Le
business-plan.
Avertissement
:
Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure
construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
« – Je sais tout
ça.
– Vous savez
donc les solutions. Soit on continue à polluer gravement la Terre, jusqu’à
épuisement, soit nous réduisons nos nuisances en réduisant drastiquement la
population.
–
Seriez-vous partisan d’une bonne petite guerre ?
– Pas du tout ! Ce serait encore plus destructeur. Ça pourrait rendre la planète définitivement radioactive, inhabitable pour les survivants et de toute façon, ceux-là recommenceraient à se reproduire de façon exponentielle. Ce serait juste retarder les échéances. Il y a logiquement mieux à faire !
– Pas du tout ! Ce serait encore plus destructeur. Ça pourrait rendre la planète définitivement radioactive, inhabitable pour les survivants et de toute façon, ceux-là recommenceraient à se reproduire de façon exponentielle. Ce serait juste retarder les échéances. Il y a logiquement mieux à faire !
– Et quoi
donc ?
– Rendre
les femmes impropres à la reproduction. Les rendre définitivement stériles. Et
tant qu’à faire, par voie de contamination ! »
Rien que ça ?
Exactement comme lui avait dit le « Gouverneur
Stéphane », l’Homo-Ultra…
Il est bien arrivé là où il faut qu’il intervienne, sa
seconde mission de ce périple impossible.
« – Bon, alors expliquez-moi le plan ?
– C’est
très simple. Imaginez que nos équipes soient capables de créer un virus qui
affecte le fonctionnement normal des ovaires et les cycles menstruels de
n’importe quelle femme, ou empêche la nidification d’un ovule fécondé dans son
utérus…
– Il n’y
aurait plus moyen de procréer, c’est bien ça ?
–
Exactement. Ceci dit, pour éviter le risque qu’il n’y ait plus un seul vertébré
sur la planète, il faut que ce virus ne s’attaque qu’à l’espèce humaine. On est
bien d’accord.
– Bien
sûr » répond Paul. « Et
puis ?
– Eh
bien, si ce virus est contagieux, ça contamine tout le monde et c’est bien plus
radical que les méthodes barbares et invasives de ligature des trompes, ou de
vasectomie chez les hommes.
– J’en
conviens. Mais si c’est si contagieux que ça, c’est l’espèce humaine entière
qui disparaît avec la dernière génération. Vous avez pensé à ça ?
– Bien
sûr. Et il n’est pas question de la faire disparaître. Mais seulement de la
préserver en lui imposant de préserver sa planète, donc en en limitant le
nombre à disons, un dixième de ce qu’elle est.
Et si ce
virus est assez contagieux, ça peut même être fait en une seule génération.
Disons trente à soixante ans.
– Une
catastrophe économique ! Vous allez trouver où la main-d’œuvre et les
clients des industries de vos bailleurs de fonds ?
– Mais
justement. Moins de client égale moins de main-d’œuvre égale moins de
nuisances pour la planète : c’est un cercle vertueux, parce que si ça fait
moins de pollution, moins de dévastation de l’écosystème, c’est une vie
meilleure pour tous ceux qui survivront.
– Euh…
non ! Il ne restera plus personne…
– Pas du
tout. D’abord on sait désormais conserver des ovules et du spermatozoïde pendant
des décennies. Évidemment, non contaminés.
– Oui
mais ceux desquels ?
– De ceux
qui ont les moyens, pardi !
– Une
petite élite financière, alors ?
– De
toute façon. Mais vous me direz que dans ce cas-là, c’est une petite élite qui
va se renouveler perpétuellement par le biais de fécondation in vitro et utérus artificiel. Les mêmes que ceux qui
existent. »
Paul n’y a pas spécialement pensé, puisque de toute
façon on est en plein délire eugéniste !
« – Notre
système est plus astucieux que ça !
–
Ah ? M’en voilà ravi.
– Vous
allez voir ! Il s’agit de trouver l’antidote à ce virus.
– Suis-je
bête ! On crée une chimère, un monstre et on soigne tout le monde…
–
Voilà ! Tout le monde est infecté, mais seuls ceux qui peuvent se faire
traiter restent sains et « reproducteurs ».
Faites
donc le petit calcul suivant : une femme non-infectée malgré tout, ou
simplement « soignée » à notre antidote, elle commence à ovuler entre
10 et 15 ans. Et jusqu’à la ménopause. Disons, dans notre dispositif, jusqu’à
ce qu’elle ait eu deux enfants. On est d’accord ?
–
Continuez…
– Disons
30 ans. Au lieu d’avaler des contraceptifs tous les jours du mois, il faut
qu’elle se fasse vacciner tous les trimestres contre la stérilité contagieuse
de notre virus…
– Et se
payer aussi des contraceptifs si elle veut maîtriser sa fécondité…
– Oui
bien sûr. Les laboratoires pharmaceutiques ne seront pas perdants avec elles.
