Vers
la réunification de l’Irlande ?
On a vu l’autre
jour les dégâts générés par le vote britannique concernant le sort de
l’Écosse au sein du Royaume-Uni.
Rien n’est joué et eux en disent que la « Gauloisie-anxiogène »
se venge en imposant des contrôles policiers effarants, avec fouille des
véhicules à Douvres et Folkestone…
Pas plus, finalement, que ce que je n’ai pu vivre à l’époque où je faisais
des repérages pour le tome I de « Au
nom du père », ni quand j’ai débarqué à Saint-Pancrace pour en faire
autant pour « Laudato
si… » l’hiver dernier.
Là, franchement, ils ont fait des efforts incroyables pour me fournir la
fin tragique de « Junior n° 4 » sur un plateau, que je n’avais pas
imaginée auparavant !
C’est que ça se prépare, un « roman » et j’ai pu vérifier que les
contrôles douaniers ont lieu à la sortie du territoire, pas à l’entrée de
l’autre…
À mon sens, ils sont simplement plus nombreux que d’habitude à vouloir
quitter la perfide Albion, c’est tout.
D’ailleurs, le moral de leurs chefs d’entreprise est au plus bas alors que
comme prévu, ni la City ni la Livre ne dévissent plus que ça, se redressent même, lentement mais sûrement,
alors que d'autres s’exilent au moins pour l’été.
Soyons sérieux et ouvrons les yeux.
En revanche, c’est au tour de l’Irlande du Nord, qui a majoritairement
exprimé son désir de rester au sein de l’UE que se posent aussi quelques
questions séparatistes-intégrées.
La majorité des électeurs a voté pour le « Brexit », règle de la
démocratie élective oblige, l’UK sortira.
Mais une approche régionale permet de saisir les différences déjà signalée
entre le résultat global du vote et les voix exprimées par chaque pays. Ainsi
l’Irlande du Nord et l’Écosse ont voté en faveur du « Bremain » dans l’UE.
Quelles craintes et quelles solutions pour ce premier territoire qui, il y
a peu, était encore en pleine guerre civile ?
La première question soulevée par le « Brexit » en République d’Irlande
(le sud) est évidemment celle de la future relation commerciale avec le
Royaume-Uni.
Clairement, il semble qu’on ne se dirigera pas vers un arrêt de la zone de
libre-échange établie entre les deux entités car les enjeux sont trop
importants.
Environ 15 % des exportations irlandaises sont destinées au Royaume-Uni
dont un peu moins de la moitié est constituée de biens alimentaires issus de
l’agriculture.
Chaque année, un milliard d’euros de biens et services sont exportés
depuis l’Éire vers le Royaume-Uni.
Mais outre le commerce, les variations et l’état de la Livre sterling
pourraient coûter trois milliards d’euros de manque à gagner pour l’Irlande.
Les biens exportés coûtant plus cher à l’achat et surtout un pouvoir
d’achat réduit pour les consommateurs britanniques pourraient avoir des effets
néfastes sur la consommation.
Quant à l’Irlande du Nord, elle pourrait devoir également rétablir les
contrôles aux frontières, notamment avec la République d’Irlande comme il est
envisagé sur les « borders » écossais.
Ce serait un signe politique très fort car la frontière ouverte est un
symbole de paix et de cheminement vers l’unité de l’île.
Beaucoup pensent d’ailleurs que le processus de paix pourrait être
déstabilisé, la période des « Troubles » n’étant pas si lointaine. Sur ce point
bon nombre de Nord-Irlandais sont conscients du travail de l’UE en faveur de
cette paix : Entre 1995 et 2016, l’UE a financé jusqu’à un milliard trois cents
millions d’euros de projets de collaborations et d’apaisement entre Catholiques
et Protestants (programme « PEACE »).
En outre, l’Irlande du Nord devait bénéficier de la PAC sur le mandat
2014-2020 à hauteur de deux millions et demi d’euros : Une aide importante
pour un pays dont le PIB est de quarante milliards d’euros (en 2015 et en
parité de pouvoir d’achat).
Du coup, même là-bas, les différences de vote entre les pays composant le
Royaume-Uni et le climat politique lancé par l’ancien référendum d’indépendance
écossais et les nouvelles initiatives en attente, confortent les dirigeants
dans leur envie d’interroger le peuple sur une potentielle indépendance.
