Londres
En réalité, je suis arrivé en Angleterre en fin de semaine avant-dernière,
envoyé en mission par « mon boss-à-moi » pour monter une
« antenne-sous-marine » à lui au cœur de la capitale de l’empire
britannique.
J’estime ne pas être le mieux placé dans « la boutique » pour le
faire – mon anglais des affaires est bien trop exécrable, voire totalement nul ;
ils conduisent « à l’envers » et même si les trottoirs sont bien
balisés, j’ai du mal à m’y faire ; les steaks de vache grillés ne sont pas
leur tasse de thé ; mais ils ont amélioré leur façon de faire des expresso
– et puis je me plaisais bien en « vénitie » et son doux-climat.
Ceci dit, je n’avais plus rien à y faire non plus : Je ne suis pas né
« banquier » ou « gestionnaire de fortune ». Je reste seulement
« juriste-fiscaliste » et « analyste » de situations
fiscales, financières et économiques compliquées.
Rien de plus actuellement, même si je ne dédaigne pas
« redresser » et réorganiser une activité entrepreneuriale, loin de
là.
Mais tous les autres « boys-du-boss » sont connus à la
« City & environ », parce qu’ils y ont des « correspondants »
de longue date et quotidiens et pas moi : À la limite, je peux passer de
façon très crédible pour le « puni de service » placé dans un placard
doré sur tranche, pas bien dangereux.
Or, « la mission » consiste avant tout à être
« discret » pour mieux observer et « renifler » les
« coups-à-faire ».
C’est en tout cas le « pari odieux » que fait mon
« boss-à-moi » et je présume comme lui qu’il n’a pas totalement tort.
Parce que les britanniques sont tout de même assez spéciaux : Certes,
ils conduisent « à l’envers », à contre-sens, du mauvais côté de la
chaussée ; certes ils parlent un anglais où tu n’identifies pas le quart
des mots qu’ils emploient, à croire qu’ils en inventent rien qu’exprès pour te
faire caguer ; mais ils ont fait des pieds et des mains pour rentrer dans
l’Europe et ces andouilles-là, ils ne savent même pas comment en sortir
correctement !
C’est probablement ça les effets d’avoir bouffé de la vache enragée…
Ça fait plus d’un an que contre toutes attentes, le peuple bêtement
consulté, a dit « dehors ». Ce qui est quand même dommage, parce que
quelques eurodéputés et quelques euro-fonctionnaires vont perdre leur raison
d’être, mais qu’en plus le gouvernement britannique ne pourra plus
« peser » sur les « décisions-communautaires ».
Notez, que ça va permettre d’avancer peut-être plus vite et de façon plus
cohérente dans la construction d’une Europe enfin unie, entre « continentaux ».
Toutefois, le « Brexit » pose quantité de questions restant à régler et
on n’avance pas bien vite jusqu’à présent.
Les jeunes, quand on vote pour une monnaie unique, il faut de façon
impérative « unifier » l’environnement légal et c’est comme ça depuis
une éternité.
Z’aviez qu’à pas voter pour Maastricht sur le continent, car tout le reste
en découle et je me suis bien plié à la loi de la majorité à ce moment-là,
alors maintenant, il s’agit d’aller au bout…
D’après ce que j’ai compris de la situation, la classe politique
britannique ne sait même plus sur quel pied danser : Quelle sortie, avec
quelles options ?
Entre « hard » et « soft » Brexit, les nuances sont
nombreuses, d’autant qu’il y a consensus à Bruxelles pour qu’il y ait le
minimum de concessions consenties.
Logique : Il s’agit de bien montrer que rien n’est gratuit, que tout
a un coût et qu’on ne se dégage pas comme ça d’un écheveau de règles à valeur
de traité comme on change de chemise. Les britanniques n’étaient qu’à
« demi-entrés », pour en sortir totalement, ça va devoir leur être
« compliqué » histoire de faire peur aux candidats entrants quant au
niveau d’exigence réclamé, et de bien expliquer, jusqu’à Athènes qu’une sortie,
ce n’est pas la solution la plus économique.
Pas de chance pour les britanniques, c’est eux qui se sont portés
volontaires pour recevoir en avant-première la piqûre à donner à tous les
autres « au cas où » !
Je résume : Partisans et opposants à l’UE s’affrontent depuis plus
d’un an pour imposer dans les médias leur interprétation des conséquences
politiques et économiques du Brexit.
