Quarante-et-unième
chapitre : L’épisode koweïtien de Paul
Avertissement : Vous l’aviez compris,
ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle »,
sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
« Eh bien,
ce coup-là, ce n’est plus une bonne-femme mais un petit gars un peu rachitique, efflanqué,
pas trop mais assez pour que si j’éternuais dans la même pièce que lui, il s’étale
sur les plafonds en couche fine.
Je me
retrouve fin juillet 1990 ici à San Francisco. Je file à New-York où j’achète
mes bonds BKR-A avec le pognon retiré ici 25 ans plus tard et je prolonge
jusqu’à London, Manama et Koweït-city.
Là,
Monsieur Jenkings, d’une agence fédérale qui n’existe pas, tout incrédule que
vous êtes, vous serez prié de vérifier avant qu’on ne se recroise… Merci
bien ! »
L’autre encaisse.
« Je vous
résume : sur place, je fais connaissance avec l’équipe de l’AFP locale, et
juste avant je croise River dans les rues écrasées par la chaleur locale.
Celui-là
me fait rencontrer le général Ali, un petit-neveu de l’Émir, fils de
l’ambassadeur de son pays au Qatar et responsable de la sécurité intérieure de
son pays.
C’était
la veille ou l’avant-veille de l’offensive de Saddam Hussein.
Ceci dit,
je l’avertis de l’imminence de l’invasion et je les fais rire comme vous
tout-à-l’heure, jusqu’à en être presque « fâchés »…
Passons,
je peux comprendre et je reste tolérant.
Là-dessus,
je file au poste-frontière avec mes journalistes locaux, qui seront les
premiers à annoncer au monde l’offensive, soit-dit en passant : pas un
hasard, finalement !
Puis je
file au palais royal : je sais que c’est de là que le frère de l’Émir
tente d’évacuer le trésor royal vers l’Arabie saoudite, un renseignement lâché
par le général Ali, alors que je croyais que la « menue-monnaie »
était parquée dans les caves de leur banque centrale.
Il y a
des combats de rue dans le quartier, je me faufile entre les tirs. Pas encore
un seul char, contrairement à ce qu’on a pu laisser entendre : ils étaient
coincés au nord de la ville par une escouade de chars koweïtiens jetés en
embuscade dans la bataille.
Là, je
croise le général Ali et le sieur River.
Les
troupes chargent des camions réquisitionnés de lingots d’or, de sacs et de
cantines pleines à ras-bord de billets. Mon pick-up est lui-même réquisitionné
et on y met une vingtaine de malles de billets. À peine un mètre cube.
J’embarque
Ali et on suit le semi-remorque piloté par River avec à son bord le frère de l’Émir.
Pas
longtemps : ce dernier choit sur la chaussée, le crâne explosé par une
balle, vraisemblablement tirée par River, le chauffeur.
Je vous
signale qu’à ce moment-là, il y a des combats dans la ville, mais pas dans les
jardins du palais.
Bref, on
se casse et on file vers l’autoroute qui va vers Ryad.
Sauf que,
le semi a disparu : il est passé par le poste frontière de la route côtière,
vers le sud. Demi-tour, on se met à le courser tous les deux !
Et on
finit par le rattraper sur la route qui mène au pont du roi Fahd, vers Bahreïn.
Là, notre
bonhomme abat Ali qui meurt dans mes bras et me recommande de pousser jusqu’à
Doha où je me précipite jusqu’à mon ambassade à qui je confie mon pick-up et
son chargement.
Je vais
voir le père d’Ali à son ambassade sur place, et je rentre à San Francisco par
la même route.
Voilà,
tout con.
Et vous
avez plusieurs points à vérifier pour corréler et confirmer ce récit. »
Et lesquels de ce beau roman ?
« Premier
point, l’affaire des actions BKR-A et leur financement.
Deuxième
point, l’existence du général Ali et s’il existe toujours, ma relation avec son
père : il doit encore se souvenir du messager de la mauvaise-nouvelle.
Troisièmement,
l’épisode de la fusillade à Khobar, à la sortie sud de Dhahran où River a
abattu le général.
J’ai
bien riposté, mais un peu tard et mon calibre n’était pas suffisant pour faire
sauter un pneu de la remorque.
