« Charlotte » devise avec Alexis
Ce chapitre aura été écrit il y a une
quinzaine. Les événements se précipitent en Europe-Orientale et déjà, au début
de l’automne, ils étaient inscrits en filigrane.
Dans le scénario du prochain roman d’été, Paul de Bréveuil, alias « Charlotte », se prépare à participer, à sa façon singulière, au soutien des décisions présidentielles bien avant l’entrée en campagne du Président sortant.
Cette scène se passe dans les jardins d’une maison nouvellement acquise en Corse, durant l’automne 2021, entre Alexis, la biographe qui narre, et Paul, son sujet de biographie.
Elle est aujourd’hui devenue d’une ardente actualité, justifiant de la publication prématurée de cet extrait.
« J’ai quand même été surprise, et Gustave
aussi, quand vous avez traité les gars du secrétariat du premier ministre de
« naïfs ». C’était osé, non ? »
Il finit son verre de vin local.
« Vous trouvez ?
Nos « décideurs » sont des types très
intelligents, d’une façon générale, infusés, biberonnés, éduqués et formés à
l’intérêt général du pays, pas de doute. Mais leur problème, c’est qu’ils n’ont
pas le temps de creuser eux-mêmes les dossiers des dessous de la situation
internationale et de leurs enjeux. Ce n’est pas leur rôle : ils ont des
conseillers pour ça.
Il n’empêche, depuis l’été et le départ précipité des occidentaux d’Afghanistan, les choses ont profondément changé, notamment pour les russes et même pour Pékin. Ces deux-là ont compris que l’Occident n’est plus disposé à payer le prix du sang pour des clopinettes.
Or, Poutine est un brillant tacticien et il a imaginé que se présentait une opportunité unique. »
Laquelle ?
« C’est un homme vieillissant dont la santé
est vacillante. On le voit bien sur les photos d’actualité. Un coup il a le
visage enflé, un coup il est tout pâle, un coup il est tout rose et frais. »
Ce qui veut dire ?
« Qu’il est sous traitement de corticoïdes. Et quand c’est mal dosé, ça se voit.
Il doit probablement prendre aussi des trucs pour lui
redonner du tonus, qui doivent détraquer d’une façon ou d’une autre le bon
fonctionnement de ses organes vieillissants. C’est qu’il n’a plus 20 ans, mais
bientôt 70.
De plus, il est entouré d’oligarques tous plus ambitieux les uns que les autres qui n’en ont jamais assez, d’officiers dont il n’est pas certain de leur loyauté à tel point qu’il engage quantité de mercenaires pour faire le sale boulot afin d’éviter toute rébellion dans les rangs et de politicards qu’il tient dans sa pogne tellement ils sont tous plus ou moins corrompus. D’autant qu’il a étouffé toute opposition : il n’y a pas de relève prête pour le remplacer. Ils se méfient tous de lui.
Il a une ambition qui l’occupe depuis un quart de siècle : redonner à son pays sa grandeur passée de seconde puissance mondiale, là où la Chine est en passe de le dépasser.
Lavrov, son stratège et ministre des affaires étrangères, a deux ans de plus que lui et œuvre dans l’ombre vers le même but. À eux deux, ils ont compris que l’Occident est infiniment plus puissant sur le plan économique - le PIB de la Russie c’est 1.483 milliards de dollars pour 144,1 millions d’habitant, alors que l’Italie c’est déjà 1.886, l’Allemagne 3.800 et la France 2.600.
Quant à la Chine c’est 14.820 et les USA 20.940… »
Impressionnant, effectivement.
« Mais, à leurs yeux, l’Occident a des faiblesses :
sa démocratie qui émiette l’opinion publique, ses divisions stratégiques qui
poursuivent des intérêts divergents qui ont du mal à converger, alors que
l’armée russe, c’est un seul pays appuyé par plus de trois millions de
militaires mobilisables et un budget de 62 milliards de dollars. En fait
Poutine investit dans ses armes qui servent à menacer ses voisins et dans l’or
qu’il entasse pour les jours d’après le déluge : de la rente pétrolière et
gazière qui devrait aller dans l’économie et qui reste inutilisée, hors
l’armée.
Un gros effort, consenti au détriment de ses classes
moyennes et laborieuses, qu’il va vouloir rentabiliser en renforçant son cercle
sécuritaire de pays soumis à ses frontières qui tous veulent rejoindre l’Otan
des occidentaux, l’ennemi désigné, la démocratie honnie qui en devient la proie
de la démagogie.
