Reset or no reset ?
Ils sont de plus en plus nombreux à croire à la « grande
réinitialisation » du « monde d’avant ».
Et de rêver à un « monde d’après » qu’ils voient de telle ou
telle manière sans se rendre compte que finalement ils ne font que projeter sur
la place publique leurs propres fantasmes de ce « devraient être les
choses » pour rentrer dans les « cases de leurs prérequis ».
C’est fort drôle finalement, parce que du coup, ils te nous balancent des
âneries grosses comme le Monte Cinto et son tas de cailloux majestueux (c’est
en « Corsica-Bella-Tchi-Tchi » et je le mire depuis ma terrasse tous
les jours…)
Il y en a un parmi tant d’autres – économiste dans le civil (c’est-à-dire
payé pour paraître intelligent) – qui m’a plu, parce que classiquement dans sa
profession, il mélange des évidences à l’appui de ses rêves et cauchemars (ses
terreurs anticipées).
Comme d’habitude, ça m’a fait réagir.
L’idée du « reset » est simple et presque attrayante pour celui-là :
« Nous avons un monde qui est devenu extravagant, excessif avec
beaucoup de bulles financières un peu partout, des dérapages économiques et
écologiques.
Cette pandémie vient comme un Reset, c’est-à-dire qu’elle
vient faire redémarrer le monde, comme lorsque l’on doit reset un appareil
défectueux ».
Son problème, c’est qu’il existe deux styles de « reset » nous
affirme-t-il : « Le reset qui fonctionne, c’est-à-dire que l’on
repart de zéro mais que l’on upgrade, que l’on améliore la situation. Et il y a
le reset très dangereux, celui qui ne fonctionne pas, justement celui où l’on n’a
pas tiré les œuvres du passé et que l’on réédite les mêmes erreurs. »
Jusque-là, je veux bien.
Mais il y a aussi la situation où on n’a pas besoin de « reset »
(et c’est moâ qui dis ça, le spécialiste incontesté de « l’arrachage de
fils » quand ça ne veut décidément pas fonctionner…), mais juste de
ravauder, de réparer, de recoudre.
Il faut avoir fait de la (grosse) mer pour savoir se servir de quelques
bouts (de ficelles) pour remettre en état de marche…
C’est que les moyens sont limités à bord de n’importe quel bord loin des
ressources des terriens !
Est visé dans le propos du spécialiste que je rapporte le
« reset » très dangereux : « Il y a un risque d’une
sorte de fuite en avant sur la dette publique et sur la planche à billets. On a
l’impression que cette dette est « gratuite », alors qu’il faudra la rembourser
même si cela prendra du temps. »
Là, il a tout faux : Pour rembourser, il suffit d’emprunter à
nouveau.
J’ai fait ça durant des années et des années : Le
« revolving ». C’est coûteux mais ça permet de surnager et je n’ai
pas vu de « reset » pour autant.
« Le vrai enjeu de la dette, c’est ce que l’on appelle la
soutenabilité de la dette, cela veut dire que s’endetter ce n’est pas grave
mais qu’il faut que cette dette soit suffisamment forte pour qu’elle génère une
croissance qui remboursera les intérêts. » Là, c’est vrai : Tant
que tu peux payer les intérêts (en général au début d’un remboursement dans des
échéances constantes), on te prêtera tout ce que tu veux.
Mais « le problème que l’on a, c’est que cela ne fonctionne pas et
que l’on a, ce que l’on appelle aujourd'hui de la mauvaise dette, un peu comme
le cholestérol, il y a la bonne dette et la mauvaise dette.
La mauvaise dette, c’est celle qui existe aujourd’hui, on
distribue des milliards comme ça sans savoir où cela va, pour colmater les
brèches et c’est dangereux, car c’est de l’argent qui ne sera pas totalement
perdu mais qui ne sera pas entièrement récupéré. »
Sauf que si les brèches n’étaient pas colmatées, c’est le navire qui coule
et le détenteur de la créance est ruiné au moins aussi sûrement que celui qui
doit rembourser…
A contrario, « la bonne dette, c’est celle qui fait de l’investissement
et de l’innovation, c’est ça le vrai enjeu de l’après-crise. Est-ce que l’on va
rester sur une fuite en avant avec une dette publique énorme, une croissance
molle et une activité qui globalement n’est pas suffisamment forte en termes d’emploi
ou alors est-ce que l’on va profiter de cette crise pour sortir par le haut
avec des innovations technologique et de l’investissement ».
Pas d’accord : La bonne dette, c’est celle qui a une contrepartie qui
produit de quoi payer les intérêts.
