Évacuation
d’urgence.
Avertissement
:
Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure
construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
Le premier qui tire, il surprend définitivement tous
les autres : facile pour Paul qui avait son M16 armé, prêt à faire feu et
déjà calé au niveau du coude.
Juste une courte rafale et c’est réglé.
« Merde ! ».
Ce n’est pas ce qu’il avait prévu de faire…
D’autant que là, ça affole les voisins qui après un
petit temps de surprise, déclenchent l’alarme.
Un boucan d’enfer, justement ce qu’il ne fallait pas
laisser faire.
Et maintenant, il fait quoi ?
Ce n’est pas avec un malheureux M16 – plus quelques
chargeurs récupérés sur ses victimes – qu’il va pouvoir faire face tout
seul : c’est sûr !
Et puis déjà trois personnes brutalement
décédées : écœurant de stupidité !
Dont un qui ne sera jamais jugé et qui ne pourra plus
jamais donner ni les détails de ses intentions ni les noms des personnes de ses
réseaux de soutien. Les « mécènes », encore, on finira par trouver,
même si ce n’est pas certain.
Le monte-charge se met en branle. Punaise !
Bloquer la machine, vite.
Et comment à part trouver un meuble assez costaud pour
l’empêcher de monter ?
Une chaise ? Non une armoire.
Mais punaise, qu’elle est lourde à déplacer ! Et
puis elle ne résistera pas, elle se pliera.
Il n’a plus qu’à piquer un sprint pour trouver
l’escalier de secours. Celui qui s’enroule autour du monte-charge, il va
certainement être investi sous peu. Même pas la peine d’essayer. Et puis on va
l’attendre à la sortie…
Avant tout, espérer trouver de quoi accueillir
l’équipe de surface qui rapplique. Il a quelques minutes devant lui. Mais
l’accueillir avec quoi pour la neutraliser ?
Au niveau – 2, il y a des laboratoires, il doit bien y
avoir des sources d’énergie à disposition.
Dans sa course pour trouver une solution, il finit par
dégoter le fameux escalier de secours.
n fait, un puits encombré tuyaux et de câbles et une
échelle à crinoline scellée au mur pour en permettre la visite et probablement
l’entretien.
Allons-y : vingt à trente mètres de haut d’une
course effrénée, toute en puissance.
Pour déboucher sur une première porte blindée qui
s’ouvre avec une petite roue, comme dans les salles de coffres des banques les
moins modernes : à l’ancienne.
Qu’il referme et « bloque » avec le manche
d’une autre hache de pompier trouvée sur place.
Un étroit palier, une coursive et une seconde porte de
même nature, même mécanisme d’ouverture, même manche de hache pour la
bloquer : on ne sait jamais.
Et de nouveau une échelle à crinoline qu’il faut
grimper et qui s’ouvre dans une casemate posée à l’écart de la maison de maître
et de la caserne, près des engins de manutention et de chantier qu’il a
remarqué avant sa descente.
Ah que c’est bon de revoir la lumière du soleil !
La cahute est encombrée de matériel de pompage et d’un
gros groupe électrogène. Il doit bien y avoir quelques carburants à
disposition, dans les parages pour fournir de l’électricité en cas de panne du
générateur principal qui doit être posé ailleurs ?
En surface, assez peu d’animation. Le gros des troupes
doit être descendu pour porter secours aux rescapés du sous-sol : les
trois cadavres laissés dans le monte-charge les auront mis en alerte.
Forcément.
Ce qu’il ne peut pas savoir, c’est le « drame de
conscience » qui se déroule sous terre.
Le professeur Phîu et ses laborantins ont immédiatement
suspendu leurs travaux à la première alerte. Le temps de se décontaminer, de
sortir du double sas, ils se sont retrouvés nez-à-nez avec l’escouade de gens
d’arme venus à leur rencontre.
Une fouille des locaux plus tard, ils auront compris
qu’il manque « l’invité » du patron et qu’il sera ressorti, non pas
par l’escalier du monte-charge, ni par celui-ci, mais par l’escalier des
colonnes de service dont la première porte est bloquée de l’extérieur.
La seule issue qui n’a pas été
« gardée » : il est dans la nature et il manque au moins une
arme et plusieurs chargeurs à l’inventaire.
Un type devenu dangereux.
Alors, soit on le retrouve et on l’élimine, soit on
évacue le site.
Pas question pour le biologiste : les travaux en
cours revêtent une importance capitale !
Ce dont ne sont pas vraiment convaincus la troupe
d’hommes de main.
« Oui mais
qui nous paye ? »
Milton a des associés, des commanditaires, des
intendants, des régisseurs pour ces détails-là.
Ils seront payés dans tous les cas.
Sauf abandon de poste et
« trahison ».
