Trou noir et « Z-Machine »
Notre « Ami-Râle » préféré a posté sur son
blog la reprise d’un « papier » rapportant les dires et analyses de « JPP »,
– chercheur au CNRS et ex-(f)Ummiste notoire de la belle époque – à propos de
la « Z-Machine » de Sandia.
Ça date un peu et je m’étais inspiré de quelques
spéculations logiques autour de ce thème pour nourrir mes propres « délires-romanesques »
(cf. http://www.alerte-ethique.com/2017/09/jean-pierre-petit-les-z-machines-permettent-denvisager-une-fusion-nucl%C3%A9aire-pratiquement-sans-d%C3%A9chets.html),
puisque « Charlotte » est censé avoir hérité jusque dans « sa
cave » celle mise au point par feu « Sir McShiant ».
Il y a quelques années, une machine états-unienne
permettant d’explorer la physique des plasmas à l’aide de la technique dite « à
striction axiale » (appelée aussi « Z-pinch ») a beaucoup fait parler
d’elle. En 2006, la « Z-machine », du laboratoire Sandia, avait en effet
produit de façon imprévue des températures de 2 milliards de degrés alors qu’elle
avait seulement été conçue pour générer des températures de plusieurs millions
de degrés, proches de celles des éruptions solaires et visait seulement à générer
de puissants rayons X, juste pour étudier la résistance des satellites aux
rayonnements cosmiques.
Certains y ont vu une nouvelle voie très prometteuse
pour atteindre le graal de la fusion contrôlée.
Il faut dire que, tout comme dans le cas de la fusion
inertielle par laser, il était alors possible d’imaginer comprimer une capsule
de combustible, ici un cylindre, à l’aide d’impulsions magnétiques (Magnetized
Liner Inertial Fusion ou MagLIF) fournies par des éclateurs de Marx.
On ne sait pas trop où en sont les recherches à cet
égard. Mais, quoi qu’il en soit, la « Z-machine » reste un puissant
générateur de rayons X qui permet de reproduire les plasmas rencontrés d’ordinaire
dans les disques d’accrétion, où de la matière surchauffée émet ce type de
rayonnement avant de tomber dans un trou noir.
Et par conséquent, grâce à la « Z-machine »,
la nouveauté produite à l’occasion d’expériences viennent de réfuter une
explication vieille de vingt ans concernant les émissions X des disques d’accrétion
des trous noirs.
Il faut revoir la copie.
En effet, pour la première fois, il a été possible,
grâce à la « Z-machine », de reproduire en laboratoire, sur Terre,
les conditions physiques régnant dans le plasma des disques d’accrétion des
trous noirs avalant de la matière arrachée à une étoile compagne.
Et les résultats ne concordent pas avec les modèles
imaginés et utilisés depuis une vingtaine d’années pour étudier la physique des
trous noirs (via leur émission dans le domaine des rayons X et en faisant usage
de l’effet Auger).
Rappelons que les trous noirs comptent parmi les
objets les plus opaques de l’univers puisqu’aucune lumière n’en sort (d’où le
nom du concept d’abord mathématique).
Heureusement, ils sont aussi parmi les plus
attractifs, et c’est grâce à leur pouvoir d’attraction démesuré que nous
pouvons les détecter.
Les trous noirs géants sont les ogres les plus
monstrueux du zoo cosmique, mais ils ne sont pas forcément des armes de
destruction massive.
Les jets de matière qu’ils produisent auraient ainsi
contribué à allumer les premières étoiles et à former les premières galaxies.
C’est d’ailleurs par ces émissions de rayons X que l’on
a pu établir l’existence des premiers trous noirs stellaires puis les étudier
avec des missions spatiales comme les satellites Chandra et Nustar.
Or, justement, en cherchant à tester nos modèles
concernant la physique des émissions X des disques d’accrétion des astres
compacts, le physicien Guillaume Loisel est tombé sur un os, comme il l’explique
avec ses collègues dans un article paru dans Physical Review Letters.
Tout a donc commencé il y a environ une vingtaine
d'années, quand les théoriciens ont avancé une explication pour rendre compte
de l’absence de certaines raies spectrales associées aux atomes de fer ionisés
présents dans les disques d’accrétion autour des trous noirs.
Les raies spectrales de ces atomes sont étudiées car
elles renferment des informations aussi bien sur la structure de ces disques
que sur leur composition, toutes deux dépendant des effets de la relativité
générale et de la théorie des trous noirs.
L’absence de certaines raies était interprétée comme
une manifestation d’un effet Auger de destruction résonnante (Resonant Auger
Destruction ou « RAD » en anglais).
On rappelle d’abord que la fusion de la matière par
accrétion a une limite : La création du fer.
Au-delà du tableau de Mendeleïev, la fusion d’atomes
plus lourd ne dégage plus d’énergie (comme dans toutes les étoiles) mais en
absorbe.
