Trentième-quatrième
chapitre : L’heure des comptes
Avertissement : Vous l’aviez compris,
ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle »,
sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
Après l'avancée éclair, c'est l'heure de la couverture
défensive pour les soldats de la division Daguet. La 2ème compagnie
du 3ème régiment d'infanterie de marine a été détachée auprès du 1er
spahis du colonel Barro, situé le plus au nord du dispositif français.
La compagnie du capitaine Lancelot a reçu pour mission
de monter un check-point sur la route qui mène d'As-Salman à As-Samawa sur
l'Euphrate.
La position choisie est située une trentaine de
kilomètres en avant de la bourgade prise par les Français. Les marsouins
doivent se livrer à une fouille systématique des véhicules civils irakiens se
présentant.
Les consignes recommandent de laisser passer en
priorité les habitants d'As-Salman désireux de regagner leur village. En effet,
des centaines de civils refluent vers le sud pour fuir les combats qui font
rage dans la vallée de l'Euphrate. Combattants chiites et soldats d'élite de la
Garde républicaine s'affrontent avec violence.
Mais les Français s'occupent surtout de fouiller les
camions lourdement chargés. Le recensement des habitants est assuré par les
Américains des Civil Affairs à l'entrée du village.
Le check-point de la 2ème compagnie
stoppera un véhicule inattendu : une Jeep américaine. Ses occupants, s'étant
aventurés un peu plus loin dans un village irakien, avaient essuyé des tirs
ennemis. L'officier tué, son chauffeur a fait demi-tour et foncé vers
l'arrière. Dans l'affolement, il est venu percuter l'avant-poste français.
Les sapeurs du 17ème régiment de génie
parachutiste de Montauban ont reçu pour mission de « nettoyer » le
cordon de sable de la plage de Koweït-City, minée par l'occupant irakien.
Les spécialistes français, réputés pour leur
expérience acquise au Tchad et au Liban, vont neutraliser des milliers de
mines. Un travail dangereux : un homme a été sérieusement blessé en déminant.
Les démineurs français trouveront essentiellement des mines anti-personnel de
fabrication soviétique qui arrachent le pied d'un homme en explosant, ainsi que
des mines bondissantes italiennes semblables aux Cluster bombs américaines, et
qui explosent à 1,50 m du sol.
Désormais, l'aérodrome irakien d'As-Salman, occupé par
les Français, est devenu un vaste champ de tirs. L'occasion rêvée pour les
hommes du 2ème régiment étranger d'infanterie de tester leurs
armements sans les contraintes qu'on trouve en France.
Les sections antichars vont tirer en une journée pas
moins de 3 douzaines de missiles Milan 2 ainsi que des coups de lance-roquettes
de 112 mm Apilas.
Les missiles Milan se sont avérés d'une remarquable
précision. Et pour cause, ce sont par les trous occasionnés par des missiles de
l'aviation alliée que les Français s'entraînent à faire rentrer leurs missiles
Milan !
Dans la bourgade irakienne, c'est le
lieutenant-colonel Barnier, commandant en second du 68ème régiment
d'artillerie, qui est en charge de tous les aspects militaires dans le village
d'As-Salman. Mais aussi des relations avec les civils. Les soldats français
l'appellent le gouverneur. Pour cette tâche de régularisation, il dispose entre
autres de 25 gendarmes de la prévôté et d'une compagnie du 6ème régiment
étranger du génie.
Les sapeurs sont tout spécialement chargés de « dépolluer »
As-Salman : éliminer toutes les Cluster bombs non explosées.
Des Américains des Civil Affairs, spécialistes des
relations avec les populations en territoire occupé, ont reçu pour mission de
faire l'inventaire de toutes les ressources du village.
Avec leurs plats cuisinés réchauffables et toutes
leurs sucreries, les rations des soldats français sont parmi les meilleures du
théâtre des opérations. En tout cas, elles surpassent de loin les rations
américaines. Les pauvres GI n'ont droit qu'à de la nourriture lyophilisée dont
le charme s'est vite dissipé. Échangées d'abord à 1 contre 3 au début du
conflit, les rations françaises, qui bénéficient d'une grande réputation au
sein de tous les Alliés, s'échangent désormais à 5 contre 1 !
