Quarante-cinquième
chapitre : Détour par le Vatican
Avertissement : Vous l’aviez compris,
ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle »,
sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
Paul repart à Aubenas, non sans avoir pris des
nouvelles des « californiens », avec en poche un exemplaire du protocole
d’accord déjà signé, même s’il manque encore son paraphe pour être complet et
entièrement valable.
Quoique…
C’est qu’à lui, on lui laisse le choix entre
réintégrer les effectifs d’EADS, avec un titre ronflant de « directeur
général aux acquisitions » et pour première mission de faire le lien utile
avec la nouvelle gouvernance de la « Boutique-Nivelle », mais pour
une présence à plein-temps, ce qui ne lui plait pas trop.
Ou une série de chèques, le premier couvrant une
« indemnité de cessation d’activité » au sein de la MAPEA, tout comme
« sa » boss, un autre couvrant une clause de non-concurrence limitée
à un an mais sur tout le territoire de l’espace économique européen, ce qui ne
lui paraît pas très légal, alors qu’Isabelle n’en bénéficie pas, le
remboursement de ses comptes-courants et le prix convenu d’avec Miss Nivelle
pour ses actions.
Elle, elle reçoit en plus du même prix par action,
calculé avec un « good-will » généreux, le prix du foncier, un peu
sous-évalué mais faisant ressortir une plus-value exonérée, portant sur les
bâtiments industriels et « miss » bénéficie d’une offre optionnelle
pour la maison de famille qui recevrait les cadres détachés (ou les œuvres
sociales, on ne sait pas encore).
Par ailleurs, le maintien des salaires et avantages
sociaux de tout le personnel sont garantis, sauf à ce que ceux de la
maison-mère soient meilleurs, le paiement des actions salariales du PEE-Maison
qui recevait, partiellement, les versements de la participation et de
l’intéressement, plus un abondement ou, au choix leur transfert vers le PEE de
la nouvelle maison-mère, et la garantie des maintiens des effectifs sur le
site, sauf à bénéficier et encourager la mobilité sur les sites européens du
groupe absorbant.
Pas mal… La négociation a dû être ardue, ou alors ils
voulaient vraiment mettre la main sur « la maison-presque-centenaire »
avant tout le monde.
Il est prévu une période de transition qui se
clôturera au plus tard en fin d’année, au cours de laquelle des équipes
d’auditeurs passeront tout « à la moulinette », audit comptable,
financier, juridique et technique, mais dont les résultats ne seront en aucun
cas résolutoires de l’accord
Paul fait le choix d’encaisser ses chèques : celui
sur le compte courant sera exonéré d’IR (mais sans « oubli », désormais
impossible, pour l’assiette de l’ISF), celui sur la rupture du contrat et la
clause de non concurrence subira partiellement l’IR, les charges sociales, la
CSG et la CRDS, quant au prix des actions, il sera taxé un maximum, même s’il
en restera assez pour presque doubler ses gains de l’année après l’opération
sur les actions BKR-A, ceux-ci étant d’emblée « net-net » s’ils ne
franchissent pas une frontière hexagonale !
Encore une année fiscale qui va faire mal, finalement…
Il envisage de ne plus remettre les pieds à Aubenas,
même si ça lui fend le cœur, mais on le supplie presque d’initier la procédure
d’information auprès des personnels (loi Florange oblige) et l’accueil de la
nouvelle équipe, dans laquelle n’apparaît pas Schmouller ni aucun nom connu,
hors les quelques dirigeants connus du grand-public, cumulant les mandats d’administrateur.
C’est donc lui qui se doit de s’y coller.
En revanche, exit la famille Nivelle : Isabelle
est priée de recevoir ses cartons chez elle à Paris et Sophie d’organiser son
rapatriement dans son loft parigot dans les meilleurs délais, qu’elle ne se
fait pas prier de laisser la maison familiale sur place, vide de tout occupant.
Elle oubliera même, dans sa précipitation, de fermer
le gaz, que Paul se fera un devoir d’y passer réparer la bévue…
Que de souvenirs…
Ceci dit, à l’usine, il faut donc respecter les
procédures et annoncer le projet de cession en comité d’entreprise. Là, Paul
s’amuse comme un petit-fou quand on le traite de « faux-jeton » qu’il
en réagit vivement.
C’est vrai qu’il peut en paraître un, alors qu’il
n’était pas mis au parfum de ce qui se tramait dans son dos, dans le dos de
tout le monde.
Du coup, ils en ont eu pour leurs grades : « Minute, minute ! C’est vous qui avez
provoqué la décision de la patronne. Elle n’était pas au courant alors que vous
qui colportiez déjà les rumeurs des fournisseurs et des clients.
