Dix-neuvième
chapitre : Début septembre 1990
Avertissement : Vous l’aviez compris,
ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle »,
sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
Plusieurs soldats irakiens blessés lors
d'affrontements sont admis dans un hôpital de koweït-City. L'un d'eux, un
officier, décède des suites de ses blessures. 5 employés administratifs
koweïtiens de l'hôpital sont alignés et abattus à titre de représailles. Les
militaires irakiens accusent en effet l'hôpital de négligence.
Les délégués d’une association d’étudiants se rendent à
l’ambassade de France pour protester contre les mesures prises à Paris envers
des étudiants irakiens, empêchés de poursuivre leurs études.
Près de 700 anciens otages français, britanniques,
japonais, belges et américains peuvent quitter l'Irak. Il s'agit de femmes et
d'enfants. Environ 3.000 autres pourraient partir avant le 22 septembre. Seuls
les hommes sont retenus en Irak : 500 d'entre eux ont déjà été installés sur
des points stratégiques.
200 personnes manifestent à Albi (France) contre
l’escalade militaire dans le Golfe. C'est l’une des premières manifestations en
France qui dénonce les dangers d’affrontements dans le Golfe.
Selon Margaret Thatcher, Saddam Hussein devrait être
traduit devant la justice internationale, comme les Nazis au procès de
Nuremberg, pour avoir pris des otages.
Le président Mitterrand reçoit en son palais de
l'Elysée les chefs de tous les partis politiques français représentés au Sénat
et à l'Assemblée Nationale. De Giscard à Mauroy, en passant par Chirac ou
Marchais, ils lui réaffirment tous leur soutien dans la position de la France
dans la crise du Golfe.
L'ordre des avocats irakiens veut intenter un procès à
George Bush pour « crimes contre les peuples qui aspirent à la
liberté ».
Les conditions de vie sont de plus en plus difficiles
dans les ambassades occidentales assiégées à Koweït-City. Ainsi, à l'ambassade
des USA, les diplomates sont contraints de brûler les meubles de la
chancellerie pour se chauffer et de faire bouillir l'eau de la piscine pour la
boire...
La télévision française Antenne 2 est parvenue à
interviewer des otages français à Bagdad. Selon ces derniers, l'attente est
devenue très difficile à supporter. Loin de leurs proches et de leurs pays, ils
font face aux espoirs des annonces de Bagdad suivis de désillusions. « On s'attendait à des négociations plus
rapides, maintenant on s'est fait à l'idée que les négociations durent
longtemps » explique un otage.
« La
liberté, on l'a, puisqu'on est libre de circuler dans la ville mais on n'a pas
la liberté de pouvoir rentrer chez nous de voir nos femmes et nos enfants.
C'est très dur. »
« Il faut
espérer », poursuit un autre Français, « mais je n'espère pas Noël à Bagdad, parce que là, ça commencerait à
être très très long... »
Le Washington Post révéle que le général saoudien,
Khalid bin Sultan, a osé affirmer que toute décision de Washington d’utiliser
les forces américaines déployées en Arabie saoudite pour des opérations
offensives devaient être précédées de consultations entre George Bush et le roi
Fahd. Mal lui en a pris. Le général Norman Schwarzkopf, commandant des forces
américaines en Arabie saoudite, s’est immédiatement plaint auprès de la
Maison-Blanche et du Pentagone prétendant que la position saoudienne pourrait
empêcher les USA de répondre à des « imprévus
militaires ».
Le même jour, Bush a convoqué à la Maison Blanche
l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Washington pour le rappeler à l’ordre.
La nuit mardi 4 au mercredi 5, un avion de la
Luftwaffe se posait à Francfort avec, à son bord, une centaine d'anciens otages
de 14 nationalités différentes, mais une majorité d'Ouest-Allemands. Quelques
heures plus tard, c'est à Londres que se posait un avion de Virgin Atlantic, avec
92 anciens otages.
Ce soir, un Airbus affrété par Air France se pose sur
l’aéroport d’Amman, en Jordanie. À son bord, 105 étrangers, des femmes et des
enfants, parmi lesquels 63 Français, 23 Britanniques, 10 Américains et 9 Grecs.
Peu après, le ministère français des Affaires
étrangères indique qu’un vol spécial à destination de Paris a quitté la
capitale jordanienne, ramenant une centaine d'anciens otages français.