Mais à la deuxième naissance, juste de quoi renouveler la génération, de toute
façon elle ne reçoit plus de remède. Elle devient contagieuse et stérile…
– Comme
toutes les « non-vaccinées », c’est ça ?
– Oui,
bien sûr. Car vous avez compris que l’objectif est d’arriver à maîtriser la
surpopulation mondiale…
– J’avais
compris : le plus simple étant pour vous de laisser ce virus se répandre,
faire son œuvre et de ne vendre votre antivirus qu’aux seules familles qui en
auront les moyens. La sélection par le fric, c’est ça ?
– Pas
seulement. Les gouvernements pourraient, pour des raisons politiques et même
militaires, mettre en place des mesures financières de compensation.
– Et
vous, de toute façon, vous vous en foutez du moment qu’on vous paye votre
antidote !
–
Exactement ! Un business-plan fantastique.
–
Diabolique, même ! Vous m’intéressez ! » fait Paul pour
appâter son interlocuteur.
« – Ah très
bien. Prenez donc une dose à 1.000 dollars. Tous les trimestres. Pendant
mettons 15 ans d’une vie de femme…
– Ça fait
60.000 dollars par patiente sur toute une vie. Je sais compter.
– Et ce
n’est pas hors de prix. Vous multipliez par 100, 200 ou 500 millions de femmes…
– Ça fait
6.000 milliards de chiffre d’affaires par centaine de millions de femmes. Soit
au minimum 400 milliards par an.
– Et si
vous mettez la barre à un milliard de femmes, vous multipliez ces chiffres par
10 ! Voilà le business auquel je vous propose de participer. »
Se rend-il compte que son business-plan est
complètement à la masse ?
60.000 milliards, c’est plus de 92 % du PIB mondial…
Certes, 4.000 milliards/an ce n’est que 6,15 %, mais c’est déjà 1/16ème
de toutes les créations de richesse du monde…
Et alors, le jour où l’humanité sera réduite à 2
milliards d’humain, il y a fort à parier que ce PIB mondial sera réduit de
moitié, voire des deux tiers…
Ce n’est pas tenable.
Une « start-up », c’est en principe de créer
une disruption de processus existant pour réduire les coûts, par pour créer le
« boulon de 12 » et organiser la pénurie autour après l’avoir rendu
indispensable au plus grand nombre.
C’est l’anti-modèle de ce qui a fait la fortune des
Gates et compagnie : indispensable – pas totalement – mais disponible au
plus grand nombre…
« – Génial.
Euh… Une question : on est combien sur ce coup-là ?
– Une
trentaine.
– À un
milliard de dollar chacun ?
– Non, ça
c’est le prix que je vous propose à vous, puisque vous disposez de ce montant
et que c’est mon gouvernement qui vous l’a versé.
Au
premier tour de table, j’y ai investi une grosse partie de ma fortune
personnelle. J’ai acheté cette île au gouvernement britannique pour 100.000
Livres. Son défaut est de ne pas avoir d’eau potable, même en sous-sol. J’ai
construit ensuite le petit port, la maison, l’héliport et compte obtenir
l’autorisation d’installer une piste d’aviation de troisième niveau.
Le plus
gros ne se voit pas : il s’agit d’un laboratoire biologique de type P4,
les plus sécurisés. Et puis il m’a fallu recruter des équipes. Là, à mon second
tour de table, le droit d’entrée, la prime d’émission, était fixée à 1 million
de dollar pour chaque million investi. Au troisième, elle était de 10 pour 1.
Désormais, au quatrième, elle sera de 1.000 pour 1. Ce que je suis en train de vous
proposer.
Avec pour
vous, une surcote de 50 % pour vous laisser repartir en vie, bien entendu.
– Bien
entendu…
– Je vous
rappelle que pour l’heure, à mes yeux, vous n’êtes qu’un vulgaire espion, comme
il y en a eu et il y en aura tant d’autres.
– Bien
entendu. Un geste généreux de votre part », se moque Paul.
Alors qu’Albin glousse connement et se décide enfin à
faire quelques arpèges sur son piano blanc.
« – Je ne
suis pas sûr d’être sensible à votre sens de l’humour… Et soyons honnête, si
vous misez toute votre fortune, c’est l’assurance que je peux vous laisser en
vie et partir où vous voulez. Ce n’est pas vous qui viendrez me dénoncer à une
quelconque autorité pour quelle mette fin à l’expérience scientifique.
Comme
beaucoup de mes investisseurs privés d’ailleurs, choisis pour avoir le bras
long et protecteur.