Du coup,
se sentant flouée par vous tous, elle ne veut plus poursuivre : ça s’est
décidé en un claquement de doigt !
Un déclic
de défiance : elle ne veut pas se maintenir contre vents-et-marées,
surtout quand c’est vous qui faites la météo !
Tant pis !… »
Les derniers mensonges.
Et eux ? Que vont-ils devenir ?
« Aucune
idée ! Des offres de reprises, il y en a eu des tombereaux depuis des années.
On n’a jamais donné suite, là c’est différent : on entre seulement dans
les fameuses négociations pour le maintien de l’activité, des effectifs et des
salaires.
Normalement,
ce genre d’affaire commence par un audit complet, mais peut-être que ce ne sera
pas la peine… Je n’en sais rien, mais ça va ben se passer ! »
Tollé.
Paul roule sur du velours, puisqu’il sait déjà qu’ils
n’ont rien à craindre, mais laisse le bonheur aux successeurs d’annoncer les
bonnes nouvelles…
« Eh oh,
c’est de votre fait, là, alors on se calme ! Il fallait réfléchir avant de
se tirer une balle dans la tempe !
Souvenez-vous,
pour les plus anciens, je me suis battu comme un chien avec vous en toute
transparence, à vos côtés quand les petits-secrets de l’usine fuitaient jusqu’à
l’étranger : exactement les mêmes rumeurs, sauf que là elles étaient
fondées.
Aujourd’hui,
aussi remarquez, mais c’est vous qui leur avait données corps : pour miss
Nivelle, c’est le coup de trop !
Vous
l’avez toujours jugée incompétente, alors elle se casse ! »
Oui, mais lui était et reste compétent…
« Seulement
voilà, moi je tourne le dos dix jours et vous en faites n’importe quoi. Je vous
avais demandé d’accueillir Sophie comme vous l’avez fait pour moi, et résultat,
vous en avez profité pour la mettre sur le grill.
Moi
aussi, je me sens sali par votre trahison, alors je me casse pareil ! »
Mais tous les projets industriels ? Les enduits
spéciaux ? Le projet « 003 » ? Le moteur à plasma ?
« Nos
rêves, soit vous touchez des mecs qui en ont assez pour les partager avec vous,
soit je les mettrais en musique tout seul comme un grand, mais ailleurs. On
verra qui sera le meilleur à ce jeu-là ! »
Une vraie raclée, cul-nu, « fesses-à-l’air »,
comme à des bambins imberbes et pas encore boutonneux qui ont fait une lourde
crasse…
Il leur garde une dent d’avoir été le dernier au
courant de simples rumeurs, avérées, mais avérées seulement par la suite…
Pas très élégant, mais après tout ce qu’ils ont pu
vivre ensemble sur place, et Dieu sait qu’il y a de quoi en faire un roman
complet, plusieurs même, c’était assez mal venu de leur part de l’insulter
d’emblée, même si les circonstances pouvaient l’expliquer : il a du mal à
s’en remettre, sur le coup.
Suivi d’une porte ouverte, main tendue, pour ne pas
être trop chien avec les amitiés nouées dans le labeur et les difficultés !
Il rajoute donc, selon l’inspiration du moment :
« Globalement, sachez tout de même
que j’ai eu grand plaisir à travailler avec vous tous durant toutes ces années.
Votre contact m’a régulièrement enrichi, m’a rendu meilleur et il est possible
qu’à l’avenir, je fasse appel à quelques-unes de vos compétences.
Comme
pour la patronne, au besoin, sachez que je ne serai pas très loin, toujours
disponible en cas de nécessité. »
Comme toujours…
En fait, dans la soirée, Isabelle téléphone à Paul
pour lui faire savoir qu’elle a signé la promesse ferme et définitive et l’a transmise :
à lui d’en faire autant pour sa partie.
Les nouveaux patrons arriveront aux aurores, dès
le lendemain, avec leurs équipes pour prendre les choses en main et régulariser les
opérations.
À Paul de les piloter le premier jour et de leur
refiler sa copie revêtue de sa signature.
Paul leur souhaite bien du plaisir après le numéro
qu’il aura fait sur place.
Tous ces types et bonnes-femmes en colère d'être vendus comme des meubles alors qu’ils
intègrent un groupe nettement plus puissant avec tous les avantages en termes
de carrière et de rémunération que la famille n’a jamais pu offrir à son
personnel, c’est gonflé, mais c’est ce qu’il explique pour faire passer la
pilule aux suivants qui l’accompagnent ce matin-là !