Le reste, c’est de l’amortissement (qui reste déductible des assiettes
fiscales : C’est le fisc qui paye) qui, seulement quand c’est bien fait,
équilibre l’opération de remboursement.
Quand ce n’est pas le cas c’est la cessation de paiement assurée ou alors
un massacre fiscal…
Notez que ça ne marche que pour les entreprises créatrices de valeur-ajoutée
marchande. Le particulier n’amortit rien, il jouit (de la chose).
Par ailleurs, le contre-exemple nippon, croissance faible, démographie atone,
endettement somptueux (+ de 240 % du PIB), inflation nulle et taux d’intérêt
bas, démontre qu’on peut s’endetter de « mauvaise dette » sans catastrophe
pendant des décennies.
Il faut dire que la dette japonaise est détenue par les ménages… japonais,
ce qui ne leur pose aucun problème…
Passons.
Or, depuis le début de la crise sanitaire (et même avant : cf. « Les déclinistes »), on parle beaucoup de décroissance et
le grand débat que l’on a aujourd'hui dans ce « reset », c’est que
certains souhaiteraient justement que l’on ait une phase de décroissance
générée par cette pandémie, c’est-à-dire qu’on baisse le niveau de vie…
Ce n’est pas du tout souhaitable pour notre expert « puisque l’on
a vu pendant le confinement qu’il y a eu de la décroissance, c’est-à-dire une
baisse de l’activité ».
Or, « si vous avez une baisse d’activité, vous avez une hausse du
chômage, des risques sociaux et même des émeutes donc c’est très dangereux, que
cela soit dans les pays riches ou pas » qui mine l’autorité de l’État
et mène forcément à l’effondrement.
« Globalement, cette décroissance ne fonctionne pas, pourtant, on
a vraiment un souci de réchauffement et d’écologie, donc le seul moyen de faire
de la croissance durable dans un monde fini, c’est en optimisant l’existant au
travers du progrès et de l’innovation technologique. Si on dit « cette pandémie
nous dit qu’il faut faire de la décroissance, il faut arrêter de consommer »
alors là, c’est extrêmement dangereux et ce n’est pas de l’écologie.
Alors que si l’on dit : « l’écologie ce n’est pas ça, la vraie écologie c’est
justement celle qui concerne l’innovation », c’est-à-dire que l’on va mieux
utiliser la planète, on va moins la détruire donc on va trouver de nouvelle
trilogie de l’énergie, de nouvelle trilogie de l’agroalimentaire, alors là oui
ça fonctionne et en plus, cela fait de la croissance, cela fait de l'emploi ».
Sauf qu’on n’en sait rien, puisque personne (hors l’empire du soleil
levant) n’a jamais essayé…
« C’est donc ce « reset » avec un « upgrade »,
avec une amélioration de notre quotidien.
Parce que si la vie de demain, c'est se balader avec des
masques, arrêter de consommer, arrêter de voyager arrêter d’investir etc… c'est
très triste la vie que l’on nous propose et à la rigueur les pays peuvent le
supporter et encore mais les pays émergents ne le pourront pas. »
Voilà qui n’est pas faux : Je vous le disais encore lundi, « les
plus forts écrasent toujours plus les plus faibles », en revanche
« l’écologie innovante », de vous à moâ, ce n’est pas pour demain
puisqu’on en reste aux dogmes punitifs et l’ère des dogmatiques qui
interdisent !
Pas une once d’intelligence et encore moins d’innovation…
Mais reconnaissons que c’est probablement le grand débat de l’après-crise
parce qu’on a cette volonté de faire de la décroissance et de la
démondialisation.
Or, il ne faut pas oublier que la mondialisation même si elle a des
travers et des risques, a permis aux pays émergents d’augmenter leur niveau de
vie, leur niveau de PIB par habitant et si on casse ça et que l’on fait de la
décroissance au niveau mondial, évidemment ces pays-là vont retomber dans la pôvreté.
« Il faut repenser la mondialisation et la croissance mais dans un
sens positif. Avec le reset on garde l’appareil de base, on ne détruit pas tout ».
D’accord, il faut sauver notre monde mais pas le détruire, ce que nous
propose finalement tous les grands « Yaka » qui ne veulent même plus
d’arbre mort sur leur pré-carré et autres placettes…
« Il ne faut pas oublier que depuis la Seconde Guerre mondiale, c’est
le capitalisme qui nous a permis de nous en sortir, de faire la reconstruction
avec le plan Marshall.
A contrario il y a le communisme qui s’est complètement
écroulé, donc c’est clair qu’il n’y a pas photo le communisme ne fonctionne
pas, on le sait déjà, ce n’est pas une alternative ».
Pour sûr : Une évidence factuelle. Mais le capitalisme a développé
une sorte de tumeur inutile : Le capitalisme financier,, parce qu’il n’y
avait rien d’autre à financer.