Les soldats français échangent donc leurs repas contre
des casquettes, des insignes, des tee-shirts... Les plus heureux sont les
artilleurs et sapeurs américains placés sous commandement français. Et
pourtant, seulement 5 des 10 variantes de menus étaient en dotation dans le
Golfe : les autres sont toutes à base de porc...
La cérémonie a lieu en plein après-midi, mais l'on se
croirait en pleine nuit, tellement le nuage de fumée noire est épais ! Jean
Bressot a présidé la petite cérémonie de levée de drapeau sur le toit de
l'ambassade de France à Koweït-City. Elle était fermée depuis le 14 janvier.
Depuis plusieurs mois, Jean Bressot était chargé de représenter la France
auprès des autorités koweïtiennes en exil à Taëf, en Arabie Saoudite. Les
locaux de la chancellerie doivent être inspectés par des spécialistes du
déminage. Ensuite, il faudra rétablir l'eau et l'électricité. Derrière
l'ambassade, des mitrailleuses de défense anti-aérienne irakiennes pointent
toujours leurs canons vers le ciel. En fait, le drapeau tricolore n'a jamais
cessé de flotter sur le toit de la chancellerie : les irakiens ne l'avaient pas
retiré.
D’autant que les locaux sont propres et bien
entretenus : l’équipe des libanais locaux qui était en charge de leur
entretien a effacé depuis longtemps le passage des irakiens à la recherche du
trésor royal koweïtien en septembre dernier, événement qui a précipité la
décision de l’envoi de la division Daguet, avec les moyens du bord : tout
y est propre et bien rangé.
La division Daguet n'est pas allée jusqu'à l'Euphrate.
Mais les fanions de la plupart de ses unités auront été trempés dans le fleuve.
Une petite opération a été montée par la division française. Une quinzaine
d'hélicoptères emmènent un homme de chaque régiment présent et son fanion. Un
soldat américain et son drapeau sont également du voyage. Le geste est
symbolique. Les forces françaises ont ouvert la route de l'Euphrate au 18ème
corps américain. Si les opérations militaires avaient continué, elles auraient
pu recevoir l'ordre de pousser jusqu'au fleuve. Le fanion du 2ème régiment
d'infanterie de marine symbolise bien la mission française. Le régiment est
partagé entre l'Irak où il assure la couverture au nord, l'Arabie Saoudite pour
la garde des prisonniers et Koweït-City où un détachement a pour mission la
protection du dispositif français.
En occident on pense déjà à la reconstruction. Les
premières estimations du coût de la reconstruction du Koweït sont impressionnantes.
Après 7 mois d'occupation irakienne, 6 semaines de bombardements et 4 jours
d'offensive terrestre, la facture s'élèverait entre 200 et 500 milliards de
Francs (entre 30 et 80 milliards d'€) pour un territoire grand comme 2
départements français et peuplé de 2 millions d'habitants seulement. Même si
les grandes multinationales américaines sont les mieux placées, de nombreuses
entreprises japonaises et européennes sont candidates à la reconstruction de
l'émirat dévasté.
Ainsi, les groupes pétroliers américains (Exxon,
Texaco) et européens (BP, Shell) sont chargés de l'extinction des puits de
pétrole en feu. « Elfe », la compagnie française qui aura apporté le
procédé « Ferrayé » en lui volant son brevet, qui aura pour
conséquence heureuse de réduire de 5 ans, le délai initial, à 6 mois les
opérations d’extinction obtient de l’expérimenter sur quelques dizaines de
puits.
Et parmi les sociétés françaises en compétition, le
Crédit Lyonnais vient de passer un contrat avec la première banque du Koweït
pour lui fournir de nombreuses quantités de liquidité, Thomson est chargé de
relancer la télévision koweïtienne et le groupe Suez doit reconstruire le
réseau de distribution d'eau.
