Il y a comme un lézard…
D’abord parce que « l’autorité » en compte presque
quatre fois plus : 148.
Ensuite parce que les mêmes « sachants »
évaluent à 129 millions d’euros les économies engendrées par cette chute de la
mortalité routière.
Ce qui met la vie épargnée à 871.000 euros l’unité en « sortie
de caisse ».
Je ne savais pas que je valais si cher, mais ce n’est
pas ce qui me choque le plus.
C’est plutôt l’étude de l’économiste spécialiste des
transports, professeur émérite des universités, ancien directeur-adjoint de la direction
de l’Environnement de l’OCDE, Rémy Prud’Homme, par ailleurs membre du Comité
indépendant dévaluation des 80 km/h, créé en 2018 à l’initiative de
l’association 40 Millions d’Automobilistes.
Le professeur constate, à son tour, que « le
nombre de décès observés sur les routes limitées à 80 km/h a été nettement
surévalué par les services de l’État, tandis que le coût économique de la
mesure était occulté ».
Admettons : Une classique bataille de chiffres.
En décembre 2018, le bonhomme estimait à 4.400
millions d’euros par an le coût pour notre économie de la baisse constatée de 4
km/h de la vitesse moyenne (de 82 km/h, elle est tombée à 78 km/h). Un
ralentissement qui se traduirait par une perte potentielle de 300 millions d’heures
de travail, soit l’équivalent de 200.000 années de travail.
Admettons aussi…
Neuf mois plus tard, la perte calculée par le même n’est
plus que de 184 millions d’heures entre juillet 2018 et 2019, mais pour un coût
de 2,65 milliards d’euros.
Ce qui met l’heure de boulot à 14,40 euros et le prix
de la vie épargnée à 17,9 M€ l’unité, 20 fois plus !
Bizarre, non ?
Et encore, si on reprend son chiffre à lui – qui fait
polémique – soit 39 décès évités, on atteint le chiffre astronomique de plus de
67,9 M€ la vie épargnée !…
Attends-là, on est 67 millions, je ne te raconte même
le tas d’or sur lequel on est assis sans le savoir : À ce prix-là c’est
un stock de 4.552.564 de milliards !…
Rien qu’en « Gauloisie-ruinée ».
Alors qu’est-ce qu’on va nous ergoter quelques
centimes de plus sur le prix de quelques litres d’essence, là dis-donc ?
Gros lézard, n’est-ce pas…
Premier point : Comment arrive-t-il à 39 vies
épargnées ?
Tout simplement, sur les 148 vies officiellement
épargnées, 109 le seraient par d’autres facteurs que l’abaissement de la
vitesse.
Effectivement, pour arriver au chiffre de 39 vies
épargnées en un an, il commence par distinguer celles, parmi les voies hors
autoroutes et agglomération, qui sont véritablement sous le régime des 80 km/h :
« Le rapport nous permet d’obtenir une évaluation raisonnable du nombre
de tués sur le réseau concerné par les 80 km/h », estime-t-il.
Et oui, si on compte tout le réseau dans son ensemble,
on se fout de votre tronche, bien évidemment !
Et puis, « la baisse de 1,6 % du nombre de
kilomètres parcourus par les Français devrait expliquer à elle seule l’économie
de trente vies sur les cent quarante-huit épargnées entre juillet 2018 et fin
juin 2019. »
Pas totalement faux non plus faut-il reconnaître.
À cela s’ajoutent les autres tendances, telle que
l’amélioration de la protection des passagers et de la sécurité active des
véhicules, qui vaudraient, selon le Comité, une économie de soixante-dix-neuf
vies.
Ce qui reste à démontrer, mais admettons.
La soustraction donne ainsi un total de trente-neuf
vies seulement épargnées du fait de l’abaissement de la vitesse moyenne des
véhicules.
Pas mal vu, mais probablement faux.
Si on abaisse de 5 % la vitesse maximale pour une
baisse d’un point de la mortalité, quand on en sera à « zéro à l’heure »,
il y aura encore des morts sur les routes, même sans aucune circulation possible…
Je vous le dis, un gros lézard…
En bref, il faut reconnaître que tout, dans le rapport
du Comité d’évaluation des 80 km/h, tend à démontrer que le nombre de vies
épargnées entre juillet 2018 et fin juin 2019 doit pratiquement tout à la
tendance naturelle de la courbe de la mortalité routière à baisser depuis
quarante ans, et pratiquement rien à l’abaissement de 4 km/h de la vitesse
moyenne constatée sur les routes limitées à 80 km/h.
Toutefois les auteurs de cette étude ont
l’intelligence de modérer leurs propos : « Le Président Macron s’est
engagé à ce qu’une évaluation de l’impact des 80 km/h soit faite deux ans après
leur entrée en vigueur. Quatorze mois sur les vingt-quatre se sont écoulés et
une chose apparaît : le décompte de trente-neuf vies épargnées n’est pas
significatif »
Effectivement, « trente-neuf vies en un an,
cela équivaut à une moyenne de 0,4 % décès (…). Or, un tel taux reste
dans le domaine de la marge d’erreur statistique. »
148, un peu moins, mais si c’est un chiffre
contestable, ça ne veut plus rien dire…
« Non significatif » en disent les experts
comptables dans leurs rapports…
« Dans son évaluation des causes de la
mortalité routière, la DSR s’obstine à ne retenir que la vitesse. Partant, elle
attribue à la seule application des 80 km/h la diminution du nombre de morts
enregistrée depuis l’entrée en vigueur de la mesure.