Quatrièmement,
le sort de mon chargement. Je vous donne une piste : le Koweït fera don,
très officiellement, vous pourrez vérifier, d’un milliard de dollars US à mon
pays fin février 1991. Les mêmes que je retrouve ensuite planqués depuis
Luzerne jusqu’à mon trust anglais, vous savez, cette affaire qui n’existe pas…
Maintenant,
je sais qu’un mètre cube de billets, ça fait un milliard.
Cinquièmement :
River était sur la route de Manama. Je ne sais pas s’il y est arrivé ou non,
mais un semi portant un container de 40 pieds, ça fait entre 23 et 27 mètres
cube. Je ne sais pas ce qu’il y avait dedans pour ne pas l’avoir vu, mais si le
frère de l’Émir était à bord, au moins au début de l’épopée, ce n’était pas
forcément pour un chargement de tomates…
Faites le
calcul : il devait y avoir entre 23 et 27 milliards en billets ou en
lingots, diamants ou autres valeurs ou alors nettement moins si le container
n’était pas rempli …
Ceci
expliquant vraisemblablement vos 15 milliards sortis de nulle part et qui y
sont retournés sans laisser de traces !
River a
dû les confier à une « autorité » quelconque de votre pays. Peut-être
la même qui le protègerait peut-être actuellement.
Par
ailleurs, dans l’ordre du détail, j’ai lu quelle que part qu’il y aurait eu jusqu’à
48 milliards entreposés dans les sous-sols du palais royal.
Or, les
irakiens, qui ont tout pillé, n’ont restitué que 8 milliards. Vous retirez les
24 à 28 milliards dont j’ai pu suivre le parcours au moins pour partie, il y en
a encore de toutes les façons entre 16 et 20 qui ont été planqués ailleurs.
De ce que
j’ai pu en comprendre, ils étaient destinés à quelques ambassades
« sûres », genre la vôtre sur place où l’Émir s’est d’abord réfugié
avant d’être évacué en hélicoptère en Arabie Saoudite, la britannique ou celles
de pays de la ligue arabe, dans la précipitation des événements. Mais une
partie est revenue avant que je décampe l’autre, je n’en sais rien.
Parce que
bien sûr, les koweïtiens n’avaient rien préparé, estimant que la guerre
n’aurait pas lieu.
Ils m’ont
même accusé de participer à l’alarmisme général des chancelleries occidentales
pour faire ployer les dirigeants du pays et ce, pratiquement jusqu’au dernier
moment. »
Les deux autres écoutent encore, tétanisés
d’incrédulité.
« Ce que je
peux vous dire, c’est que mon chargement était destiné à mon ambassade sur
place au Koweït. Mais j’ai dissuadé le général Ali d’y aller : je savais
qu’elle allait être envahie et pillée par les troupes irakiennes en septembre,
ce qui a déclenché la décision de mon pays de participer à l’opération
« Bouclier du désert »…
Voilà,
vous en faites ce que vous voulez, mais c’est comme ça que ça s’est passé. »
Pas facile à démêler le vrai du faux.
« Et vous
aviez bu quoi, entre hier et ce midi ? »
Connard !
« Monsieur
Harrison, vous êtes certainement un citoyen très respectable, mais… parfois vos
invités sont burlesques au plus haut point, voire grossiers… Si ça ne vous ennuie pas, j’aimerai
pouvoir rentrer. »
Qu’il ne le prenne pas sur ce ton : le burlesque n'est peut-être pas là où il est prétendu…
« – Mon
Cher Paul, imaginez bien que tout cela est assez extravagant. Vous pourriez
avoir une imagination démesurée…
– Je vous
ai donné assez d’éléments pour que les services fédéraux s’attèlent à vérifier ces
quelques détails qui seraient iconoclastes autrement.
–
Admettons. Mais ça peut prendre du temps. D’un autre côté, vous nous avez parlé
d’une « assurance-vie ». De quoi il s’agit ?
– Mais
Monsieur Harrison, ça tombe sous le sens ! River a vécu les mêmes
épisodes. Et il s’en souvient parfaitement, sans ça il ne m’aurait pas alpagué
dans les salons de Bill Gates, en votre présence. Vous ne l’avez pas rêvé non
plus à votre tour, je suppose ?
La
solution la plus simple pour lui reste de « m’effacer » pour
retrouver un peu de quiétude.