Depuis le 17 janvier 1991, à 3 heures du matin, 85.000
tonnes de bombes seront déversés sur le pays pendant 42 jours.
Du jamais vu.
Toutes les infrastructures sont détruites, avec des
dommages collatéraux importants en Irak.
Le 23 février, c'était au tour des forces terrestres
d'entrer en opération. Elles ne trouvent devant elles que très peu de
résistance. Après plusieurs jours de bombardements massifs sur l'ensemble du
pays, les armées coalisées entament « une promenade » militaire à travers le
Koweït et l'Irak lui-même.
Dès le 26 février, les populations chiites du sud de
l'Irak, aussi appelés « Arabes des marais », se soulèvent contre Saddam Hussein
à l'appel du président « George Babouche ».
Mais le président américain est brusquement saisi de
peur devant les risques d'éclatement de l'Irak sous l'effet de ces soulèvements
particularistes.
Le 28 février, il décide à brûle-pourpoint d'arrêter
la marche triomphale de ses armées et celles de la coalition aux portes de
Bagdad, toutes conditions réunies pour un cessez-le-feu.
Il l’impose de
façon unilatérale à la surprise de Colin Powell, de Schwarzkopf et évidemment
de l'opinion occidentale qui s'était laissée convaincre que la guerre avait
pour but d'installer en Irak un gouvernement démocratique.
Saddam Hussein est sauvé. Il obtient qui plus est des
américains l'autorisation d'utiliser ses hélicoptères pour réprimer
l'insurrection chiite et mieux massacrer les populations irrédentistes des
marais du sud.
La guerre-éclair se solde par plus de 200.000 morts du
côté irakien dont une moitié de civils.
Ceux-là sont les chiites massacrés par les milices de
Saddam Hussein à la faveur de l'invasion. Ce sont également les nombreuses
victimes « collatérales » des bombardements de cibles stratégiques par
l'aviation occidentale.
Les coalisés n'auront à déplorer que quelques dizaines
de morts, pour la plupart accidentelles (États-Unis : 65 morts et 43 disparus,
Grande-Bretagne : 6 morts et 8 disparus, France : 2 morts, alliés arabes : 13
morts et 10 disparus... et un avion de soldats sénégalais s’écrase à l’occasion
d’un rituel pèlerinage à La Mecque offert par les saoudiens).
Mais à moyen terme, les pertes occidentales pourraient
s'avérer plus lourdes que prévu du fait de la contamination des soldats par les
résidus des bombes fabriquées à partir de déchets d'uranium appauvri.
D'un point de vue financier, dans une première
approche, la guerre-éclair n'aura rien coûté aux pays coalisés, tous les frais
ayant été payés rubis sur l'ongle par les pétromonarchies du Golfe, y compris
le Koweït, ainsi que principalement par l'Allemagne et le Japon et dans une
moindre mesure par d’autres pays dont la Belgique, qui s'étaient refusés à
intervenir militairement dans la guerre pour ne pas raviver les souvenirs
douloureux de la Seconde Guerre mondiale.
Officiellement, et pour le volet français, on saura ainsi,
à travers une série de réponses du ministère du Budget, dont celle publiée dans
le JO Sénat du 17/12/1991 (page 2773) que : « Les
opérations extérieures menées par la défense et l'opération Daguet ont généré
un surcoût de 6,5 milliards de francs dont le financement sur le budget de la
défense a été le suivant : une ouverture de 1,4 milliard de francs en collectif
1990 ; une ouverture de 1,5 milliard francs par décret d'avance du 23 août 1991
; une ouverture de 1,9 milliards de francs en collectif 1991 ; une exonération
de tous les exercices d'économies décidés sur tous les autres budgets entre
août 1990 et mars 1991, ce qui représente un montant de 1,7 milliard de francs
environ qu'il a été décidé de ne pas annuler.