Or, le capitalisme financier n’a jusque-là fait que de créer de nouvelles
bulles pour se sortir des crises.
« Des nouvelles bulles boursières, obligataires, de la dette
publique, de cryptomonnaie » et si on regonfle ces bulles qui se sont
un peu dégonflées c’est un piège de facilité qu’il faudrait éviter.
Un vœux pieu à mon sens…
L’expert poursuit : « Pour moi la bulle la plus dangereuse ce n’est
pas la bulle boursière, parce que derrière il y a des entreprises donc ça va,
ça vient, c’est les montagnes russes ».
Là, je ne suis pas d’accord : Les entreprises peuvent mourir d’être
prises dans une bulle pour avoir été dans l’obligation de gérer leurs excédents
(ponctuels) de trésorerie.
Et normalement, dans un capitalisme sain, la trésorerie excédentaire des
uns vient financer les besoins des autres qui ne pourraient pas se développer
et créer de la valeur sans cet échange : C’est du gagnant-gagnant.
Mais… « Ce qui est très dangereux c’est la bulle de la dette
publique. Malgré la flambée de la dette publique les taux d’intérêt sont
extrêmement bas et ça cela crée ce que l’on appelle un aléa moral, c’est-à-dire
que les États ne sont pas incités à être sérieux ».
Voilà typiquement une assertion totalement fausse ! Les États font ce
qu’il y a à faire (jamais assez, toujours trop peu) et on leur reprocherait, à
juste titre, de ne rien faire.
« Pour les Européens, la BCE rachète la dette publique, alors
pourquoi ne pas continuer comme cela. Il n’y a aucune volonté de soutenabilité
de cette dette et tous les discours de certains économistes déresponsabilisant
qui disent : « mais non la dette on s’en fiche, tout est pris en charge, la BCE
va annuler la dette. » ça c’est totalement faux ! La BCE n’a pas le droit d’annuler
la dette, c’est un déni de réalité incroyable ! »
Bien sûr qu’elle n’a pas le droit et ne l’aura jamais.
Mais réfléchissez une seconde : Quand tu empruntes, tu constates un
passif et en face tu as un actif (c’est de la comptabilité pour les nuls).
Le banquier a des sûretés (qui valent ou ne valent rien).
La banque centrale n’a rien que des titres, qui ne valent pas plus que la
monnaie émise qui n’est rien d’autre qu’un titre fiduciaire…
Quand la BCE sera remboursée, elle en fait quoi de sa monnaie ?
Elle la détruira… Ce qui revient à annuler la dette !
Toutefois, la logique financière appelle à rester très prudent, car cette
dette on la laisse à nos enfants et aux générations à venir. « Et le
vrai danger c'est que si vous annulez votre dette, vous êtes un fusil à un
coup, une fois que vous l’avez fait, vous n’êtes plus crédible donc pour la
nouvelle dette les taux d’intérêt vont flamber et ça peut même devenir la fin
de la zone euro, car il est clair que l’Allemagne ou les Pays-Bas par exemple,
ne laisseront pas faire. Donc cela peut créer un cataclysme dramatique. »
Et une fois que les pays « frugaux » auront ruiné les cigales du
« club Med », ils font quoi des ruines encore fumantes qui ne
valent plus rien ?
D’ailleurs, il le dit lui-même sans s’en rendre compte : « Le
problème que l’on a eu, c’est que lorsqu'il y a eu la crise des Subprimes, il y
avait une crise banquière très grave donc il fallait éteindre l’incendie ».
C’est ce qui a été fait.
« Sauf qu’après il y a eu différentes stratégies. Dans la zone
euro, on a mis trop de temps à activer la planche à billets, ce qui a conduit à
une nouvelle récession en 2011, ce qui était une grave erreur de politique
monétaire de Jean-Claude Trichet notamment.
Le problème, c’est qu’en 2015 pour ne pas ralentir la
croissance, on a continué la planche à billets, couplant bulles boursières et
obligataires, avec des taux d’intérêt très bas sur les dettes publiques ».
Et puis ?
« On a fait la même chose avec la pandémie, on a d’abord éteint l’incendie
mais après on a fait la même politique avec fuite en avant. Mais attention
cette dette publique, il faut qu’il y ait un retour sur investissement. Quand
on parle du New Deal de Roosevelt ou du plan Marshall, bien sûr qu’il y avait
des dépenses publiques, mais il y avait une stratégie, d’investissement, d’innovation,
sociale et une vision du monde, là pour l’instant il n’y en a pas ».
Non, il n’y en avait pas : Il s’agissait de transformer l’Europe
libérée en client afin de lutter contre les soviétiques.
