Seizième
chapitre : Le « au jour le jour »
Avertissement : Vous l’aviez compris,
ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle »,
sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages,
des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs
dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est
donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
Dimanche 5 août :
Paul rentre à San Francisco, par le premier vol Doha-Londres, Londres-New-York
en Concorde et New-York-San Francisco en DC 8 plein, comme un œuf à deux
jaunes !
Maintenant, il sait ce
qu’il n’aurait jamais appris autrement qu’en se rendant sur place, à l’époque
des évènements grâce à son MIB, George.
En revanche, il ne sait
plus du tout ce qu’il doit en conclure ni ce qui l’attend…
Des évènements qui se
poursuivent, car pendant ce temps-là, les télévisions du Golfe diffusent un
appel du cheikh Jaber, en exil en Arabie Saoudite, dans lequel il demande à son
peuple de « résister à l'occupation
irakienne » affirmant que « le
Koweït n’est pas seul dans sa lutte ». 4 membres de la famille royale
koweïtienne sont déjà arrivés en exil à Londres, à bord d'un avion en
provenance de Dhahran.
Des avions militaires
koweitiens ont bombardé au matin le siège du commandement des forces militaires
irakiennes à Koweït, situé à Jahra dans la capitale koweitienne.
À Koweït-City, où le
calme semble revenu, on vit dans l’inquiétude, ce qui contraste avec l’activité
de toutes les chancelleries.
La rue commerçante Fahd
As-Salam est rouverte à la circulation automobile. Des soldats irakiens gardent
les entrées des ministères, des banques et de l’ancien parlement, mais le
couvre-feu a été partiellement levé dimanche.
Les grands magasins, eux,
gardent leurs rideaux baissés.
Quelques épiciers
proposent des aliments de base à des prix prohibitifs.
Dans la proche banlieue,
les forces irakiennes interdisent l’entrée d’un quartier résidentiel.
Il semble bien que
l’armée irakienne s’apprête à rester longtemps au Koweït, en changeant de nom
pour sauver les apparences. Impression confirmée par l’annonce, dès la
formation du « gouvernement provisoire », de la mise sur pied
immédiate d’une « armée populaire » forte de 140.000 volontaires.
À Bagdad, Saddam Hussein
annonçait le rappel de 850.000 réservistes et la création de 11 nouvelles
divisions.
35 conseillers militaires
britanniques arrêtés au Koweït sont emmenés à Bagdad où ils sont détenus dans
un hôtel en otage en attendant les résultats des négociations entre Saddam
Hussein et Margaret Thatcher.
Le gouvernement « provisoire »
koweïti envisage aussi « la rupture
des relations diplomatiques avec les États qui adopteraient des positions
hostiles, dont certains régimes arabes corrompus qui soutiennent le régime
déchu ». Il a enfin sommé les diplomates koweitiens à l’étranger de
collaborer avec lui, faute de quoi, ils « pourraient être révoqués et leurs biens saisis ».
La Chine annonce qu'elle
se joint à l'embargo militaire international.
Le Ministère de la Défense
française envoie un message à la frégate Dupleix, croisant en Méditerranée
orientale, lui ordonnant de changer de cap. Destination : le Golfe. L'équipage,
en état d'alerte, doit se préparer à sa première mission en temps de crise
depuis 1985...
La Grande-Bretagne
annonce l’envoi immédiat de 2 frégates dans le Golfe et a déclaré qu'elle
participerait à tout blocus contre l'Irak.
Un émissaire de Saddam
Hussein, Taha Yassin Ramadan, se rend à Ankara pour mettre en garde le
président turc, Turgut Ozal, contre la fermeture de l'oléoduc irakien qui passe
par son pays.
Le Japon suspend de son
côté ses relations commerciales et financières avec l'Irak.
Lundi 6 août : l’Irak
menace l'Occident et le sort des Occidentaux retenus dans le Golfe inquiète. « Les États qui auraient recours à des mesures
de représailles contre le gouvernement du Koweït libre et contre l'Irak frère
devront se rappeler qu'ils ont des intérêts et des ressortissants au Koweït ».
Les forces irakiennes se sont d'ailleurs emparées de 28 ressortissants
américains dans divers hôtels et les ont fait monter dans des bus, avec des
Britanniques, vers une destination inconnue. Parmi eux se trouvaient des
passagers du vol de la British Airways faisant escale à Koweït-City le 2 août.
Le 4 août déjà, 35 conseillers militaires britanniques au Koweït avaient été
arrêtés et emmenés à Bagdad. Certains Occidentaux (américains, britanniques et
ouest-allemands pour la plupart) sont rassemblés dans des endroits
stratégiques, alors que 4 Suédois et un Finlandais ont été autorisés à quitter
le Koweït.