Les pays baltes, les pays de l’ancien pacte de Varsovie, la Géorgie, l’Arménie et demain l’Ukraine : la Russie n’a plus de glacis pour se défendre d’une agression quelconque. Il la considère comme assiégée. »
Ça peut se comprendre, non ?…
« Alors, depuis l’annexion de la Crimée et la
guerre civile soutenue dans le Donbass, il avance dissimulé. Sa doctrine, la « maskirovka »,
il la pousse à son maximum de cynisme : surtout ne jamais admettre ses véritables
intentions, et avoir recours à tous les moyens politiques et militaires
possibles pour tromper l’ennemi et garder l’initiative.
Les instructeurs russes insistent beaucoup sur cet
outil, sur l’importance de la dissimulation et de la surprise dans la guerre.
La « maskirovka » est d’autant plus systématique que les autorités russes - et soviétiques avant elles - n’ont pas à rendre de compte au public. Une différence de taille avec les démocraties et les États-Unis en tête, qui avaient tout de même prétexté la présence d’armes de destruction massive pour envahir l’Irak en 2003 - un mensonge, bien évidemment.
D’ailleurs, l’annexion de la Crimée par le Kremlin, en 2014, est considérée comme un cas d’école de la « maskirovka ». Ce territoire ukrainien, où se situe l’une des plus grandes bases de la marine russe, Sébastopol, a été assailli, le 28 février 2014, par des militaires cagoulés sans insignes, surgis de nulle part - les fameux « petits hommes verts ». »
Je me souviens…
« Poutine a dans un premier temps nié qu’il s’agissait
de Russes avant de leur remettre des médailles quelques semaines plus tard et d’admettre
qu’il s’agissait bien de troupes russes, en l’occurrence des forces spéciales,
déployées en Crimée juste après leur participation à la protection des Jeux
olympiques d’hiver de Sotchi.
La création d’incidents servant de prétexte à une
intervention militaire fait également partie de la panoplie de la « maskirovka »
russe.
On aura beau dénoncer des scénarios de provocations dans le Donbass, ils serviront tôt ou tard d’excuse et de prétexte à une intervention militaire de Moscou.
Des territoires sécessionnistes, où les passeports russes ont été distribués gratuitement ces dernières années annonceront même l’évacuation des civils vers la Russie voisine, en prévision d’une invasion ukrainienne.
Pourtant, Kiev va répéter qu’elle n’avait jamais eu l’intention de mener une quelconque offensive et elle n’en a d’ailleurs pas vraiment les moyens, sans ça, ce serait déjà fait depuis longtemps.
D’autant que c’est important dans le cadre d’une adhésion à l’Otan. L’impétrant doit avoir la maîtrise totale de son territoire et ne pas être en guerre pour voir sa candidature prospérer. C’est dans ses statuts ».
Je ne savais pas tout ça.
Il continue : « Cette trame rappelle le
précédent de la Géorgie, en 2008. Après des jours d’échanges de tirs entre les
forces locales et celles de la région séparatiste d’Ossétie du Sud, Moscou
avait pris prétexte d’agressions contre les Casques bleus russes et les
résidents sud-ossètes de nationalité russe pour lancer une offensive aussi
rapide que dévastatrice.
Tbilissi, qui réclamait à l’époque de pouvoir adhérer
à l’Otan, comme aujourd’hui l’Ukraine, avait dû accepter un cessez-le-feu. Et
de renoncer, de facto, à reprendre
le contrôle des républiques autoproclamées d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, où
le Kremlin a implanté des bases militaires depuis. »
Il se reverse un peu de vin rosé après m’en avoir
proposé.
« Ils sont comme ça. Ne pas le voir ni le
comprendre, c’est fondamentalement être naïf.
Rien que l’époque soviétique n’était pas en reste
lorsqu’il s’agissait de recourir à la « maskirovka ». Vous n’étiez
pas née, mais souvenez-vous que contre l’armée nazie, durant la Seconde Guerre
mondiale, les généraux de Staline ont tout autant eu recours à la ruse qu’à
l'effet de nombre. Toutes les opérations intégraient une part de tromperie.