Ces
dotations sont venues compléter les crédits ouverts sur le budget de défense en
loi de finances initiale pour 1990 et 1991. Seules les ouvertures réalisées en
collectif 1990 et 1991 ont été financées par des redéploiements internes sur le
budget de la défense. »
Puis celle publiée dans le JO Sénat du 19/12/1991
(page 2853) précise que : « Les surcoûts générés
cette année par la guerre du Golfe ont été très importants puisqu'ils s'élèvent
à près de 6 milliards de francs. L'exercice 1991 devrait cependant se clore
dans des conditions relativement satisfaisantes puisqu'au décret d'avance
ouvrant au mois d'août dernier 1,5 milliard de francs supplémentaires et au
récent déblocage de 1,3 milliard de francs devrait s'ajouter un collectif
d'environ 2 milliards de francs.
Les
disponibilités du titre III du budget de la défense seront ainsi accrues de
près de 5 milliards de francs. Les contributions financières des pays alliés à
l'effort de guerre français se sont élevées par ailleurs à 10,5 milliards de
francs en 1991.
Les
pays qui ont contribué ont été le Koweït, l'Arabie Saoudite, les Émirats arabes
unis, l'Allemagne et le Japon.
Les
imputations budgétaires données à ces contributions relèvent de la seule
compétence du ministre délégué au budget. »
Là, en admettant que les ministres sachent compter,
les sénateurs ne savent pas faire d’addition : au cours du dollar de
février 1991, la somme représente 1,232 milliards $ : il en manquerait.
À celui du mois juillet de la même année, au cours les
plus hauts de l’année, ça représente 1,488 milliards de dollars et il en
manquerait un peu moins…
Et enfin celle publiée dans le JO Sénat quelques jours
plus tard, le 16/01/1992 (page 123) indique que : « Il
est inexact de dire que la guerre du Golfe aurait été positive pour la France
sur le plan budgétaire.
Au
contraire, la guerre du Golfe aura vraisemblablement un coût global élevé pour
la France, alors que les contributions versées à ce titre atteignent à ce jour
10,3 milliards de francs.
Les
dépenses militaires spécifiques (financées en partie sur le budget 1991)
devraient atteindre, selon l'estimation du ministère de la défense, un total
d'environ 6,5 milliards de francs sur les deux années. Il
convient d'y ajouter, notamment, les dépenses de garantie de l'État au titre
des défauts de paiement d'un certain nombre de pays débiteurs touchés par le
conflit et dont le montant pour 1991 et 1992 s'établit à 3,3 milliards de
francs.
Cette
charge pèsera, par ailleurs, sur plusieurs exercices budgétaires. Enfin, la
France a contribué à aider les pays de la ligne de front, soit sur son budget
propre, soit à travers sa contribution au budget européen pour 1,6 milliard de
francs.
Ainsi,
le total des coûts atteint, selon les premières estimations, 11,4 milliards de
francs, indépendamment des coûts indirects générés par la crise du Golfe. »
Soit environ 1,564 Md$...
Par ailleurs, d’autres sources compteront d’abord 500
milliards de dollars de destructions pour faits de guerre depuis 1980 en
incluant la guerre Iran-Irak (300 milliards de dollars de destructions militaires
et 200 de destructions civiles) pour l’Irak, plus 200 de réparations dues à
l'Iran et au Koweït.
La dette concernant les fournisseurs étrangers
dépassant les 50 milliards a été effacée en grande partie après la chute du
régime de Saddam Hussein en 2003.
Pour le Koweït, 20 milliards de dollars de
destructions.
Pour les États-Unis : 61,1 milliards de dollars de
dépenses militaires, dont 48,09 furent remboursés par des pays alliés (Arabie
saoudite : 16,8 ; Koweït : 11,1 ; Japon : 9,4 ; Allemagne : 6,6 ; Émirats : 4 ;
Corée du Sud : 170 millions ; autres états : 20 millions).
L’Arabie saoudite contribue pour 60 milliards de
dépenses militaires et d'aides économiques.
La France recevra officiellement 1 milliard
directement du gouvernement Koweïtien en février 1991 (annonce faite le 25
février par le ministère des affaires étrangères) : « L'Émir du Koweït vient de faire savoir au Président de la
République française qu'il avait décidé de contribuer à hauteur d'un milliard de dollars à l'effort militaire français pour la
libération de son pays.