Désormais,
il lui faudra nous « effacer » tous les trois…
C’est ça
mon « assurance-vie » et encore plus quand votre directeur-fédéral
aura commencé à vérifier tout ça de son côté et que les uns et les autres vous
en aurez fait des rapports à diverses personnes.
C’est
tout ce que j’ai trouvé pour mettre la pression du River et ceux qui sont
derrière.
Inutile
de vous dire que ça peut devenir saignant ! »
Sympathique, la démarche…
D’autant que Paul a un biographe officieux en la
personne d’un type qui se fait appelé « Ice-Cube » et qui dévoile
tout de sa vie sur internet à en raconter des romans hallucinants.
Il y en a même un qui a rempli son blog durant tout
l’été et qui se termine actuellement.
« Celui-là,
je ne sais pas comment il fait. Mais un, il ne le fait qu’un an plus tard. De
quoi avoir le temps de croiser plusieurs balles. Et il met en ligne sous forme
de roman.
Qu’est-ce
que vous croyez qu’un roman peut être une protection valable… ?
D’ailleurs,
il en rajoute des tonnes à me faire passer pour un trousseur de jupons que je
ne suis pas … enfin, pas tous les jours !
C’est que
j’aimerai aussi pouvoir voir pousser mes poussins tranquillement, moi, si
c’était possible. »
Certes…
« – Et
puis, dites donc, vous ne m’auriez pas accusé de je ne sais quelle turpitude
corruptive, ni même parlé des milliards qui vont et qui viennent par quinzaine
sans laisser de traces, je ne vous en aurai jamais parlé, soyez-en sûrs tous
les deux, pour ne pas être en mesure de faire le rapprochement.
Mais les
choses ne se sont pas passées comme ça et on ne peut pas y revenir.
–
Pourtant, vous qui êtes le seul spécialiste contemporain encore vivant des
voyages dans le futur…
- …
dans le passé !
- … dans
le temps, vous auriez pu prévoir !
- … Non,
justement. Je ne sais rien de l’avenir. Mais il faut croire que des
« mains invisibles » sont parfaitement au courant de leurs actes et
des nôtres dans leur passé…
– Ah
tiens donc ! Encore des « mains invisibles ».
– Eh oui
Monsieur Harrison. Un concept qui reste à développer ! Car finalement il explique
bien des choses, effectivement.
– Avouez
quand même que ce que vous nous racontez depuis un quart d’heure est totalement
ahurissant.
– Je vous
l’accorde volontiers. D’autant que je vous avais prévenu et que c’est la
seconde fois que ça tombe sur ma pomme, juste parce que j’ai accepté une
mission de fou il y a six ans de ça.
Marqué au
fer rouge le capitaine de réserve… »
Et qu’il réfléchisse encore un peu : « Vous ne
m’auriez pas fait inviter à cette soirée de gala chez les Gates, figurez-vous
que je n’aurai pas croisé River, il ne m’aurait pas reconnu et du coup il ne
chercherait pas à m’abattre parce que je n’aurai rien su de ses turpitudes
faute de faire un plongeon dans son passé. Le passé ! »
Oui, mais ça ne s’est pas passé ainsi.
« – C’est
exactement ce que je viens de vous dire…
– Et vous
ne seriez pas rentré avec 68 actions de BKR.
– Ça,
figurez-vous que je m’en serai bien passé aussi. Je me suis toujours débrouillé
avec ce que j’avais. Et autant que je sache, sans avoir votre large fortune, je
ne manque de rien. Sauf de tranquillité !
Notez au
passage que si je les vends dans les jours qui viennent, il aura fallu que je
les achète auparavant ! Alors posez-vous la question de savoir avec quoi,
puisque je ne dispose que d’un demi-million !
Ceci dit,
maintenant que vous savez tout, il serait question pour moi de rentrer
m’occuper de ma femme…
Mes petits
débarquent demain, je vous rappelle et après je me tire de ce pays. »
Minute, la ramène Brent.
« Vous
n’allez pas imaginer que je vais vous laisser sortir du territoire comme ça. »
C’est-à-dire ?
« – Soyez
un peu sérieux, Monsieur De Bréveuil : avec tout le respect que je dois à
un double médaillé des plus hautes distinctions de mon pays, vous qui êtes un
héros sans égal chez nous, je ne vais pas avaler ce que vous nous racontez sans
quelques vérifications préalables.
