Vingt-deuxième
chapitre : Opération « Tempête du désert ».
Avertissement : Vous l’aviez compris,
ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle »,
sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
Le même jour, 23 septembre 1990, le porte-avions
français Clemenceau, transformé en porte-hélicoptères, arrive à 60 km à peine
des côtes saoudiennes. Vers 15 h 30, 5 Gazelle et un Puma du 5ème RHC
décollent.
Après un survol des récifs coralliens de la Mer Rouge,
ils atterrissent sur l'aéroport de Yanbu, en Arabie. Ils seront 48 à se poser
dans les heures qui suivent.
Le port de Yanbu n'est qu'une étape pour les pilotes
du colonel Ladevèze. Les hélicoptères français doivent être déployés dans le
Nord-Est, près de la ville saoudienne de Haffar-al-Batin, à 50 km de la
frontière irakienne.
À Doha (Qatar), le ministre français de la défense est
reçu en audience par l’émir cheikh Khalifa. Il doit ensuite se rendre à Abou
Dhabi (Émirats Arabes Unis) où la France a déployé un détachement de défense
anti-aérienne Crotale et un escadron de reconnaissance du 1er RHP.
À cette occasion, il s’entretient à l’ambassade du
sort du milliard de dollars extrait par Gérard Dupont du Koweït début août, un journaliste inconnu aux effectifs de
l’AFP et qui s’est véritablement volatilisé dans la nature depuis.
« Cet
argent appartient au peuple koweïtien. Leurs autorités nous ferons savoir ce
qu’il convient d’en faire.
Votre
excellence, vous le gardez là bien à l’abri et n’ébruitez pas l’existence de ce
dépôt. »
Mercredi 3 octobre : les deux Allemagnes ont
décidé de leur réunification. Le premier ministre créé la CSG.
Le 6 auront lieu les émeutes de Vaulx-en-Velin.
Jeudi 4 octobre : Le Président français
accompagné d’Hubert Védrines en déplacement à Ryad, rencontre le cheikh Zayed à
Abou Dabi, puis le roi Fahd à Djeddah durant plus de 2 heures. Pour lui,
l'embargo est déterminant. Il reste « la
politique de la France » et doit « être appliqué sans faille ».
Le souverain saoudien a pour sa part exprimé son
scepticisme, doutant que « Saddam Hussein
puisse entendre raison ».
À son interlocuteur qui le remercie de l’envoi de
4.000 soldats, il répond : « Nous
sommes à vos côtés comme nous serons aux côtés de tout pays menacé ».
D’autant mieux que le Roi assure qu’il ne sera pas
ingrat : il envisage de rembourser la France de ses efforts en promettant
un prochain virement « sur un compte
à déterminer, de préférence en Suisse à cette banque-là dans son agence de
Luzerne » parce que la famille y a des intérêts qui y sont gérés, d’un
premier virement de 3,5 milliards de dollars, suivi d’un second équivalent (qui
sera de 3,39) à recevoir après de la libération du Koweït…
Devant cette montagne d’argent inespéré, le président
français en exercice reste tétanisé : s’échafaude dans son esprit une
multitude de « plans » politique à cette annonce.
L’administration française n’a pas eu de contact avec
la famille royale du Koweït, exilée non loin de là, à Taëf, mais le Roi
saoudien se porte garant pour l’Émir.
On sait qu’elle avait plutôt mal pris l'allusion du
président français devant l’ONU à la nécessité d’une « expression démocratique » du peuple
koweïtien.
En guise de compensation, le quai d’Orsay annonce que
Jean Bressot, qui fut ambassadeur au Koweït de 1982 à 1986, a été chargé d’une
« mission de liaison » avec le gouvernement koweïtien en exil.
L’avion présidentiel effectue ensuite un discret
détour par Doha sur la route du retour en Europe.
Les 20 caisses de 50 kg de billets de banque sont
extraites de la cave de l’ambassade à la faveur de la nuit tombante.
« J’en
prends la responsabilité au nom du peuple français ! Nous allons les
déposer en lieu sûr : ils seront bien plus utiles aux koweïtiens plutôt
que de dormir dans nos sous-sols. »
Ce qui n’est pas faux.
« On ne
sait jamais : Hussein a bien pillé notre ambassade à Koweït-City à leur
recherche » explique-t-il aux conseillers médusés qui l’accompagnent…
Les 20 caisses sont réparties dans l’allée centrale du
Falcon 50 du GLAM. Ça représente plus d’une tonne de fret, un bon mètre-cube…
Autre surprise, au lieu de voler directement vers
Paris dans la nuit, l’équipage reçoit l’ordre d’atterrir à Zurich où attendaient
un conseiller fédéral (équivalent d’un ministre) et un banquier accompagnés
d’un camion militaire suisse.
C’est l’occasion d’ouvrir un compte numéroté en Suisse
et d’y déposer les caisses de billets évacuées du Koweït, à Luzerne, l’agence
indiquée par le roi qui ouvre avant l’heure habituelle à cet effet.