Cela a été le cas lors de l’opération Bagration, à l’été 1944 qui a libéré la
Biélorussie, lorsque l’armée russe a dérouté les Allemands et éparpillé leurs
forces à coups d’attaques momentanées.
Même du temps de Napoléon, celui-ci s’attendait à batailler contre l’armée du Tsar et ses avant-postes étaient régulièrement accrochés sur la route de Moscou, mais le gros des troupes avait évacué la ville et ils y avaient mis le feu !
Et la désinformation ne concerne pas seulement les
mouvements de troupes. En 2014, pour masquer son intervention clandestine dans
le Donbass, la Russie n’a pas hésité à mettre en place un convoi humanitaire de
plus de 250 camions repeints à la hâte en blanc, partis de Moscou le 12 août.
Pendant plusieurs jours, les médias se sont focalisés sur cet événement, relaté
à la télévision, pendant que des soldats russes « en vacances » et de
l’armement, parfois sophistiqué, traversaient autre part la frontière.
Moins d’un mois plus tôt, le 17 juillet, le vol MH17 de la Malaysia Airlines, reliant Amsterdam à Kuala Lumpur, avait été abattu par un missile sol-air, faisant 298 morts. Une équipe internationale d’enquêteurs a conclu qu’il n’avait pu être fourni que par l’armée russe, sur ordre de Poutine.
Mais Moscou a toujours nié son implication. Comme elle a toujours refusé de reconnaître son soutien militaire aux séparatistes prorusses, fidèle aux préceptes de la « maskirovka ». »
Ça, je m’en souviens parfaitement : là, j’étais
déjà née !
On va vers la guerre, alors ? Sous quel prétexte
va-t-elle être déclenchée ?
« Poutine va exiger de l’Otan qu’elle se retire des anciens pays du Pacte de Varsovie et l’engagement écrit que l’Ukraine n’y adhérera jamais. »
Comment sait-il ça ?
Et puis ce n’est pas possible !!
« Effectivement, ce n’est pas possible, ni pour l’une ni pour l’autre de ses exigences. Donc il va faire pression en faisant faire des exercices aux frontières Ukrainiennes depuis son territoire et celui de la Biélorussie vassalisée tout en assurant que ce ne sont que des exercices et que ses troupes rentreront dans leur caserne après avoir labouré le terrain.
Ça, plus des navires qui formeront un blocus en Mer
Noire sous prétexte de s’exercer à défendre Sébastopol, des tirs d’armes à
portée stratégique, dites « invincibles » et quelques
« incidents de frontières », ce sera suffisant pour faire monter la
tension chez tous les diplomates de la planète qui ne comprendront pas encore.
Et à un moment, quand les JO de Pékin seront clos, il sera alors facile de « vassaliser » l’Ukraine à son tour, désertée par tous les occidentaux. »
C’est comme ça que ça va se passer ?
« Vous verrez bien. Parce qu’ensuite, ça sera au tour de Pékin d’en faire autant autour des îles côtières qui dépendent encore de Taïwan… »
« Il y a d’autres enjeux. On va aller vers un
conflit sous prétexte d’exercice de défense. L’armée ukrainienne présentée
comme acculée aurait rassemblé des troupes et des blindés le long de la ligne
de séparation, tandis que l’armée russe aurait replié ses forces de son côté de
la frontière avant d’y revenir. Et on vous dira que des tirs d’obus, des tirs
de sniper et autres provocations du côté ukrainien s’intensifient, dans
l’espoir de pousser les Russes à déplacer des forces sur le territoire
ukrainien, ce qui permettrait au collectif occidental de crier « Haha ! Agression
russe ! », vous allez voir ça comme d’un scénario écrit à l’avance. »
Ils devront alors mettre un terme au gazoduc Nord Stream II, marquant ainsi une victoire géopolitique majeure pour Washington qui sera mis en avant, et enchaîner avec de nombreuses autres manœuvres de répressions économiques et monétaires qui vont nuire à la Russie sur le plan politique et économique.
« Mettez-vous à la place des russes qui se
sont mis tout seuls dans cette situation : dans cette hypothèse de montée
des pressions, ne pas répondre aux soi-disant provocations ukrainiennes et ne
rien faire pendant que les forces ukrainiennes bombarderaient et envahiraient
les villes de Donetsk et de Lougansk, tuant les citoyens russes qui y vivent,
ferait paraître la Russie comme faible, minerait la position du gouvernement
russe sur le plan intérieur et lui coûterait beaucoup de capital géopolitique
sur le plan international.
