Vingt-huitième
chapitre : Février, préparatifs
Avertissement : Vous l’aviez compris,
ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle »,
sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
Lundi 4 février : 3.000 sorties de l’aviation
alliée. Selon Bagdad, 13 avions alliés sont abattus.
Le Président Hosni Moubarak annonce que les 45.000
soldats égyptiens présents dans le Golfe
participeront bien à l'offensive terrestre prévue par les Alliés, tout en
limitant leur action à la reconquête du Koweït.
Bien qu'il n'y ait « aucun signe de souplesse » à Bagdad, le Président iranien
Rafsandjani propose une nouvelle fois un sommet à Téhéran pour trouver un plan
de paix. Cette tentative de rétablissement de la paix est saluée par Moscou et
le Secrétaire général de l'ONU. Mais Saddam Hussein a déjà fait savoir qu'il
rejetait la simple idée de se retirer du Koweït.
Les autorités irakiennes affirment que, lors du
bombardement intensif de la ville
irakienne de Nasiriyah, 47 civils ont été tués et 102 autres blessés lorsque
l'aviation alliée a bombardé les piles d'un pont franchissant l'Euphrate.
Bien qu'ils se défendent de jouer les mercenaires, les
USA ne paient qu'une fraction de leur colossal effort de guerre. La plus grosse part est financée par le
Koweït, l'Arabie Saoudite, l'Allemagne et le Japon. Les contributions reçues
par les USA entre août 1990 et mars 1991 devraient s'élever à 52 milliards de
dollars. Ce chiffre est à rapprocher de la prévision de leurs dépenses jusqu'à
la fin du mois de mars : entre 47,5 et 85 milliards de dollars.
Malgré le conflit du Golfe, le projet de budget soumis
au Congrès par George Bush prévoit une réduction des dépenses militaires de 3,7
milliards de dollars pour l'année fiscale 1992. La France, elle et
« officiellement » assumera la totalité du coût de son intervention
militaire dans le Golfe, soit environ 220 millions de dollars chaque mois.
Monument historique de l'US Navy, le cuirassé USS Missouri
n'en a pas moins fait tonner ses 9 canons contre des cibles terrestres
irakiennes situées sur la côte koweïtienne. Ils ont tiré des obus de 406 mm, le
plus gros calibre en service dans le monde. Le Missouri n'a tiré jusqu'ici que
2 missiles de croisière Tomahawk. Aucun de ses canons n’avait ouvert le feu, si
ce n'est en exercice, depuis la fin de la guerre de Corée, en 1953. Présent
dans le Golfe depuis 2 mois avec son jumeau le Missouri, le Wisconsin a attaqué
des postes de commandement irakiens avec ses 3 tourelles de 3 pièces de 406 mm.
Le nouveau ministre de la Défense français arrive en
Arabie Saoudite où il rencontre les hommes de l'opération Daguet et
s'entretient avec le général Schwarzkopf.
Conséquences économiques de la guerre : l’annulation
des contrats en cours avec l'Irak et le Koweït coûtera 25 milliards de
francs (4 milliards d'€) à l'État
français et aux entreprises.
Les autorités militaires françaises et américaines
reconnaissent avoir répandu des substances toxiques lors des bombardements
intensifs sur l'Irak.
Le gouvernement saoudien révèle, lors d'une conférence
de presse donnée dans un hôtel de Riyad, le bilan définitif des pertes
irakiennes lors de la bataille de Khafji. Celles-ci s'élèvent à 30 morts, et
742 prisonniers.
Un hélicoptère UH-1 américain s'écrase dans le désert
saoudien, causant la mort de ses 4 occupants.
Dans la plus grande base maritime du monde, celle de
Norfolk, 6 bombes artisanales sont découvertes sous 2 réservoirs de substances
chimiques contenant plus de 4 millions de tonnes de méthanol, un produit
hautement inflammable et toxique.
Mardi 5 février : l’aviation alliée effectue
3.000 sorties. 10 nouveaux avions irakiens se réfugient en Iran, portant à 108
le nombre d'appareils ainsi en sécurité.
L'USS Missouri, qui dispose des plus gros canons du
monde, tire 36 obus sur des cibles irakiennes au Koweït.
