a plafonné à 36 % pour les élections
locales de mai 2017, puis il est remonté à 68,73 % en juin 2017…
Le même phénomène qu’en « Gauloisie », qui
trompe plus d’un sondeur d’opinion et autre « analyste-expert ».
Un pari que les instituts de sondages britanniques
donnaient gagnant en lui accordant entre 48 % et 50 % d’intentions de vote.
Sa stratégie était alors à « plusieurs volets »
:
– Renforcer sa majorité parlementaire, certes, pour
avancer sur une ligne « hard-Brexit » qu’elle jugeait en phase avec
l’opinion britannique exprimée lors du référendum de juin dernier et avec
l’effet domino espéré sur le continent.
Mais une stratégie bien difficile à mettre en œuvre
contre un Parlement britannique majoritairement opposé à cette ligne. À ce
stade, elle appelait juste les électeurs à s’associer à elle pour porter une
voix renforcée autour de la table des négociations avec Bruxelles sur un projet
dont elle ne maîtrisait même pas la première lettre. Insuffisant pour assurer
une victoire ;
– S’assurer que durant la période de négociations, qui
court jusqu’en mai 2019, rien ne vienne remettre en cause son leadership en
barrant la route à la pression montante des travaillistes, et plus
particulièrement de « Jerem-my-Cor-Pine ».
Certes, les travaillistes n’ont pas profité du vote
des élections locales, avec seulement 30 % de participation, et ont
certainement fait les frais des deux attentats perpétrés à la veille des
élections.
Ceci étant, la première-ministre a oublié qu’elle
n’était pas seulement la ministre du « Brexit », mais aussi la
dirigeante d’un pays dont l’austérité pèse sur les citoyens ;
– Porter un coup d’arrêt aux velléités centripètes des
régions comme l’Écosse et l’Irlande du Nord.
Sur ce dernier point, si les forces centripètes en
question ne datent pas du référendum de juin 2016, elles ont tout de même été
très renforcées par le « Brexit ».
En effet que l’Écosse, notamment, avait rejeté en bloc
le « Brexit » et envisagé de recourir à une nouvelle consultation
référendaire pour son indépendance.
De plus, rappelez-vous, en janvier 2017, alors que la
Cour suprême britannique avait contraint le gouvernement à consulter le
Parlement sur le recours à l’article 50, elle avait dans le même arrêt dénié
aux assemblées régionales tout droit de veto sur la décision du Royaume-Uni de
quitter l’UE (arrêt du 24 janvier 2017), renforçant par là même les velléités
sécessionnistes.
Et les résultats sont clairs :
– Coup dur pour le parti indépendantiste écossais,
grand perdant de cette consultation électorale : il abandonne 19 sièges !
Alex Salmon, le champion de l’indépendance écossaise,
n’est même pas réélu et Nicola Sturgeon est en position délicate pour le leadership
du parti.
Au vu des résultats, il n’est même plus concevable
d’avancer sur un nouveau projet de référendum écossais.
– La situation est analogue en Irlande du Nord, où le
parti indépendantiste perd tous ses sièges au profit du Sinn Fein, mais c’est
le parti unioniste DUP qui arrive en tête et s’allier avec les tories pour
former le gouvernement avec le parti conservateur de la première-ministre ;
– Quant au Pays de Galles, c’est le Labour qui arrive
largement gagnant, ce qui éloigne toute politique sécessionniste quelle qu’elle
soit.
Désormais et après les élections du 8 juin, on peut se
poser la question de savoir si les régions britanniques, Écosse, Irlande du
Nord, Pays de Galles, ont encore vocation – et intérêt – à défendre des
prétentions indépendantistes dans la reconfiguration des forces parlementaires
et nationales qui en est issue.
Leur intérêt n’est-il pas plutôt de jouer la carte de
la communauté d’intérêts entre elles et avec le pouvoir central, au lieu de
s’opposer à ce dernier dont les représentants sont les seuls habilités à être à
la table des négociations ?
De cette façon, elles s’associeraient au processus
(politique du lobby très chère aux Britanniques), s’assurant que la voie ainsi
ouverte conduise bien à un « Brexit » supportable.
D’autant plus que l’autre conséquence de ces élections
est la remise en cause de la ligne de négociations pour un « hard-Brexit »
telle qu’elle avait été défendue par la première ministre.
Car, l’autre résultat au bout du compte positif de
cette élection générale pour « Théière-Mais », c’est qu’elle lui
permet de justifier un changement de ligne de négociation, passant d’un projet
de « hard-Brexit » à celui d’un « soft-Brexit », désormais
adapté à l’objectif vital pour le RU d’éviter d’être marginalisé par rapport à
un continent qui n’a pas suivi sa voie.
Enfin, c’est ce qu’en projettent les analystes.
Le grand défenseur du « Brexit », l’UKIP,
est complètement out, ne raflant même pas un siège avec 1,8 % de votes.
Ce résultat étonnant, un an seulement après sa
victoire référendaire retentissante, souligne bien le rôle pernicieux qu’a joué
ce parti, dont on peut se demander s’il n’a pas servi à faire la campagne du « Brexit »
qu’une partie des tories, dont la première-ministre n’avait pas osé faire.
Le « Brexit » acquis, cet encombrant «
partenaire » a purement et simplement été aspiré par l’aile d’extrême droâte de
tories décomplexés – un glissement vers l’extrême droâte qui aura fait perdre
des voix à son aile gôche, ou au profit de plus petits, dont le DUP en Irlande
du Nord.
Du coup, l’ensemble des factions politiques
représentées au sein du Parlement britannique défend une ligne de « soft-Brexit »
et même, dans une certaine mesure le DUP, pourtant anti-européen, s’inscrit
dans une ligne qui ne supporterait pas les conséquences d’un « hard-Brexit »
sur la libre circulation entre les deux Irlande.
Au sein même du parti conservateur, les lignes de
négociations sont divisées.
Si le parti a fait front derrière sa première-ministre
en défendant une ligne dure, toute une faction du centre droit de son parti,
qui avait fait campagne pour le « remain », dont George Osborne (pour
qui « Théière » « est une femme
morte qui marche encore »), ou son directeur de cabinet, appellent
aujourd’hui à revenir à un « soft-Brexit » ou à la démission même de
la patronne.
Dans l’opposition, « Nicola-Laisse-Sturgeon », leader du SNP,
appelle quant à lui à un front commun des partis d’opposition pour demander la
suspension des négociations du « Brexit » et les libéraux-démocrates
sont même prêts à organiser un second référendum (c’était d’ailleurs une
promesse de campagne).
Dès lors, les négociations pour un « soft-Brexit »
commencent à peine entre le Labour et le gouvernement britannique…
Vous savez quoi, avec cette histoire-là, on ne sera
pas exempt de surprises.
Et je reste quant à moi tout étonné de cette vague de
naturalisations qui précède un tsunami possible vers le continent de quelques « z’élites ».
Pas grand-chose : Ils iront bosser là où l’herbe
sera la plus verte, naturellement, et il restera pour ma part vraisemblablement
plus intéressant de rester « exilés-chez-eux » en UK avec une double
nationalité.
Parce que bon, probablement, en 2019, tous ces
zozos-là auront trouvé un accord avec l’UE pour gommer la plupart des effets du
« Brexit » et finalement restés arrimés au vieux-continent (dont ils
font partie d’un point de vue « géostratégique »).
Et là, la leçon vaudra autant pour nos europhobes que pour
les grecs et tout autre.
De plus et à mon sens ce sera l’opportunité pour les
institutions européennes de se « moderniser », les rendant plus « acceptables »
pour être déjà incontournables.
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