Au
moment où les soldats français sont engagés dans l'action terrestre destinée
à mettre fin à une longue et cruelle
occupation, la France apprécie hautement cette manifestation de solidarité ».
Puis 1,2 milliard de $ au titre des dépenses
militaires, plus, pour les pertes des exportations en Irak estimé à 3
milliards, et un « bonus » de 2,8 milliards supplémentaires après coup, soit 8
milliards de dollars ou environ 61,737 milliards de francs et non pas le
montant de 11,4 milliards de francs avancés au Parlement, au taux moyen de
conversion de l’époque…
C’est le début d’une « embrouille-totale » où
4,663 milliards de francs disparaissent des radars, depuis le sommet de l’État
français où les responsables politiques du moment s’emmêlent les pinceaux dans
des dires contradictoires, marquant le début d’un vaste déni sur le sujet.
Le Royaume-Uni, toujours officiellement, recevra 1,23
milliard de $ de dépenses militaires, 1,7 milliard de pertes économiques et un
autre « bonus ».
La Turquie comptera 7 milliards de $ pertes
économiques, compensée par 2,4 milliards d'aide de la part de l'Arabie saoudite,
du Koweït, de l'Allemagne et de la CEE.
Et la Jordanie : 3 à 4 milliards pour pertes
économiques.
L'ensemble des nations arabes a estimé au total les
pertes financières à 800 milliards de $.
Quant aux palestiniens du Koweït, ils seront expulsés
et perdront tous leur travail au Koweït par mesure de rétorsions, vite
remplacés par des Sri-Lankais pour nettoyer les rues et autoroutes et servir de
main-d’œuvre aux familles koweïtiennes qui reprennent leurs activités
habituelles.
La réalité « finale » est un peu différente : Le
New-York Times rapporte qu’on aura compté, le 7 septembre 1992 et selon un
rapport officiel publié le dimanche précédent, quelques 620 milliards $ de
participation financière, à la charge des pays arabes.
Il s’agit d’un rapport économique arabe, une étude
annuelle du Fonds monétaire arabe, la Ligue arabe, l'Organisation des pays
arabes exportateurs de pétrole et d'autres grandes institutions, comptant avec
la destruction des puits de pétrole et des pipelines, des télécommunications,
des routes, des bâtiments et des usines pour un coût de 160 milliards de $ au
Koweït et 190 en Irak.
Il décompte un coût, pour les pays arabes, de 620
milliards $, selon ce rapport officiel émis à l’occasion de la réunion des
banquiers centraux des pays du Golfe réunis dans les Émirats arabes unis.
Ce rapport, publié lors de la réunion de banquiers
centraux aux Émirats-arabes-unis, a précisé que, en plus, « les gouvernements de l'Arabie saoudite, le Koweït et les
Émirats du Golfe ont fait 84 milliards de $ en paiements directs aux
États-Unis, la Grande-Bretagne et la France pour les dépenses militaires » (l’origine des « bonus
»).
Pour refaire l’addition, si les États-Unis ont bien
assumé 61,1 Md$ de dépenses directes et en admettant que ce pays a été
intégralement remboursé (et non pas à hauteur de 43,1 Md$, soit un écart de 18
milliards qui « disparaissent » officiellement), il y a donc 11,450
milliards de dollars pour chacun des deux autres cités, qui sont versés d’une
façon ou d’une autre à la Grande-Bretagne et autant (ou dans une proportion
différente) à la France.
Les fonctionnaires ont déclaré des paiements à
l'Égypte et la Syrie, qui étaient aussi membres de la coalition adverse à
l’Irak, ont totalisé de 3 à 5 milliards $.
Le soutien logistique direct aux 600.000 hommes de
troupes américaines et à leurs alliées en Arabie Saoudite entre août 1990 et
mars 1991, ainsi que la construction des pistes d'atterrissage et des camps
militaires, aura coûté 51 milliards $, qui ont été payés en grande partie par
l'Arabie saoudite et le Koweït.