Au Royaume-Uni, les partisans de Bruxelles avertissent que l’incapacité du
gouvernement de « Théière-Mai » à sécuriser des liens étroits avec
l’UE aboutirait à une catastrophe. Ces derniers espèrent secrètement susciter
suffisamment de craintes et de regrets chez les électeurs pour déclencher un
nouveau référendum. D’ailleurs, les débats de la loi d’habilitation ont commencé jeudi dernier au Parlement et elle devrait être rejetée en l’état ce soir pour forcer le gouvernement à revoir sa copie dans la journée. Pendant ce temps-là, les manifestations se succèdent dans les rue de Londres, encore samedi dernier, la troisième, en faveur du « Remain ».
Les sécessionnistes cherchent de leur côté à dissimuler l’asymétrie qui
caractérise les négociations en cours ainsi que l’absence de stratégie
cohérente du côté britannique tout en promettant que la sortie de l’Union
européenne ne peut déboucher que sur des résultats positifs quoi qu’il arrive.
Le combat est sensiblement différent sur le continent : Les partisans
de l’intégration politique du continent européen se plaisent à déceler partout
des signes de ralentissement de l’économie britannique. Qu’importe d’ailleurs
si celle-ci est en meilleure santé que la plupart des économies continentales.
Leur but, comme on vient de le dire, est de faire du Royaume-Uni un
exemple, et de convaincre les électeurs européens que les Britanniques sont en
train de payer un lourd tribut afin d’éviter tout risque de « contagion ».
Les mouvements eurosceptiques encouragent quant à eux leur pays à s’inspirer
du Royaume-Uni et ont donc tout intérêt à embellir la situation alors que rien
n’est encore joué.
Des postures contradictoires ont le défaut commun d’accorder à l’Union
européenne une influence trop importante sur la santé d’un pays : Les
eurosceptiques imputent à Bruxelles la quasi-totalité des problèmes nationaux
tandis que leurs adversaires clament au contraire que l’appartenance à l’Union
européenne est une condition indispensable à la prospérité d’un pays.
Des konneries en barre, car la question de la bonne ou de la mauvaise
santé économique d’un pays ne dépend pas de son appartenance à l’Union
européenne.
L’État-nation reste – qu’on le veuille ou non – l’acteur principal de
l’économie. C’est lui qui détient principalement le pouvoir de réglementer et
de taxer. C’est donc lui qui détermine si une économie croît ou décline selon
la qualité de ses politiques publiques.
C’est pourquoi il existe, dans la Zone euro, des économies en bonne santé
(Allemagne, Luxembourg) et en mauvaise santé (Grèce) tout comme il existe à l’extérieur de
l’Union européenne des économies performantes (Suisse) ou déclinantes (Russie).
Simple constat.
La sortie du Royaume-Uni ne signifie donc pas grand-chose pour la santé de
l’économie britannique. Tout dépend en réalité de la future stratégie du
gouvernement et de la façon dont elle sera financée à travers la politique
monétaire de sa banque centrale.
La question est de savoir si les britanniques vont profiter de la sortie
de l’UE pour embrasser une politique économique plus libérale et ouverte aux
échanges internationaux, ou au contraire, multiplier les concessions à la
frange xénophobe de l’électorat anti-européen, en émettant davantage de
restrictions commerciales contre les travailleurs et les opérateurs étrangers.
Le premier scénario serait économiquement favorable tandis que le second
précipiterait le Royaume-Uni vers le déclin.
Le Royaume-Uni se dirige-t-il vraiment vers le protectionnisme ? Rien
n’est encore certain. Beaucoup de commentateurs assimilent la sortie de l’Union
européenne à la volonté de se couper des échanges internationaux. Cette
interprétation est probablement erronée.
Au Royaume-Uni, les bénéfices du libre-échange et de la mondialisation
sont généralement admis. Les principales formations politiques que sont le
parti travailliste et le parti conservateur ont déjà fait savoir qu’ils ne
souhaitaient pas réintroduire de nouvelles barrières commerciales.
Il en va presque de même pour le parti UKIP si l’on fait abstraction des
politiques migratoires.
« Théière-Mai » semble en effet vouloir conditionner une
politique libre-échangiste à la conclusion d’accords commerciaux au lieu de
mettre en œuvre une stratégie d’ouverture unilatérale. Compte tenu de la
volonté d’un certain nombre d’États de rendre le divorce coûteux sur le plan
politique et commercial, de la lenteur habituelle des négociations commerciales,
ce n’est probablement pas certain.
En attendant, ce qui me frappe sur place, c’est la volonté du maire-local,
Sadiq Khan qui ne ménage pas sa peine pour convaincre de l’attrait des bords de
la Tamise : Ces gars-là vont se battre pour ne pas disparaître et en fait,
il s’agit une fois de plus de financer de façon millimétrique l’accompagnement
monétaire de ce rebond « à venir ».