– Bien
entendu. C’est ce que j’en pensais, justement. Soyez-en certain. Mais pour
l’heure, vous ne m’avez rien vendu. Parce que vous ne m’avez rien montré ni
encore moins démontré.
–
C’est-à-dire ?
– Vous
dites qu’il y a quelle que part ici un laboratoire P4 et des
« équipes » qui bossent sur ce projet. Mais je n’ai vu qu’Albin et
vos gardes prétoriens.
– Ah oui…
Si ça doit vous convaincre, nous allons visiter ça tout-à-l’heure. Nous avons
des équipes en Californie, d’autre au Canada. Mais le laboratoire est ici, sous
nos pieds.
– Ok. Je
vais faire cette visite. Mais avant, dites-moi, vous leur avez promis quoi à
vos investisseurs ?
– Un
monopole géographique de distribution du vaccin. Leur contribution est
d’ailleurs calculée en fonction des populations potentielles à éventuellement
couvrir.
Faites le
calcul. Le vaccin reviendra à une poignée de dollar. Tout le reste, ce sont des
frais de logistiques et commerciaux. Pas grand-chose. Et la différence, c’est
un profit disponible.
– Et
vous ?
– 10 %
des ventes. Enfin, moi, non. Je prends la moitié au titre des brevets et du
savoir-faire, le reste est à répartir entre les apporteurs de fonds en fonction
de la valorisation de leurs apports nets.
– Et moi,
j’aurai droit à quoi ?
– Ah,
mais vous voilà intéressé, donc !
– Je ne
vous ai pas dit le contraire. Si « j’achète » l’Afrique, la zone…
–
Celle-là n’est pas à vendre. Et je vous dis tout de suite que la péninsule
arabique est déjà concédée. Pareil pour la Chine, l’Europe, le continent
africain.
Il reste
disponible l’Océanie et l’Australie…
– Ah oui…
Petit potentiel dites donc.
– Oui
mais illimité si vous organisez des migrations massives.
– Il ne
manquerait plus que ça. Déjà que le tourisme fait des dégâts considérables dans
ces endroits-là… !
– Là
encore, je ne sais pas si j’apprécie votre humour ou si vous devenez enfin un
homme raisonnable.
– J’ai
toujours été les deux à la fois. Une marque de fabrique. Bon, votre truc est au
point ou pas encore ?
– Pas
encore. Il faut que nous renforcions nos essais cliniques. Ça fonctionne assez
bien sur les souris et les singes.
– Ah
oui ? Vous parvenez à stériliser des souris ?
– Par
simple inhalation d’une atmosphère légèrement contaminée…
–
Fantastique ! Et ça n’a pas d’incidence sur les souris-mâles ?
–
Absolument aucune pour les dernières versions de nos productions génétiques
améliorées… Nous en sommes à la quatrième génération dudit virus.
– Je vous
vois bien payer durablement des chercheurs en charge de masturber vos souris de
laboratoire ou vos chimpanzés ! » Paul en rigole, moqueur.
« – Ce n’est pas
de cette façon que nous opérons. C’est un peu plus… scientifique.
– Oh mais
il n’y a pas de mal : je connais pléthores de bac ++ qui enculent bien les
mouches en permanence !
–
Franchement… votre sens de l’humour laisse à désirer.
–
Excusez-moi Caroll ! Je vous l’ai dit, je suis comme ça. Pardonnez-moi.
Bon et vos équipes ?
– Oh mais
vous nous avez facilité la tâche.
– Qui,
moi ?
– Oui,
avec le démantèlement de la fondation du Professeur Risle ! (1) Celle-là travaillait sur les greffes d’organes, souvenez-vous. Il y
avait quantité de cliniciens très performants dans leurs rangs. Et puis des
équipes de chercheurs biochimistes très intéressantes qui travaillaient sur les
cellules-souches en vue de développer les autogreffes.
Toujours
ce rêve d’immortalité promis par le professeur…
À aucun
moment il ne s’est rendu compte que s’il réussissait, lui ou sa fille, cela
provoquerait des secousses démographiques considérables pour la planète, telles
que de toute façon, il y aurait eu de violentes crises politiques qui auraient
conduit tôt ou tard à des conflits armés qui auraient saccagé eux-mêmes notre
belle planète !
D’ailleurs,
c’est en ayant investi dans sa fondation que j’ai pu participer à son conseil
d’administration. C’est pourquoi je suis sûr de vous connaître déjà. Et quand
j’abordais ces questions d’éthique-là, avec le professeur ou avec d’autres
membres, comme Lord McShiant, un grand esprit celui-là…
– J’ai
hérité de sa « Z-Machine »…
–
Qu’est-ce donc, une « Z-Machine » ? »
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