– C’est
justement ce que je vous demandais de faire à l’instant…
– Oui,
bien sûr. Et admettons que je recoupe assez d’éléments pour corroborer votre
histoire à dormir debout de voyage dans le temps, ce qui n’est pas évident,
mais admettons…
– … pas
évident, loufoque même ! », interrompt Junior. « Mais pas si absurde que ça. Venez absolument chez moi mardi avant de
repartir en Europe : on reparlera de ces mains inivisbles. Je mettrai à
votre disposition mon jet privé pour rattraper votre retard si je vous en fais
prendre : il faut absolument que vous rencontriez quelques-uns de mes
« amis » pour leur raconter cette histoire-là.
En
espérant que d’ici là, les services fédéraux auront pu étayer votre récit, ou
inversement, l’infirmer définitivement…
– À
Monsieur le Directeur d’activer ses services fédéraux. Ma survie dépend de la
portée de ses recherches, figurez-vous !
– … Bon,
admettons que l’on confirme plus ou moins » repend le
« beau-blond », « vous ne
pensez pas qu’il faille plutôt vous mettre au secret et sous protection
fédérale, ici aux States plutôt que de servir de cible à quiconque dans
les rues ? Il pourrait y avoir des victimes collatérales… »
Bé voyons !
« – D’une
part je peux encore me défendre : j’ai reçu une formation d’officier
militaire assez complète. Ce n’est pas un journaliste qui peut me faire peur,
mais les gens qui sont derrière, parce que je ne les connais pas et ce sera à
vous d’enquêter pour les identifier.
D’autre
part les services de mon pays sont capables de faire aussi bien que les vôtres
si vous les tuyautez adroitement via Interpol : j’y suis déjà connu et
reconnu depuis l’affaire de l’attentat nucléaire contre les JO de Londres.
– Les JO
de Londres ? Je ne suis pas au courant…
– Mais
que croyez-vous que votre Président ne s’y est pas rendu sur l’insistance de ses
services secrets ? Vous seriez bien mal renseigné, Monsieur le Directeur.
Mais bon,
cet attentat n’a pas eu lieu en partie grâce à moi. (cf. épisode « Parcours
olympiques » publié aux éditions I-Cube).
Enfin,
j’ai une usine à piloter en Ardèche. Et on est probablement un peu à la bourre que ça fera
du bien au moral des équipes de me voir dans les ateliers. C’est que je n’ai
pas encore eu le temps d’organiser ma relève !
Par
ailleurs, je ne vais pas rester planqué quelle que part dans ce pays que je ne
connais pas bien, même sous votre couverture et malgré votre bonne volonté, et
même si je suis traité comme un coq en pâte : je vous rappelle que vos
fonctionnaires de l’émigration n’ont même pas visé mon passeport en
arrivant !
Donc, je
peux juridiquement disparaître, mais matériellement, c’est impossible pour
toutes sortes de raisons. Et puis ça ferait tâche : je travaille
finalement pour mon gouvernement. Et dans un domaine sensible, comme celui de sa
défense nationale. Je vous rappelle que mon pays est engagé militairement dans
plusieurs endroits du monde, en soutien de nos alliés, notamment américains. »
Il en convient une nouvelle fois.
« – Et en
admettant que mes recherches et vérifications infirment vos dires, pensez-vous
que ce soit raisonnable de ma part de vous laisser filer de l’autre côté de
l’Atlantique avec une maladie rare dans la tête, sans rien faire, pas même vous
prendre en charge ?
–
D’abord, je vous ai averti que cette histoire était abracadabrante et assez peu
crédible.
Sauf
vérification, vous verrez.
Qu’il
faut d’ailleurs être assez solide mentalement pour y faire face tout seul quand
même, faut-il vous dire.
Ensuite,
quel est le danger ? Je vous rappelle, Monsieur le Directeur, que ma femme
et mes gosses seront sur votre territoire et que ce sont eux qu’il faudrait
envisager de protéger. En tout cas de surveiller leurs abords.
Bon, les
beaux-parents, je m’en fous, mais ça pourrait contrarier mon épouse s’il leur
arrive quelque chose de fâcheux…
Et puis
on cherche quoi au juste ?
– …
– Vous
vos milliards et il va vous falloir remonter très loin dans le passé et très
haut dans vos hiérarchies pour les dégoter. Accessoirement, le dénommé River,
au moins pour vérifier comment il a fait sa fortune, où il est et ce qu’il
mijote. Après tout, dans l’hypothèse où j’affabule totalement, vous n’avez encore
rien à lui reprocher.