Finalement de retour au palais de l’Élysée, le
président français lâche à son entourage : « Désormais, on ne peut plus reculer. Il faut libérer le Koweït et y
prendre toute notre part ! »
17 octobre 1990 : à la demande du Qatar, la
France lancera l'opération « Métaye ». 8 Mirage F1-C quittent leur
base de Cambrai pour Doha. Au total, ce sont 60 hommes, dont 12 pilotes, qui
seront chargés d'assurer la protection du Qatar et de ses plateformes
pétrolières.
Pendant les dernières semaines du mois d’octobre, les otages occidentaux sont
libérés au compte-gouttes. Des otages italiens se sentant un peu oubliés,
entament une grève de la faim. Pour accélérer les libérations, les
personnalités européennes et japonaises se bousculent à Bagdad.
Puis, coup de théâtre dans la crise des otages : Bagdad annonce la
libération de tous les otages français au nom de « l'amitié
franco-irakienne ». Quant au sort des autres otages, l'inquiétude
demeure...
En novembre, alors que les préparatifs de guerre se précisent du côté de
la coalition, des soldats français qui circulaient en territoire irakien sont
faits prisonniers par des soldats irakiens.
Les contingents sont stationnés au nord de l’Arabie Saoudite, d’où ils
s’élanceront un peu plus tard en territoire irakien pour couper la route de Bagdad.
La couper à l’arrivée de renforts venus des confins du Kurdistan au nord, mais
aussi empêcher le repli des troupes irakiennes depuis Bassora ainsi pris en
tenaille.
Pour tout dire, Washington craint un éclatement de la coalition.
La semaine suivante, les États-Unis mettent sur orbite plusieurs
satellites militaires pour surveiller le Golfe alors que Bagdad annonce la
libération de tous les otages allemands, et la libération prochaine de tous les
autres otages.
Fin novembre, le leader frontiste français revient de Bagdad avec 55
otages !
Parallèlement, George Bush rencontre Hafez El-Assad et Mikhaïl Gorbatchev
annonce qu'il soutient la coalition internationale.
L'ONU vote une résolution historique : le Conseil de sécurité adresse un
ultimatum à l'Irak. Saddam Hussein doit rappeler ses troupes du Koweït avant le
15 janvier 1991 minuit...
Début décembre, selon l'ONU, l'Irak violerait les Droits de l'Homme au
Koweït. L'Irak répond que l'embargo tue des centaines d'enfants.
De faux témoignages tournent en boucle expliquant les atrocités commises
par l’occupant au Koweït.
Si le monde entier s’inquiétait du sort des « otages », ils sont
tous libérés avant Noël. Ils n'étaient finalement plus que 6.500, répartis sur
des sites stratégiques en Irak et au Koweït. Saddam Hussein leur présente même
ses excuses.
George Bush et Saddam Hussein se querellent sur la date de la tenue d'une
rencontre Aziz-Baker la semaine suivante alors que les coalisés intensifient
leurs préparatifs pour la date butoir de l’ultimatum onusien.
À l'occasion des fêtes de Noël, les artistes occidentaux débarquent en
Arabie Saoudite pour remonter le moral des troupes. Les autorités saoudiennes
sont peu conciliantes : Brooke Shields rebrousse chemin, et le concert d'Eddy
Mitchell est interdit.
En guise de cadeau, l'Irak menace Israël. Tsahal se prépare donc à la
guerre.
La marine américaine se renforce et les soldats britanniques se vaccinent
contre la Peste.
Partout on souhaite la paix pour la nouvelle année...
Début janvier, les places financières s'effondrent, l'inquiétude des
populations et le prix de l'essence augmentent. L'Occident redoute des attaques
terroristes en cas de conflit. Le tourisme international est paralysé, les
compagnies aériennes en pâtissent.
La diplomatie s'accélère. À Genève
a lieu la rencontre de la dernière chance entre Tarek Aziz et James Baker.
C'est l'échec : l'Irak menace Israël, l'Amérique menace l'Irak...
La semaine suivante, les « pacifistes » du monde entier se
mobilisent, pendant qu’à Bagdad, les ambassades ferment les unes après les
autres.
Les Israéliens s'équipent en masques à gaz, les Saoudiens scrutent le
ciel, les Britanniques tremblent pour leurs Boys, les Américains craignent des
attentats et les Français dévalisent les magasins, faisant des stocks de
nourriture...
Sur toutes les télévisions du monde, le compte à rebours est enclenché. Et
l'ultimatum de l'ONU expire...
Le Parlement français vote pour la guerre. Les journalistes venus du monde
entier s'entassent dans les hôtels de Riyad où les exercices d'alerte
s'enchaînent.
Mercredi 16 janvier 1991 à 23 h 36 (GMT), deux jours après l’expiration de
l’ultimatum, un avion furtif F-117A de l'US Air Force largue la première bombe
sur un bâtiment des télécommunications de Bagdad, il est à 2 h 36, heure
locale, le jeudi 17 sur place.