Le Premier ministre français, en visite en Amérique du
Sud, déclare qu’il ne faut pas céder au chantage de Saddam Hussein. À Paris, le ministère des Affaires étrangères annonce
que Georgina Dufoix, présidente de la Croix Rouge française et ancien ministre,
a été chargée par le gouvernement de mettre en place en Jordanie un dispositif
de rapatriement.
Édith Cresson, ministre des Affaires européennes
demande de son côté que les familles retenues en territoire irakien et au
Koweït puissent bénéficier du fonds de garantie prévu pour l’aide aux victimes
d’attentats. Comme pour ne pas être en reste, un député réclame auprès du Quai
d’Orsay des mesures pécuniaires en faveur des otages retenus en Irak.
Sollicité la semaine dernière par Washington « pour une intervention plus efficace »,
le gouvernement japonais fait « un
premier geste concret », dans son programme d’aide à l’embargo de
l’Irak.
Tokyo annonce en effet l’envoi imminent de 800
véhicules tout terrain, à la force multinationale dans le Golfe. Ils seront
acheminés par bateaux sous pavillon panaméen, mais qui appartiennent, en fait,
à la compagnie nipponne Kawasaki Kisen Kaisha. Ce programme a reçu un accueil
mitigé, particulièrement aux USA où, selon l’AFP, « on s’attendait à ce que le Japon fasse plus, notamment en matière de
transport de personnel et de matériel militaire ». D’après le porte-parole
du gouvernement japonais, Misoji Sakamato, Tokyo étudierait le moyen de
modifier la Constitution du pays, afin de pouvoir envoyer des troupes dans le
Golfe.
Les réfugiés Koweïtiens en Arabie Saoudite sont au
moins 160.000 dont près de la moitié le long du Golfe, dans l’est du pays. Dans
la grande agglomération qui constitue les villes de Dhahran, Damman et El
Khorba, face à l’île de Bahreïn, ils tentent de s’organiser pour vivre le moins
mal possible leur exil.
Selon Zaim Al Rifaï, l’un des responsables locaux du « Comité
pour le Koweït libre » fondé voici une dizaine de jours à l’instigation du
gouvernement du Koweït, le gouvernement koweïtien en exil à Taëf envisage de
donner à chaque famille une indemnité.
Actuellement, les comités pourvoient aux besoins grâce
aux fonds qu’ils reçoivent du gouvernement et aux dons privés. Les familles
dressent des listes de ce qui leur manque, (vêtements, livres, médicaments...),
et les donnent aux comités. Al Rifaï explique que les fonds Koweïtiens à l’étranger
jusqu’ici bloqués à la demande de la famille royale, sont peu à peu débloqués
selon les besoins du gouvernement. Ils s’élèvent à près de 120 milliards de
dollars judicieusement placés qui fournissent un revenu tout à fait
appréciable.
La Koweït Investissement Compagny, organisme d’État
chargé du placement des fonds Koweïtiens vient d’installer ses bureaux en
Suisse où elle poursuit ses activités. De plus, les contrats de fournitures de
pétrole passés par la compagnie nationale Koweïtienne avec des sociétés
européennes sont en partie honorés par l’Arabie Saoudite qui avance ainsi du
pétrole à son voisin.
Le gouvernement Koweïtien a annoncé que, grâce à tout
cela, il allait pouvoir indemniser les résidents étrangers qui ont perdu leurs
biens au Koweït.
Déjà, au Koweït occupé, une résistance s’organise. La
nuit, des Koweïtiens changeaient les noms des rues, les numéros des maisons,
pour égarer les Irakiens. D’autres ont attaqué les stations de police, les
patrouilles.
Les résistants ont différentes manières de se procurer
des armes. Certains en avaient chez eux, d’autres en ont pris dans les
commissariats désertés les premiers jours.
Le ministre français de la Défense effectue 5 et 6
septembre une tournée au Proche-Orient. Après l'Égypte et le Qatar, c'est au
tour des Émirats Arabes Unis de recevoir le chef des armées françaises.
La marine occidentale se renforce dans le Golfe pour
faire respecter l'embargo contre l'Irak. Le commandement de la marine
américaine a autorisé hier le cuirassé Wiconsin, fleuron de l’US Navy, à
utiliser ses énormes canons de 16 pouces (400 mm). Ils ont une portée de 37 km
et tirent des obus pesant 1.215 kg.
