Les « Bataves » et le Thorium
Une alerte sur le compte « fesse-book » de « l’Ami-râle »
et une autre sur un des sites qu’il m’arrive de fréquenter : Breizh-Info.com,
en date du début du mois (j’épuise seulement mes courriels « en retard »),
qu’ils en sont même tout ravis, à Morlaix.
Pensez… La Hague, c’est en Normandie, loin, quoi !
Et le Thorium, même si c’est radioactif – normal, on
est en Bretagne, les radiations, ils ont l’habitude – ils en disent que : « Le thorium est un métal radioactif, cousin
de l’uranium et du plutonium. Présent en grande quantité dans les sols de la
planète, il existe notamment de belles réserves en Bretagne.
Aux
Pays-Bas, une expérimentation d’un réacteur fonctionnant au Thorium a récemment
été lancée. (…)
Les
déchets nucléaires produits par l’utilisation du Thorium sont moins nocifs et
ont une durée de vie bien plus courte que celle des déchets standards.
Meilleure
sécurité en cas d’incident majeur, le Thorium étant exploité à l’état liquide
ce qui permet de le vidanger du réacteur plus facilement. »
Plus exactement « fondu ».
En cas de défaut de refroidissement, il suffit d’arrêter
l’accélérateur de particules qui le « chauffe », et le sel de Thorium
se solidifie tout seul, arrêtant toutes réactions nucléaires…
Certes, et « la
recherche sur ce carburant nucléaire a été relancée aux Pays-Bas puisque le
Nuclear Research and Consulting Group (NRG) (qui) a lancé le 10 août dernier la première expérience de fission menée sur
un réacteur contenant du thorium. (…)
L’ingénieur de NRG explique, sur cette expérimentation
qui est une première mondiale que « c’est
une technologie qui dispose d’un gros potentiel pour la production d’énergie à
grande échelle. Elle offre la perspective d’une technologie adaptée pour un
système énergétique responsable qui serait propre, bon marché et sur lequel on
pourrait compter. En principe, il s’agit de la plus sûre et de la plus efficace
des solutions dans le domaine de l’énergie nucléaire. ». »
Si on veut.
Propre, certainement beaucoup plus que les filières
actuelles – dont on rappelle que les Bataves exploitent un réacteur chez eux entre
deux marées montantes – mais pas totalement « inoffensif » non plus.
Ce qui réjouit les auteurs du site cité, c’est que « les études géologiques ont permis d’établir
que la Bretagne possédait des Terres Rares d’une grande richesse, dont la
teneur en thorium est extrêmement élevée.
C’est
Louis Chauris, de la faculté des Sciences de l’université de Bretagne
occidentale qui a réalisé une étude instructive à cet égard. Dans cette étude,
publiée par la revue Géologie de la France en 1992, il déclare : « De nombreux
petits épointements de syénite quartzifère, riche en allanite […] ont été mis
en évidence entre Morlaix et Ploumillieu en Bretagne septentrionale. Ces roches
[…] présentent des teneurs moyennes exceptionnellement élevées en lanthane et
en cérium ainsi qu’en thorium. ». »
Personnellement, je m’intéresse à la filière « Thorium »,
enfin, plutôt à son inexistence, depuis « une mission » couverte par
le secret-défense de dans mes « jeunes-années » (j’ai oublié depuis, des
trous de mémoires dus à l’âge avancé, je vous le jure M’ssieur le juge !)
Il faut rappeler que l’industrie nucléaire est désormais
contestée, décriée, combattue par les défenseurs de l’environnement de toutes
obédiences. Ses dangers, depuis Three Miles Island, Tchernobyl et Fukushima, ne
sont plus à démontrer. Les risques qu’elle suscite en matière d’opportunités
d’armement atomique reprennent avec plus d’acuité que jamais, face aux folies
nord-coréennes après les années « iraniennes ».
Et pourtant on connaît depuis la fin du XIXème
siècle le Thorium mais la filière a toujours été rejetée au profit du nucléaire
à uranium.
Une malédiction.
Tout le monde sait que l’histoire commence en 1828 sur
l’île de Løvøy, en Norvège. À l’occasion d’une promenade, le jeune Morten
Thrane Esmark découvre une pierre noire étrange. N’importe qui d’autre l’aurait
jetée sur le bas-côté du chemin ou aurait fait quelques ricochets avec sur la
rivière voisine. Mais le jeune garçon est le fils d’un minéralogiste distingué,
le professeur Jens Esmark.
Hélas, celui-ci se déclare incapable d’identifier
cette pierre noire.
Il l’expédie donc au chimiste suédois Jöns Jakob
Berzelius qui en fait l’analyse et s’empresse de la baptiser du nom du dieu
scandinave du tonnerre, Thor.
Le Thorium était né.
Mais on ne savait pas trop à quoi il pouvait servir.
Il fut utilisé pendant quelques années pour les manchons à incandescence, mais
sans réel succès. Il faudra attendre 1898 pour que Marie Curie, associée au
chimiste Gerhard Schmidt, découvre la radioactivité du Thorium.