Un des derniers dinosaures vient de s’éteindre, avalé
tout cru par la « high-tech » de la technostructure étatique des
« grands-commis » anonymes et interchangeables, quasi-déshumanisés…
Et ça se passera plutôt bien, dès les premières
heures.
Paul retrouve sa liberté et avec tout le cash que cela
représente, en plus des millions aux mains d’Anjo, il pourrait même bouffer du
caviar au champagne tous les jours, qu’il en resterait encore assez pour ses
gamins et les gamins de ses gamins.
Mais ce n’est pas ce qui l’anime : l’argent, « la
fortune », ce n’est jamais qu’un outil comme un autre pour réaliser des
projets, ses projets de vie, pas une fin en soi.
Et là, il faut d’abord retrouver Matilda.
En passant, il invite à dîner Charlotte et Aurélie
dans son « trou » parisien, quai Montebello à
« Paris-sur-Seine » (qu’il n’envisage pas de quitter).
« Mes
chéries, si je monte une boîte de sécurité, vous en seriez ? »
La tronche de ses ex-associées devant leur assiette de
salade composée…
« Tu as
touché le loto ? »
C’est un peu ça : « Je me suis fait jeter de la MAPEA, avec un gros chèque à la clé. »
« Ah, bé
alors, tu peux nous avancer 100.000 boules, cette fois-ci » rétorque dans la foulée Charlotte,
la vraie, celle dont le nez bouge de haut en bas et réciproquement quand elle
parle.
C’est quoi des « boules » ?
« – Des
euros.
– Ah.
J’ai eu peur de devoir casser aussi mon plan d’épargne-logement !
Mais
dis-moi, tu as eu les renseignements que je t’avais demandés ? »
Pas encore : c’est très embrouillé, d’autant que
Von Molenbeek, elles ont déjà traité un dossier à ce nom-là dans l’agence.
« Sous-traité serait le mot juste…
Un type
qu’on nous a demandé de « loger », alors qu’il y avait plusieurs
homonymes. Je ne sais pas ce qu’il est devenu et on a perdu la trace du donneur
d’ordre. Sans doute une fausse-barbe. »
Pas terrible, la pêche aux renseignements…
Quant aux identités nouvelles de personnes « bien
froides », c’est en cours de vérification. Juste une question de quelques
jours.
Il lui en faut combien au juste ?
« Au moins
une Suisse et une britannique. Ça pourra aller ? »
Bien sûr.
« – C’est
quand même con. Je comptais sur toi pour faire de la collecte de renseignements
pour ma future boîte de sécurité…
– Elle
s’appellera comment ?
–
Charlotte Intelligence & Security Agency. CISA (à prononcer en anglais).
–
Charlotte, c’est moi, je te rappelle et je ne t’ai pas donné mon autorisation » réagit vivement
Charlotte presqu’en colère. « C’est quoi, la « security » ?
– La
protection des biens et des personnes.
– De la
télésurveillance. Je sais faire et on va être concurrent. Tu ne peux pas
t’appeler « Charlotte ».
– Tu n’y
es pas. La télésurveillance, c’est de la gnognote insuffisante qui protège à
peine « les biens » ! Ça donne juste l’alerte. Aux flics ou aux
pompiers d’intervenir ensuite. Le marché d’entrée, quoi, la base. Ce que les
gens veulent désormais, c’est de la présence physique et de la protection de
leur personne et de leur entourage. C’est ça l’avenir. Des « g-men »
si possible armés.
– En
France, c’est impossible d’avoir des permis de port d’arme !
– Qui te
dit que je vais rester en France pour cette activité-là ? Tu plaisantes
j’espère : c’est vraiment bien trop étriqué comme marché. Il y a le
Moyen-Orient, les USA, l’Europe de l’est, les Balkans !
– Eh bien
je te souhaite bien du plaisir ! Comment vas-tu faire, toi qui reste
inconnu hors de nos frontières ?
– Moi
oui, mais « Charlotte », pas toi mais l’autre, est mondialement
connue…
– Quelle
autre ?
– Mais
moi, tiens donc. Mon pseudo pour les forces aériennes du monde entier.
–
Toi ?
– Oui.
Tout le monde me connaît sous le nom de la patrouille au cours de laquelle j’ai
sauvé la vie d’un pilote américain en Afghanistan. J’ai même été décoré par les
américains pour ça. Tu dînes sans le savoir avec une célébrité outre-Atlantique.
Et pire que ça, heureusement que tu ne sais pas tout…
Bon
alors, tu en es, ou je me démerde tout seul ? »
Elle en reste bouche bée…
Puis elle finit par déglutir.