L’Irlande du Nord n’échappe pas à cette tendance.
Ayant le sentiment de subir le choix de quitter l’UE, la classe politique
nord-irlandaise a ouvert la porte à la possibilité d’un référendum pour
l’indépendance, un retour dans l’UE et qui se fera par l’unification de l’île.
Le vice Premier-ministre Martin McGuinness (pas celui de la bière, mais du
Sinn Fein) a même appelé à l’organisation d’un référendum sur l’unification des
deux Irlande. Il a déclaré : « Je crois vraiment que compte tenu du vote
qui s’explique par le choix des électeurs anglais et qui nous entraîne, nous et
l’Écosse, hors de l’UE, nous avons le droit de tester l’opinion. »
Le Sinn Fein, la branche politique de l’IRA, est soutenu majoritairement
par les Catholiques et profite de l’absence des partis britanniques dans le
paysage politique nord-irlandais.
En effet, les partis traditionnels anglais ne sont pas ou très peu
représentés en Irlande du Nord, laissant un vide politique favorable à
l’indépendance. C’est sur cet espace vide que le Sinn Fein capitalise en faveur
de l’unification depuis la fin de la guerre civile.
On pourrait donc, d’ici quelques années, assister à un réel renversement
de la situation en Irlande du Nord. En effet, démographiquement la population
catholique va dépasser la population protestante et faire basculer le vote en
faveur de l’unification. De plus si le Sinn Fein a toujours critiqué les
politiques d’austérité de l’UE, il n’a jamais remis en question la
participation de l’Ulster à l’UE, les objectifs défendus par celle-ci et son
existence.
L’Irlande a réussi depuis les années 1990 à progresser sur le chemin de la
paix entre l’Éire et l’Ulster, entre Catholiques et Protestants, entre
républicains et unionistes.
En conséquence de quoi, il serait vraiment terrible pour elle et l’Europe
de perdre une paix si durement gagnée.
Toutefois, si les esprits sont en alerte, il y a encore du chemin à
parcourir.
Là-dessus, il est clair que les écossais sont en pointe sur le sujet avec
cet étrange projet de rester dans le Royaume-Uni et d’entrer dans l’Union
européenne, comme d’un schéma groenlandais à l’envers.
Car la situation n’est pas la même : En février 1948, c'est le parti
Fine Gael qui remporte les élections. Le gouvernement est une coalition
constituée avec le parti travailliste. En 1948, l'Oireachtas proclame le « Republic
of Ireland Act » qui prend effet le 18 avril 1949 et qui déclare que
l’Irlande est officiellement une république.
Le pays quitte alors le Commonwealth.
L'Irlande rejoint la Communauté économique européenne en 1973, suivant le
Royaume-Uni, pays dont elle est restée très dépendante (90 % des exportations
de l'époque).
Mais les problèmes économiques mondiaux des années 1970, aggravés par une
mauvaise politique économique des gouvernements suivants, dont celui du Premier
ministre Jack Lynch, entraînent une stagnation de l'économie.
De plus, les troubles en Irlande du Nord découragent les investissements
étrangers.
Toutefois, les réformes économiques des années 1980, aidées par les
investissements de la Communauté européenne, conduisent à l'émergence de l'un
des taux de croissance économique les plus élevés du monde (on comptait dernièrement
plus de 26 %, en trafiquant un peu les chiffres faut-il rajouter) avec une
immigration massive (en particulier de personnes en provenance d'Asie et
d'Europe orientale) comme caractéristique de la fin des années 1990.
Cette période sera connue comme celle du « Tigre celtique ».
Mais le pays est frappé peu après de plein fouet par la crise économique
de 2008. En 2013, l'Irlande quitte la tutelle mise en place en 2010 par le FMI
et l'UE à la suite de la bulle immobilière de 2007.
Un vrai succès.
Alors que l’histoire de l’Irlande du Nord est un peu différente : Créée
en 1921 par le Parlement britannique en application du « Government of
Ireland Act » le 3 mai 1921, il s'agissait de l'une des deux nouvelles
régions britanniques – l'Irlande du Nord et l'Irlande du Sud (en anglais,
Southern Ireland).