Le cuirassé Missouri devrait recevoir sous peu une
autorisation similaire.
Ses ordres parviennent alors que parallèlement, le
renforcement de l’armada se poursuit.
Les autorités égyptiennes du canal de Suez indiquent
que 3 bâtiments de guerre espagnols (2 corvettes, 1 frégate), ayant à leur bord
500 hommes, se dirigent vers la Mer Rouge et le Golfe. Ils sont suivis par le
Nassau, navire américain amphibie qui peut transporter des avions à décollage
vertical, des hélicoptères et des véhicules. L’accompagnent également le
Pensacola et le Saginaw, spécialisés dans le transbordement de troupes et de
chars.
De plus, le porte-parole du ministère français des
Affaires étrangères indique que la France n’a pas « d’objection de principe »
à la requête des USA, qui ont demandé à leurs alliés de mettre à leur
disposition des navires civils pour transporter troupes et matériels vers le
Golfe.
Après Nicholas Brady, secrétaire américain au Trésor,
qui effectue une tournée des pays engagés au côté de George Bush pour mettre au
pas Saddam Hussein, c’est maintenant au tour du secrétaire d'État James Baker
d’ « aller chercher un soutien accru
à la campagne contre le maître de Bagdad ». Il s’est envolé hier pour
plusieurs capitales arabes et européennes. « Un des buts de ce voyage est de parler à un nombre de pays de ce qu’ils
pourraient faire en plus de ce qu’ils ont déjà accepté... » a-t-il
déclaré, avant de décoller pour Riyad.
Le roi Hussein de Jordanie est arrivé hier à Bagdad.
Il poursuit aujourd'hui ses entretiens avec Saddam Hussein. Selon des sources
diplomatiques, ces discussions commencées aussitôt après l’arrivée du souverain
jordanien à Bagdad, portent essentiellement sur les efforts déployés en vue « de trouver une solution à la crise au sein
de la famille arabe en dehors de toute ingérence étrangère ».
Le roi Hussein a informé Bagdad des résultats de sa
tournée au Maghreb et dans plusieurs capitales européennes.
Le 7, ce n’est pas de solution pacifique que le
secrétaire d’État américain James Baker est venu parler en Arabie Saoudite,
mais d’argent. En l’occurrence des millions de dollars qu’il va falloir trouver
pour continuer à financer le coût de l’intervention américaine.
C’est l’essentiel des discussions qu’a eu James Baker
avec son homologue saoudien et avec le roi Fahd hier soir à Djeddah. C’était
également le plat de résistance de son entretien avec l’émir du Koweït Cheik
Jader al-Ahmed al-Sabah qu’il a rencontré à Taëf, où il s’est replié dans les
montagnes à l’hôtel Sheraton avec la plupart des membres de son gouvernement.
« En tant
qu’agressés », a déclaré l’émir à l’issue des entretiens, « nous souhaitons que la solution arrive le
plus rapidement possible et quel qu’en soit le moyen ». L’un de ses
ministres, Yayia el Sumait a été plus direct encore : « Je ne crois pas à la possibilité d’une
solution politique avec un homme comme Saddam Hussein. Si cela dépendait de
moi, je lancerais l’attaque contre lui dès demain ».
Interrogé sur le fait de savoir si des conditions ont
été posées à Washington pour le déblocage de la contribution koweïtienne à
l’effort de guerre, Cheik Sabah, ministre des Affaires étrangères, a répondu
non. Mais il a aussi précisé ce que le Koweït attend de la force multinationale
: « La défense de l’Arabie Saoudite
et la libération du Koweït ».
Il n’a pas voulu préciser quelle somme serait
consentie par son pays, mais on sait que les USA en espèrent 400 millions de
dollars par mois. James Baker a confirmé le soutien total des USA au Koweït, à
la libération de son territoire et à la restauration de la famille royale.
Mais il a également affirmé que les USA s’en tenaient
à l’application complète des résolutions de l’ONU pour contraindre Saddam
Hussein au retrait en organisant l’asphyxie économique de l’Irak. « Nous avons besoin pour cela »,
a-t-il dit, « de renforcer le
consensus international en amenant davantage de pays à assumer des responsabilités
financières et militaires ». Le secrétaire d’État s’envolait ensuite
pour les Émirats Arabes unis à qui il compte demander une contribution de cent
millions de dollars par mois.