« Et qui
pour nous dénoncer ? »
Boum, un pruneau dans le buffet !
Expéditif. « Il
y a d’autres volontaires ? »
Les ambitions se sont tues instantanément.
« On
évacue ! »
C’est comme ça que Paul qui se dissimule dans les
environs immédiats voit sortir un quarteron de bonshommes du monte-charge qui
s’éparpillent en de multiples directions.
Les uns filent vers leur caserne ramasser leurs effets
personnels, les autres vers la maison de maître probablement pour la piller, un
troisième groupe vers le débarcadère en trainant la silhouette d’Albin, entravé
à son tour.
Il fait quoi, Paul ? Un carton pour les affoler
un peu ou non ?
Parce que là, ils sont en train de tout saccager.
Ce serait bien inutile quand il s’aperçoit que la
chaudière du petit-cargo se met à fumer : les rats quittent le navire. Ils
ne le cherchent même pas. Idem pour le yacht.
Départ en catastrophe qui sera effectif en début de
soirée.
Prudent, Paul ne s’approche qu’une fois la nuit
tombée : ça peut être un piège, il peut y avoir des explosifs à
retardement, ils peuvent revenir, avoir laissé une arrière-garde ou un type
trop saoul pour ne pas s’être signalé et avoir été oublié…
On ne sait jamais.
Mais non, rien au petit matin : même les animaux
semblent revenir investir les lieux désertés. Et comme Paul à faim et soif, en
plus de la fatigue d’avoir veillé toute la nuit, il ne se fait pas prier pour
aller butiner dans les cuisines les quelques restes qui s’y trouvent.
Incroyable : ils sont tous partis.
Le problème, c’est qu’ils n’ont rien laissé derrière
eux : pas d’électricité, la salle de radio est complètement détruite,
saccagée, pas de réseau, encore moins de wifi, pas un véhicule marin…
Enfin si, mais du côté de la plateforme de l’héliport,
vide de tout appareil : il aura décollé pour une destination inconnue sans
que Paul ne s’en rende compte, finalement. Plus exactement, il l’avait entendu
et pensait qu’on pouvait le rechercher de la sorte. Dès lors il s’était tenu à
couvert, mais l’avait oublié et il n’est manifestement pas revenu…
Reste qu’il faut prendre des mesures : il y a un
virus « stérilisateur », là sous ses pieds. Quelle est la meilleure
solution pour le détruire ?
Descendre et foutre le feu à tout le
laboratoire ?
Peut-être pour être radical, mais si le feu fait
exploser une machine ou autre chose, c’est prendre le risque de faire sortir ce
virus à l’air libre et là… on ne sait plus ce qui peut se passer.
Alors noyer l’ensemble du dispositif souterrain comme
le lui avait indiqué le « Gouverneur Stéphan ». Ce qui fait environ 4.000
tonnes de flotte.
Or, il y a la mer à proximité et s’il y a au moins quelques
dix à vingt mètres de tuyaux, de pompier, par exemple et une pompe assez
puissante, ça peut éventuellement le faire.
Justement, des tuyaux de pompier, il y en a assez dans la
caserne.
Une pompe, il a le choix entre plusieurs. Reste à en
mettre une en batterie et la faire tourner avec les fûts d’essence posés à
proximité du local technique de surface, par où il était sorti la veille.
Quelques heures plus tard, ça se déverse dans la cage
du monte-charge. À raison de 3.000 litres/heure, si c’est assez pour éteindre
un incendie, ça va prendre presque deux mois.
Intenable !
La journée se passera à en mettre plusieurs en
fonction…
Qui vont tourner durant quelques jours à jouer à refaire
les pleins des générateurs à tour de rôle jusqu’à ce que ça
« dégueule » enfin par tous les orifices.
Entre-temps, il aura récupéré son colt et ses cinq
cartouches, une sorte de vaste hors-bord à coque semi-rigide et quelques
instruments de navigation – carte, compas, sextant – pour fignoler une route
vers la vraie civilisation, la sienne, celle où les gens ne pensent pas
nécessairement à s’entre-tuer dès qu’ils se croisent.
Et puis, et puis… avec les matériels de chantier et de
manutention, il en profite aussi pour faire un peu de béton : un tiers de
sable, un tiers de gravier, un tiers de ciment et « un bol »
d’eau-douce.
Enfin un bol… juste de quoi mouiller pour que la tour
à béton veuille bien cracher un magma compact, gris, et assez fluide qu’il va
déverser, toupie après toupie dans le trou de l’escalier de service.
Ça, juste entre la surface et le premier palier, plus
quelques rochers un peu plus gros que les autres, sur le dessus, il ne devrait
pas y avoir de problème de « fuite ».