Pour la première fois depuis le début du conflit, les
forces syriennes ont combattu des soldats irakiens. Le porte-parole des forces
saoudiennes a en effet confirmé qu'un commando de 30 irakiens a été repoussé
(pour ne pas dire littéralement écrasé) par 10.000 soldats syriens équipés de
270 chars T-62 de fabrication soviétique de la 9ème division blindée
syrienne déployée dans la région de Hafar el-Batin (Arabie Saoudite), au cours
d'intenses bombardements de l'artillerie syrienne. Saddam Hussein cherchait
sans aucun doute à tester la capacité de résistance de l'armée de Damas, qui a
reçu comme unique ordre d'Hafez el-Assad, de défendre l'Arabie Saoudite à l'exclusion
de toute incursion en territoire irakien.
L'exercice effectué sur la côte sud-est de la
Péninsule arabique par les Américains est un succès. Il s'agissait de débarquer
17.000 Marines rapidement et en toute sécurité à proximité de l'île de Masirah,
propriété du sultanat d'Oman. Conclusion de l'exercice par le général Thomas
Kelly, chef des opérations à l'état-major interarmes : « Nous pouvons y aller. Les troupes sont en
bonne forme aujourd'hui et elles le seront encore plus dans un mois ».
À Londres, les autorités annoncent que 5 chasseurs de
mines britanniques (Hurworth, Cattistock, Atherstone, Lebbury et Dulverton)
vont prochainement se lancer dans un travail de sécurisation des eaux du Golfe
afin de dégager la voie pour les bateaux de débarquement qui pourraient, en cas
d'attaque, amener jusqu'à 45.000 Marines...
C’est en fait une opération d’enfumage total de
l’état-major de Saddam Hussein : eux croient à un débarquement sur les
plages du Koweït, comme en juin 1994 en Normandie, alors qu’il n’en sera jamais
question.
Les troupes irakiennes déjà avaient consolidé les défenses
côtières koweïtiennes : le pilonnage des cuirassés américains, les
bombardements incessants et cet exercice, leur confirme que l’assaut sera donné
depuis la mer !
Visite surprise du Premier ministre français Michel
Rocard au Maroc, alors que le climat entre Paris et Rabat se détériore suite
aux événements du Golfe.
Le Premier ministre annonce à
l'Assemblée Nationale que les opérations militaires de la France dans le Golfe
coûteront 6 à 7 milliards de francs (1
milliard d’€) de plus que prévus, mais précise que « la situation est conforme aux prévisions des Alliés ».
Les autorités tchécoslovaques envoient 37 soldats dans
le Golfe pour assurer la protection de leurs 180 spécialistes de la guerre
chimique.
Le Premier ministre japonais, Toshiki Kaifu, annonce
que l'aide aux Alliés fixée à 9 milliards de dollars ne pourra être utilisée
qu'à des fins pacifiques.
Un missile Patriot abat un SCUD irakien juste au-dessus
de Riyad. Les débris retombent sur la capitale saoudienne sans faire de
victimes.
Les premiers B-52 américains arrivent sur la base
militaire britannique de Fairford.
Mercredi 6
février : l’aviation alliée effectue 2.500 sorties. 23 soldats
Irakiens se rendent aux forces alliées. 22 avions irakiens tentent de se
réfugier en Iran. Interceptés par l'aviation alliée, 4 sont abattus (2 MIG-21
et 2 SU-25).
D'après Israël, 600 chars irakiens ont été détruits.
Le gouvernement français annonce que des ravitailleurs
KC-135 américains prennent position sur les bases militaires françaises de
Mont-de-Marsan et d'Avord, dans les Landes.
Khalid, Moussa, Abu Wahed et Mohamed ont quitté leur
tranchée de la 367ème division irakienne. Déprimés, mal nourris, ces
4 appelés voulaient se rendre aux forces alliées après avoir passé 2 mois dans
une sorte de trou. Ils se sont donc rendus à des journalistes de l'hebdomadaire
américain Life Magazine et du quotidien britannique The Independent qu'ils
avaient d'abord pris pour des soldats alliés qui passaient par là.
Pour bloquer la marée noire, les Émirats Arabes Unis
font installer des barrages flottants et des bateaux aspirateurs à l'entrée des
chenaux menant aux usines de dessalement de Dubaï. Après avoir constaté qu'il
ne serait plus possible de sauver les oiseaux englués dans le pétrole répandu
sur les plages, le prince Abdallah al-Fayçal al-Turki demande aux pilotes de
l'US Air Force de survoler le littoral à basse altitude en revenant de leurs
missions de bombardement. Cela devrait permettre de faire fuir les colonies de
cormorans de la zone polluée.