En
revanche, si avec les indications que je vous ai données vous épaississez un
peu son dossier, je vous rappelle qu’il a au moins deux meurtres crapuleux à son
actif…
À mon
avis, ça va le motiver pour en rajouter un peu plus. »
C’est junior qui conclue : « On a quarante-huit heures pour avancer, mon
cher Brent. Demain, les administrations seront ouvertes et mardi j’emmène
monsieur De Bréveuil dans mon Ranch au nord de la ville. Vous aurez le temps de
travailler utilement. »
En fait, après avoir donné l’ordre de se reprocher du
yacht-club, il annonce à ses invités qu’il avait d’abord envisagé de faire
venir Bill Gates actuellement en ville.
« – Ah
oui ! Celui-là, il faut qu’il me parle de ses réacteurs nucléaires à
sels-fondus.
– Vous en
êtes où avec votre prototype, d’ailleurs ?
– Nulle
part. Je veux dire que le concept est validé depuis mon passage en Chine. Les
essais in situ ont été concluants. Reste à
trouver les financements pour un véhicule assez gros pour porter une source
d’énergie primaire assez imposante pour faire fonctionner des réacteurs à
plasma. Mais bon, il faudrait déjà les fabriquer et les tester au sol… »
Mais de quoi parlent-ils soudainement, demande
Jenkings ?
« – De
projets concurrents à Virgin-galactic, SpaceX et quelques autres.
–
D’ailleurs, que pensez-vous du projet de récupérer le premier étage d’un
lanceur en le faisant atterrir à la verticale ?
– Que
c’est techniquement faisable, même si ce n’est pas le plus pratique. De toute
façon les gains seront techniquement minimes. Je crois savoir que la NASA a
acheté le concept. Mais avouez que c’est assez con de ne récupérer que le
premier étage, là où la NASA récupère tout sauf les réservoirs et les
accélérateurs avec sa navette… Enfin passons, ce n’est pas mon argent mais
celui du contribuable américain.
– Mais il
récupère ainsi les moteurs !
– Et
alors ? Au bout d’un parachute, on en fait autant et ce serait moins
coûteux. Non, lui il crame en plus du carburant pour récupérer les moteurs ET
le réservoir qui les surmonte. Les réservoirs, c’est juste de la taule. En
revanche, le carburant est brûlé pour rien, d’autant qu’il faut le hisser
jusqu’à bonne altitude pour le faire redescendre en douceur ensuite…
Enfin,
s’il y a un marché pour ça, pourquoi pas.
Mais
avouez que le projet de Paul Allen ou celui de Branson sont quand même plus
sympathiques : on y récupère tout, moteurs et réservoirs, on refait les
niveaux et on repart.
– Et le
vôtre ? Le Nivelle 3 ?
– Pareil,
mais en un seul bout, pas en deux avions, dont un « porteur », solution
que j’avais retenue comme lui et de prime abord : c’est juste une question
d’impulsion spécifique du carburant utilisé. Jusque-là, j’opérai avec du
kérosène et de l’oxygène liquide, parce qu’on en trouve partout autour des
aéroports du monde et ça impose deux vecteurs.
Mais
demain, si j’ai une source d’énergie primaire assez puissante, n’importe quoi
pourra servir de carburant avec des impulsions spécifiques du double du mélange
oxygène-hydrogène, du triple du kérosène… »
Et là, tout devient possible…
Ah oui : intéressant !
« – Mais si
les réacteurs à sel-fondus posent problème, je ne sais pas, techniquement
instables ou psychologiquement « non-conforme » pour l’opinion
publique…
– Il y a
d’autres pistes à développer, ne vous en faites pas. Je pense au moteur Minato,
à la Z-machine, à l’E-cat. Pour l’heure, c’est juste une question de budget et
de volonté politique.
– Vous
devriez vraiment venir travailler aux USA : vous auriez tout ça…
– Je n’ai
pas de carte verte…
– … Pas
un problème insurmontable…
– … Pas
de visa d’entrée sur mon passeport et pour l’heure, il s’agit d’abord de sauver
ma peau si les menaces de River se confirment. Et je ne suis pas sûr que de
rester dans ses parages ne soit la meilleure idée. »
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