« Je veux
bien faire la sous-traitante dans le renseignement, « l’intelligence »
comme tu dis, mais pour le reste, néant.
Pas tant
que je te vois pas à l’œuvre ! »
Ok.
« Comme tu
veux. Mais moi, je ne te confie pas de la recherche discrète de renseignements et
d’informations confidentielles tant que tu n’auras pas réussi à me trouver ceux
que je t’ai demandés. »
Pas de problème, le gros loup tout-poilu.
« Et pour
mon prêt… ? » revient-elle à la charge.
« Dis donc,
je ne vais tout de même pas prêter du fric à quelqu’un qui me menace d’un
procès en contrefaçon pour une enseigne commerciale : je serai le dernier
des cons.
Fais donc
ton boulot et tu seras payée. »
Chien galeux ! Foie jaune, faire ça à ses ex-associées adorées !
« Ma
Charlotte, essaye de rester polie, s’il te plaît : on n’a pas encore
couché ensemble que je sache ! Aurélie, je ne dis pas, mais toi, tout de
même, un peu de respect… Après avoir subi les derniers outrages seulement, tu pourras
justifier de tes grossièretés et faire comme tu voudras ! »
Il veut coucher, c’est ça ?
« Je ne
vais quand même pas faire la pute hétéro pour 100.000 boules ! »
Ni lui se sacrifier pour la déniaiser : il n’a
plus vingt ans non plus…
« Non
pas ! Juste ne pas être emmerdé avec la CISA, qui n’est encore qu’un
projet très récent faut-il remarquer. »
La miss, c’est qu’elle réfléchit vite en plus que d’avoir
oublié d’être née conne.
« Oh
ça ? Mais tu fais comme tu veux, mon vieux Paul ! »
Salope ! Pourquoi avoir fait croire le contraire jusque-là,
alors ?
« J’aime
bien te mettre en rogne. »
Garce. Un jour ou l’autre, il finira par la baffer…
« – Bon un
prêt. Éventuellement convertible à terme, mais seulement si tu me trouves les
renseignements demandés.
– Là, ce
sera imputé pour partie comme des honoraires. Parce que tu deviendrais
majoritaire ! »
Quoi ? Elle a déjà bouffé 100 K€ ? Mais quel
panier percé en pense Paul !
Incroyable les négociations avec
« Charlotte », la vraie, celle dont le nez bouge quand elle
parle !
Et Paul d’aller chercher son chéquier et une feuille
de papier pour la reconnaissance de dette.
Le surlendemain, dès lors qu’il n’a plus à aller en
Ardèche, Paul part pour Rome. Padre José Gabriel l’accueille à l’aéroport et le
véhicule jusque derrière le Vatican, non sans l’avertir qu’il rencontrera un
émissaire de sa Sainteté le Pape-émérite Benoît XVI, celui-là même qui lui aura
annoncé sa démission après l’avoir fait Chevalier de l’Ordre suprême de Notre
Seigneur Jésus Christ…
Toujours unique récipiendaire encore vivant pour
quelques temps.
L’homme en pourpre cardinalesque est affable et
maîtrise bien le français.
En tête-à-tête et derrière de lourdes portes capitonnées, Paul narre pour la énième fois les
détails de son excursion aérienne en Algérie (cf. épisode « Mains
invisibles, tome II », chapitres VII à XII, XXI et XXV à XXVII, publié aux
éditions I3).
Pour conclure par un : « Comme vous le constatez, votre éminence, il
n’y a pas de trace de civilisation extraterrestre dans cette affaire, même si cela
n’exclue rien, mais bien l’humanité qui s’occupe d’elle-même avec des
technologies que nous ne possédons pas encore aujourd’hui et nous sont totalement incompréhensibles !
Votre agent
du SIV, Matilda, ne pouvait qu’ignorer tous ces détails. »
Extraordinaire, et infiniment plus que ça, même.
« Ce n’est
pas tout ! »
Et le voilà qui raconte sa récente virée koweïtienne…
Là, l’éminence est nettement plus dubitative.
Pour rendre son récit crédible, il lance : « C’est en cours de vérification par le FBI
qui lutte de son côté contre la corruption dans son propre pays. Vos services
pourront vous tenir au courant des développements de leur enquête ! »
L’homme a tout de même du mal à avaler ces révélations
pour le moins iconoclastes.
« – Vous
êtes en train de me dire que l’avenir interfère avec notre présent, son propre
passé et que ça vous semble, disons… « naturel », courant, enfin,
non-exceptionnel ?
– À moi ?