Puis plus rien. Le Thorium est remisé au rang de
curiosité scientifique.
Dans les années 40, l’Amérique veut en finir avec la
guerre. Elle lance le fameux projet Manhattan qui réunit les plus éminents
savants de l’époque pour développer l’arme absolue. L’industrie nucléaire naît,
sous les auspices de l’armée.
Après Hiroshima et Nagasaki, l’atome se révèle être
une source d’énergie inouïe.
Des projets de réacteurs nucléaires destinés à
produire de l’électricité s’activent dans tous les labos.
Deux écoles s’affrontent : Les partisans de l’Uranium
et ceux du Thorium.
Les premiers voient dans leur minerai un gage de
puissance militaire, les seconds défendent un minerai largement présent sur
l’ensemble de la planète, et qui, à quantité égale, contiendrait 20 millions de
fois plus d’énergie que le charbon.
Dans les années cinquante, les premiers réacteurs
expérimentaux au Thorium sont construits mais le lobby militaire fait tout pour
évincer ce concurrent gênant de l’Uranium. Et réussit son opération
d’étouffement de la filière Thorium.
Au premier rang des évincés figure le physicien
américain Alvin Weinberg, viré de la direction du grand laboratoire d’Oak Ridge
parce que tête de file des recherches sur les réacteurs au Thorium, « à sels
fondus ».
Jusqu’à plus récemment. Aujourd’hui et en Europe, ce
sont les scientifiques du Nuclear Research and Consultancy Group (NRG) à Petten
aux Pays-Bas qui ont donc commencé la première expérience de réacteur de
thorium à sels fondus. Cette expérience baptisée SALt Irradiation ExperimeNT
(SALIENT) a été préparée en collaboration avec l’European Commission Laboratory
Joint Research Center-ITU. L’Europe entre ainsi dans la course au Thorium.
Jusque-là, tout le monde a préféré la voie des
réacteurs « à eau » (pressurisée ou non) aussi bien pour les
centrales que pour les sous-marins ou porte-avions.
Le PK15 équipe ainsi nos navires avec une régularité
exemplaire, sans aucun incident à déplorer.
Le poids de l’industrie militaire et son besoin de
munitions aux trans-uraniques enrichis oriente ainsi depuis soixante ans la
filière nucléaire dans ses choix, et jusqu’à aujourd’hui.
C’est comme ça que le Thorium, malgré ses avantages
apparents est évincé de la course à l’industrie nucléaire.
Les effets du poids de l’autisme des « sachants »,
formés dans le même moule des mêmes « grandes-Ékoles »…
Ce minerai est pourtant quatre fois plus répandu sur
le globe que l’uranium. La « Gauloisie-énergétique », par exemple, en
possède dans son sol suffisamment pour alimenter en énergie toute sa population
pendant 190 années !
Un combustible qui permettrait aussi de décharger les
pressions géopolitiques liées à la mainmise sur les minerais radioactifs.
Le Thorium dégage moins de déchets radioactifs, puisqu’il
les consomme dans ses cuves.
Non seulement, on n’aurait jamais eu Three Miles
Island, Tchernobyl ou Fukushima, le Rhin aurait pu rester perméable aux
courants d’air, mais on n’aurait jamais eu « d’écololos » tout vert
comme des martiens.
Vous imaginez l’étendue de la konnerie des « sachants-trisomiques » des
années 60 et suivantes ?
On n’aurait même pas à envisager et financer une
filière de démantèlement et « Hue-l’eau » serait resté un aimable
reporter de belles images de la planète…
Il se trouve qu’on aborde peut-être un tournant – qui se
dessine en pointillé dans les dires et volontés affichés de l’équipe à « Mak-Rond » :
Le recours à des réacteurs nucléaires « verts », à sels fondus,
refait surface et convainc même les écologistes les plus vindicatifs dans le
combat contre le nucléaire.
Un peu partout dans le monde, des initiatives sont
lancées : Bill Gates s’y intéresse, les chinois – pollués à mort par leur
charbon – décident d’investir 350 millions de dollars dans cette filière «
révolutionnaire ».
Et en « Gauloisie-électrique », on est plus
timide, avec un contrepoids majeur, celui de l’industrie nucléaire « classique
» dans laquelle Areva et EDF se sont embourbés, avec notamment le réacteur EPR
qui leur procure des cauchemars, mais qui fonctionne toujours à eau
pressurisée.
Alors, c’est seulement avec 3,5 millions d’euros accordés
au seul laboratoire français qui s’intéresse vraiment au Thorium qu’on essaye
de faire face : Celui de Daniel Heuer du CNRS-LSPC de Grenoble.
Une mise ridicule dans une partie de poker qui
s’annonce mondiale, alors qu’on persiste à dépenser vos impôts dans « Iter »
(la fusion-chaude).
Oui, parce que depuis une quinzaine d’années, des
chercheurs gauloisiens du CNRS travaillent aussi sur la conception d'un
réacteur à sels fondus baptisé MSFR (Molten Salt Fast Reactor). Leur expérience
dans ce domaine scientifique est reconnue au niveau mondial.