Ce maire-là veut par exemple porter le nombre de visiteurs dans sa
capitale de 31,2 millions en 2016 à plus de 40 millions en 2025, soit une
hausse de 30 %. Il a aussi pour ambition de faire grimper la dépense de ces
visiteurs de 14,9 milliards de livres en 2016 à 22 milliards en 2025. Pour
cela, il compte sur le soutient de l’agence de promotion de la ville, London
& Partners, et d’une centaine d’entreprises (aéroports, hôtels, association
des attractions majeures…).
« Sœur-Âne » la parigote-sur-Seine peut se tenir à carreau avec
ses empêchements à la circulation routière et autres difficultés « Mak-Roniennes »,
même si elle tient un atout avec les JO de 2024.
Mais saura-t-elle en tirer le meilleur parti ? De toute façon, elle
ne sera plus là pour les inaugurer…
« Pour l’instant, l'état des réservations
est bon car la baisse de la livre sterling a engendré un taux de change favorable
pour les touristes depuis l’annonce du Brexit ».
C’est exact, mais il a tendance à remonter et atteint probablement et provisoirement son étiage : L’inconnue,
je le répète, c’est de savoir quel cap politique va être privilégié et quel
soutien va-t-il recevoir de la Banque d’Angleterre.
Rappelons qu’elle a été la première à inventer les QE pour créer de la
monnaie ex-nihilo en pagaille en 2008.
Et elle reste désormais capable de maîtriser ses taux d’inflation.
Mais que se passera-t-il si les cours glissent sans butoir ?
C’est le pari de mon boss-à-moi… Certes, ça va attirer le touriste, ça va
faciliter les exportations mais aussi « durcir » les importations :
À un moment ou à un autre, ils en viendront à vendre des pans entiers de leur
patrimoine dévalué pour faire les échéances.
Il parie aussi sur la peur des « possédants » acteurs sur les
marchés des changes, frileux de garder des disponibilités au frais. Mais là, à
mon sens, il se met le doigt dans l’œil, parce que la City, que je découvre, a
quelques décennies d’avance en la matière, même si l’exode des « compétences »
a déjà largement commencé et n’est pas prêt de se tarir.
Pour l’heure, je prospecte plutôt les actifs les moins liquides, à savoir
des terrains agricoles – qui pourraient devenir une mine d’or si la limite nord
de la culture de la vigne est repoussée à ce qu’elle était du temps des romains…
L’autre « attractivité », c’est justement le « bed &
breakfast ». Le tourisme représente 11,6 % du PIB de Londres, contre 9 %
pour l’ensemble du Royaume-Uni, et le secteur fait travailler 700.000 personnes
dans la capitale, soit 1 emploi sur 7.
Les marchés les plus prometteurs devraient être ceux des touristes chinois
– attendu en progression de 103 % d’ici à 2025 –, indiens (90 %), états-uniens
et émiratis (43 % de croissance chacun).
En Europe, la « Gauloisie-anglophile » reste le premier
pourvoyeur de touristes (près de 2 millions par an) et Sadiq Khan en espère 2,8
millions à cette même échéance.
Et afin d’absorber dans de bonnes conditions ces nouveaux flux attendus,
Sadiq Khan veut « étaler les arrivées
», en multipliant les événements hors saison, comme cet automne le Design London
Festival, le Jazz Festival, ou encore l’exposition Harry Potter à la British
Library, et « entraîner les visiteurs en
dehors des sentiers battus à la découverte de perles méconnues ».
À l’instar de la Wellcome Collection, musée privé et cabinet de curiosités
autour de l’homme et de la médecine, pourtant située à deux pas de la gare de
Saint-Pancras, la porte d’arrivée du TGV continental, fréquentée par des
millions de voyageurs.
L’hébergement hôtelier doit aussi être renforcé : Aux 146.000 chambres
actuellement disponibles, 23.000 supplémentaires devraient s’ajouter d’ici à
2025 (+ 15 %, rien de moins). Côté transports, le métro va bénéficier d’une
nouvelle liaison en construction, l’« Elisabeth Line ». Et parmi les chantiers
de nature à séduire les touristes dans l’avenir, on peut déjà citer le nouveau
quartier sur le Queen Elizabeth Olympic Park, le développement d’un parc à
thème par Paramount à Ebbsfleet, et la transformation du Musée de Londres.
Des efforts financiers pour avancer malgré l’inconnue de l’impact du
Brexit sur le tourisme d’affaires : « Il
n’y a pas de diminution observée à ce jour. Il faudra voir en fonction des
mesures précises qui seront adoptées » en disent les analystes.