Il est 18 h 30 sur la côte Est, CNN termine une
émission boursière. Le journal du soir s'ouvre sur une certaine agitation dans
le ciel du Golfe. John Holliman, correspondant de la chaîne américaine à
Bagdad, ne remarque pas de « signe visible » d'un raid depuis sa
chambre de l'hôtel Al-Rashid. Tous ces décollages d'avions seraient-ils une
fausse alerte ?
La chaîne reprend donc le fil de son journal, avec une
interview de Caspar Weinberger (ancien secrétaire d'État américain à la
Défense), quand, à 18 h 40, Bernard Shaw, correspondant de la chaîne à Bagdad,
rappelle sa rédaction : « Je vois
des zébrures dans le ciel de Bagdad ». Peter Arnett, autre
correspondant, entend des bombes exploser. À 18 h 41, les sirènes retentissent
à Bagdad, et la communication est coupée. À Washington, le présentateur reprend
son journal. « Nous ne savons pas encore de quoi il s'agit », explique-t-il, « peut-être seulement des tirs aériens ». À 18 h 44,
Holliman rappelle sa rédaction. Sa photo apparaît aussitôt à l'écran,
sur une carte de Bagdad. « Il se passe quelque chose ici à Bagdad »,
explique Holliman. « Le ciel de
Bagdad est rempli de zébrures blanches, c'est beau comme un feu d'artifice ».
De fortes explosions se font entendre. Arnett poursuit : « les tirs aériens se produisent » du côté de l'aéroport
international Saddam (...). « C'est
une attaque, c'est vraiment une attaque sur Bagdad. » Puis, à Bagdad,
Bernard Shaw, Peter Arnett et John Holliman se relaient au micro dans la bonne
humeur. Des rires se font entendre. Le présentateur de NBC (USA) prend
l'antenne : « Nous ne savons pas ce
qui arrive là-bas ». Par
téléphone, Holliman explique en direct sur CNN : « Écoutez ! Je vais tendre le micro vers ma fenêtre ». Des tirs
de mitrailleuses se font entendre. Les correspondants de CBS (USA) annoncent
que plusieurs missiles de croisière Tomahawk sont tirés à partir de navires
dans le Golfe et en mer Rouge.
L'information fait aussitôt le tour du monde. Sur TF1
(France), Jean-Claude Narcy explique 15 minutes seulement après CNN que « nous vivons un moment exceptionnel, un
moment historique : la guerre avec l'Irak a bien débuté... »
D'après ABC (USA), l'Ouest de l'Irak est le théâtre
« d'un incroyable feu d'artifice de
batteries anti-aériennes ». La capitale n'est pas épargnée : « Le ciel de Bagdad s'est soudainement
embrasé, des tirs de DCA retentissent et des bombes semblent tomber sur la
ville ».
Le monde entier a alors les yeux rivés sur CNN reprise
par toutes les télévisions, alors qu'aucune image ne parvient de Bagdad. Le correspondant
de CNN explique que « nous
essaierons de vous décrire autant que possible (...). Une bombe est tombée près de l'hôtel... L'immeuble a été secoué. Tout
autour de nous, nous entendons des explosions, de très fortes explosions. À l'instant
on vient de nous dire de rejoindre les abris (...). Les avions défilent au-dessus de nous très rapidement. Il y a eu un
éclair. Tout le monde s'est aplati au sol ».
Puis les communications téléphoniques sautent. Et
toujours pas d'images.
NBC fait des pronostics hasardeux (« Toutes les cibles ont été détruites,
chimiques et nucléaires ») et sur la BBC (Grande-Bretagne), John
Simpson s'emporte : il vient de voir passer un missile Tomahawk à quelques
mètres de hauteur pour suivre sa trajectoire entre les bâtiments. « Le missile a tourné au coin de la rue pour
repasser derrière l'hôtel et frapper sa cible ! » explique-t-il avec
enthousiasme.
Les envoyés spéciaux de CNN poursuivent : Les avions
alliés « bombardent d'une altitude
assez élevée (...). Ils ne descendent
pas en piqué pour lâcher leurs bombes. Des nuages de fumée noire s'élèvent de
la ville. Le ciel est illuminé par de grands éclairs ».
L'attaque semble importante : sur CBS, on annonce que
des « vagues » de F-15 décollent « sans arrêt » des bases aériennes de l'est et du centre de
l'Arabie Saoudite.
Puis, durant plusieurs heures, CNN fait le tour de ses
correspondants.
Au Pentagone, l'optimisme est de rigueur : « Ce n'est encore qu'un raid aérien. Il a des
résultats inespérés, aucune perte enregistrée ».
À la Maison Blanche, à défaut d'information, on
annonce que Bush regarde CNN.
Puis, la photo de Holliman réapparaît sur un fond de
carte. Les bombes tombent, les parasites brouillent les lignes téléphoniques
qui sautent à nouveau...
La première guerre télévisée débute. Sans aucune
image...
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