Le rapport indique aussi que la guerre a contribué à
une baisse du produit national brut pour les 21 pays arabes estimés à 1,2 % en
1990 et de 7 % en 1991.
Une grande partie de cette baisse provenait de la
suspension des exportations de pétrole de l'Irak et le Koweït et un taux
d'inflation qui est passé à une moyenne de 20 % par an en importations et les
exportations ont été perturbées.
Au 1er juillet 1991, soit avant le rapport
final, le coût de la guerre se répartissait ainsi : 16,8 milliards de dollars
venant d'Arabie Saoudite, 16 milliards venant du Koweït, 10,7 milliards venant
du Japon, 6,6 milliards venant d'Allemagne, 4 milliards venant des Émirats, 380
millions venant de Corée du Sud, quelques dizaines de millions de dollars
venant de Belgique et du Danemark. Soit au total 54,6 milliards de dollars.
Mais pas seulement : la ruée sur Koweït-city des chars
irakiens pénètrent jusque dans les palais princiers et la banque centrale.
Au total, entre 3 et 4 premiers milliards de dollars,
dont 1 milliard en or ont été volés, plus les 42 tonnes d'or de la Banque
Centrale du Koweït, pendant cette phase de l’occupation irakienne.
Au cours de 9.210 $ le kilo, c’est en fait 386,82
millions de $.
En réalité ce serait la totalité des 48 milliards $
présents dans les caisses de la banque centrale du Koweït et caves royales, en
billets et en diamants, qui auraient disparu dès les premiers jours de
l’invasion.
Les Koweitiens, dans la panique des premières heures, auraient
décidé de dispatcher cette fortune dans les principales ambassades arabes et
occidentales, libres à elles de rapatrier l’argent en lieu sûr.
Car lors des 7 mois d'occupation du Koweït, les
soldats irakiens n’ont pas manqué de piller les richesses du pays (centres
commerciaux dévastés, banques pillées, des centaines de véhicules de luxe
dérobés...), mais aussi les établissements bancaires et les particuliers.
Et après le cessez-le-feu, l'Irak n'a rendu que l'or
volé dans les banques du Koweït, parce que chaque lingot ou barre est numéroté
et sauf à les refondre, ils sont invendables sans une forte décote au marché
parallèle, alors qu’une autre partie du butin n'a toujours pas été retrouvée...
Ce serait seulement environ 8 milliards de dollars de
valeurs sous formes diverses qui reviennent au Koweït sur le total des 48 originels.
Dès lors, à la fin des opérations militaires, le
gouvernement américain voit s'éloigner le spectre d'une prise de pouvoir par
les chiites irakiens alliés de l'Iran.
Le maintien du dictateur au pouvoir satisfait les
monarques arabes du Golfe, qui préfèrent un autocrate désarmé à la tête d'un
pays ruiné plutôt qu'un Irak démocratique et laïc, susceptible de représenter
un modèle à suivre pour leurs propres sujets.
Il permet d'autre part de justifier la pérennisation
d'une puissante base militaire anglo-saxonne au milieu des champs de pétrole.
Et pendant quelques années seulement, l'ordre règnera
autour du Golfe cependant que l'Irak continuera d'être bombardé quotidiennement
par l'aviation occidentale.
Saddam Hussein et les monarques arabes exerceront un
pouvoir brutal et sans entraves sur leurs populations.
Le premier tournera le dos à la laïcité de ses débuts
et se rapprochera des mouvements islamistes, au grand dam des minorités
chrétiennes de l'Irak, qui commenceront alors à quitter le pays.
Le dictateur renforcera son emprise sur la population
en tirant profit de l'embargo imposé par les Américains. Les Irakiens les plus
pauvres n'ont d'autre solution que de courber la tête pour recevoir leur part
de l'aide internationale, distribuée selon le bon vouloir du dictateur.
Quant aux privilégiés, ils s'enrichissent
outrageusement grâce au marché noir.
Les attentats du 11 septembre 2001 contre les tours
jumelles de Manhattan et le Pentagone vont réduire à néant ce précaire
équilibre et déboucher sur une nouvelle invasion.
Mais c’est une autre histoire.
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