Il faut dire que j’arrive. Mais je ne remplis pas à moi tout seul les « flux
du tourisme des affaires », il ne faut pas exagérer non plus l’importance
de mon nombril-personnel.
Pour l’heure, je m’informe, collecte et rapporte les rumeurs de marché, j’essaye
d’écouter, de comprendre et de lire et je découvre sur Coventry Street, à deux
pas de Piccadilly Circus, l’étonnant « M&M’s World » : Imaginez-vous,
sur trois niveaux des colonnes transparentes aussi volumineuses que celles de Beaubourg,
remplis de bombecs multicolores de ces pustules dragéifiées de chocolat
merdique !
Du « poison-violent-pour-diabétique-type-2 » par centaines de tonnes…
Soufflé que j’en fus tellement c’est attractif.
Le Royaume Uni a surtout perdu avec le brexit un bon premier ministre, en la personne de Cameron, et un bon chancelier de l'Echiquier, en la personne d'Osborne. Ils ont redressé le pays, et ont obtenu une majorité en assumant leur politique et en promettant de continuer dans la même direction, une politique pas du tout populiste ni démagogique. Maintenant c'est Theresa May, le retour des calculs politiciens, et elle a perdu la majorité. Cameron avait quelque chose en plus. Presque Thatcher.
RépondreSupprimerSinon le Royaume Uni reste un bon pays pour le business. C'est ainsi un leader de l'économie numérique, digitale ou internet, selon les appellations. C'est le pays d'Europe dont la part de ce secteur dans le PIB est la plus importante. J'ai un projet, dans ce domaine, que je n'aurai sans doute jamais l'occasion de réaliser, faute de capitaux. Si je le réalisais, je le ferais certainement en Grande Bretagne. Du fait du développement du secteur, et de la proximité avec les USA par la langue. Mais pas forcément à Londres. A Manchester par exemple, une grande ville, avec une bonne université, et un coût de la vie moins élevé. Ou en tout cas je mettrais à Manchester tout ce que je pourrais, même si le siège devait être à Londres. Je crois toujours qu'on peut compter sur les anglais pour être pragmatique, même si Theresa May interrompt les progrès impulsés par Cameron.
Oui, manifestement un "bon pays" pour y développer son business personnel.
RépondreSupprimerQuestion d'attitude : Ils n'attendent pas tout de leur gouvernement, eux.
Mais ça pourrait ne pas durer...
Je le dis, tout va dépendre de la façon dont la BoE va accompagner les prévisions de croissance : Trop d'argent en circulation et c'est l'inflation qui guette et ruinera les couches populaires = Echec politique.
Pas assez et c'est le business qui va ralentir et même peut-être provoquer une "stagflation" = Echec politique.
Comme on ne sait pas encore comment ils comptent sortir vraiment de l'UE, mais qu'ils ont quand même gardé la Livre, on ne sait donc pas comment ça va se terminer.
Perso, "Théière-Mais" me fait plutôt bonne impression : Une vraie pragmatique qui a du mal à se faire comprendre sur le plan politique et composer assez adroitement avec son opinion publique. Il faut dire qu'elle est dans une position "impossible" avec le raté de son élection anticipée.
Mais elle tient bon tout de même.
Perso, j'irai du côté de Dublin. C'est plus loin, il faut prendre l'avion (alors qu'avec Londres t'es à moins de deux heures porte-à-porte par le train), mais c'est là que déménagent la plupart des "majors" (hors les brokers qui iront à Francfort et les assureurs des Lloyd's à Paris d'après les bruits qui circulent).
Les autres, les gestionnaires de fonds et d'actifs, ils n'ont pas besoin de se bouger : Tout est déjà aux îles-Vierges (partiellement ravagées par Irma) aux Grenadine et encore ailleurs : "Business is business"...
A Dublin, tu vas retrouver la high-tech et un "petit-paradis" fiscal qui compte en Euros.
Le temps que ça dure, au moins une dizaine d'années. Sans ça, il y a le Luxembourg si c'est seulement le côté fiscal qui t'attire. Ou le Lichtenstein.
Pense aussi à la couverture sociale (Monaco n'est pas mal...)
La semaine prochaine, je vais d'ailleurs devoir aller faire un tour à Dublin aller y "renifler" le climat et chercher des "terres-à-vignoble" potentielles (le "faux-nez").
Mon secrétariat Monégasque est assez sublime pour me fignoler mes déplacements au quart de poil : Autant en profiter, non ?
Bien à toi !
I-Cube