L'Irak rompt ses relations diplomatiques avec les États-Unis, la France, l'Italie, la
Grande-Bretagne, l'Égypte et l'Arabie Saoudite.
L'aviation française poursuit ses missions avec les
fameux Mirage-F1 dont dispose également l'Irak. Mais pour éviter toute méprise,
des Jaguar les accompagnent. Les attaques ont lieu à moyenne altitude ou en
piqué. Les appareils français ont été équipés de missiles Magic pour leur
défense individuelle.
À Athènes, des attentats à la bombe visent une banque
américaine et la voiture d'un diplomate français, sans faire de victimes.
Jeudi 7 février :
l’aviation alliée effectue 3.000 sorties. Un pilote saoudien est porté disparu.
2 avions irakiens d'attaque au sol de type Sukhoï Su-22 sont abattus.
Les ponts irakiens sur l'Euphrate et le Tigre
deviennent les objectifs prioritaires de l'aviation alliée, ils restent en
effet l'un des principaux points faibles de l'Irak, ainsi privé de tous ces
moyens de communication.
Rencontre entre les élites militaires française et américaine : au long des 1.200
km de la ligne de front, des journalistes français ont pu découvrir des unités
de vues entre les prestigieuses unités de l'US Army et l'armée française. Le
commandement est avare de détails, mais des officiers des 82ème et
101ème Airborne admettent qu'ils s'apprêtent à combattre avec la
force Daguet. C'est surtout la Légion étrangère qui intéresse les GI's. Les
Français ont été impressionnés par la technique américaine d'héliportage
derrière les lignes ennemies de fantassins munis de lance-missiles antichars.
La marée noire atteint les côtes du Golfe. Et les
nouvelles sont plutôt rassurantes : on est très loin de la catastrophe
initialement annoncée. Deux spécialistes français des pollutions accidentelles,
basés à Brest habituellement, sont sur place. Ils considèrent que les
installations de dessalement ne sont plus menacées. La nappe de pétrole devrait
par ailleurs se trouver piéger dans une baie, au nord de Jubaïl. Mais la
pollution reste tout de même considérable.
L'armée saoudienne expose sous les objectifs de la
presse occidentale les trophées
(blindés calcinés et obus) amassés après la bataille de Khafji.
Pour prêter main forte aux Alliés, les autorités
roumaines envoient un hôpital de campagne
et 180 médecins militaires dans le Golfe.
Aux USA, on pense déjà à la reconstruction du Koweït.
Pour la financer, le secrétaire d'État James Baker propose la création d'une
banque.
Les Douze invitent les ministres des Affaires
étrangères d'Israël, de Tunisie, de Syrie, d'Égypte et d'Algérie à des
entretiens séparés pour envisager l'après-guerre.
Un morceau d'aile d'un avion F-16 américain abattu par
l'Irak est mis aux enchères par un club
de jeunes Jordaniens qui l'avait reçu de Bagdad en échange de vivres. Il est
racheté pour 33.000 dollars par un riche commerçant d'Amman.
Les journalistes occidentaux se rendent, sous escorte militaire irakienne
à Nasiriyah, une ville qui est située à 390 km de Bagdad.
Les soldats irakiens incendient plusieurs puits de
pétrole au Koweït. La capacité de l'Irak de ravitailler son corps
expéditionnaire au Koweït a été réduite de 20.000 à 2.000 tonnes par jour.
Le chef de la division Daguet Jean-Charles Mouscardès
quitte ses fonctions et rentre en France pour raisons de santé.
Les sirènes retentissent à Riyad et Dhahran, en Arabie Saoudite. C'est
une fausse alerte qui sera levée 15 minutes plus tard.
Le cuirassé
américain USS Wisconsin évoluant au large du Koweït bombarde une batterie
irakienne.
Vendredi 8 février : l’aviation alliée effectue
2.500 sorties. 13 nouveaux avions irakiens se réfugient en Iran (soit 147
avions depuis le début du conflit), 1 patrouilleur irakien est coulé.