Or, c’est oublier les nombreux autres facteurs, tels
que l’alcool, les stupéfiants, le téléphone, la somnolence, mais aussi la
densité de la circulation, la météorologie, le moment de la conduite, l’âge et
l’expérience du conducteur et ses défauts d’appréciation. »
Il n’a pas totalement tort : Les assureurs
intègrent parfaitement ces risques accidentogènes dans le calcul des primes qui
ne sont pas les mêmes en montagnes ou en plaine, ou selon l’âge du conducteur…
Mais on ne va pas non plus interdire de rouler quand
il pleut ou neige, ça n’aurait plus de sens…
Évidemment, quand tout le monde roulera en vélo (comme
en Chine dans les années 70), sous la pluie… il y aura moins de mort, même dans
les descentes, faute de volontaires !
Deuxième point : Comment arrive-t-il à
chiffrer les coûts engendrés ?
« Le décompte fait apparaître une économie de
129 millions d’euros, valeur officielle des 39 vies épargnées ; une économie de
88 millions d’euros en frais d'hospitalisation des blessés graves ; une
économie de 80 millions d’euros de carburants non brûlés et de 20 millions
d’euros d’équivalent CO2 non émis. Ce qui laisse 2,3 milliards
d’euros à la charge de la collectivité. »
Moi, je n’ai pas tout compris (notamment du coût du CO2),
mais de toute façon ça me paraît exorbitant.
Lui en dit que « ces 2,3 milliards pourraient
être dépensés à quelque chose de plus efficace qu’à la lutte contre les excès
de vitesse. Le retour sur investissement n’est tout simplement pas bon. Une
large part de ces deniers d’argent public pourrait être consacrée à la lutte
contre les stupéfiants, qui est un facteur croissant dans les causes
d’accidents. »
Et moi de rajouter qu’à 50 K€ le « tas-de-boue-à-roulette »
de base, ça fait tout de même 53.000 de plus qu’il y a en moins sur les routes
ou qu’on peut se payer 17 pétroliers de 100.000 tonnes de contenant…
À n’en point douter, l’analyse du professeur sera
contestée par la Délégation à la Sécurité routière (DSR), qui reproche
régulièrement au Comité d’évaluation de manquer de rigueur scientifique, faute
d’avoir connaissance de toutes les données statistiques de la mortalité et de
l’accidentologie routière.
Effectivement, la démarche des « sachants »
reste que « l’accès plein et entier aux données est précisément réclamé
par le Comité depuis sa création » qui n’en dispose pas.
« C’est à croire que la DSR redoute la teneur
des observations et des conclusions que le Comité dévaluation pourrait être
amené à faire, s’il pouvait consulter tous les chiffres », fait-on
savoir en conclusion.
Ce que j’en conclue (provisoirement) à mon tour, c’est
qu’à ce jour « il est impossible de prouver le bien-fondé de la mesure
en termes de vies sauvées. En revanche, il apparaît qu’elle coûte excessivement
cher à la collectivité. »
Voilà qui est clair.
Maintenant, la vraie question est de savoir si vous en
avez les moyens ou non.
À 14 €/h de travail perdus pour cause de décès
anticipé, sur une vie moyenne de 40 ans de labeur (et à 220 jours x 8 heures/jour
x 40 ans), ce n’est que 985.600 € d’épargnés par tête-de-pipe… épargnées.
Pas grand-chose quand on a pu parler de millions de
milliards comme ci-avant, que j’en dis !
On a donc les moyens de tout : Aller plus vite comme
aller moins vite sur les routes du réseau secondaire.
On a même les moyens d’améliorer la sécurité passive
des équipements routiers.
Ceci dit, tu prends ta chignole pour aller bosser à 40
bornes de chez toi et tu roules à 78 Km/h en moyenne plutôt qu’à 82. Sur ton
trajet, ça te fait gagner 1,5 minute…
Même pas le temps de te faire couler un café et de l’avaler.
Nettoyer la tasse, il ne faut même pas y compter dans
ce délai-là.
En revanche, ce qui est agaçant, ce n’est pas tant la
vitesse limite. C’est surtout d’avoir un kon devant soi qui roule à 60 là où tu
peux rouler sans danger à 80 et que tu ne peux pas le dépasser, parce que non
seulement tu uses ton frein à le ronger, mais que tu vas perdre 10 minutes de
ton précieux temps.
Alors, ce qui devrait être envisagé, ce n’est pas de
réduire les vitesses maximales, mais d’augmenter les vitesses minimales et de
verbaliser systématiquement (comme sur les autoroutes et les 80 km/h minimum
qui imposent la présence de vastes « bandes d’accélération ») pour
éviter les carambolages inutiles !
De ce que j’en dis ou rien, n’est-ce pas… aucun « sachant »
n’y a jamais pensé.
On n’est donc pas près de se faire une idée précise de
toutes leurs konneries d’autiste-trisomique…
Bref, le « lézard » est vraiment trop gros à
avaler tout-cru.
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