Non, ce n’est pas naturel : on a du mal à s’y faire. Et eux n’interviennent
seulement que quand ils repèrent une anomalie du continuum temporel dans
l’Histoire des hommes, me semble-t-il. J’ai cru comprendre qu’ils en ont besoin
pour « exister », eux et leur technologie qui n’a pas pu émerger par
hasard.
À mon
sens, nous sommes guidés, et l’humanité le sera toujours plus étroitement, pour
cette finalité-là, qui permet la sauvegarde générale de l'espèce et de la planète pour les siècles et les siècles à
suivre, j'imagine.
– Je vois…
Mais pour quelle raison, et par deux fois, vous, vous êtes mêlé à ses
manipulations extravagantes de la « flèche du temps », que personne
n’a d’ailleurs jamais évoquées dans aucun colloque scientifique ?
– Je n’ai
pas de réponse, votre éminence. Simplement le hasard des recherches autour
d’énormes quantités d’argent qui achètent la corruption de bien des hommes
autour de la planète ».
Le prélat opine du chef.
« Et je
dois vous dire que ce qui m’a le plus bluffé, ça reste la prédiction du crash de
l’avion allemand. Là, à moins de disposer d’une boule de cristal, il n’y avait
pas moyen d’être aussi certain du déroulement de l’accident. Le reste, ma foi, quand on est dedans, on ne réfléchit pas trop : on est dans l'action.
Pareil
au Koweït, j’ai tenté d’avertir le général Ali… Sans succès, ou alors à la
marge compte-tenu du temps de réaction des autorités locales au moment de
l’invasion. Mais qui sait au juste ?
Et puis
dites-moi, votre éminence, le pape émérite m’avait demandé de prier. Et
qu’est-ce donc une prière-profonde, sinon qu’un exercice de méditation hors du
temps ?
– Priez-vous
depuis ?
– Pas
vraiment. Mais notez que si je suis ici, c’est parce que mon épouse a eu une…
« communication » hors des limites de l’espace, et donc probablement
atemporelle, avec l’agent Matilda quand elle était sous anesthésie générale…
Pourtant, elle n’est pas vraiment douée pour ce type d’exercice, en
général !
– Oui,
oui, je comprends. Enfin … j’essaye.
– Sans
ça, je serai resté ignorant de son sort…
–
Savez-vous au moins, que si sa sainteté Benoît a démissionné, outre sa fatigue,
c’est que ses prières restaient, comment dire… vides, alors qu’elles avaient
toujours été inspirées ?
– Je
l’ignorais. Et le Pape François, est-il, comme vous dites, « inspiré » ?
–
Naturellement ! Comme beaucoup d’entre nous qui ne sont pas devenus
« mystiques ».
Nous
n’exerçons pas nos ministères par hasard, figurez-vous : ils sont
tellement lourds. Comment
croyez-vous que l’encyclique « Laudato si » a été conçue ?
– Vous
êtes en train de me dire qu’elle a aussi été inspirée par « le
futur », votre éminence ?
– Peut-être,
mais plus vraisemblablement par l’Esprit-Saint, veux-je croire. Je suis un
homme d’église et ma foi me fait ressentir parfois sa présence, pas celle d’un « futur »
qui nous dicterait notre conduite.
Mais
avouez que le plus important dans ce que vous me racontez, c’est que le futur
existe, celui de l’Homme, la créature divine. Et ce malgré tous les prophètes
de malheurs et les tentatives suicidaires, destructrices et terroristes qui
secouent la planète. Dès lors, il faut bien le préparer.
Peut-être
que l’un dans l’autre, la communion des Saints, nos prières à l’Esprit-Saint et
à notre Seigneur Jésus-Christ, et vos expériences « atemporelles »
procèdent des mêmes forces spirituelles.
Je ne
sais pas : vous n’êtes manifestement pas un « illuminé », nous
le savons, mais vous avez été « distingué » à plusieurs reprises et
pour le plus grand bien de l’humanité toute entière, jusque-là. Il n’y a
peut-être pas de hasard » fait-il un brin mystérieux, voir « mystique »,
en faisant référence à l’attentat de Londres en 2012 (cf. épisode « Parcours
Olympiques », publié aux éditions I3).
En voilà un qui prépare ses entrevues avec la lecture de ses
dossiers…
Paul reprend :
« – Ainsi,
c’est ce que veut dire cette ode à la planète, le jardin de l’humanité ?
– Vous en
doutiez ? »
Paul ne sait pas répondre.
La convergence avec les propos qui viennent d'être tenus dans l'instant le sidère.
Suit alors, comme d'un long éclairage, un exposé des grands axes de la dite
encyclique : une véritable leçon d’universalisme et d’humanisme, qui coule
de source dans le dire du cardinal !
Très impressionnant.
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