Le 6 décembre 1922, l'Irlande du Nord est devenue une région du nouvel
État irlandais, l'État libre d'Irlande (Irish Free State), dans la partie la
plus riche de l’île, à l'époque.
Depuis après, un conflit qui a opposé les deux communautés du territoire,
de la fin des années 1960 jusqu'à la fin des années 1990, c’est plutôt l’inverse :
Il vaut mieux compter en Euro qu’en Livre-Sterling…
Les minoritaires nationalistes, presque tous catholiques, motivés par un
désir d'égalité des droits et d'union avec la République d'Irlande s'opposaient
aux majoritaires unionistes, presque tous protestants, descendants des colons
installés au XVIIème siècle, partisans du statu quo.
Des troubles publics à la fin des années 1960 se sont mués à l'orée des
années 1970 en une campagne paramilitaire contre l'État britannique en Irlande
du Nord.
L'actrice principale en était l'Armée républicaine irlandaise provisoire
(IRA) qui a lutté contre le Royal Ulster Constabulary (RUC), l'ex-force de
police en Irlande du Nord.
Mais, dans cette guerre sont aussi intervenus des paramilitaires
unionistes, et l’armée britannique.
Pas que de très bons souvenirs…
Il faut attendre 1998 pour qu’un accord de gouvernement soit conclu entre
les principaux partis politiques.
Depuis, le conflit a laissé des traces psychosociologiques très profondes
dans la vie culturelle et politique en Irlande du Nord. Les divisions entre les
deux communautés sont encore très présentes et finalement seul le comté de
Belfast a voté majoritairement pour le « Brexit »…
Alors quid de la suite ?
Pour une réunification du tout ?
Ce serait la solution « celtique » idoine.
Mais ça va dépendre d’abord de la position de Londres et, au moins
partiellement aussi, de celle de Bruxelles face aux demandes de l’Écosse et
peut-être plus tard de la Catalogne.
Même si une réunification des deux Irlande ne pose pas les mêmes
difficultés juridiques, puisque Dublin est déjà membre à part entière de l’UE…
Un peu comme Bonn l’était au moment de la réunification des deux
Allemagnes.
Avouez quand même que le « Brexit », ce vote stupide des
anglais, va rebattre les cartes d’Europe bien au-delà de ce que l’on pouvait
imaginer … avant !
« Mais ça, c’était avant. »
Là encore, à suivre.
Je ne vois vraiment pas ce que le vote du peuple britannique a de stupide! Ce qui est par contre infâme, c'est le comportement des instances dirigeantes britanniques ...
RépondreSupprimer1. Le Premier Ministre David Cameron n'a pas immédiatement démissionné
2. Le Parlement n'a pas été immédiatement dissout (et, trois semaines après, ne l'est toujours pas!).
3. Le même Parlement n'a pas obéi aux injonctions du peuple britannique et n'a pas voté la résolution de sortie de l'Union Européenne.
4. Le nouveau Premier Ministre britannique n'a toujours pas envoyé la lettre permettant de mettre en application concrète la décision souveraine du peuple britannique relative à l'article 50 du traité de Lisbonne.
Bref, tout est fait pour faire, au Royaume Uni, la même chose que ce qui a été fait en France ET aux Pays Bas en 2005 : le peuple a voté mais le peuple s'est trompé ... Par conséquent, on ne va pas appliquer la décision du peuple et on ne va même pas négocier le départ du Royaume Uni! Par contre, "on" va réfléchir à ce qu'il faut faire pour que le Royaume Uni reste dans l'Union Européenne ... Ca a d'ailleurs déjà commencé! Le Commissaire européen britannique qui avait eu le courage de démissionner après le vote populaire vient d'être remplacé ... par un autre Britannique!
Bé vous voyiez que vous dites des konneries dans le même paragraphe...
SupprimerUn coup ils ne sortiront pas, un coup ils démissionnent parce qu'ils sortiront.
Va falloir envisager de vous soigner, SVP...
Ceci dit, leur situation devient tellement complexe, qu'il va falloir un peu de temps pour lui redonner un semblant d'ordre et de cohérence.
Et ce ceci explique ce cela !
Bien à vous !
I-Cube