Il se rendait ensuite en Égypte et en Syrie. À ces 2
pays, il ne s’agit pas de demander de l’argent mais au contraire de leur donner
une récompense pour leur participation militaire à la force arabe.
Avant de quitter Taëf, James Baker a inspecté les
éléments de la force aérienne américaine stationnée sur l’aéroport.
Le 2ème volet du voyage de Baker dans le
Golfe est de poser les jalons d’une future « structure de sécurité commune »
pour la région.
Mais il nie avoir envisagé une « OTAN du
Moyen-Orient ».
Quel qu’en soit le nom que l’on donne à l’organisme
qu’il est en train de tenter de mettre en place, il sera dominé par les USA et
pour l’instant aucun État du Golfe ne semble en mesure de s’y opposer
efficacement.
Le roi Fahd d'Arabie et l'émir du Koweït en exil
s'engagent à couvrir, à hauteur de plusieurs milliards de dollars, le coût de
l'opération Bouclier du Désert.
Cornelio Sommaruga, président du CICR s'est rendu à
Bagdad durant la semaine pour rencontrer 3 fois Tarek Aziz, ministre irakien
des Affaires étrangères. Le but de ces rencontres était de discuter sur le mode
d'intervention de la Croix-Rouge, conformément à la Convention de Genève de
1949.
Mais à l'issue de ces entretiens, le Comité
International de la Croix-Rouge n'est pas parvenu à avoir l'autorisation
d'intervenir en Irak et au Koweït pour aider les civils.
Le gouvernement irakien n'a fourni aucune raison à ce
refus.
La Norvège et la Suède décident d'évacuer leurs
ambassades et consulats du Koweït.
En Finlande, à la descente de son appareil flambant
neuf appelé Air Force One, le président des USA explique à la presse mondiale :
« Le président soviétique et
moi-même nous pencherons sur une vaste série de questions. Nous cherchons à
continuer à réaliser des progrès sur la voie d’une nouvelle Europe. Nous
cherchons à accélérer le rythme dans le contrôle des armements stratégiques et
conventionnels et je veux être informé des progrès des réformes soviétiques et
explorer d’autres questions d’intérêt mutuel. Je m’attends évidemment à ce que
nous consacrions une grande partie de notre temps ensemble à la situation dans
le Golfe Persique. J’ai dit à maintes reprises cette année écoulée que nous
sommes entrés dans une nouvelle ère dans les affaires mondiales. Cette réunion
intervient à un moment critique, au moment où les actions que nous prenons
peuvent façonner ce nouveau monde pour des années à venir. Dans le passé, le
droit international et les organisations internationales ont souvent été
paralysés, impuissants à prévenir un conflit ou à rétablir la paix. Mais la
réponse internationale à l’invasion irakienne prouve combien cela a changé. Ici
à Helsinki, le président soviétique et moi-même nous nous rencontrons avec
l’espoir de renforcer notre façon commune de considérer cet acte injustifiable
d’agression. Beaucoup de choses sont en jeu et le monde a beaucoup à gagner si
nous réussissons. Si les nations du monde œuvrant ensemble continuent comme
elles l’ont fait à isoler l’Irak et à priver Saddam Hussein des fruits de
l’agression, nous jetterons les bases d’un ordre international plus pacifique,
stable et sûr, que tout ce que nous n’avons jamais connu. Je suis convaincu que
nous pouvons renverser le cours dangereux des événements initiés par les
actions de Saddam Hussein et rétablir la paix, la stabilité et le respect pour
le droit. »
Toujours en Finlande, le président de l'URSS lui
répond : « Le président Bush a
exprimé le souhait de nous rencontrer dans ce grave moment de l’histoire où il
est très important de comparer nos approches et de coopérer pour protéger les
processus positifs énormes qui ont commencé dans le monde et empêcher que tel
ou tel événement ne les mettent en péril. Il était important de nous rencontrer
même si nous sommes en contact permanent par divers moyens. Je pense que nous
discuterons de la crise du Golfe et d’autres problèmes de la politique
mondiale. »
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