Répondre aux provocations ukrainiennes par une force
militaire écrasante et écraser l’armée ukrainienne, comme cela a été fait en
Géorgie en 2008, serait populaire à l’intérieur du pays, mais pourrait conduire
à une escalade majeure, voire à une guerre totale avec l’Otan, une menace
agitée par tous les faux-culs, puisque Poutine et Lavrov font le pari d’une
non-intervention des troupes occidentales : la peur d’un conflit majeur. L’armée
russe aura donc un feu vert, pratiquement sans risque de déflagration générale.
Or, de toute façon, si sur le plan militaire, le conflit est contenu et que les forces de l’Otan resteront en retrait, comme elles l’ont fait en Géorgie, les ramifications politiques causeraient des dommages considérables à l’économie russe en raison du renforcement des sanctions et des perturbations du commerce international.
Mais ils s’en foutent : ça ne gênera que les oligarques et ils s’en remettront ! »
Derrière ces choix « tactiques » se
dissimulent une nouvelle fois dans les discours de Poutine. « Il a
toujours dit qu’il n’avait pas besoin d’un territoire supplémentaire. Il a
déclaré que la Russie suivrait la voie de la libéralisation maximale en
accordant la citoyenneté à ses compatriotes et que, par conséquent, la
sauvegarde des citoyens russes était une priorité absolue. Enfin il a déclaré
que la résolution du conflit dans l’Est de l’Ukraine par des moyens militaires
était inacceptable et qu’il s’agissait de reprendre les accords de Minsk, qui
prévoient un changement de constitution de l’Ukraine pour une large autonomie
des oblasts séparatistes du Donbass, ce qui est resté lettre-morte du fait de
Kiev.
Du coup sa base patriotique serait dynamisée et les
élections qui doivent avoir lieu en 2024 se transformeraient en un triomphe à
l’échelle nationale pour plusieurs millions d’électeurs ! »
Je vois, coup double pour sa fin de règne…
« Si par hasard, il décide au passage de faire
évacuer les Donbass, l’écho serait même encore plutôt favorable au niveau
international. C’est un coup de judo typique de Poutine, qui déséquilibrerait
l’Otan et le département d’État américain. Comme il s’agirait d’une vaste
mission humanitaire, il serait ridicule de tenter de la dépeindre comme une «
agression russe ».
Et l’Occident se retrouverait avec un Donbass vide de
ses habitants, comme Moscou devant les troupes napoléoniennes, mais interdit
d’accès pour eux ou pour les Ukrainiens. Une évacuation ne changerait en rien
le statut ou la position de négociation des personnes évacuées et de leurs
représentants vis-à-vis des accords de Minsk, bloquant cette situation en place
jusqu’à ce que Kiev entreprenne une réforme constitutionnelle, devienne une
fédération et accorde une autonomie complète au Donbass.
Et l’Ukraine ne pourrait plus jamais rejoindre l’Otan, car cela violerait sa charte étant donné qu’elle ne contrôlerait pas son propre territoire. »
Malin !
« En plus, de nouvelles sanctions contre la
Russie deviendraient encore plus difficiles à justifier, car, dans cette
hypothèse, il serait intenable de l’accuser d’agression pour avoir entrepris
une mission humanitaire visant à protéger ses propres citoyens ou pour avoir
assumé ses responsabilités en tant que garant des accords de Minsk.
Le Donbass resterait alors une zone de harcèlement
parcourue par des robots de combat russes tirant sur les maraudeurs, avec
quelques bus d’écoliers en excursion pour déposer des fleurs sur les tombes de
leurs ancêtres. Et prendre des photos des bâtiments de l’ère soviétique en
ruine, que trois décennies d’abus et de négligence de la part des Ukrainiens
n’ont pas rendu plus neufs, ce qui témoignera en silence de l’ignominie
perpétuelle de l’État ukrainien défaillant. »
Affligeant !
Comment ne pas savoir anticiper tout ça ?
« C’est le génie tactique de Poutine !