Selon l’ambassade des
Philippines à Bagdad, des ouvriers philippins ont également été arrêtés (ils
sont 45.000 au Koweït, 700 d’entre eux se sont réfugiés à leur ambassade).
La France fait part de sa
« vive préoccupation » en ce qui concerne ses ressortissants, dont 72
d'entre eux étaient des passagers du Boeing de British Airways...
Joseph Wilson, chargé
d'affaires américain à Bagdad, rencontre Saddam Hussein pour aborder ce point.
Le Raïs charge le diplomate de transmettre un message à son président : l’Irak
est en mesure d'assurer sa souveraineté et « sa disposition au sacrifice est à son plus haut niveau, en dépit de toutes
les pressions et menaces ». Cependant, le Raïs souhaite garder des
« relations normales » avec
les USA « sur la base d'un respect
mutuel », tout en assurant qu'il ne souhaite pas envahir l'Arabie
Saoudite. Le Koweït lui suffirait...
Réuni de toute urgence,
le Conseil de sécurité de l'ONU vote par 13 voix pour et 2 abstentions (Cuba et
le Yémen) un embargo contre l'Irak. La résolution est contraignante pour les
170 membres de l'ONU. Ils devront empêcher tout contact économique avec l'Irak
et le Koweït jusqu'au retrait total des troupes irakiennes. À l'origine de
cette résolution, un projet américain dont ont discuté pendant tout le
week-end, dans les bureaux de la mission française à New York, les membres
permanents du Conseil (USA, Chine, URSS, Grande-Bretagne et France). C'est la 3ème
fois depuis sa création en 1945 que le Conseil de sécurité décide une telle
résolution. La 1ère fois, c'était en 1965 contre la Rhodésie. La 2ème
en 1977, contre l'Afrique du Sud.
L’agence de presse turque
Anatolie affirme que Bagdad a décidé de fermer dès hier, à partir de 17 heures
locales, un des 2 pipe-lines traversant la Turquie vers le terminal pétrolier
de Yumurtalik, près d’Adana, sur la Méditerranée.
Accompagné d'une nuée
d'experts du Pentagone, Dick Cheney, secrétaire américain à la Défense, arrive
à Riyad pour y rencontrer le roi Fahd. L'armée américaine souhaite obtenir
l'entière collaboration du royaume saoudien, mais surtout un accès aux pistes
d'aviation et aux installations navales du royaume wahhabite. Pour cela, Cheney
informe le roi d'Arabie de l'étendue des préparatifs militaires irakiens. Les
dirigeants saoudiens prennent conscience de la fragilité de leur pays face à la
puissance militaire irakienne et donnent leur accord. Mais à une seule
condition : les Américains ne doivent pas installer de bases militaires
permanentes sur le territoire saoudien. En attendant, les Américains restent
vagues sur leurs intentions. « Quand
la nécessité se fera sentir, nous voulons avoir toutes les options disponibles »,
explique un haut responsable.
La crise du Golfe
déclenche l'effondrement de la plupart des places boursières internationales.
La bourse de Tokyo chute de 3,1 %. Elle est suivie quelques heures plus tard
par les places financières asiatiques et notamment celle de Hong-Kong qui
affichait une baisse de 7 % à l'ouverture. La bourse de Paris, à l'image de New
York, Londres ou Francfort, chutait de plus de 7 % quelques heures avant la
clôture des cotations. Elle a finalement perdu 5.1 % en une seule journée.
Quant au dollar, il est à son cours le plus bas depuis 7 ans : 5,28 F (0,80 €)
!
Le repli irakien annoncé
devient d’autant plus douteux que l’on signale, dans la nuit de dimanche à
lundi, une intense activité aérienne sur les aéroports militaires entourant
Riyad (où le secrétaire d’État américain à la Défense, Dick Cheney, est arrivé
hier), les milieux pétroliers soulignant que celle-ci renforce ses positions
près de la frontière koweitienne. À Khafji, ville du nord-est du pays dont le
port accueille des petits pétroliers et des cargos, des techniciens du pétrole signale
que « de nouvelles troupes
saoudiennes, mais pas de véhicules lourds » arrivent dans la région
afin de consolider la protection de champs pétrolifères exploités par la
compagnie Arabian Oil. Selon les mêmes sources, une partie des forces
irakiennes d’invasion se sont redéployées à environ 15 km de là.
Une frégate soviétique de
type Oudaloï est signalée au large de Dubaï faisant route vers le Golfe. Elle
est accompagnée de 2 navires ravitailleurs.