Ce qui n’empêche pas que ces matériaux existent dans l’univers
jusqu’au-delà des transuraniens…
Mais c’est une autre histoire de la cosmologie.
Rappelons ensuite qu’à la base, l’effet Auger repose
tout d’abord par l’ionisation d’un électron dans une couche profonde d’un
atome, laquelle laisse une place vacante que va vouloir occuper un électron
présent sur une couche supérieure.
Ce faisant, cet électron va soit émettre un photon X,
ce qui donne un effet de fluorescence, soit céder directement son énergie à un
autre électron qui va, lui aussi, être éjecté de l’atome, et c’est ce qui est
spécifique à l’effet Auger.
Selon les astrophysiciens de l’époque, l’émission par
fluorescence aurait conduit une partie des photons X à ioniser un autre atome
de fer qui, lui, aurait manifesté un effet Auger.
Au final, un effet de fluorescence X moins intense
devait donc être observé.
Mais voilà, si un effet « RAD » se produit
bien dans un plasma comparable à celui entourant les trous noirs avec des
atomes de fer, il devrait se produire aussi avec les atomes de silicium.
Or, ce n’est pas ce qui a été observé avec ces atomes
dans les expériences réalisées grâce à la « Z-machine ».
Selon le physicien cité ci-avant, la conclusion est
sans appel : « Nos travaux suggèrent qu’il
va être nécessaire de revoir de nombreux articles publiés depuis une vingtaine
d'années.
Nos
résultats représentent un défi pour les modèles utilisés afin de déduire la
vitesse à laquelle les trous noirs absorbent la matière provenant d’une étoile
compagne ».
Voilà, petite précision sur les avancées issues des
expériences en cours autour de la « Z-machine », histoire de
compléter le post de notre « Ami-râle » qui datait un peu.
Parce que pour l’heure, rien de fabuleux vers une
énergie nucléaire propre nouvelle. De toute façon, 2 milliards de degrés, la
sidérurgie ne sait pas faire.
Même notre Soleil a du mal (15 millions de degrés
seulement en son cœur…) !
Et puis la quantité de rayons X produits – et à
maîtriser – pose également des problèmes invraisemblables aux futurs
industriels appelés à exploiter ces processus.
Mais à l’inventivité humaine, rien d’impossible :
Il faut rester optimiste…
Bien à toutes et tous !
I3
Je me suis toujours demandé comment ont pu être créés tous les atomes qui constituent l’Univers dans la table de Mendeleïev.
RépondreSupprimerSi j’admets que les éléments les plus légers fusionnent au cœur des étoiles et que lors de l’explosion de novas et super-novas il y a une création des éléments les plus lourds, je me pose quand même la question « et s’il y avait autre chose ?.. »
Je trouve les théories actuelles assez timides et insuffisantes pour expliquer la rapidité toute relative de fabrication de ces éléments dans l’Univers.
Avec les deux milliards de degrés de la Z-Machine ont change d’échelle tant au niveau des températures que des quantités qui peuvent fusionner dans les quasars, ces centres galactiques extrêmement brillants alimentés par des trous noirs super-massifs.
Les éjections de matière se font à vitesse presque relativiste et s’étendent jusqu’à 1000 al de la Galaxie.
On connait un quasar qui dégage en continu l’énergie de deux mille milliards de soleils alors que l’explosion de novas et de super-novas est relativement rare à l’échelle humaine.
Alors, les éléments les plus lourds de la table de Mendeleïev ont-ils été créés uniquement par l’explosion de novas, ou bien les jets ionisés de matière par des trous noirs y ont-ils participé et dans quelle proportion ?...
Bien à vous !...
Haddock
C'est sûr que les étoiles ne "savent" créer par fusion que les éléments du tableau de Mendeleïev de l'hydrogène au fer, pas plus loin.
SupprimerLes physiciens subodorent donc des phénomènes encore plus puissants pour aller jusqu'aux uraniques, qui vous le savez sont des atomes "fragiles" : La preuve, ils sont pour la plupart "radioactifs".
Mais on a aussi des phénomènes de "transmutations" avec des éléments plus légers comme le technétium.
Et quoi de plus violent qu'un trou noir ?
Encore qu'il s'agit également d'une "cendre" d'un phénomène d'accrétion antérieur, par effondrement gravifique...
Mais ça veut dire que la "matière-première", les quark, les bosons et les leptons ont été tous générés, absolument tous, entre le "big-bang" et la naissance de la lumière, donc après "l'inflation".
Et là, on n'a pas trop de de signaux à exploiter, d'une part parce que nous n'avons pas de "vision" de la frontière de l'univers (trop loin) et parce que l'univers était encore opaque.
Je suis comme vous : Un jour je saurai peut-être, mais probablement dans une autre vie.
Et comme je ne compte pas revenir, je mourrai vraisemblablement idiot.
Pas grave, je suis né comme ça et n'ai qu'un seule neurone en fonction : Celui du "nerf-honteux" (pas vraiment utile pour ces recherches-là).
Bien à vous !
I-Cube