Eux ont asservi l’Europe de l’Est et ça aura entraîné la faillite du
communisme.
Mais c’était « par hasard » : Il aurait pu en aller
diamétralement à l’opposé…
Il faut dire qu’on l’a vu en quelques mois de confinement : « L’épargne
des Français a augmenté de plus de 60 milliards d’euros. On a donné des aides
aux Français mais comme il ne pouvait pas consommer, ils ont épargné.
Maintenant cette épargne est-ce qu’elle va être dépensée ? »
Non, ils ne dépenseront pas plus, hors les effets de rattrapage. Ils se
sont rendus compte qu’on peut très bien survivre en dépensant un minimum.
En revanche, ils auraient été privés de vacances cet été (ou prochainement
à Noël), ils devenaient tous fous.
Et auraient cassé du flic à chaque coin de rue.
D’ailleurs, j’ai fait le plein de munitions en
« Corsica-Bella-Tchi-Tchi », parce que lors des prochaines émeutes
sanglantes, il ne faudra compter que sur soi-même pour remplir un frigidaire et
survivre à la barbarie urbaine…
En espérant que ça n’arrivera pas, naturellement.
Et de constater, comme tout le monde qu’« aujourd’hui on a des
valorisations d’entreprises qui sont totalement folles et qui n’ont aucun
rapport avec les résultats de l’entreprise, alors que normalement la bourse
doit refléter la réalité économique ».
Ce qui est vrai dans le principe, mais c’est aussi oublier le phénomène
des entreprises « zombies » qui ne survivent encore que grâce aux
aides étatiques. Quand elles vont disparaître, elles aussi disparaîtront, si
elles n’ont pas trouvé « leur marché & clients » (solvables)
entre-temps.
Et c’est oublier également que la bourse ne représente plus rien, rendues
aux mains des « algorithmes », des robots qui font et défont les
cours.
Les mêmes sont programmés pour qu’il n’y ait pas de chute brutale :
Les robots ont horreur de ça, ça n’a aucune imagination. Alors quand il y a un
bug, la banque centrale éponge…
Quant aux taux parfois négatifs de ces opérations il en dit que :
« Là le danger c’est les taux d’intérêt extrêmement bas, parfois même
négatifs, on perd de l’argent. On marche sur la tête ! Ce n’est pas du tout
normal. C'est donc là où le monde est plus exubérant ».
C’est l’expert financier qui cause : Perdre de l’argent, il ne peut
pas encaisser jusqu’à l’idée elle-même…
Mais là encore il a tout faux : S’il perd sur les taux (ce que je
demande à voir, puisque ce sont les banques centrales qui émettent à taux
négatifs, pas le banquier traditionnel qui vit sur les marges), il gagne à se
faire rembourser.
Si les taux deviennent trop élevés, il perdra sa chemise et son pantalon
avec l’effondrement de ces créances devenues douteuses et même pourries.
Et c’est le contribuable qui devra éponger les dégâts…
Tout ce qu’on peut en dire, c’est que la finance mondiale est devenue
perverse. Mais c’est la faute des banquiers d’affaires qui ne font pas leur
métier en ne sélectionnant pas les meilleurs investissements…
Un « économiste » devrait savoir ça !
Et puis, dans son papier, « l’expert-économiste » s’en prend aux
« Gafam » coupables de ne pas payer d’impôt et d’imposer leurs
diktats aux États.
Excusez du peu : Qui a fabriqué ces monstres post-modernes au
juste ?
Qui a inventé ce boxon d’évasion fiscale dont ont toujours su profiter les
« majors » de l’économie « transnationale » du « monde
d’avant » (les fameuses « entreprises multinationales ») ?
Tout cela ne s’est pas fait tout seul, et ça reste le produit de deux ou
trois générations de « décideurs » anonymes et de leurs « bras
politiques ».
Parce que ça reste phénoménal : La valorisation des
« Gafam » est indécente, jusqu’à la caricature de Telsa qui vaut plus
que bien des majors cumulés de l’automobile qui vendent dix à cent fois plus de
véhicules.
Je vais vous dire de vous à moâ : Tout cela reste du vent. Tant qu’il
y a du zef, ça avance. Quand il n’y en aura plus, ça reculera avant de
s’effondrer emporté par les courants contraires…
Il n’empêche, ce sont les entrepreneurs d’aujourd’hui qui bâtissent le
« monde d’après » avec les opportunités et techniques de leurs
prédécesseurs.
Sauf qu’ils le font avec des technologies qui n’existaient pas il y a un
demi-siècle.
« L’expert » n’y comprend pas grand-chose finalement : Le
« reset » est déjà passé, déclenché et il n’a rien vu !
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