Les hommes d'affaires envoyés par les plus grandes
multinationales occidentales se bousculent à Taëf (Arabie Saoudite) où s'est
réfugié l'émir du Koweït. Ce dernier a en effet affirmé qu'il était temps de
songer à la reconstruction de son pays. Les sociétés américaines sont bien
évidemment les mieux placées sur les tables des négociations, mais l'émir
souhaite que les affaires se traitent avec les représentants des intérêts
koweïtiens à Londres, laissant ainsi une petite chance aux firmes européennes
d'obtenir une part du gâteau.
Plus de 500 Afghans arrivent dans la capitale
saoudienne pour se battre aux côtés des Alliés contre l'Irak. Les Alliés
accueillent cette nouvelle avec réserve. Même si ces soldats connaissent les
points faibles des armes irakiennes de fabrication soviétique, puisqu'ils ont
combattu pendant 10 ans les chars de Moscou dans leur pays, ils posent un
sérieux problème à l'état-major allié : aucun pays coalisé ne semble prêt à les
accueillir au sein de son armée.
Les hélicoptères Lynx de la Royal Navy, qui se sont
particulièrement distingués aux Malouines en 1982, ont coulé un patrouilleur
irakien au large de la côte koweïtienne, avec des missiles Sea Skua. Les
appareils britanniques n'ont même pas eu besoin de l'appui de l'aviation alliée
qui intervient habituellement. Ils ont pu regagner le contre-torpilleur HMS
Cardiff sans dommage.
Pour la première fois en 6 jours, une alerte aux
bombardements est déclenchée sur la totalité de l'État hébreu.
Dans toute l'Égypte, de nombreux opposants à la guerre
sont arrêtés par la police.
Les premières Françaises arrivent dans le Golfe. L'État-major
français souhaite en effet féminisé « un peu » Daguet : elles ne
seront que 13 (employées dans les services de santé) contre les 14.000 hommes
déjà sur place. Le gouvernement français a longtemps hésité à les envoyer au
front, pour ne pas froisser les autorités saoudiennes.
12 Buccaneer S Mk 2B britanniques dotés du système de
désignation à laser Pave Spike opèrent au-dessus des lignes irakiennes.
Sur le port de Marseille, les dockers de la CGT (Confédération
Générale des Travailleurs) refusent de charger 29 conteneurs de munitions pour
la force Daguet.
L'US Air Force « endommage » 3 rampes de lancement de SCUD à l'ouest de Bagdad
et utilisées contre Israël. Une autre rampe visant Riyad a également été
détruite.
Samedi 9 février : l’aviation alliée effectue
1.700 sorties. 150 chars irakiens sont détruits.
Les Alliés capturent plus de 150 soldats irakiens. 2
avions et 3 hélicoptères irakiens sont abattus par l'US Air Force et un AV-8
Harrier américain est abattu par la DCA irakienne. 13 avions irakiens se
réfugient en Iran, où ils sont désormais 147.
L'aviation alliée s'acharne aujourd'hui sur Bassora,
la 2ème ville d'Irak, bombardée depuis 10 jours. Le bilan
s'élèverait à 200 civils tués et plus de 500 blessés. Au large, les cuirassés
Missouri et Wisconsin ont intensifié leur pilonnage des fortifications
irakiennes avec leurs obus de 406 mm. L'aviation française effectue 2 raids
contre des unités d'artillerie irakiennes stationnées dans le sud du Koweït. À
Nassiriyah, 3 ponts sont détruits, tout comme le pont du 14-juillet (fête
nationale en Irak) symbole historique pour les Irakiens et celui des Martyrs, à
Bagdad. De nombreuses coupures d'eau et d'électricité ont lieu dans de larges
secteurs du pays. L'essence est rationnée et la distribution de fioul
domestique est suspendue, tandis que la viande, le lait et les légumes frais
sont introuvables.
Sans attendre les résultats de la mission
Cheney-Powell avec le roi Fahd d'Arabie, des convois de chars et de pièces
d'artillerie se dirigent dans le désert saoudien vers des positions d'attaque.
Les chars d'assaut saoudiens, américains, français et britanniques se dirigent
tous vers la frontière koweïtienne. Malgré les démentis de l'état-major allié
et de Washington, il ne fait aucun doute que les Alliés se préparent à une
offensive terrestre.
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