Parce que s’il envahit directement et malgré tout l’Ukraine,
et il va le faire au moins provisoirement, on change de dimension : il
devient l’agresseur, refait le coup d’un printemps de Prague puis vassalisera
le pays et se retirera. Mais les sanctions internationales seront terribles. Ce
que ses oligarques veulent éviter. Alors il donne le change. »
Et c’est le peuple russe qui en supportera les
conséquences…
« Oh, tant qu’il contrôle ses opposants, il ne prend pas de grands risques politiques. L’autocrate biélorusse y est bien parvenu, jusqu’à détourner un avion civil étranger qui croisait dans son espace aérien ! »
Machiavélique : « C’est comme ça que ça va se dérouler ? » interroge-je.
Toujours la même réponse : « Vous verrez bien. »
Ce qui me pousse aujourd’hui à publier
cet extrait (sous réserve de quelques ajustements possibles et ultérieurs), c’est
l’information selon laquelle les autorités du Donbass poussent à l’exil des
femmes, enfants et vieillards et appellent à la mobilisation générale des
hommes en âge de porter une arme.
C’est tombé ce week-end.
Dans le scénario du prochain roman d’été, Paul de Bréveuil, alias « Charlotte », se prépare à participer, à sa façon singulière, au soutien des décisions présidentielles bien avant l’entrée en campagne du Président sortant.
Cette scène se passe dans les jardins d’une maison nouvellement acquise en Corse, durant l’automne 2021, entre Alexis, la biographe qui narre, et Paul, son sujet de biographie.
Elle est aujourd’hui devenue d’une ardente actualité, justifiant de la publication prématurée de cet extrait.
Il finit son verre de vin local.
« Vous trouvez ?
Il n’empêche, depuis l’été et le départ précipité des occidentaux d’Afghanistan, les choses ont profondément changé, notamment pour les russes et même pour Pékin. Ces deux-là ont compris que l’Occident n’est plus disposé à payer le prix du sang pour des clopinettes.
Or, Poutine est un brillant tacticien et il a imaginé que se présentait une opportunité unique. »
Ce qui veut dire ?
« Qu’il est sous traitement de corticoïdes. Et quand c’est mal dosé, ça se voit.
De plus, il est entouré d’oligarques tous plus ambitieux les uns que les autres qui n’en ont jamais assez, d’officiers dont il n’est pas certain de leur loyauté à tel point qu’il engage quantité de mercenaires pour faire le sale boulot afin d’éviter toute rébellion dans les rangs et de politicards qu’il tient dans sa pogne tellement ils sont tous plus ou moins corrompus. D’autant qu’il a étouffé toute opposition : il n’y a pas de relève prête pour le remplacer. Ils se méfient tous de lui.
Il a une ambition qui l’occupe depuis un quart de siècle : redonner à son pays sa grandeur passée de seconde puissance mondiale, là où la Chine est en passe de le dépasser.
Lavrov, son stratège et ministre des affaires étrangères, a deux ans de plus que lui et œuvre dans l’ombre vers le même but. À eux deux, ils ont compris que l’Occident est infiniment plus puissant sur le plan économique - le PIB de la Russie c’est 1.483 milliards de dollars pour 144,1 millions d’habitant, alors que l’Italie c’est déjà 1.886, l’Allemagne 3.800 et la France 2.600.
Quant à la Chine c’est 14.820 et les USA 20.940… »
Les pays baltes, les pays de l’ancien pacte de Varsovie, la Géorgie, l’Arménie et demain l’Ukraine : la Russie n’a plus de glacis pour se défendre d’une agression quelconque. Il la considère comme assiégée. »
La « maskirovka » est d’autant plus systématique que les autorités russes - et soviétiques avant elles - n’ont pas à rendre de compte au public. Une différence de taille avec les démocraties et les États-Unis en tête, qui avaient tout de même prétexté la présence d’armes de destruction massive pour envahir l’Irak en 2003 - un mensonge, bien évidemment.
D’ailleurs, l’annexion de la Crimée par le Kremlin, en 2014, est considérée comme un cas d’école de la « maskirovka ». Ce territoire ukrainien, où se situe l’une des plus grandes bases de la marine russe, Sébastopol, a été assailli, le 28 février 2014, par des militaires cagoulés sans insignes, surgis de nulle part - les fameux « petits hommes verts ». »
On aura beau dénoncer des scénarios de provocations dans le Donbass, ils serviront tôt ou tard d’excuse et de prétexte à une intervention militaire de Moscou.