D’ailleurs, une fois son bétonnage réalisé, il
recommence la manœuvre les jours suivant dans l’escalier qui entoure le
monte-charge.
L’idéal serait d’ailleurs de descendre ledit appareil
de deux ou trois mètres, et d’obstruer son puits de la même façon.
Sauf qu’à un moment, l’eau de mer a fini par
« dégueuler des orifices ». Et le béton, ça n’aime pas l’eau de mer.
Tel qu’il aura fallu « pomper à l’envers »…
Et que finalement, il n’y aura pas assez d’eau douce
pour finir le travail correctement.
La galère que de remonter le monte-charge avec le
bulldozer, chargé de tonnes et de tonnes de béton pas encore sec déversées
à la va-vite !
Deux jours de boulot pour finaliser le travail.
Il peut se mettre en quête d’un port d’accueil.
Mais avant tout faire des provisions et penser à
passer par l’île des « re-belles ». Ces filles-là, ce n’est pas qu’il
ait une affection toute particulière pour leurs attraits physiques, loin de là,
mais elles ne peuvent pas rester en mode « survie » éternellement.
Compte tenu de leur peur primaire de faire du feu pour
se signaler, ce sont probablement des fugitives de l’île Milton. Des cobayes ou
des esclaves sexuelles…
Vraisemblablement, la seconde des hypothèses, puisqu’à
aucun moment il n’a été fait allusion à des essais cliniques sur des humains,
des « humaines », que comme d’une prochaine étape envisagée
seulement.
Et il avait vu quelques « demoiselles »
sortir de la caserne assez brutalement : Albin devait être le seul inverti
des populations de cette île, avec Caroll…
Une demi-journée de mer pour retrouver son atoll de
départ, tellement il est bas sur l’horizon.
Même que Paul a cru s’être perdu : il a pourtant
un bon sens de l’orientation et en trois dimensions pour avoir été pilote de
guerre sur le porte-avions Charles-de-Gaulle…
Et là, autre obstacle : aucun signe de vie des
trois donzelles.
Elles ont dû entendre son moteur et se seront cachées.
Les connes…
Il a beau hurlé ses « hoho »,
« houhou » et « hihi », rien à faire.
Quand même pas banal.
Il débarque par une passe et s’échoue sur une des
plages qu’il a pu fréquenter il y a encore quelques jours, dans l’espoir de
retrouver « des traces ».
Mais elles ont manifestement déménagé. Leur
« jardin » est devenue une friche, leurs « sweet-home » est
manifestement abandonné, leur « cacatier » n’est plus infesté de
mouches, les insectes ayant laissé seulement des excréments secs.
Elles ne se sont quand même pas volatilisées.
Pas de trace non plus de cadavre en
décomposition : ça fleure bon la nature dans toutes ses expressions
olfactives.
Il décide alors de passer la nuit à « son
bord », non sans avoir laissé un paquet de gâteaux secs et un autre de
viande séchée, bien en évidence sur la plage.
Mais au lendemain, ce sont des traces de rongeurs qui
entourent les paquets éventrés.
Pas de veine…
Il pourrait faire le tour de l’île avec son hors-bord,
mais ça épuiserait ses réserves de carburant inutilement, parce que de toute
façon, le bruit du moteur les ferait fuir.
Alors le lendemain il arpente la plage et les
sous-bois à pied, avec de l’eau.
D’ailleurs, il commence par ça, la source. Une bonne
idée, parce que dans le sol humide, il y a des traces de pas. Les siens – les
grands pieds chaussés – mais également d’autres plus anciennes et encore d’autres
encore plus fraîches, plus petites, de pieds dénudés.
Il se pourrait que…
Il s’est pu que justement, en remontant la piste, elle
le mène de l’autre côté de l’île. Un long trajet.
Pour finir par débusquer « Houhou », encore
plus efflanquée qu’il ne l’avait laissée et armée d’un bâton… Les autres ne
doivent pas être loin, puisque celle-ci agit comme si elle était acculée.
Et miracle, elle reconnaît Paul.
« Hoho » est au pied de « Hihi »,
tellement épuisée et mal en point qu’elle ne bouge plus allongée par terre, la
première chassant les « bestioles » qui viennent la croquer.
Il était urgent qu’il arrive et la porte au hors-bord.
La faire boire, la nourrir de ce qu’elle peut avaler, enfin… grignoter, et ils
« décollent », direction Diego Garcia.
Où ils finiront à la rame, réserve de carburant
épuisée, sans eau et avec si peu de nourriture, pour être recueillis par un
garde-côte américain de patrouille, en fait signalé par un pêcheur autochtone.
Une aventure épuisante.
Qui garde encore plein de mystères et de questions
laissées sans réponse.
Mais c’est déjà une autre histoire.
I3 – 25
juillet 2017
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