Le scénario imaginé par ceux-là part d’un constat
simple : La demande énergétique mondiale ne va cesser de croître (ce qui va
chauffer la « boutique ») et, avec elle, une forte augmentation de la
part du nucléaire dans le paysage énergétique de notre planète (et non pas des
fermetures de ce qui existe).
Selon eux, à l’horizon 2050, il sera très difficile
d’imaginer un développement du nucléaire fondé sur les technologies actuelles
avec notamment des réacteurs à eau pressurisée fonctionnant à l’Uranium
enrichi.
Outre les aspects environnementaux et la durée de vie
extrêmement longue de ses déchets radioactifs dont on ne sait que faire, un tel
choix entraînerait, toujours selon ces chercheurs-iconoclastes, un épuisement
des réserves mondiales en uranium en moins de 70 ans.
Une seconde voie repose sur le développement de
réacteurs à neutrons rapides (RNR). Ce sont des surgénérateurs utilisant le Plutonium
comme combustible et des systèmes de réacteurs à eau pressurisée. Ce type de
réacteurs ne serait pas capable de traiter la demande attendue en 2050 et ne
réglerait en rien les questions d’acceptabilité sociale liées aux problèmes de
sécurité nucléaire.
D’autant que la « sinistre-domino-Voix-née »
a fait fermer « Supe-Phénix » à son époque.
Elle aurait peut-être pu avoir la bonne idée de rester
infirmière du secteur public, non ?
Ou passer « libéral ».
Reste donc la troisième voie, celle des réacteurs à
sels fondus-Thorium. Ils nécessitent dix fois moins de matière fissile pour
démarrer que les RNR. Ensuite, les déchets les plus radioactifs sont réduits de
manière considérable. Enfin, les produits de fission et les déchets ultimes
peuvent être retraités en continu.
Ces arguments incitent même des chercheurs comme
Daniel Heuer à imaginer un parc de réacteurs complémentaires, voire de microréacteurs
de proximité.
Et à l’heure actuelle, seules la Chine, l’Inde et
l’Indonésie travaillent sur les réacteurs de Thorium à sels fondus.
L’approche de la Chine implique une étape intermédiaire
de l’exploitation d’un réacteur à lit refroidi aux sels fondus et l’Indonésie a
manifesté son intérêt à travailler avec ThorCon pour tester un réacteur non-alimenté
à grande échelle avant de commencer ses opérations commerciales.
L’Inde a quelques conceptions de réacteurs de Thorium
à sels fondus sur le papier, mais aucune ne reçoit beaucoup d’attention. Les
scientifiques indiens s’intéressent davantage à un réacteur avancé à eau-lourde
alimenté par le Thorium (Advanced Heavy Water Reactor) tandis le premier
ministre indien envisage de conclure des contrats sur des réacteurs à eau
légère (Uranium) en provenance de Russie.
Aussi, l’initiative de NRG, avec SALIENT aux Pays-Bas,
renforce la concurrence au niveau international. Ce pays pourrait être le
premier à proposer un réacteur commercial alimenté au Thorium. Et cette
expérience permet à l’Europe d’être en tête dans la quête de l’énergie
commerciale à base de Thorium après des décennies de retard.
Un succès à Petten pourrait inciter des pays comme
l’Inde à accélérer le développement de leur technologie. Cela peut aussi
booster de nombreuses startups qui ont des idées intéressantes en la matière,
mais qui ont dû mal à obtenir des financements.
Ceci dit, je ne vous ai pas dit pourquoi je reste « aux
aguets »…
Je n’ai pas encore fait le choix, pour les futurs « romans
d’été » de la technologie que va employer « Charlotte »
pour son « Nivelle 003 » (un vaisseau spatial « autonome »
et réutilisable à volonté).
Au fil des épisodes, je vous ai décrit la « Z-Machine »,
le « moteur-Minato », un peu « l’E-cat » et sa promesse de
fusion froide, alors qu’un major de l’aéronautique avance en silence sur la micro-fusion-chaude,
pendant que notre « Iter » (un Tokamak géant en construction sis à
Cadarache) patine.
Et comme je suis né-kon (affublé d’un seul neurone par-dessus
le marché, celui du nerf honteux, rien dan la « bosse des maths »), y’a
un truc auquel je n’avais pas pensé : Produire de l’énergie, ça revient à
chauffer « un bidule ».
Or, on ne récupère jamais la totalité de l’énergie « qui
chauffe »…
Dès lors, il faut refroidir la machine qui chauffe.
Au bord de l’eau, dans un sous-marin, sur un
porte-avions, pas de problème.
Mais dans le vide de l’espace, on fait comment sans
fluide caloporteur de dissipation en quantité suffisante ?
J’en suis là avec quantité d’erreurs dans mes calculs
approximatifs.
Et comme dit l’autre : « Y’a quelque chose qui cloche. J’y retourne
immédiatement »
Bonne fin de week-end à toutes et à tous !
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