Les stages de la dizaine
de pilotes irakiens travaillant sur les bases aériennes françaises, sont
suspendus par le Quai d'Orsay. De son côté, l'armée française envoie un 3ème
navire de guerre dans le Golfe.
Des bombardiers américains F-111, habituellement
basés en Grande-Bretagne, arrivent en Turquie sur la base aérienne d'Incirlik.
L'armée israélienne
annonce la distribution de masques à gaz à la population. En fait, cette mesure
était prévue de longue date.
Mardi 7 août : Non
content de n'avoir fait qu'une bouchée du Koweït et de l'avoir officiellement
annexé, Saddam Hussein, désormais, menace directement l'Arabie Saoudite.
L'alerte est donnée par
les satellites espions du Pentagone qui, survolant le Golfe, ont photographié 4
divisions irakiennes, soit environ 70.000 hommes, appuyées par des blindés, en
train de foncer vers la frontière entre le Koweït et l'Arabie Saoudite.
Informé dans la nuit de
ces mouvements de troupes irakiens, George Bush, arguant d’une « menace irakienne imminente » contre
les « intérêts vitaux de l'Occident »,
vient d'ordonner l'envoi dans la région de forces navales, terrestres et
aériennes, dont la célèbre 82ème division aéroportée qui se
distingua en 1944 en Normandie.
« Nous ne sommes pas en guerre »,
annonce-t-il ce matin-là à ses concitoyens, « mais nous avons tracé une ligne dans le sable. Cette ligne, Saddam
Hussein la franchira à ses risques et périls. »
Ce sera l’opération
« Bouclier du désert » !
Un avion en provenance de
Bagdad atterrit à Amman avec à son bord les premiers otages libérés : 73 touristes
japonais et d'autres étrangers. Selon le département d'État américain, 39
Américains sont toujours retenus dans un hôtel de Bagdad. 12 d'entre eux ont
été arrêtés la veille au Koweït. Pourtant, les autorités irakiennes se veulent
rassurantes. Elles expliquent en effet au chargé d'Affaires français à Bagdad,
André Janier, que tous les étrangers bloqués au Koweït pourraient partir dès la
réouverture de l'espace aérien, « dans
quelques jours »...
Le porte-avions Saratoga,
le croiseur Wisconsin et le porte-hélicoptères Inchon quittent les USA pour le
Golfe. Le porte-avions Eisenhower basé en Méditerranée fait route vers la Mer
d'Arabie via le canal de Suez, avec l'autorisation de l'Égypte. Pendant ce temps,
le porte-avions américain Independence, accompagné de 8 navires escorteurs et
de 4 bâtiments auxiliaires, stationne à l'entrée du Golfe.
Pour faire face à la
hausse inquiétante du prix de l'essence, le ministre français des Finances,
annonce qu'il va plafonner par décret « les prix de l'ensemble des produits pétroliers, en particulier
l'essence vendue à la pompe ». Son objectif est d'éviter d'éventuels
« dérapages » et de protéger les consommateurs contre des prix
abusifs.
Cette mesure est
exceptionnelle et c’est la 2ème depuis 1986 où l'État fixe ainsi des
prix plafonds.
Le gouvernement belge
décide le rapatriement immédiat de 50 de ses ressortissants en poste en Irak et
au Koweït et renforce ses dispositions à l'encontre de l'Irak, comme le
demandent la CEE et l'ONU.
Moscou appelle Washington
à la prudence, estimant que les pays arabes pourraient se retourner contre eux
en cas d'intervention militaire.
La frégate française
Dupleix franchit le Canal de Suez et fait route vers le Golfe où elle doit
rejoindre 2 avisos de la Marine française déjà sur place.
L'Arabie Saoudite ferme
l'oléoduc passant par son territoire, qui amène le pétrole irakien jusqu'à la
mer Rouge. Le roi Fahd cède ainsi aux exigences américaines, quand Dick Cheney
lui a demandé de choisir son camp.
La Turquie décide à son
tour de fermer le 2ème oléoduc irakien passant sur son territoire.
Elle a décidé d'appliquer à la lettre toutes les décisions de l'ONU concernant
les sanctions de l'Irak.
Les premiers soldats
américains du « Bouclier du Désert » arrivent en Arabie Saoudite,
essentiellement autour de Dhahran, la zone pétrolière de la côte Est. Le
contingent américain est surtout composé de parachutistes de la 82ème
Airborne. Près de 5.000 soldats ont déjà été amenés d'Amérique par des avions
de transport C-5A Galaxy, et 140 F-15 et F-16 ont décollé des USA à destination
de l'Arabie.
Pour la première fois de
son histoire, la Suisse décide, malgré sa légendaire neutralité, d'appliquer
toutes les sanctions de l'ONU contre l'Irak.