Des territoires sécessionnistes, où les passeports russes ont été distribués gratuitement ces dernières années annonceront même l’évacuation des civils vers la Russie voisine, en prévision d’une invasion ukrainienne.
Pourtant, Kiev va répéter qu’elle n’avait jamais eu l’intention de mener une quelconque offensive et elle n’en a d’ailleurs pas vraiment les moyens, sans ça, ce serait déjà fait depuis longtemps.
D’autant que c’est important dans le cadre d’une adhésion à l’Otan. L’impétrant doit avoir la maîtrise totale de son territoire et ne pas être en guerre pour voir sa candidature prospérer. C’est dans ses statuts ».
Même du temps de Napoléon, celui-ci s’attendait à batailler contre l’armée du Tsar et ses avant-postes étaient régulièrement accrochés sur la route de Moscou, mais le gros des troupes avait évacué la ville et ils y avaient mis le feu !
Moins d’un mois plus tôt, le 17 juillet, le vol MH17 de la Malaysia Airlines, reliant Amsterdam à Kuala Lumpur, avait été abattu par un missile sol-air, faisant 298 morts. Une équipe internationale d’enquêteurs a conclu qu’il n’avait pu être fourni que par l’armée russe, sur ordre de Poutine.
Mais Moscou a toujours nié son implication. Comme elle a toujours refusé de reconnaître son soutien militaire aux séparatistes prorusses, fidèle aux préceptes de la « maskirovka ». »
« Poutine va exiger de l’Otan qu’elle se retire des anciens pays du Pacte de Varsovie et l’engagement écrit que l’Ukraine n’y adhérera jamais. »
Comment sait-il ça ?
Et puis ce n’est pas possible !!
« Effectivement, ce n’est pas possible, ni pour l’une ni pour l’autre de ses exigences. Donc il va faire pression en faisant faire des exercices aux frontières Ukrainiennes depuis son territoire et celui de la Biélorussie vassalisée tout en assurant que ce ne sont que des exercices et que ses troupes rentreront dans leur caserne après avoir labouré le terrain.
Et à un moment, quand les JO de Pékin seront clos, il sera alors facile de « vassaliser » l’Ukraine à son tour, désertée par tous les occidentaux. »
« Vous verrez bien. Parce qu’ensuite, ça sera au tour de Pékin d’en faire autant autour des îles côtières qui dépendent encore de Taïwan… »
Ils devront alors mettre un terme au gazoduc Nord Stream II, marquant ainsi une victoire géopolitique majeure pour Washington qui sera mis en avant, et enchaîner avec de nombreuses autres manœuvres de répressions économiques et monétaires qui vont nuire à la Russie sur le plan politique et économique.
Or, de toute façon, si sur le plan militaire, le conflit est contenu et que les forces de l’Otan resteront en retrait, comme elles l’ont fait en Géorgie, les ramifications politiques causeraient des dommages considérables à l’économie russe en raison du renforcement des sanctions et des perturbations du commerce international.
Mais ils s’en foutent : ça ne gênera que les oligarques et ils s’en remettront ! »
Et l’Ukraine ne pourrait plus jamais rejoindre l’Otan, car cela violerait sa charte étant donné qu’elle ne contrôlerait pas son propre territoire. »
Comment ne pas savoir anticiper tout ça ?
« C’est le génie tactique de Poutine !
« Oh, tant qu’il contrôle ses opposants, il ne prend pas de grands risques politiques. L’autocrate biélorusse y est bien parvenu, jusqu’à détourner un avion civil étranger qui croisait dans son espace aérien ! »
Machiavélique : « C’est comme ça que ça va se dérouler ? » interroge-je.
Toujours la même réponse : « Vous verrez bien. »
C’est tombé ce week-end.
Depuis, la situation aura évolué : "Poux-Tine" aura fait traversé la frontières à ses chars mais seulement au Donbass, pour "assurer la paix et la sécurité" dans ces territoires Ukrainiens...
RépondreSupprimerNaturellement, les "exercices" de m'armée russe au Nord et en Biélorussie, au Sud au large en Mer Noire pour isoler le pays, se poursuivent afin de maintenir la pression sur Kiev qui en appelle à l'ONU.
Curieusement, encore un détail, c'est la Russie qui préside à l'ordre du jour du Conseil de Sécurité de l'institution.
Il ne reste plus à Moscou de laisser pourrir la situation : "Wait and see" :
I-Cube