L'URSS annonce que tous
ses ressortissants devraient être prochainement évacués par mer sur Dubaï.
Mercredi 8 août : les
USA lancent l'opération « Desert Shield » pour protéger l'Arabie
Saoudite, vulnérable face à l'armée irakienne. George Bush informe la presse
que des troupes seront envoyées rapidement dans le Golfe pour « prendre des positions défensives »
et « assister les Saoudiens dans la
défense de leur patrie ». Et il définit par la même occasion 4
principes qui guident cette décision : le retrait total et sans conditions des
troupes irakiennes du Koweït ; la restauration du gouvernement légitime de
l'émirat ; la sécurité et la stabilité dans le Golfe, essentiellement pour
l'approvisionnement pétrolier ; et la protection de la vie des
ressortissants américains à l'étranger.
Le plus grand déploiement
de forces depuis la guerre du Viêt-Nam débute...
Alors qu'à Bagdad des
milliers d'Irakiens célèbrent la « fusion
totale et irréversible » de leur pays avec le Koweït, Londres, accepte
de se joindre à la force multinationale souhaitée par le président américain. Le
croiseur York, qui patrouille déjà dans les eaux du Golfe, sera bientôt rejoint
par 2 frégates de la Royal Navy, le Jupiter et le Battle axe. Margaret Thatcher
annonce également la constitution d'une force aérienne, composée entre autres
d'intercepteurs Tornado F-3 qu’elle enverra en Arabie Saoudite et d'un escadron
de chasseurs Jaguar qui stationnera dans un autre pays du Golfe.
Les bataillons d'élite
SAS (Special Air Service) pourraient également être sollicités.
Plusieurs pays européens,
parmi lesquels la RFA, l'Espagne et l'Italie, accordent au gouvernement
américain des facilités pour l'utilisation de bases militaires sur leur
territoire.
Des soldats irakiens
tirent sur un groupe d'environ 35 femmes qui manifestaient à Koweït-City contre
l'annexion irakienne de leur pays. 2 femmes de 25 ans sont tuées ainsi que 2
adolescents de 13 et 16 ans, qui ont reçu respectivement une balle dans la tête
et dans le cœur.
Jeudi 9 août : le
président égyptien Hosni Moubarak propose l'envoi d'une force d'interposition
arabe qui se déploierait entre le Koweït et l'Arabie Saoudite. Il se dit
également prêt à envoyer des troupes en Arabie si celle-ci le demande, ce qui
ne signifie pas la participation à une force multinationale.
Lors de sa conférence de
presse, le Président français annonce le départ du Clemenceau pour le Golfe
dans les 72 heures. Il emportera dans ses cales, pour cette mission baptisée « Salamandre »,
des hélicoptères de combat armés de missiles antichars ainsi que 1.920 hommes
d'équipage, dont 112 officiers et 782 officiers mariniers, rattachés au 5ème
RHC et à une compagnie du 1er RI.
Les autorités irakiennes
ordonnent le transfert à Bagdad, avant le 24 août prochain, de toutes les
ambassades étrangères au Koweït et ferme ses frontières aux étrangers.
La RFA estime possible
l'envoi en Méditerranée de navires de guerre pour y remplacer les bâtiments de
l'OTAN partis pour le Golfe.
L'URSS affirme de son
côté ne pas exclure l'envoi d'un contingent soviétique dans le Golfe dans le
cadre d'une force de l'ONU.
La Turquie reconnaît le
renforcement des troupes américaines sur son territoire.
L'exode des Britanniques
vivant en Arabie Saoudite s'accélère. Sur les 25.000 résidents britanniques,
près de 700, surtout des femmes et des enfants, ont quitté le pays en l'espace
de 24 heures.
Des chars saoudiens,
canon pointé vers la mer, sont postés tous les 500 mètres sur les 100 km de
rivages précédant Khafji.
Le président George Bush
téléphone personnellement à plus de 60 chefs d'État et de gouvernement en
quelques jours, avec comme but de leur faire prendre une position commune, afin
qu'en cas de confrontation, Saddam Hussein, ait en face de lui le monde entier
et non pas seulement les USA.
À Genève, des Koweïtiens
qui ont pu s'enfuir de l'émirat et rejoindre la Suisse ont déclaré que les
forces d'occupation irakiennes se livrent à des viols, des pillages et des
arrestations massives.
Les Émirats Arabes Unis
demandent l'aide militaire de la France en prévision d'une éventuelle nouvelle
invasion irakienne.
Yasser Arafat rencontre
Saddam Hussein. Mais en prenant le parti de l'Irak contre un bon nombre de pays
arabes, l'OLP fait un pari risqué...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire